Des grèves RATP/SNCF qui ne gênent que les braves gens contre des ministres qui circulent en hélicoptères
L'objectif de cet article n'est pas de remettre en cause un droit de grève que son auteur a lui-même pratiqué le 5 décembre dernier. Il s'agit de réfléchir à des moyens d'action plus efficaces et plus humains que ce supplice infligé aux usagers qu'est la grève totale, en particulier celle de la RATP qui paralyse la région parisienne.
Samedi dernier, ma mère de soixante-quinze ans qui tentait de prendre un bus s'est retrouvée à terre et a été soignée par les pompiers (un bobo au genou, heureusement rien de grave). Autour d'elle, une femme enceinte qui a eu un malaise a été emmenée aux urgences (en grève elles-aussi ?). Des gens excités en venaient aux mains, dans une atmosphère digne d'un film d'horreur des années 1970. Hier dimanche, dans le bus 96 rebelote : bagarres, insultes et un chauffeur (non-gréviste !) qui menace de "se barrer" et de laisser le bus sur place si le troupeau ne se calmait pas.
Bienvenue, donc, dans la France des réformes libérales de cette première moitié de XXIème siècle. D'un côté une clique de rentiers, de démagogues et de patrons du CAC 40 qui circulent en hélicoptère et qui logent dans leurs ministères (pour les politiciens), de l'autre le peuple des prolos qui se lèvent le matin pour aller gagner son salaire, et qui subit la loi des grévistes.
Les gens de la RATP défendent leur retraite à 52 ans. Ca les regardent. Mais ils oublient qu'ils la doivent à ces moutons d'usagers qui paient leurs abonnements de transports, pour un service qui laisse de plus en plus à désirer. Rammes sales, vétusté, promiscuité... Prendre un métro est déjà un calvaire en temps normal, mais alors en temps de grève (voir la photo ci-dessus) ! On ne voit pas en quoi conduire un métro à Paris serait plus pénible qu'à Lyon et à Rome... Que cherchent les grèvistes ? A punir ceux qui ne partagent pas leur mode d'action ou à attirer l'attention des pouvoirs publics ?
Les gens de la SNCF, plus pragmatiques, font circuler quelques trains. Reconnaissons que nous ne serions pas pressés de prendre un LGV conduit par un agent de soixante-quatre ans ; en terme de vigilance et de sécurité, ce n'est pas terrible. Libres à eux de profiter d'une retraite anticipée pour partir travailler dans une compagnie privée allemande, tant que nos finances publiques n'accusent pas le coup. Des discussions permettraient de trouver un juste compromis.
Le gouvernement veut en finir avec les régimes spéciaux, hormis celui des policiers et des gendarmes. On ressent comme un besoin de protection de la part de nos princes : craignent-ils une révolution, eux qui sont élus et censés nous défendre contre la loi des banques et de la finance ? Hélas, la majorité a élu un... banquier à la présidence de la république : que peut-il faire d'autre à part une politique de banquier ? Surtout quand ses pouvoirs sont contrôlés par une union européenne aux ordres de l'économie...
Les fêtes de fin d'année, moment de convivialité, approchent. Les français vont devoir endurer la double-peine du blocage des transports en commun pour le travail et les congés. Des agents de service public soucieux du bien commun et du confort de leurs compatriotes qu'ils servent en théorie mettraient en pause une inutile grève pour trouver des moyens d'action en janvier. Ce n'est hélas par dans les pratiques hexagonales, où règne la loi (libérale, d'ailleurs) du chacun pour soi. A la RATP et à la SNCF, on se bat pour son statut et non pour celui des autres salariés.
Alors comment sortir de la crise ? Pourquoi ne pas organiser la gratuité de l'accès au métro parisien et au train ? Pourquoi ne pas assièger la bourse de Paris, les ministères et les locaux des grandes entreprises ? Pourquoi ne pas s'inspirer des gilets jaunes pour manifester le week-end et non en semaine pour embêter ses semblables ?
Surtout, comment faire pour retrouver du respect de chacun, sans que la loi de la jungle devienne la norme à chaque mouvement social caractérisé par ce mode d'action désuet qu'est la grève ?
Ci-dessous : scène de panique sur le quai de RER Gare du Nord, digne d'un pays du tiers-monde. Vous avez dit "droit de l'homme" ?
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