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Accueil du site > Tribune Libre > Ebola : défense intérieure. Nous ne sommes pas prêts

Ebola : défense intérieure. Nous ne sommes pas prêts

Nous résumons ici des informations de source sûre obtenues à ce jour 25/04 concernant l'épidémie d'Ebola. Comme indiqué en conclusion, ces propos seront considérés comme pessimistes. Mais le pessimisme est, en matière de santé publique, préférable à l'optimisme. Il permet de mieux se préparer. En l'espèce, il devrait conduire à mobiliser préventivement et sans délais les milliards de dollars qui seraient nécessaires pour remédier aux problèmes non résolus évoqués dans cet article. On serait loin alors des préoccupations de lutte contre les déficits budgétaires qui pour le moment sont les seuls à mobiliser l'attention.

 

Jean-Paul Baquiast - 25/10/2014

NB. Nous ne défendons ici que les informations ou opinions données à la date de cet article, soit le 25/10. Dans un domaine aussi évolutif et sensible, il faut se tenir prêt à prendre en compte d'autres opinions et informations, si elles paraissent crédibles.

Image. Crédit USAMRIID)

Le 18 octobre 2014, le secrétaire à la Défense américain Chuck Hagel a ordonné au commandant du Northern Command (zone militaire de défense à l'intérieur des Etats-Unis), de mettre en place un corps expéditionnaire d'assistance médicale composé de 30 personnes convenablement entraînées. Ce dispositif devra fournir sur demande une assistance d'urgence et de courte durée aux médecins civils exerçant sur le territoire de l'Union. Il sera composé de 20 soignants, entrainés à l'intervention dans les situations critiques, de 5 médecins habitués à combattre les épidémies et de 5 spécialistes dans la mise en oeuvre des protocoles anti-épidémiques. Une fois formés, ces personnels devront se tenir prêts à intervenir sur n'importe quel point des Etats-Unis, sur la base d'un statut de 30 jours renouvelables. Ils n'opéreront pas en dehors des Etats-Unis.

Cette mesure est donc à distinguer de la récente décision de Barack Obama, destinée à doter l'Africa Command d'un contingents de 50 militaires (voire beaucoup plus aux dernières informations) susceptibles d'intervenir dans les pays africains touchés par l'épidémie, en priorité d'ailleurs au profit des moyens militaires américains basés dans ces pays.

La décision de Chuck Hagel pose directement la question de savoir si, sur le territoire européen, des corps expéditionnaires de même nature ne devraient pas être mis en place par les ministères de la défense des pays européens, tous également menacés tôt ou tard par l'épidémie. Il convient aussi de se demander si les mesures ainsi prévues seraient satisfaisantes pour contenir un nombre de cas pouvant dans les prochains mois se multiplier.

 

Pour répondre à cette question, examinons les points nouveaux récents à prendre en compte dans l'évaluation des risques.

Cas déclarés

Leur nombre ne cesse d'augmenter dans les 3 pays de l'ouest africains initialement touchés. Différentes autorités ont annoncé depuis plusieurs semaines que l'épidémie y était devenue incontrôlable. Mais quelles conclusions tirer de telles annonces ? D'une façon générale, la fermeture totale des frontières ne serait, ni possible, ni éthiquement acceptable. Comme nous l'indiquons par ailleurs ci-dessous, aucun transfert massif de moyens de lutte venant des pays riches vers les pays pauvres contaminés n'est envisagé, à supposer que ce transfert soit envisageable dans les délais rapides nécessaires.
Inévitablement donc d'autres cas apparaitront – sans mentionner ceux qui ne seront pas déclarés. Ainsi, au Mali, un patient souffrant d'Ebola vient d'être identifié. Une analyse des personnes susceptibles d'avoir été contaminées par lui est en cours. On imagine la difficulté de la tâche lorsque d'autres cas se feront jour. Par ailleurs, si l'épidémie se précisait au Mali, la France qui y entretient un grand nombre d'expatriés et de personnels militaires serait très rapidement concernée.

Les cas identifiés aux Etats-Unis ou dans d'autres régions du monde demeurent encore très peu nombreux. On pourrait donc penser que les mesures de détection et d'hospitalisation des malades, complétées d'isolement pour observation (quarantaine) des « contacts » qu'elles auraient pu avoir devrait suffire. Mais tout dépend du nombre de cas qui se déclareraient dans les prochaines semaines. S'ils atteignaient quelques dizaines, ne fut-ce qu'au seul niveau européen, les moyens existants de détection, de soin et d'isolement seraient vite saturés. Que signifierait ainsi mettre en quarantaine des centaines de personnes, dans quels locaux, locaux qui pourraient vite se transformer en mouroirs.

Tests

Rappelons-le, il ne s'agit pas de vaccins ni de sérums, mais seulement de moyens permettant de vérifier si une personne est ou non porteuse du virus – à condition aussi, dans le premier cas, que sa charge virale soit suffisante. Plus ces tests pourront répondre rapidement, plus ils permettront d'isoler les personnes atteintes des autres, dits « cas contacts ». Sur ce point, des progrès décisifs paraissent en vue. Signalons par exemple que le petit laboratoire français Vedalab a élaboré un test qui permet de diagnostiquer la contamination au virus en 15 minutes au lieu de plusieurs heures. Il ne faut pas cependant se faire d'illusions. Pour produire et distribuer les millions (sinon bientôt centaines de millions) de dispositifs de test qui seront nécessaires, il faudra des moyens industriels qui n'existent pas aujourd'hui, et dont nul pays à ce jour n'entreprend la mise en place.Vaccins

Les quelques filières annoncées dans divers pays n'ont pas encore été testées. Pour ce faire, il faudrait plusieurs semaines ou mois. Par ailleurs, se posera la question précédente. Afin de lutter contre la contagion, il faudra disposer de millions de doses rapidement. Ceci demandera des moyens d'une toute autre ampleur que ceux nécessaires à la production de tests. Là encore, nul pays n'a encore décidé de mettre en place les équipements nécessaires.

On notera que GlaxoSmithKline, un des producteurs de vaccins actuellement en course, vient d'annoncer qu'à partir de décembre 2015, ils pourraient fabriquer 1 million de doses de vaccins par mois. Mais décembre 2015 est une date fort éloignée.

Sérums

Il n'existe pas encore semble-t-il de sérums efficaces permettant de traiter efficacement un malade déclaré. Des transfusions de sang provenant de malades guéris ont été envisagées, mais ceci n'est évidemment pas généralisable. L'utilisation d'antiviraux ou d'anti-rétroviraux est à l'étude, sans conclusions positives. L'OMS avait il y a quelques jours annoncé la mise au point expérimentale et non encore testée sur l'homme de plusieurs traitements, dont le Zmapp, un cocktail de 3 anticorps dits « monoclonaux ». Les anticorps monoclonaux sont issus d'une seule lignée de globules blancs, provenant d'une seule cellule. La difficulté de les obtenir est on le conçoit extrême.

Les seuls soins possibles consistent à renforcer les défenses immunitaires des malades, et lutter contre leur déshydratation. La mortalité demeure d'environ 50%, plus élevée semble-t-il dans les pays pauvres. Avec des soins performants, selon l'OMS, elle pourrait tomber à 20%, ce qui restera considérable.Par ailleurs, les raisons pour lesquelles certaines personnes ne sont pas atteintes ou guérissent n'ont pas encore été élucidées. Elles pourraient donner des indices précieux pour la suite. Là encore, les moyens d'étude nécessaires, qui obligeraient à mobiliser de nombreux laboratoires, n'ont pas été rassemblés.

Mutations génétiques au sein des différentes souches de virus Ebola ou assimilés identifiées.

Aucune mutation à ce jour n'a été observée, ni pour modifier leur virulence, ni pour modifier leur contagiosité., que ce soit en plus ou en moins. Mais plus la population de malades s'étendra, plus de telles mutations seront probables.

Equipement des centres de soins

Ceux-ci, qu'il s'agisse de bulles plastiques isolantes pour le transport, ou de salles de soins isolées, sont quasiment inexistants dans les pays africains touchés. On craint même partout des ruptures de stocks des vêtements spécialisés permettant aux soignants de se protéger

En Amérique et en Europe, un certain nombre d'équipements ont été installés. Mais ils ne pourront faire face qu'à des cas isolés. La pauvreté des services de santé, même dans les pays riches, ne permettra pas d'espérer un renforcement sensible et rapide de tels équipements, sauf à désorganiser l'ensemble des dispositifs hospitaliers. Se posera par ailleurs la question de la formation à grande échelle des personnels de santé, comme le cas échéant de leur volontariat.

Signalons que la fermeture envisagée de l'hôpital militaire du Val de Grâce, à Paris, pour raisons d'économie, privera notre pays d'un équipement et de personnels qui seront indispensables lorsque l'épidémie d'Ebola se développera.

Conclusion

La conclusion que nous tirons de ce qui précède, à titre personnel et à la date de mise en ligne de cet article (soit le 25 octobre) sera peu différente de celle de notre article précédent (Cf Ebola ou notre inconscience ).

Elle consiste à prévoir que l'épidémie d'Ebola, en dehors des pays où elle est dite incontrôlable, couvera dans le reste du monde pendant plusieurs semaines ou mois, sous une forme contrôlable. Mais le moindre accident pourrait la rendre exponentielle. Que se passerait-il en France, par exemple, si une dizaine de cas se déclaraient à quelques jours d'intervalle, non détectés aux frontières. Ce serait des centaines de contacts qu'il faudrait immédiatement mettre en isolement, voire le cas échéant soigner. L'effet de panique s'ajoutant à cela, la vie sociale aurait toutes les chances de s'arrêter.

Ce propos sera considéré comme pessimiste. Mais le pessimisme est, en matière de santé publique, préférable à l'optimisme. Il permet de mieux se préparer. En l'espèce, il devrait conduire à mobiliser préventivement et sans délais les milliards de dollars qui seraient nécessaires pour remédier aux problèmes non résolus évoqués dans cet article. On serait loin alors des préoccupations de lutte contre les déficits budgétaires qui pour le moment sont les seuls à mobiliser l'attention.

 

 

Articles précédents sur notre site :

* http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2014/149/ebola2.htm

* http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2014/149/ebola.htm

* http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2014/148/ebola.htm

Autres articles

* Newscientist Future scenarios show how easily Ebola could explode

* Dans cet article Bloomberg, analyste financier, constate les réductions importantes dans les budgets de santé américains rendant la lutte contre les épidémies de plus en plus difficile

http://www.bloomberg.com/news/2014-10-03/ebola-flew-to-dallas-as-budgets-to-fight-disease-waned.html

 

 

NB.

Les articles plus ou moins tendancieux circulent désormais, à vitesse virale, sur le sujet. Citons celui de l'honorable Paul Craig Roberts dont nous venons de prendre connaissance. Affaires à suivre évidemment, mais nous n'avons pas ici d'éléments suffisants pour juger de sa pertinence.


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4 réactions à cet article    


  • njama njama 27 octobre 2014 09:52


    Tout va bien, Obama envoie ses GI’s en Afrique pour tordre à ce virus terroriste
    Par précaution vous pouvez toujours acheter votre costume anti-ebola sur le site Brandsonsale, à la faveur d’Halloween.


    • njama njama 27 octobre 2014 10:12

      Cas déclarés

      Leur nombre ne cesse d’augmenter ...

      Les médias nous assènent des chiffres sortis d’on ne sait où ?
      Auriez-vous des sources autre que l’OMS si possible ...


      • lsga lsga 27 octobre 2014 11:02

        Afrique : 1 Milliard d’habitants

        Ebola : Moins de 10.000 morts

        • njama njama 27 octobre 2014 12:38

          L’OMS est loin d’être une Organisation dont la probité serait au-delà de tout soupçon ! dans quelle mesure devrions-nous avoir confiance dans les informations qu’elles communiquent, comme dans les recommandations qu’elle suggère ?

          un article du 27 août 2009 qui n’a pas pris une ride
          .

          L’OMS planifie des essais à grande échelle sur des humains
          .
          Il n’y a guère quelqu’un qui l’a, il n’y a guère quelqu’un qui en souffre plus que quelques jours, et il n’y a guère quelqu’un qui en meure : Jusqu’à maintenant, il y a eu 429 morts à mettre en relation avec les 6,75 milliards d’habitants de la terre. Néanmoins l’OMS a classé la « grippe porcine » comme « incontrôlable » et, le 11 juin, elle a proclamé l’ultime niveau de pandémie, le numéro 6. Pourquoi ? Il n’y a qu’une seule explication : « SAGE ». Si l’on cherche ce mot en date du 13 juillet 2009 sur Google-News, on ne trouvera aucun article en langue allemande. Il est vrai que le « Strategic Advisory Group of Experts (SAGE) on Immunization » [« Groupe consultatif stratégique d’experts de la vaccination »] à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié une « recommandation concernant la vaccination » qui constitue un record de cynisme.
          .
          Le « Groupe consultatif stratégique d’experts de la vaccination » est le comité qui a concocté les recommandations concernant la vaccination de l’OMS. Dans ce groupe siègent des experts pour vaccinations de l’OMS de divers pays en harmonie avec des représentants des firmes pharmaceutiques, et ils délibèrent sur les campagnes de vaccinations planétaires comme notamment celles contre le fantôme de la « grippe porcine ». Il est vrai que les représentants de l’industrie pharmaceutique n’y ont qu’un statut d’observateurs « pour éviter des conflits d’intérêts », mais cet argument n’est que de la poudre aux yeux.
          C’est un fait, que l’OMS planifie et conçoit ses recommandations concernant la vaccination sous les yeux de l’industrie pharmaceutique mondiale et que personne ne peut voir clair dans les interdépendances des membres du SAGE et des représentants des firmes pharmaceutiques présents lors des séances. Par exemple, personne ne peut empêcher les membres du SAGE de posséder des actions des firmes dont ils prévoient d’imposer les vaccins et les médicaments contre la grippe à l’humanité tout entière. 
          http://www.mondialisation.ca/l-oms-planifie-des-essais-grande-chelle-sur-des-humains/14925

          La privatisation de la lutte contre l’Ebola. Comment l’OMS est dirigée par des fonds privés tels que la Fondation Gates
          http://www.mondialisation.ca/la-privatisation-de-la-lutte-contre-lebola-comment-loms-est-dirigee-par-des-fonds-prives-tels-que-la-fondation-gates/5409807

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