Écrire au Pape pour les tradis
En réaction au motu proprio Traditionis Custodes, l’association la Voie Romaine s’est montée et demande à tous les catholiques attachés au rite tridentin et qui le souhaitent d’écrire au Pape. Voici ma copie.
Très Saint Père,
Comme simple catholique, fils d’un père catholique et d’une mère luthérienne, marié et père de famille, je n’assiste pas de façon habituelle à des messes de forme tridentine. Je me souviens seulement de quatre messes suivant le rite ancien dans ces vingt dernières années, alors que j’assiste à la messe chaque dimanche et à chaque fête, et parfois en semaine. Je ne suis donc pas un traditionaliste, et je vis heureux dans un diocèse où la paix règne, où chacun a sa place et en jouit sans jalouser celle de l’autre.
Les restrictions imposées par le Motu Proprio Traditionis Custodes et les récentes responsa ad dubia me font craindre une nouvelle déchirure dans l’Église qui est celle du Christ. Quand il faut 500 ans pour simplement constater que notre vision de la justification est compatible avec celle des luthériens, est-il permis de courir le risque de perdre la pleine communion avec une partie de nous-même ?
J’ai de nombreux amis qui, eux, préfèrent la messe tridentine, et ils finiront bien un jour par me convaincre et m’entraîner avec eux au pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté à Chartres. Nous discutons souvent avec beaucoup de respect de ce qui nous fait préférer une forme plutôt que l’autre. Je tiens pour une remarquable grâce la plus grande diversité de la liturgie de la parole dans la messe Paul VI. Je reste très attaché à l’usage de la langue vernaculaire, mais plus j’avance en âge et en réflexion, et plus je pense que la célébration face au peuple fait perdre une grande partie du sens de la messe. Elle le retrouve quand elle est célébrée Ad orientem. Le culte est dû et rendu au Père, le célébrant alter Christus est tourné tout comme l’assemblée vers le Père. Malheureusement, en France, les prêtres ne célèbrent pas ou peu ad orientem et en langue vernaculaire.
Jamais je n’ai entendu de la part de mes amis « tradis » des propos qui pourraient laisser supposer qu’ils ne sont pas en communion avec leurs évêques, avec Vous et avec l’Église. S’il existe peut-être quelques énergumènes qui manifestent une volonté séparatiste et qui souhaitent choisir de garder ou d’écarter certaines dispositions du concile Vatican II, il me semble qu’ils sont tous ou presque déjà dans les rangs de la Fraternité Sacerdotale saint Pie X, et pas ou très peu au sein des instituts Ecclesia Dei. Faudrait-il condamner et punir une partie du troupeau fidèle pour ces quelques brebis sans doute dans l’erreur, ou alors fautives, mais que je m’interdis de juger (Mt 7,1) ?
Si j’ai bien compris les enseignements de l’Église, la liturgie est un don de Dieu lui même. C’est évident pour ce qui concerne la liturgie de la Parole, les paroles de la Consécration et la prière du Notre Père. Il est certain que l’Esprit Saint a soufflé très fort lors du concile de Nicée pour ce qui concerne le Credo. C’est plus compliqué à comprendre pour le reste de la liturgie. Mais dans ce cas, la messe tridentine ne saurait être considérée autrement qu’un don de Dieu, tout comme la plus récente messe Paul VI. En quoi la prééminence de cette nouvelle forme viendrait-elle invalider et rendre caduc ce don que Dieu a fait à l’Église d’alors ?
Très Saint Père, je suis comme mes amis très triste de voir se rouvrir des plaies dont j’imaginais -sans doute par excès d’optimisme - qu’elles étaient cicatrisées ou en bonne voie de l’être. Il me semble qu’en imputant aux traditionalistes qui sont dans l’Église des erreurs et des fautes qu’ils ne commettent pas, vous permettez qu’une sanction excessive et injuste leur soit infligée. L’Église en France, qui souffre déjà de bien des maux, n’a pas besoin de cette nouvelle crise. Je vous supplie par conséquent de regarder avec une bienveillance paternelle les requêtes de mes frères « tradis » qui souffrent et de ne pas leur imposer de restriction dans l’usage d’une liturgie donnée naguère par Dieu à nos pères.
J'ai l'honneur d'être, Très Saint-Père, votre humble et dévoué serviteur,
(Cliché © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons)
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