Du crash à la rédemption : pourquoi Pierre Palmade mérite une chance
Le mercredi 16 avril 2025, Pierre Palmade quitte la prison, un bracelet électronique à la cheville. Condamné pour un accident qui a brisé des vies en 2023, il a pleuré ses fautes, reconnu son erreur. Cette clémence fait grincer des dents, mais moi, j’y vois une lueur : une justice qui donne une chance à un homme perdu.
Je n’oublierai jamais ce soir de février 2023, quand le nom de Pierre Palmade a envahi les infos. Lui, l’humoriste qui m’avait fait hurler de rire dans Ils s’aiment, était au cœur d’un cauchemar. Sur une petite route de Seine-et-Marne, il a percuté une voiture, drogué jusqu’aux yeux par la cocaïne et une saleté appelée 3MMC. Dans l’autre voiture, il y avait Yuksel, son petit Devrim, 6 ans, et Mila, enceinte. Le choc a été atroce : un bébé perdu, des corps blessés, des âmes en miettes. Palmade, lui, s’en est sorti, les côtes cassées, mais avec un poids bien plus lourd : la honte, la culpabilité.
J’ai suivi son procès, en novembre 2024, le cœur serré. À Melun, il n’a pas joué les victimes. "J’ai détruit une famille, je ne mérite pas de vivre", a-t-il murmuré, les yeux pleins de larmes. Je l’imaginais, cet homme que j’avais applaudi sur scène, debout face à une salle où la douleur des autres le transperçait. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, et envoyé à Bordeaux, dans une cellule à l’écart, pour ne pas devenir une cible. J’ai pensé : c’est fini pour lui. La France l’a rayé de son cœur.
Mais le 15 avril 2025, tout a changé. La cour de Bordeaux a décidé qu’il pouvait rentrer chez lui, avec un bracelet électronique. Pas une liberté, non : une laisse. Des horaires stricts, des rendez-vous médicaux, l’obligation de se soigner. Sur X, j’ai vu la colère exploser : "Libre après quatre mois ? C’est une blague !". J’ai compris cette rage. Pourtant, dans mon coin, je me suis surpris à sourire. Pas pour excuser ce qu’il a fait, mais parce que je crois qu’un homme, même au fond du gouffre, peut se relever. Palmade, en disant "je suis coupable", m’a donné envie d’y croire.
Je ne peux pas parler de lui sans penser à ceux qu’il a blessés. Yuksel, Mila, Devrim. Leur douleur, je ne l’imagine même pas. Perdre un bébé, voir son enfant hurler de peur, c’est une blessure qui ne guérit pas. Leur avocat a dit dans Le Parisien que la justice s’applique à tous, même à Palmade. Ces mots m’ont marqué. Ils me rappellent que la justice, ce n’est pas seulement punir, c’est aussi réparer. Et réparer, pour Palmade, ça commence par se regarder dans le miroir. Il l’a fait, je crois. Au tribunal, il n’a pas cherché d’excuses. Il a pleuré, pas pour lui, mais pour eux.
Je repense à l’homme qu’il était. Pierre, le gamin bordelais qui faisait rire ses profs, l’artiste qui remplissait les salles avec ses sketches. Mais derrière, il y avait un vide. La drogue, il en parlait déjà dans les années 2000, comme une vieille amie toxique. "J’ai besoin d’un carburant pour vivre", disait-il à Télérama. Ce carburant l’a brûlé, et avec lui, des innocents. Mais je refuse de le voir comme un monstre. Un monstre ne pleure pas ses fautes. Un monstre ne dit pas : "Je veux changer". Palmade, lui, l’a dit, et je veux le croire.
Quand j’ai appris pour le bracelet, j’ai repensé à la prison. Bordeaux-Gradignan, c’est un endroit où l’on entasse les gens, 1 100 pour 600 places. Là-dedans, Palmade était un fantôme, isolé, sans espoir. La prison, ça punit, mais ça ne guérit pas. Lui, il a besoin de médecins, de psys, de quelqu’un pour l’aider à décrocher. Le bracelet, c’est ça : une chance de se soigner, sous surveillance. Pas une liberté, mais un défi. S’il foire, il retourne en cage. Moi, je pense qu’il peut réussir. Parce qu’il sait ce qu’il a fait et ce savoir, c’est une arme pour avancer.
Je sais que cette décision choque. Beaucoup veulent Palmade derrière les barreaux pour toujours. Je comprends. Quand on lit les posts sur X, on sent cette soif de vengeance. Mais moi, je me pose une question : à quoi sert de l’enfermer sans fin ? La justice, ce n’est pas juste taper fort. C’est donner un sens. En le laissant sortir, avec ce bracelet, elle lui dit : "Prouve que tu peux être meilleur". C’est un pari risqué, mais beau. Parce que si Palmade se relève, il montrera que même les pires erreurs ne condamnent pas pour toujours.
Je pense à l’addiction, ce poison qui ronge tant de vies. Palmade, avec son argent, ses succès, n’y a pas échappé. Il est comme ces milliers d’anonymes qui luttent, tombent, se relèvent. En France, 1,5 million de personnes touchent à la drogue, d’après des chiffres officiels. Lui, il a touché le fond, mais il veut remonter. Ses cures, ses rechutes, ses nuits perdues, je les vois comme un cri : "Aidez-moi". La justice l’a entendu. Moi aussi. En le soignant, on ne l’excuse pas. On l’aide à ne plus jamais faire de mal.
Sa célébrité complique tout. Palmade, c’est celui qu’on aimait, puis qu’on a haï. Les télés, les réseaux l’ont cloué au mur. "Un riche qui s’en sort", disent certains. Mais je ne vois pas ça. Je vois un homme jugé comme les autres, avec les mêmes droits. La loi dit qu’on peut aménager une peine courte et c’est ce qu’ils ont fait. Pas de passe-droit, juste une chance. Sa gloire, au contraire, l’a enfoncé : tout le monde le juge, tout le monde le condamne. Moi, je veux regarder au-delà. Je veux voir l’homme, pas l’image.
Et puis, il y a cette idée qui me hante : le pardon. Pas l’oubli, non. Pardonner, c’est dire : "Tu as fauté, mais tu peux être autre chose". Palmade, au procès, a demandé pardon. Pas avec des mots creux, mais avec des larmes, des silences qui disaient tout. Dans Le Monde, on racontait son visage, ravagé par le remords. Ces larmes, elles m’ont touché. Elles m’ont dit qu’il veut réparer, même un peu. Je crois qu’on doit lui laisser cette chance. Pas pour lui, mais pour nous. Parce que pardonner, c’est se prouver qu’on est plus grand que la haine.
Pour Palmade, ce bracelet, c’est un fil d’espoir. À 57 ans, il n’a plus rien. Plus de scène, plus d’amis. Même Michèle Laroque s’est éloignée. Il est seul, avec ses regrets et ce bracelet qui le surveille. Mais je l’imagine, dans son coin, se battant pour décrocher, pour redevenir quelqu’un. Un proche, dans Sud Ouest, disait : "Il veut vivre, vraiment". Moi, je veux croire qu’il peut y arriver. Pas redevenir une star, non, mais un homme qui se regarde dans la glace sans honte.
Pour Yuksel, Mila, Devrim, je n’ai que du respect. Leur douleur, je ne peux même pas la mesurer. Je sais que ce bracelet peut leur sembler injuste, comme un affront. Leur avocat dit qu’ils veulent avancer, pas se venger. Je les admire pour ça. La justice, en tenant Palmade loin d’eux, essaie de les protéger. Moi, je crois que sa rédemption, si elle arrive, sera aussi pour eux. Pas pour effacer, mais pour donner un sens à ce drame.
Cette histoire, elle me change. Elle me force à réfléchir à ce qu’on veut comme société. Enfermer pour calmer notre colère ou tendre la main pour construire ? Palmade, avec son passé, ses erreurs, son courage d’avouer, me fait choisir la seconde voie. Je ne l’excuse pas. Mais je crois en lui, parce qu’il croit en lui. Ce bracelet, c’est une promesse : celle d’un homme qui veut redevenir humain.
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