Droits sociaux ou munitions ?

Depuis l’enième : « nous sommes en guerre », s’enclenche une nouvelle campagne patronale contre notre modèle social et qu’il faudra travailler plus au nom de « la menace Russe ». Par-dessus cela, il faudra piocher dans notre bas de laine pour financer l’armement européen qui viendra défendre notre modèle démocratique… Alors, droits sociaux ou munitions ? 

Droits sociaux déjà bien amochés ces trente dernières années. Mais là, c’est haro sur le baudet : il s’agirait de travailler plus longtemps et donc, comme dans d’autres pays européens, une retraite à 70 ans. Le patron du Medef, Patrick Martin, ne vante-t-il pas le « modèle danois » de retraite à 70 ans sous couvert de « Danemark’s attitude », ou « courant Hygge ».[i] En prime, ne plus indexer les retraites sur l’inflation, de supprimer les dépenses sociales les moins « utiles ». Tout remettre sur la table : assurance maladie, chômage, charges sociales, temps de travail hebdomadaire et pourquoi pas, durée des congés payés ? Toute la sphère médiatique d’un seul élan promeut ce consensus presque de survivance : dans Les Echos,[ii] « travailler plus est le meilleur moyen de financer l’effort nécessaire pour nos armées ». Dans le Figaro : « dire la vérité crue, telle qu’elle est, en cessant de tourner autour du pot. La voici : notre sacro-saint modèle social […] ruine consciencieusement le pays et le prive de toute marge de manœuvre financière. »[iii] Le Figaro toujours : « réorienter […] les dépenses de l’État-providence […] vers la défense et renouer avec la croissance, la compétitivité et le plein-emploi via la modernisation du pacte social constituent la seule solution ».[iv] Dans un pays connu pour ses chicaneries incessantes, un tel accord général tient du miracle… D’une coterie qui sent l’odeur du sang et la démolition définitive du modèle social instauré en 1945 par le programme du Conseil national de la Résistance (CNR).[v]

Ces grands bourgeois, eux, savent. Dans une interview du gouverneur de la banque de France, le très honorable Monsieur François Villeroy de Galhau, marié à Florence Gilbert de Vautibault et fils de Claude Villeroy de Galhau et d'Odile de La Lande de Calan, interrogé par la ci-devante et très respectable Madame Apolline de Malherbe, fille de Guy de Malherbe et de Marie-Hélène de La Forest Divonne, où, ces deux « sommités » qui en connaissent un bout en ce qui concerne le monde du travail vont promptement nous dire à nous pauvres béotiens analphabètes que nous sommes « à vos yeux lorsque l’équation commence à se poser entre pensions et canons ? » Réponse du haut fonctionnaire émargeant à 25 mille balles par mois « Nous ne pouvons plus tout nous payer comme avant, il faut faire des choix entre retraites et défense. »[vi] C’est dit avec la voix de ceux qui ont une vision, que nous pauvres bêtes n’avons… Ces guignols nous pompent l’air depuis, quand au fait ? Clovis ?

Munitions ou cagnotte à 6400 milliards ! Amélie de Montchalin, ministre chargé des comptes publics, a déploré que l’épargne des Français « allait à tout le monde sauf à la défense  ». Et cette épargne ne représente pas moins du double de la dette française, 6400 milliards ! Un pactole que tous les vautours de la place financière lorgnent avec envie(s). C’est aussi l’époque où il faut se placer afin de participer à l’orgie de fric qui pointe son nez. Le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, a plaidé pour que « l'argent européen » consacré à la défense aille « à 100% à l'industrie européenne ». Eh oui, tes Rafales, il faudrait les « dealer », sauf que… Sachant que TOUS les pays membres de la communauté sont équipés de F35 américains, ce n'est pas demain que tu vas reforger tes navions Made in France. Les anglais aussi tirent une sale tronche, car les entreprises du Royaume-Uni du mécanisme d’achat d’armement ont été exclues mercredi 19 mars par la Commission européenne.[vii] Dire que les deux présidents de ces pays se sont tellement décarcassés pour jeter de l’huile sur le feu, pour qu’à l’arrivée ce soient les américains qui toucheront le pactole, vous me direz comme d’hab, c’est rageant pour Manu et Keir de se prendre une telle déculottée. Le « ReArm Europe » de la mère von Leyen sent la choucroute qui va tourner, car, comment mettre d’accord, l’Italie qui est pro Trump, la Hongrie et la Slovaquie qui la jouent perso, la hollande dont le Parlement ne veut rien entendre sur le réarmement, et une France, dont le président est détesté par 75% de ses habitants, qui le prennent tous pour un lunatic qu’il est… Ça sent ce « réarmement » comme pour les ZFE et les bagnoles électriques, comme un parfum de Bérézina.

Alors, Droits sociaux ou munitions ? Il est vrai que depuis la prise de pouvoir de Trump le 25 janvier, en France Macron a tout fait pour exister, même une affaire personnelle, car offusqué qu’il est d’être traité comme quantité négligeable pour les « Grands » de ce monde. Comme il a derrière lui tous les médias subventionnés et les TV, radios possédés par ses potes milliardaires, ça fait un sacré barouf coté bourrage de crâne, « la patrie est en danger, nous sommes en guerre » et tutti ! De plus ça tombe bien, son obsession est de démolir le système social français à coups de 49,3 servis par ses nervis. Donc, côté franchouille, ça baigne pour l’instant pour lui, mais, mais ? Attention de ne pas toucher au grisbi, car de ce côté, le gaulois est resté un paysan proche de ses pépettes. Côté international, il pourra convoquer tous les sommets à la noix de son cru, il est probant qu’il est pris pour un naze même au fin fond de n’importe quelle république bananière du continent. Donc, il va mouliner, pousser des petits jappements, faire peur aux vieilles dames, puis, les Grandes décisions prises au-dessus de sa tête perruquée, il devra en rabattre… Et ce jour-là, j’paye le champagne !

Georges ZETER/mars 2025

Vidéo : Emmanuel Macron s'exprime sur la Russie et l'Ukraine

Merci à ACRIMED : Pensions ou munitions ? » : La fabrique du consentement à « l’effort de guerre »