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Accueil du site > Tribune Libre > Dieudo - Entre Mémoire, souvenir et oubli

Dieudo - Entre Mémoire, souvenir et oubli

Ici point de polémique.

S'il est encore possible, par ces temps troublés, d'émettre une opinion aussi argumentée que dénuée de passion sur un sujet qui déchire un pays qui n'avait certainement pas besoin de ça, je souhaite que ces lignes proposent au lecteur une réflexion distanciée tirée d'une longue réflexion personnelle sur un sujet subitement redevenu d'une actualité brûlante.

J'espère que ce simple point de vue, en se voulant aussi factuel que possible, permettra au lecteur attentif de prendre le recul indispensable sur le sujet en question, sujet que j'aurais tout aussi bien pu résumer en empruntant le titre d'un célèbre ouvrage fondateur de la psychanalyse : totem et tabou.

On pourra, dès ces premiers mots, me reprocher cette volonté de distance, et le voeu d'émancipation intellectuelle qui l'accompagne, mais alors il n'est nul besoin de continuer la lecture. Si le lecteur ne souhaite pas réfléchir, ni s'interroger sur les repères moraux de son époque, c'est son droit le plus strict et il me faut le respecter.

 

70 ans d'Histoire (et moi et moi et moi...)

 

Je dresse un portrait rapide de l'auteur afin que l'on comprenne les enjeux de ce texte.

J'ai quarante ans, je suis d'origine caucasienne (ça veut dire blanc en langage correct) et j'appartiens à ce qu'on nomme encore, d'un point de vue économique, la classe moyenne. Relativement éduqué, je n'ai jamais cessé de m'intéresser à des sujets tels que l'Histoire, la Physique, l'Astronomie, la Littérature, le Cinéma et la Musique dont j'ai, très jeune, fait mon métier.

Au cours de ma vie j'ai eu un grand nombre d'amis ou de connaissances, hommes et femmes de tous horizons, de toutes les origines, couleurs, confessions ou sensibilités sans que cela ne représente à mes yeux quoi que ce soit d'exceptionnel.
En résumé, je suis un citoyen tout ce qu'il y a d'ordinaire, doublé d'un parisien sociable qui aime parler aux inconnus dans les bistros. J'ajoute que dans le métro, je tiens la porte aux voyageurs qui me suivent et qu'il m'arrive d'aider à porter des poussettes dans les escaliers. Bah oui.

 

Comme une majorité de collégiens de ma génération, j'ai été exposé, de par les programmes scolaires, à des récits et des images extrêmement violents, et ce à un âge où mes repères moraux n'étaient sans doute pas aussi construits qu'ils peuvent l'être aujourd'hui.

La nécessité de ces images et de ces témoignages m'a toujours semblée plus qu'évidente, et elle l'est toujours, en vertu de cette croyance qui est la mienne : la connaissance du passé est indispensable à toute construction d'un meilleur futur.

 

J'ai donc lu, et j'ai vu.

Les yeux grands ouverts sur les horreurs de la guerre, toutes les horreurs de la guerre. Des villes enflammées aux quatre coins du Monde, des navires coulés par milliers, des guettos jonchés de cadavres, partout mort et désolation. Partout folie meurtrière, éxécutions, tortures, souffrances innommables... Du cannibalisme dans les neiges de Stalingrad aux massacres d'Iwo Jima, jusqu'à l'extermination glaciale de millions d'innocents dans des camps. Millions de juifs bien sûr, mais aussi de roms, d'homosexuels, de communistes, de malades mentaux et d'opposants de tous bords.

Outre les films traitant de la seconde guerre mondiale dans son ensemble

("Nüremberg à Nüremberg " par exemple), j'ai également vu nombre de documentaires ou films traitant spécifiquement du massacre industriel orchestré dans les camps de la mort. En dehors des images d'archives, un certain nombre de témoignages m'ont été soit proposés soit imposés, au gré des programmes du collège et du lycée. Ce fut le cas pour Anne Frank ("Journal"), pour Robert Merle ("La mort est mon métier") et plus tard pour Primo Lévi ("Si c'est un homme").

 

En plus de tous ces témoignages, j'ajoute les films de fiction ayant trait de près ou de loin à ce sujet, et qui m'ont accompagné tout au long de mon adolescence et de ma vie d'adulte, jusqu'à l'âge que j'ai aujourd'hui (de "Au revoir les enfants" à "Amen" en passant par "La liste de Schindler", ils sont quasiment innombrables)

 

Il m'est difficile, et peut-être en sera-t-il de même pour vous, de trouver une période de l'Histoire et un thème avec lequel je sois aussi familier que celui-ci.

Je me suis plus tard intéressé au combat des soviétiques dans cette guerre, mais je n'ai rien trouvé d'approchant en terme de documentation. On passe parfois rapidement sur cet épisode de la guerre que représente la bataille de Russie et la défaite finale de l'armée allemande face à l'Armée Rouge, mais il est sans doute utile de rappeler que, sur les cinquante millions de victimes fauchées par ce terrible conflit, environ vingt-six millions furent des victimes soviétiques. C'est dit pour le cas où cela vous intéresserait...

 

Tabou, ou marqueur moral.

 

Fort de cette éducation républicaine, je pense appartenir à une tranche d'âge pour qui cette période de l'Histoire a constitué très tôt ce que j'appelle aujourd'hui un marqueur moral, dans le sens où la seule évocation de ces atroces images de camps, de bulldozers charriant les corps de victimes décharnées a longtemps suffi à provoquer un incontrôlable dégoût viscéral et physique.

Les seuls mots de nazis, de SS ou de gestapo ont construit en moi un repère infranchissable dans ma différenciation entre bien et mal. A cela rien d'étonnant, et j'ajouterai, rien de scandaleux.

 

Je ne sais quel aurait été ce marqueur du mal absolu si j'étais né quelques dizaines d'années auparavant, mais c'est une question à laquelle je ne saurai probablement jamais répondre.

 

En plus de constituer un repère moral incontestable, la conscience d'appartenir à une humanité capable de telles abominations m'a longtemps poursuivi. Est-ce le fait d'une sensibilité ou d'une empathie hypertrophiée, toujours est-il que ces images m'ont hanté pendant les vingt cinq années qui ont suivi. Que ce soit en cauchemars récurrents ou en angoisses mal identifiées, ce marqueur du mal absolu est longtemps demeuré un sujet difficile à aborder, tant la blessure psychologique est restée vive pendant toutes ces années.

 

Comme je l'ai déjà dit, je ne suis né qu'en 1974, et mon père, qui aujourd'hui n'est plus de ce monde, est lui-même né quelques années après la fin de la guerre (en 1950).

Pourtant, malgré cette apparente absence de responsabilité dans les horreurs de l'Histoire, j'ai baigné pendant tout ce temps dans une espèce de culpabilité aussi inexplicable qu'incohérente. Culpabilité dont les causes sont aujourd'hui plus faciles à m'expliquer, ayant pris avec l'âge et les épreuves de ma propre vie un recul salvateur sur une Histoire qui, en toute conscience, n'est ni la mienne ni même celle de mon père.

 

Né en France, j'ai donc étudié l'Histoire de France telle qu'on l'enseigne à l'école.
J'ai appris la défaite de 1940, j'ai appris le régime de Vichy, la collaboration, les milices, les rafles, les dénonciations, le camp de Compiègne et, dans une bien moindre mesure, j'ai appris la dérisoire souffrance d'une maigre résistance.

 

J'aurais pu naître allemand me dira-t-on, et sans doute ma cupabilité inconsciente en aurait-elle été cent fois plus douloureuse, je n'ai donc pas à me plaindre, en quelque sorte.

 

Mémoire, souvenir et oubli.

 

A travers les provocations répétées d'un humoriste aujourd'hui cloué au pilori pour son irrévérence, au point que l'on mette à mal les bases autrefois sacrées de la liberté d'expression chère à nos constitutions occidentales, un combat est propulsé sur le devant de la scène comme peut-être jamais depuis près de soixante dix ans. Le combat de la mémoire.

 

Depuis vingt ans déjà, la France s'est dotée d'une originalité juridique avec ce que l'on a coutume d'appeler "les lois mémorielles". Afin de punir le crime de révisionnisme - cette opinion qui consiste à mettre en doute l'histoire de l'extermination des juifs (et des autres minorités martyres) dans les camps nazis, les législateurs ont cru bon de légiférer pour faire taire ces drôles de voix.

Un simple citoyen comme moi ne saurait mettre en doute la nécessité d'une loi votée alors que je n'étais encore qu'un adolescent très loin de m'imaginer que l'on puisse mettre en doute ce qui m'avait été enseigné avec force images et témoignages, mais que voulez-vous... Il existe certainement des scientifiques pour affirmer aujourd'hui que la terre n'est pas ronde, on ne peut qu'en être navré pour eux. Cela dit, il leur serait extrêmement difficile de m'en convaincre.

 

La loi Gayssot, et plus récemment la commémoration placardée sur tous les établissements scolaires du pays, ont donc pour fonction de nous empêcher d'oublier l'Histoire du pays où nous vivons.

Une Histoire faite de honte et de trahison, de complicité et de meurtres, mais à laquelle non seulement nous ne pouvons malheureusement rien changer, mais à laquelle il nous est de surcroît impossible d'échapper eu égard à l'actualité éternelle qu'elle représente.

 

Ce texte touche à son but en s'adressant donc aux nouveaux censeurs qui, drapeau républicain au vent, se font un devoir de nous rappeler ce que, de fait, il nous est parfaitement impossible d'oublier.

 

Il existe une nuance entre la mémoire, par nature sélective, le souvenir et l'oubli.

 

Même si je le voulais, il me serait rigoureusement impossible d'oublier ce que l'on m'a appris. Cela, avec toute la dignité que l'on doit aux victimes d'un temps qui n'est heureusement plus le nôtre, s'appelle la Mémoire. Cette mémoire, je le crains, échappe à toute forme de contrôle.

Malgré un monde en piteux état sous bien des aspects, j'ai l'espoir que mes enfants grandissent en respectant l'Histoire qui les a précédée. Mais j'ai également l'espoir qu'ils ne portent pas éternellement dans leurs gènes cette culpabilité et cette montagne de souffrance dont il ne sont en aucun cas responsables.

Informer, sensibiliser, éduquer sont en effet les devoirs d'un humanisme qui respecte toutes les victimes des barbaries du passé.

 

Faire taire l'humour noir, fut-il douteux et de mauvais goût, au nom de cette Mémoire, et interdire ainsi la seule possibilité d'un oubli momentané des atrocités humaines, tout en faisant jouer la corde culpabilisante de notre responsabilité inexistante, c'est interdire à l'Humanité de regarder devant elle avec l'espoir d'un monde meilleur.

 

Ce triste combat souvent peu argumenté, est une impasse dans laquelle se croisent à la fois ceux qui veulent se souvenir, et ceux qui veulent oublier.

Le problème n'étant pas que les uns ou les autres aient tort, mais qu'ils ont tous certainement raison.


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38 réactions à cet article    


  • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 14:21

     "La loi Gayssot, et plus récemment la commémoration placardée sur tous les établissements scolaires du pays, ont donc pour fonction de nous empêcher d’oublier l’Histoire du pays où nous vivons.« 

     Je me contenterai de citer Nietzsche sur ce sujet, étant entendu que l’auteur veut du fond et pas de nouvelle polémique sur Dieudonné (je fais au plus remarquer au sujet de »l’histoire du pays où nous vivons« que les camps et les horreurs décrites par force »documentaires« concernent bien davantage l’Allemagne et la Pologne que la France...).

      »Un homme qui ne voudrait sentir les choses qu’historiquement serait pareil à celui qu’on forcerait à s’abstenir de sommeil ou à l’animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l’animal, mais il est encore impossible de vivre sans oubli. Ou plus simplement encore, il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens, historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu’il s’agisse d’un homme, d’une peuple ou d’une civilisation.« 
     Considérations inactuelles

      »L’oubli n’est pas seulement une vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot, faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons se présente tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de « digestion » (on pourrait l’appeler une absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous « assimilons » notre nourriture. Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s’entraider ou s’entre-détruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles, et en particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une véritable oligarchie) voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans faculté d’oubli."
    Généalogie de la morale


    • vesjem vesjem 14 janvier 2014 18:30

      super éloge de l’oubli ; merci
      c’est notamment vrai pour le deuil ; impossible d’en réchapper sans oubli progressif


    • lionel 14 janvier 2014 19:10

      Voici un article au sujet de la mémoire... Arun Gandhi, le petit fils de l’homme devenu une des icône « occidentale » qui fut même utilisée par une agence d’interim, se permet des propos critiques vis à vis des Sionistes et aussi au sujet de la mémoire, la réponse fut aussi enragée et grotesque que dans le cas de Dieudonné, des Indiens conscients ont écrit cet article dont voici le dernier paragraphe :

       http://awamibharat.blogspot.fr/2008/02/dharna-to-protest-zionist-attack-on_18.html

      For us in India, it is a matter of grave concern as the Indian state has clearly aligned itself with the US-Israeli Neoconservative Zionist Imperial project for global domination.We appeal to all concerned organizations to attend and endorse their solidarity with Shri Arun Gandhi for his spirited and principled resistance.

      In Solidarity

      Pour nous en Inde, le fait que l’Etat Indien se soit clairement aligné avec le projet impérial Sioniste Néoconservateur pour une domination mondiale. Nous appelons toutes les organisations à démontrer leur solidarité avec Shri Arun Gandhi pour sa résistance libre d’esprit et emplie de principes. En Solidarité

      Dieudonné comme Jésus, comme Gandhi... la classe.


    • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 19:33

       Nous devrions lutter contre toutes les formes d’oppression : la Mémoire imposée en est une (parmi tant d’autres).


    • CommunArt CommunArt 15 janvier 2014 01:07

      Les indiens, plus que d’autres sans doute, ont tant à oublier pour être enfin heureux…

      Merci pour ces références instructives !

    • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 14:33

      Merci Anaxandre, 

      j’ai pensé à ma méconnaissance de Nietzsche, qui m’empêche sans doute d’argumenter de façon intelligente ce qui n’est qu’un ressenti finalement assez modeste, au moment d’écrire ces lignes.
      J’ai également pensé à Paul Ricoeur, plus proche de nous et peut-être plus abordable en ce qui concerne le maniement du concept d’« oubli salvateur » dont ne peut se passer l’action et l’espoir du futur.
      Un remerciement sincère donc pour ces lignes qui m’instruisent (j’en ai besoin ! ) et m’offrent l’occasion d’appréhender une petite partie du travail de réflexion de nos aînés sur le sujet éternel qui semble mettre en harmonie « oubli » et « action » smiley
      J’ai récemment appris un nouveau mot qui m’a beaucoup plu et sur lequel tu voudras peut-être rebondir : sotériologie.
      Ça paraît barbare comme ça, ou partisan, et pourtant je ne cherche qu’à comprendre et à à partager toute la paix que le Ciel nous propose smiley


      • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 15:13

         Je n’entrerai pas dans des débat théologiques, n’étant d’ailleurs pas un spécialiste de ces questions.

         J’affirme par contre que toute société saine et forte dans toute l’Histoire des hommes a toujours mis en avant dans ses récits écrits ou de tradition orale ses victoires (allant jusqu’à les exagérer et les mythifier), « oubliant » (occultant en réalité) au passage ses défaites, erreurs et errements.
         Or, on assiste depuis des décennies à la lente émasculation des peuples européens bientôt interdits de célébrer leur gloire passée, et forcés d’expier et de mythifier (la fameuse « inversion de toutes les valeurs », flagrante ici !) éternellement des crimes commis généralement ailleurs et par d’autres.
         Citons encore Nietzsche dont l’analyse au XIXème siècle doit être dépoussiérée à la lumière de l’histoire des 70 dernières années (en gardant à l’esprit le lien profond qu’il fait ailleurs entre mémoire et ressentiment) :

         « À Rome on considérait le juif comme »convaincu de haine contre tout le genre humain" : à bon droit, dans la mesure où on a le droit de lier le salut et l’avenir du genre humain à la suprématie absolue des valeurs aristocratiques, des valeurs romaines. Les juifs étaient, au contraire des Romains, ce peuple sacerdotal du ressentiment par excellence, doué d’un génie sans pareil pour la morale populaire."
         
        Généalogie de la morale


      • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 17:03

         Vous avez disparu ? Vous ne souhaitez pas de véritable débat au delà de ce que les manuels scolaires et les documentaires vous ont appris ? Il me semble que je réponds pourtant bien sur le fond.
         Je vous cite :
         "J’espère que ce simple point de vue, en se voulant aussi factuel que possible, permettra au lecteur attentif de prendre le recul indispensable sur le sujet en question, sujet que j’aurais tout aussi bien pu résumer en empruntant le titre d’un célèbre ouvrage fondateur de la psychanalyse : totem et tabou.« 

          »prendre le recul indispensable sur le sujet«  : il me semble bien que je traite les concepts et l’Histoire longue.
          »totem et tabou" : on n’aurait pas le droit de traiter des nouveaux totems et tabous contemporains qui sont le point d’orgue et le vrai fond de "l’affaire Dieudonné" ?

         Parler des idéologies catholiques, protestantes, juives, musulmanes, etc, sera-t-il bientôt totalement interdit ? Réfléchir sur leur volonté de domination et leurs méthodes à travers l’Histoire (re)deviendrait-il blasphématoire ? Va-t-on finir par expurger les auteurs, les livres ou les chapitres « gênants » ? À censurer toute critique au nom des conflits d’hier ?, ou des oligarchies d’aujourd’hui ?... Enfin, peut-on traiter sur le fond de « l’affaire Dieudonné » sans parler du judaïsme - celui d’une certaine « élite », dois-je le préciser ? - alors que vous-même faites sans cesse référence à la seconde guerre mondiale dans votre papier ?


      • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 17:27

         Discours de Hollande en ce moment même :
         
         (Approximativement) « Je combattrai de toutes mes forces ceux qui luttent contre l’idée européenne... »

         Après « l’affaire Dieudonné », on entrevoit le prochain type de propos qui seront réprimés par la Loi.

         Voyez à quoi mènent le silence, l’auto-censure ou l’aplaventrisme... France, réveille-toi, le « monstre État » devient fou !


      • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 17:30

        Je n’ai pas disparu, je dois sacrifier à la vie réelle du dehors,

        et vu la densité de vos réponses, je prends le temps de lire et de comprendre !
        et je vous remercie à nouveau pour la qualité du débat qui s’est ouvert...

      • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 18:07

         Pas de soucis ! smiley

         Je vois ici deux enjeux :

        1) La manipulation et l’instrumentalisation historiques pour des intérêts particuliers, et dont l’enjeu civilisationnel aura - et a déjà à bien des égards - des conséquences catastrophiques sur la santé, l’optimisme, la fougue, la confiance en soi d’une société et des individus qui la composent ; une masse bientôt réduite à la repentance éternelle et à l’auto-flagellation.

        2) La volonté de contrôle total de ce monstre qu’est devenu l’État (en réalité les puissantes oligarchies qu’il représente) et qui, de moins en moins légitime aux yeux du peuple, est en train d’opérer sous nos yeux sa mutation en totalitarisme (« Régime à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée et dans lequel l’État tend à confisquer la totalité des activités de la société. » Wikipédia).


      • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 18:17

        D’après moi, le mot le plus important de votre dernier commentaire est le mot « optimisme ».

        « Optimisme », « enthousiasme », que de synonymes d’« espoir » qui font cruellement défaut au peuple d’aujourd’hui et dont je suis… de ce peuple qui, cherchant son chemin dans les ténèbres, cherche avant tout à se réconcilier avec l’espoir d’un avenir meilleur .



      • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 19:14

         « ...ce peuple qui, cherchant son chemin dans les ténèbres, cherche avant tout à se réconcilier avec l’espoir d’un avenir meilleur. »

         « Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ».
         Et notre Histoire ne commence ni en 1789, ni en 1945, a-t-on encore le droit de le dire ?...


      • lionel 14 janvier 2014 21:23

        enthousiasme, sans la joie de Dieu....


      • lionel 14 janvier 2014 21:24

        enthousiasme, Dans la joie du Divin...


      • CommunArt CommunArt 15 janvier 2014 01:10

        « France réveille-toi »… Oui, en trois mots cela est bien élégant, mais qu’en est-il dans la réalité ?

        Comment se réveille la classe laborieuse face aux injustices oligarques ?
        L’analyse est certes utile, mais qu’en est-il de l’action, tels que nous sommes derrière nos écrans ?
        Une idée ?

      • Shawford43 15 janvier 2014 01:13

        Yesh, what’s going on ?


        Et bien ça groove quand tu mets RTL2, tu me crois pas, essaie pour voir

      • Anaxandre Anaxandre 15 janvier 2014 15:25

         Bonjour,

         L’idée ? Plutôt les idées.

         Tout d’abord abandonner autant que faire se peut la télévision, les « grands médias » en général, et s’instruire, s’informer sérieusement : ça devient vite un plaisir, si, si ! Puis discuter, argumenter, convaincre par l’exemple et la raison ses proches. Ne plus voter (caution du Système), sauf exceptionnellement à un premier tour pour des listes « dissidentes ». Ne pas, ne plus avoir peur de s’exprimer, que ce soit sur internet ou dans des manifestations ; ainsi, plus massive est la contestation, moins le Pouvoir et ses officines ont les moyens de persécuter leurs opposants : par exemple avec les « quenelliers » inquiétés en ce moment par les forces de l’ordre suite aux dénonciations de JSSnews (on peut en interpeller 2/3, plus difficilement 200/300 et l’impact est bien plus grand). Déposer le moins d’argent possible à la banque et n’acheter que des biens durables, échangeables. Etc, etc, etc...

         J’arrête ici, les moyens de résister pacifiquement (pour l’instant) sont nombreux et le net en fourmille !
         Et bravo pour vos réponses et l’attention portée aux commentaires !

         (PS : et surtout dans un premier temps, ne pas se laisser diviser, fragmenter par les querelles idéologiques droite/gauche qui servent le Système et cimentent notre impuissance.)


      • almodis 14 janvier 2014 16:37

        deux remarques à l’auteur :

        1 ne jamais oublier que les « bulldozers charriant des corps décharnés » sont ceux de l’U.S Army .

        2 ne jamais oublier que dans l’ancien Testament il est dit ( je cite de mémoire ) que l’Eternel condamne les enfants pour les péchés de leurs pères « jusqu’à la 3 e génération » .

        Mais si vous , ni moi , ne sommes juifs , nous n’avons pas à nous sentir coupables .


        • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 17:39

          remarque N°1 : la puissance des images ne saurait en aucun cas se substituer aux arguments de la raison, merci pour ce commentaire.


          remarque N°2 : ayant relu récemment l’évangile selon Saint Mathieu, j’ai été frappé par une phrase qui dit en substance " que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ( Math. XXVII, 27 )

          Je ne suis pas juif, mais j’aurais pu l’être ( n’ayant pas choisi ma naissance )
          à l’instant j’imagine à quel point cela doit être difficile de lire les évangiles pour qui n’est qu’un chrétien comme moi. Que de rancunes, que de désirs de revanche pour une humanité qui n’aspire qu’à survivre dignement.

          Mon opinion n’a que peu d’importance, mais le fait de la partager avec d’autres sapiens me renforce et brise cette terrible solitude qui m’accompagne.

          Merci pour votre réaction


        • vesjem vesjem 14 janvier 2014 18:47

          @l’auteur
          et sans rien oublier ni nier de cette boucherie planétaire , tous les morts de cette hécatombe (# 50millions) ont la même valeur ;
          Nietzsche nous dit également (la volonté de puissance ?) , que le christianisme avait inventé le concept de la dette perpétuelle (envers le christ)


        • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 19:45

           Ne vous fiez pas à La volonté de puissance, c’est un texte remanié par sa sœur. Lisez avant tout - et tant que c’est autorisé ! - la Généalogie de la morale.


        • vesjem vesjem 14 janvier 2014 23:42

          @anaxandre
          merci pour l’info


        • Anaxandre Anaxandre 15 janvier 2014 15:57

           De rien. Si vous repassez par là, vous aurez tout ici.


        • Shawford43 14 janvier 2014 17:43

          Ce triste combat souvent peu argumenté, est une impasse dans laquelle se croisent à la fois ceux qui veulent se souvenir, et ceux qui veulent oublier.


          Ça se devrait d’être fait, mais tout ce qui est long et fastidieux a plutôt tendance à éloigner les sapiens des menus plaisirs.

          Alors qu’avec une bonne #quenelle résultat garanti et qui permet d’économiser pas mal de préliminaires. ( smiley ? )

          • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 17:48

            Certes. Mais il faut beaucoup d’intelligence pour prendre l’altitude nécessaire au bonheur smiley


          • Shawford43 14 janvier 2014 17:52

            Et/ou d’acharnement pour y parvenir et AV est LE lieu idoine pour se faire, m’est avis.


            Au plaisir de vous lire.

          • CommunArt CommunArt 14 janvier 2014 18:02

            « S’acharner à être heureux »

            on dirait du Blondin, ou du Alphone Allais,
            ou un autre génie de notre langue si merveilleuse !!

            • lionel 14 janvier 2014 18:25

              Bonsoir, merci pour cet article et merci à Anaxandre pour ses commentaires. Nous devrions aussi nous souvenir des centaines de milliers de morts affreuses dans les camps de prisonniers « gérés » par les occidentaux. Je relisais récemment le témoignage d’un soldat étasunien qui se souvenait de l’horreur qu’il avait découvert dans ces camps. Cela, comme les bombes nucléaires, Dresde etc...ce sont les « alliés » qui l’ont fait... comme les infrastructures industrielles étasuniennes qui ont été épargnées par les bombardements. Ne l’oublions pas car la prise en compte de ces faits, comme d’autres, est indispensable pour notre santé psychologique, morale, spirituelle...


              • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 19:29

                 Peu de chance qu’on enseigne à nos enfants l’incroyable barbarie Alliée (anglo-américaine et soviétique) sur les civils allemands : bombardements massifs des villes, viol des femmes, assassinat des enfants, torture des hommes, villages et maisons brûlées, etc.
                 Mais il parait que la Vérité risquerait de réhabiliter la « bête immonde ». Chut...


              • tf1Groupie 14 janvier 2014 18:34

                Excellent article.

                Mettez-vous maintenant à la place des allemands : ce sont tous des « enfants de Nazis ».


                • Anaxandre Anaxandre 14 janvier 2014 19:20

                   Ce qui selon moi explique en grande partie l’effondrement démographique de ce peuple désormais peu enclin à se reproduire (même analyse pour des causes similaires concernant le Japon et même l’Italie : trois pays extrêmement différents les uns des autres mais qui ont devant l’Histoire le tort d’avoir incarné seuls la « barbarie » selon les vainqueurs).


                • tf1Groupie 14 janvier 2014 22:37

                  Intéressant comme analyse.
                  ça me semble assez plausible pour les allemands et les japonais.


                • Gieller Gieller 15 janvier 2014 07:45

                  Des dizaines de films cinématographiques, des centaines de documents, des milliers de livre et ouvrages illustrés sur le sujet...

                  La mémoire oui, mais évitons une mémoire sélective faisant peser sur nos enfant la culpabilité d’une France dans laquelle je ne me reconnais pas. La France de l’époque, la seule et la vraie, est pour moi celle de la Résistance, des justes, de Jean Moulin et de tous les sacrifiés qui se sont battus au nom de la liberté. De tous les déportés et des STO.

                  L’ersatz de nation pétainiste sous occupation n’est pas la France, nous n’avons à porter les actes de ces tristes personnages éternellement dans nos consciences.
                  Dans nos mémoires oui, mais pas dans nos consciences.

                  Il faut arrêter ce bourrage des consciences car cela finira par apporter le contraire de ce pour quoi c’est fait. Trop d’holocauste tuera l’holocauste...
                  Il faut savoir, à l’image de nos colonies, de l’esclavage, des guerres diverses et variées, tourner la page pour avancer, sans oublier cependant.

                  Je comprend l’action des associations telles que la Licra et le Crif, mais je trouve qu’en ce moment toutes leurs actions ne tendent qu’à créer l’inverse de leur but initial.
                  Ils appliquent actuellement la stratégie de « La meilleure défense c’est l’attaque », et finissent finalement par décrédibiliser leurs actions aux yeux des français (de toutes confessions) qui en ont assez de ce bourrage des consciences.

                  L’action actuelle du site JSSnews visant à dénoncer publiquement tous les quenelleurs de la France comme étant des nazis, en plus d’être ridicule, fait souffler un vent putride sur l’ambiance déjà délétère qui règne au pays France (et je ne parlerai même pas des actions coups de poings des groupuscules œuvrant en sous main). Et pendant ce temps là le camps adverse regroupant les extrêmes, les anti tout et n’importe quoi, les gavés de la conscience affutent leurs armes en prévision de l’affrontement qui s’annonce et qui sera sur un tout autre plan que le débat politique malheureusement.

                  Il faudrait que l’état joue son rôle de rassembleur, qu’Hollande tape du poing sur la table pour que s’arrête cette escalade, qu’un conseil œcuménique ramène tout le monde au calme et que les gens apprennent à vivre ensemble, à avancer ensemble, avec une conscience lavée des pêchés du passé et une mémoire collective nous rappelant d’où l’on vient pour comprendre où l’on va... Sinon je craint que le mur de la violence nous barre le chemin.
                  En attendant un énième documentaire sur la Shoah tourné par Hitchcock va nous être diffusé sur notre chère télévision publique. Un de plus... 


                  • Gieller Gieller 15 janvier 2014 07:59

                    >> des centaines de documents,
                    Je voulais dire des centaines de documentaires... Désolé pour la faute ! smiley


                  • CommunArt CommunArt 15 janvier 2014 16:27

                    Pour ce qui est de l’action de la licra et du crif, il est malheureusement « possible » ( je souligne ce mot « possible ») que leur véritable but soit de souffler sur des braises qui s’étaient éteintes justement.

                    Il existe bien sûr des réflexes communautaires, chez les blancs, les noirs, les arabes, les juifs, partout. C’est le cas lorsqu’une personne réagit à une situation inconfortable ou qu’elle a le sentiment d’être lésée, et s’en prend instinctivement au voisin qui a plus, qui a mieux, dont il ne comprend pas la culture ou la langue.
                    Mais mon baromètre du véritable racisme est assez fidèle puisqu’il se fonde non pas sur les journaux, mais sur l’attitude des petites gens dont je suis, et qui se croisent et se rencontrent dès qu’ils sortent de chez eux.
                    Au bistro on entend toutes sortes de blagues… Sur les noirs, les arabes, les chinois, les femmes, mais la palme des grossièretés « automatiques » revient sans aucun doute aux homosexuels.
                    Malgré cela, tout le monde se retrouve dans le rire, il est très rare que cela dégénère, au contraire, c’est plutôt un pont jeté entre les gens pour apprendre à se connaître.
                    En résumé je pense que les français sont tout sauf racistes dans leur grande majorité, n’en déplaise aux innombrables associations qui, il faut l’avouer, vivent des subventions qu’elles touchent pour lutter contre un ennemi inexistant.

                    Le crif et la licra n’échappent pas à cette règle ( j’ai pris soin de ne prononcer que le mot « racisme »qui pour moi inclue tout le reste sans distinction)
                    Ces associations ont plus que personne besoin de racisme pour se faire une raison d’être, quitte souvent à l’inventer ou à le semer là où il n’existait pas. 

                    Norman Finkelstein ou Noam Chomsky, de façon polémique et parfois virulente, dénoncent admirablement cette dérive de la culpabilité dans leurs travaux.

                  • Hervé Hum Hervé Hum 15 janvier 2014 09:39

                    Bonjour l’auteur, je suis un tout petit peu plus âgé que vous, mais j’ai suivi ou devrais je dire subis le même endoctrinement.

                    Avec l’âge, un peu plus de connaissance et de maturité, si je n’éprouve pas de culpabilité relative au drame de la Shoah, j’en éprouve pour ce qui est du néo colonialisme, parce que ces conséquences sont contemporaines à notre époque d’une part et surtout parce qu’elle a superbement ignoré le passé colonial, la violence de la dictature et même la Shoah.


                    • CommunArt CommunArt 15 janvier 2014 16:29

                      Bonjour Hervé,


                      je me doutais qu’en écrivant ces lignes, je trouverais un écho chez de nombreux citoyens.
                      Ainsi je me sens moins seul, c’est plus efficace et surtout plus agréable pour réfléchir.

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