En guise de commentaire à l’article de Philippe Huysmans à propos du « Media »
Puisque vous êtes encore là ce dimanche, je voudrais reprendre quelques-unes de vos réponses :
vous dîtes espérer que ce media devienne « citoyen », mais vous ne dîtes pas ce que vous voulez dire par là.
D’après ce que j’ai compris, le but est de faire une coopérative, avec la possibilité pour les coopérateurs qui en ont la possibilité, le goût voire le talent, de proposer des articles, des vidéos, des débats. Cela me paraît parfait ; mais, bien sûr, ceux qui organisent, exécutent la programmation et la publication doivent recevoir notre confiance puisqu’ils seront à même de trier, refuser/accepter ou bien piquer des bonnes idées.
Il n’y a aucun problème pour moi, là ; mais je suis convaincue que beaucoup de petits génies crieront à la censure, et, se vengeront en crachant sur l’objet ! Il faudrait au préalable que chacun ait bien conscience de lui-même, et une grande humilité puisque, chacun peut le comprendre, tout ne pourrait paraître.
Cela m’amène au deuxième point qui me chagrine dans vos réponses :
Personnellement, j’aime beaucoup Mélenchon mais je sais bien que personne n’est universel et qu’il est normal de déplaire plus qu’on ne plaît, surtout quand on est soi-même et qu’on ne passe pas chaque matin devant son miroir conseiller, qui sait, lui, à partir d’idées toute faites de qui est l’auditoire, ce qu’il faut dire pour plaire !
Il y a deux types de contradicteurs, ceux qui foncièrement détestent le projet, l’idée de cette société que porte le programme ; Mélenchon en étant le porte-parole, le symbole médiatique, il est attaqué pour tout un tas de raisons débiles par ceux, qu’ils soient d’extrême-droite ou adeptes du macronisme, ou qu’ils soient arc-boutés sur leurs propres vérités contre une autre, - et l’on comprend que leurs a priori les empêchent de perdre leur temps à étudier et approfondir le programme ; et ceux qui sont et se disent de gauche mais qui trouvent Mélenchon pas à leur goût ; ceux-là parlent rarement du programme et s’en tiennent, comme les premiers, à dézinguer le bonhomme. Ça fait du monde n’est-ce-pas ? Mais eux non plus n’ont pas de propositions alternatives, que faire ? Où aller ? Un grand vide en réponse.
J’aurais bien fait un paragraphe spécialement destiné à ceux qui s’offusquent de son appartenance pendant si longtemps au PS, mais comme j’ai circonscrit mon article dans une réponse à vos article et commentaires, je m’en abstiendrai d’autant plus volontiers que rien ne sert à rien et que je m’en tiens à ce qui me titille immédiatement.
Mélenchon est resté socialiste, là aussi au sens premier et pas celui dévoyé depuis ces derniers temps, en accroissant son champ de conscience et d’action. Qui dit action dit faire avec, et là aussi je le trouve efficace et convainquant dans sa manière d’être dans chaque instance existante où il peut dire son mot.
Il dit qu’il fait sa part de boulot en se mettant sur le devant de la scène ; n’empêche, il est très heureux de passer le flambeau à tous ces jeunes députés qu’il ne cherche aucunement à canaliser.
Beaucoup disent : sans lui pas de FI ! Mais si, il s’efforce de le faire, l’urgence qui l’anime à devoir changer de société lui intime l’ordre de faire en sorte que cela se produise. Il donne un maximum mais ce qu’il voudrait voir c’est bien cette amorce de conscience habiter une majorité. La FI est son idée et elle n’a pas deux ans ! Toujours cette immédiateté bien ancrée dans les esprits par ceux que ça arrange.
Aussi je ne vois pas ce qui vous fait dire, avec la meute, que tout doit tourner autour de son nombril sinon il s’énerve. Je pense au contraire qu’il dit trop de vérités sur lui-même, vérités qui, naturellement pour le mal léché, deviennent des arguments contre, une fois bien déformées.
Je ne vois pas non plus ce qui vous fait dire qu’il est démagogue alors que tout le monde peut l’entendre toujours dire : relevez la tête, retroussez-vous les manches, on a besoin de tous, rien ne viendra d’en haut, moi tout seul je ne peux rien faire, le boulot commence après l’élection, etc.
Je ne vois pas ce qui vous fait le traiter de menteur ; les mensonges, promesses mensongères plutôt, on les voit chez les autres une fois qu'ils sont élus. Mais comme Mélenchon ne fait pas de promesses, trace juste une direction, cette accusation là aussi me paraît infondée.
Mais toutes (ces accusations) sont tendance, et il faut être foncièrement insoumis pour y être insensible.
Pour en revenir au media, je pense juste normal, et juste et normal, que ceux qui s’y activent veuillent ne pas le voir entravé par des contradictions d’égos. En tant que lecteurs, auditeurs, spectateurs, on prend ce que l’on nous offre, on est contents ou pas, un peu ou beaucoup mais on sait bien que le média qui nous collerait à cent pour cent à la peau n’existe et n’existera pas.
Je suis donc partante pour une confiance a priori, puisque sans confiance rien ne peut se faire, et s’il s’avère que nous sommes un certain nombre à s’apercevoir de dérives, d’approximations, de facilités, loisir nous est donné d’en faire part.
Je n’ai jamais aimé les méfiances anticipatrices puisqu’elles dénotent d’un regard « parfait » ( hors réel) de ceux qui détiennent une vérité parfaite, mais sans se jeter à l’eau ni bien sûr la dévoiler. Quand Libération s’est créé, il s’est financé comme il a pu, personnellement je ne sais pas comment, mais quand il fut en difficulté au début des années soixante dix, on a fait appel aux lecteurs en soutien ; à l’époque j’étais jeunette, étudiante et sans le rond, aussi j’y faisais les mots croisés comme modeste contribution ! Les temps ont changé, aujourd’hui, les cinq cent mille insoumis répertoriés sont prêts à financer un media de gauche et je suppose qu’il n’y en a pas beaucoup qui jugent bon d’avoir leur mot à dire parce qu’ils payent ! Cela ne veut pas dire qu’ils n’aient rien à dire et que, le cas échéant, ils n’aient pas envie de participer. On attend d’un média qu’il nous informe( cela nous changerait) et qu’il donne des analyses qui sortent de la doxa ; faire que son financement soit partagé par ceux qui veulent cela, me paraît juste évident.
Contrairement à Mélenchon, j’ai un tempérament qui m’a placée dans une succession de déconvenues et de déceptions, quand j’ai voulu, avec les autres, me mettre dans l’action. J’en connais les écueils, j’en sais la propension à descendre dans des ornières déjà tracées, j’en ai vécu les méfiances vis à vis de l’intrus critique,- cette critique qui, il faut bien le dire, détériore la belle unanimité-, seulement, quand je ne suis pas personnellement engagée, j’accepte les lois.
On n’a pas répondu à vos courriers ? Votre interprétation est paranoïaque a priori ; ne vous vient pas à l’esprit que les quelques-uns qui s’agitent à mettre en place ce média nécessaire, n’ont pas forcément le temps de se disculper face aux probables nombreuses lettres reçues.
Quant à l’homme, on peut se fâcher avec lui parce qu’il ne prend jamais de gants avec personne – il était déjà comme ça à quinze ans- mais prendre ses distances avec la politique possible qu’il promeut, et dans laquelle on peut retrouver tout ou partie de ses aspirations, c’est vraiment prouver que l’on a bien adopté, consciemment ou non, plutôt non, l’endoctrinement libéral qui nous enjoint de ne jamais s’oublier pour le commun. Alors que nous sommes bien obligés, à un moment ou à un autre, de le faire pour que puisse l’harmonie minimum s’établir et des projets se réaliser.
Vos critiques, aussi justifiées soient-elles, auraient dû vous approcher du centre de décision pour connaître les causes des dispositions et clauses prises. Au lieu de cela vous spéculez sur un CA qui veut garder un monopole et sur Chiriko qui empochera seule les dividendes tout en ayant dit un peu plus haut que personne ne travaille bénévolement, ce qui tend à supposer, à juste titre à mon avis, que les journalistes, reporters, intervenants seront payés comme il se doit, ce qui laissera très peu de marge aux dividendes !
Je me pose des questions face à ceux qui comme vous, font des critiques sur la personne :
- prenez-vous vos états d’âme pour des vérités ?
- pensez-vous qu’il faille aimer celui ou celle qui porte, au moins en grande partie, vos idées ?
- pensez-vous important de freiner des quatre fers, à cause de ce désamour, la pulsion politique qui veut changer les choses, compte tenu que les temps sont plus que mûrs pour agir ?
- vivez-vous dans les mêmes conforts que jadis et naguère où l’on pouvait se permettre la contestation sans jamais en voir venir le règne ?
- qu’avez-vous à proposer qui sorte de l’espace personnel, quasi intime ?
- pensez-vous que l’on peut bien attendre le charismatique et universel guide qui sauvera l’humanité ? Sachant bien sûr que ni le Bouddha ni Jésus Mahomet ou Vishnou ne le purent ?
Je pense moi, que tous ceux de votre acabit vivent bien dans leur confort et que la politique ma foi est un passe-temps, un alibi solide qui donne sens à sa vie, mais, qu’au fond, on n’est pas pressés.
Parce que je vois une différence, essentielle, entre la critique nécessaire à tout ce qui se fait et à tout ce que l’on fait, et cette critique qui s’exprime mais ne peut avoir d’effet, parce qu’elle n’est pas actée dans le cercle d’actions tandis qu’au contraire il faudrait en prendre, sur soi, la responsabilité et la mise en œuvre. Tant que l’on reste dans la palabre au public, on n’apporte rien, non seulement, mais les bâtons pour se faire battre, l’influence négative sur ceux qui n’attendent que ça pour entraver le projet.
Nous vivons dans un monde où la parole est laissée, mais cette parole n’est que négative, même pas en creux qui laisserait entrapercevoir un dessein, un dessin concret même ponctuel pour avancer.
Dans mes réponses en commentaires à votre article, j’ai joué le jeu de cette critique en notant bien qu’elle n’était pour l’instant qu’interrogation. Hélas au fil des commentaires, les choses se précisaient, rien de neuf sous le soleil, personne, jamais, n’a pu émettre une critique objective et constructive à tout ce qui touche, de près ou de loin, à Mélenchon ! Votre style bien sûr est plus avisé que les injures ou calomnies avérées que l’on trouve systématiquement sur ce site, mais il ne faut pas gratter trop longtemps pour que l’irrationnel se dévoile. Je ne connais pas assez ceux qui l’expriment, cet irrationnel, mais, socialement parlant, j’y vois très nettement la suprématie du moi qui ne trouve jamais d’égaux et ne reconnaît jamais de supérieurs.
Pour terminer je voulais ajouter que j’ai d’abord commencé une réponse et puis, je l’ai éternisée !
Je donne en lien votre article pour ceux qui se seraient hasardés à lire celui-ci sans avoir lu le vôtre !
Et puis un lien qui illustre la présence (d’esprit) de Mélenchon dans une commission où sans lui tout aurait ronronné ! Sans parler bien sûr des trublions FI à l’Assemblée.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-media-revolution-ou-miroir-aux-197936
https://www.youtube.com/watch?v=cqPPL6vGQpc
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