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Accueil du site > Tribune Libre > Erdoğan qualifie de « terroriste » un de ses anciens alliés…

Erdoğan qualifie de « terroriste » un de ses anciens alliés…

Recep Tayyip Erdoğan a officiellement désigné le mouvement religieux de M. Fethullah Gülen, un dignitaire musulman exilé aux Etats-Unis, comme « groupe terroriste » et il a déclaré qu'il pourchasserait ses membres qu'il accuse d'essayer de renverser le gouvernement.

Ce changement de statut de l'organisation créée par son ancien allié place celle-ci sur un pied d'égalité juridique avec les militants kurdes que combat actuellement l'armée dans le sud-est de la Turquie. Le président turc pourrait utiliser la cette qualification pour exercer des pressions sur Washington et demander l’extradition de M. Gülen, une initiative que les autorités américaines ont peu de chances de prendre sans motifs concrets.

Quand il est arrivé lundi soir dans la ville d'Izmir, où il s’est rendu pour superviser des manœuvres militaires, Erdoğan a déclaré devant ses partisans : "Nous ne laisserons pas ceux qui divisent la nation dans ce pays s’en tirer impunément. Ils devront rendre des comptes. Certains ont fui et certains sont en prison et dans les mains de la justice. L’action entamée se poursuivra ".

Il a ajouté que le gouvernement avait approuvé sa décision de désigner désormais les partisans de M. Gülen par l’appellation de « groupe terroriste Güléniste". L’objectif est de briser l'influence du mouvement religieux qui est structuré autour d’un réseau d'écoles et d'entreprises en Turquie et à l'étranger.

Un haut fonctionnaire turc a déclaré qu’Erdoğan profiterait d’une visite en Ouganda et au Kenya cette semaine pour dénoncer cette influence et alarmer l’opinion sur le caractère toxique du mouvement créé par Gülen et connu sous le nom « Hizmet » ou « Service ».

"Ce réseau s'organise rapidement dans certains pays, il s’appuie sur la notoriété et la puissance de la Turquie, qui lui procurent des opportunités", a déclaré le fonctionnaire. « Au cours de ces voyages, il sera expliqué qu’il s’agit d’une organisation terroriste nuisible à la Turquie et que la Turquie ne le tolère pas."

Erdoğan et Gülen étaient autrefois alliés, et le mouvement Hizmet a accompagné activement les efforts turcs visant à approfondir les liens à l’étranger, en particulier en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie après que le parti d’inspiration islamiste d’Erdoğan, « AK » ait pris le pouvoir en 2002.

Ses écoles, dont près de 100 se situent en Afrique sub-saharienne, ont été une source d'influence et de revenus pour le mouvement et ont permis à des intérêts commerciaux turcs de prendre pied sur de nouveaux marchés. Des fils et des filles de dirigeants politiques ont été éduqués dans leurs salles de classe.

Lorsque la police et les procureurs considérés comme favorables à Gülen a ouvert une enquête sur la corruption dans l'entourage d’Erdoğan en 2013, les deux hommes se sont brouillés. Erdoğan accuse Gülen de conspirer pour le renverser à travers le tissage d'un réseau de partisans dans les médias, la justice et l'éducation. Gülen rejette ces accusations. Des médias sympathisants ont été fermés ou « rachetés », une banque a été saisie et des centaines de personnes sont détenues. Des milliers de partisans de l'imam dans la police et la justice ont perdu leur emploi ou ont été mutés.

Avant le départ du président pour l'Ouganda mardi, un de ses conseillers a expliqué : "Nous considérons le réseau Gülen comme une menace pour la sécurité nationale et la question de son influence vient régulièrement dans nos discussions avec les dirigeants africains, entre autres. Le président va probablement transmettre ce message à ses homologues au cours des prochains jours."

Gülen, qui a vécu en exil volontaire aux États-Unis depuis une dizaine d’années, prêche l'islam sunnite avec un message de dialogue interreligieux. Ses partisans considèrent qu'ils sont victimes d'une répression injuste. L'année dernière, le gouvernement turc a engagé un cabinet d'avocats international pour enquêter sur les activités mondiales du mouvement.


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16 réactions à cet article    


  • olala (---.---.182.200) 1er juin 2016 14:36

    Gülen (et ses écoles, etc.) aurait le soutien de la CIA.


    • oceane1 (---.---.255.151) 1er juin 2016 21:06

      @olala

      Dans vingt, trente ou cinquante ans, les enfants passés par ces écoles seront les fantassins qui attaqueront l’Europe.


    • olala (---.---.182.200) 1er juin 2016 23:43

      @oceane1

      Si considère que l’islamisme radical est un outil des agences (et du pouvoir) en place afin de promulguer l’ordre par le chaos, alors effectivement c’est pas faux.


    • karim 1er juin 2016 15:38

      Quand on accuse quelqu’un de terroriste, il faut se baser sur des faits et non des doutes.

      La répression que subit le mouvement de FethAllah Gülen est identique à celle qu’ont subi les Frères Musulmans d’Egypte, sous pression américaine et israélienne.

      • olala (---.---.182.200) 1er juin 2016 23:40

        @karim

        ça me parait être plus compliqué.
        Les groupes antagonistes sont souvent financés et/ou soutenus par les mêmes ; l’argent (le pouvoir) n’as pas d’odeur si ce n’est celui du sang.
        Il faut chercher dans les couches plus profondes des interactions politiques, économiques, les dessous du pouvoir. Chose ardue pour nous, puisque nous somme soumis à des opérations psychologiques d’information/désinformation (psyops, propagande, biais cognitif, etc.). Chose banale pour le pouvoir qui n’a qu’un seul objectif, gagner l’opinion publique, la manipuler.

        Il y a un témoignage de Sibel Deniz Edmonds, à lire >  http://www.nouvelhay.com/2016/02/ex-traductrice-du-fbi-sibel-edmonds-comment-la-cia-a-deja-ndlr-deboulonne-erdogan-le-president-turc/

        ceci expliquerait pas mal de choses...


      • jojo1948 (---.---.151.220) 2 juin 2016 09:39

        @karim, les frères musulmans egyptiens n’ont que ce qu’ils meritent ; pendant le mandat morsi, les coptes etaient du gibier des musulmans les plus extrémistes

        et le hamas est une organisation terroriste

      • karim 2 juin 2016 14:44

        @jojo1948
        Je n’ai pas donné d’avis sur les Frères Musulmans.


      • karim 2 juin 2016 15:13

        @olala
        Merci pour l’article.

        Un agent de sécurité même licencié ou mis à la retraite est toujours en service. Donc, il faut être prudent et cet article pourrait être considéré comme article de diversion. Les Etats unis soutenaient bien les mouvements islamistes pendant « les révoltes arabes ». Ils avaient des relations avec les Frères Musulmans d’Egypte. Mais quand Morsi, élu démocratiquement, fut renversé, les US acceptèrent de composer avec le nouveau régime des militaires ! Quand on connait le rôle ambiguë des US, les informations sur Gülen sont à prendre avec prudence. De toute façon, s’il se laisse vraiment aller comme le laisse entendre l’auteur de l’article, son sort ne sera pas meilleur que celui de Morsi. 

      • olala (---.---.182.200) 2 juin 2016 18:14

        @karim

        De rien, et effectivement on ne peut faire une totale confiance dans les articles, mais en recoupant, on peut se faire une idée plus claire de la situation. Après d’un façon générale, c’est simple, c’est guerres de pouvoir et manipulations.


      • Phoébée 1er juin 2016 18:08

        Erdogan, comme tout psychopathe au pouvoir ( la majorité des gens au pouvoir ), pense que la Turquie redeviendra l’Empire Ottoman ..... Bon courage aux panturcs !


        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 1er juin 2016 18:13

          @Phoébée

          Ce qui est effrayant avec les psychopathes au pouvoir, c’est que la plupart ont été élus « démocratiquement », à commencer par Hitler.

        • Christian Labrune Christian Labrune 1er juin 2016 22:50

          Si les nations européennes avaient encore un peu de nerf, voici ce que les Merkel ou les Hollande écriraient au nouveau sultan de Constantinople.
          Apollinaire, cité dans l’article, a su magnifiquement arranger ça, et on croirait vraiment qu’il parle d’Erdogan. Le tableau d’Ilia Répine n’est pas mal non plus.

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Cosaques_zaporogues_%C3%A9crivant_une_lettre_au_sultan_de_Turquie


          • jojo1948 (---.---.151.220) 1er juin 2016 23:49

            erdogan est un etre primaire, il n’a aucune construction intellectuelle, c’est un islamiste, pas du tout modéré, et qui qualifie tous ceux qui ne pensent pas comme lui de terroristes


            • cathy cathy 2 juin 2016 09:41
              A jeussey de SourcessûreComment des cercles d’influence liés à l’OTAN contrôlent la politique de l’UE relative aux migrants.

              • Elliot Elliot 2 juin 2016 16:09

                Je n’ai qu’une connaissance superficielle de la nature des forces qui s’opposent en Turquie : je ne sais même pas si la majorité des Kurdes se contenterait d’un large niveau d’autonomie que le pouvoir central lui refuse ou si elle poursuit son rêve d’un Kurdistan indépendant.
                Je ne me prononcerai pas sur le fait que ce rêve est une chimère ou pourrait advenir dans un avenir plus ou moins éloigné.

                Si je me souviens bien, la création d’un Kurdistan fut à l’ordre du jour des accords Sykes/Picot et les puissances de tutelle ont abandonné l’idée à une époque où elles pouvaient l’imposer.

                Qui aurait les moyens de l’imposer aujourd’hui sinon le peuple kurde par ses sacrifices ?

                Je doute que ce soit dans les cartons de l’Union Européenne, d’autant que le PKK est catalogué par elle organisation terroriste

                Je fais donc crédit à l’auteur sur son analyse du mouvement Gülen, je note tout de même que des sources diverses mais concordantes le soupçonne d’être à l’origine des accusations de corruption contre certains potentats du régime dont les fils Erdogan.

                Le népotisme n’est pas une exclusivité turque et de « belles et grandes démocraties  »  ne rechignent pas à tremper dans ce travers. Prévarications, pots de vin et trafics d’influence sont au menu partout.

                «  Ses écoles, dont près de 100 se situent en Afrique sub-saharienne, ont été une source d’influence et de revenus pour le mouvement et ont permis à des intérêts commerciaux turcs de prendre pied sur de nouveaux marchés  »

                Je note que la création d’écoles - que j’imagine teintées de religiosité et préparant au salut de l’âme en plus, j’espère, du calcul et de la grammaire – sert des intérêts bien terrestres pour améliorer l’ordinaire d’hommes d’affaires âpres au gain.

                Un bel exemple de religion instrumentalisée ?

                Bon, je dis ça, je ne dis rien...


                • laurentgantner laurentgantner 19 juillet 2016 20:46

                  Plus Erdogan parviendra à rajouter des groupes à côté du PKK sur sa liste intime du terrorisme avec ceux qui veulent bien la partager avec lui, plus sa dictature autoritaire d’inspiration moderne totalisante de l’autoritarisme intégral de l’État pour sa 1/2 Turquie risque d’avoir la capacité à se répandre dans l’esprit hors du temps des pires dictatures totalitaires que ce monde a connu jusqu’ici...

                  (symbiose totale du religieux et du militaire - « les flics ou les curés » aurions-nous hurlé de notre France en mai 1968)

                  Erdogan n’obtiendra jamais le soutien de l’intégralité de la population turque - Trop de divisions parsèment les différences entre l’AKP « maître absolu » du MHP qui voudrait être « maître » encore plus absolu d’avec le CHP qui pour ses aspirations religieuses n’en garde pas moins un sens pour la Démocratie du moindre...

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