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Accueil du site > Tribune Libre > Et si on mettait la charrue avant les boeufs ?

Et si on mettait la charrue avant les boeufs ?

Une méthode pour combattre le chômage est de raisonner comme le fait l’entrepreneur privé, et pas nécessairement comme le font nos hommes politiques ou notre peuple. Car curieusement, nous avons toujours tendance à mettre la charrue avant les boeufs. Essayons de raisonner autrement, en partant du client et de ses besoins.

Que faut-il faire pour créer des emplois ? La réponse est simple, c’est trouver des clients pour ses produits ou ses services.

Que faut-il faire pour trouver des clients ? La réponse est encore simple, c’est avoir un bon produit ou un bon service à vendre, et être compétitif en prix.

Que faut-il pour être compétitif en prix ? Ne pas crever sous les taxes, impôts et charges sociales diverses, et avoir un processus d’achat, de fabrication, de distribution et de vente des produits ou services aussi peu coûteux que possible.

Et c’est là que le bât blesse, en France,car nos entreprises, outre des coûts horaires de personnel élevés par rapport à certains pays concurrents, supportent des taxes et des charges sociales de toutes sortes qui affectent leur compétitivité. Pour y remédier, il faudrait arriver à baisser fortement le coût global de l’État (Éducation, Justice, Police,Défense, Culture, etc) et de la protection sociale.

On pourrait rêver aussi de revenir, comme les Allemands, aux 39 heures payées 35, de partir en retraite comme dans les autres pays européens au minimum à 60 ans, et d’avoir des charges sociales stables et raisonnables. Bien entendu, ce processus d’accroissement de la compétitivité de nos produits ou services prendrait un certain temps à produire ses effets, avant que les entreprises puissent se redévelopper et réembaucher et sortir ainsi de la spirale descendante dans laquelle nous nous trouvons.

Or, c’est exactement le contraire que nous avons fait toutes ces dernières années, en diminuant le temps de travail, en baissant l’âge de départ en retraite, en ne maîtrisant pas l’augmentation des coûts de la santé, et surtout en augmentant tous les ans le budget de l’État et son endettement (23 ans de rang, quand même, de déficit !). La lutte contre le chômage elle même s’est effectuée par des créations d’emplois de fonctionnaires non productifs directement, par l’accroissement des dépenses d’indemnisation ou la création de nouvelles indemnisations (RMI,APA). Les charges augmentant, nos produits deviennent moins compétitifs, se vendent moins, les entreprises restructurent pour rétablir leurs coûts, etc., etc. La spirale descendante dans laquelle nous nous maintenons depuis vingt ans.

Mettre la charrue après les boeufs consiste à commencer par travailler plus pour abaisser nos prix de revient, diminuer autant que faire se peut nos charges sociales, augmenter la productivité de l’État lui-même, qui se retrouve inévitablement dans le prix de nos produits, et seulement quand nous aurons redémarré la machine et développé des ressources nouvelles, à décider de nouveaux progrès sociaux. Car comme je le dis fréquemment, on ne peut s’offrir que la protection sociale que l’on peut se payer.

Tout ceci est formidablement hérétique dans notre monde. Je ne prétends d’ailleurs pas que ce soit réalisable socialement, car la période temporaire du "plus de travail, moins de richesse" -avant le redémarrage- sera très difficile. Et pourtant, ce choix que nous avons constamment refusé de faire depuis vingt ans nous aurait peut être évité la dégringolade économique que nous connaissons. D’une certaine manière, ce serait revenir à la méthode de gestion budgétaire de nos parents, qui économisaient d’abord, avant de dépenser, aux lieu et place de la nôtre, qui est d’emprunter et de profiter tout de suite, avant de rembourser. C’est pourtant peut-être une méthode à considérer, si nous voulons garder notre compétitivité et notre modèle social, dans le monde libéral qui est le nôtre.


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11 réactions à cet article    


  • Franck (---.---.91.222) 25 novembre 2005 15:11

    il y a un hic : ce pseudo socialo-communisme qui régne dans notre société. Ceux qui en sont, ne comprennent toujours pas que le monde est libéral. Il faut toujours plus de taxes patronales pour le principe de solidarite. Or, ceux qui ont l’argent c’est les grandes industries, c’est à celles-ci que l’on doit proposer d’investir ici. Il faut donc tout simplement les attirer en leur proposant moins de charges. Les choses devraient se faire d’elles même : elles pourraient embaucher plus. C’est en tout cas à surveiller.

    Il est vrai cependant que les salaires risquent de baisser, mais si l’on est un tant soit peu objectif, ne vaut mieux il pas gagner un peu moins mais avoir au moins un travail, ou continuer à pomper dans le vide par solidarité ?

    Notre économie est malade, et la gauche (socialistes et communistes) croit encore à certaines valeurs (louables au demeurant) qui datent de Gervaise ! On ne peut plus continuer ainsi, car sinon nous serons au fond du goufre .


    • Alexandre Santos Alexandre Santos 25 novembre 2005 15:48

      Diminuer les coûts est une façon de redevenir compétitif, mais ce n’est pas la panacée, car les charges et les salaires des pays en développement sont incomparablement plus faibles.

      J’ai l’impression qu’il y a deux façons de devenir compétitif :

      - diminuer les charges au maximum. Mais cela veut aussi dire moins de services sociaux, moins d’éducation, plus de travail peu qualifié.

      - augmenter la qualité au maximum. Produire des produits d’une qualité au dessus de la moyenne, s’adressant à des secteurs du marché peu exploités ou exigeant des technologies nouvelles. Cette stratégie exige des investissements sociaux importants.

      Les pays nordiques ont montré la voie pour la deuxième stratégie. Ils sont extrèmement compétitifs, en dépit de charges sociales et impôts écrasants, car ils produisent de la haute qualité ou haute technologie, hors d’atteinte de la production de masse et à prix plancher de pays comme la Chine.

      Quitte à choisir, je préférerais que les pays européens cherchent à se rapprocher des modèles nordiques plutôt que du modèle chinois.


      • Yves (---.---.63.53) 25 novembre 2005 16:03

        Personnellement, je trouve le modèle chinois injustement critiqué. Il permet pourtant de résoudre de nombreux problèmes :
        - envoyer les enfants en usine dès l’âge de cinq ans permet de résoudre le problème de l’école. Une sélection drastique, basée sur des critères éprouvés tels que l’appartenance des parents au Parti, permettra d’alléger les classes en effectifs, et donc de soulager les nerfs du corps professoral mis à rude épreuve par plusieurs heures de travail hebdomadaires (jusqu’à 20 dans certains cas, on ne le dira jamais assez) ;
        - la suppression totale de la liberté d’expression permettra de faire croire que tout le monde est content. Au cas où certains ne le seraient pas, un accord de partenariat avec Yahoo ! (C)(R) suffira à les repérer est les envoyer dans les mêmes usines ;
        - la suppression des droits inutiles tels que retraite, chômage, maternité, etc. allègera les charges et permettra de revendre facilement nos produits aux pays nordiques, torpillant ainsi leur bien être au nom du libéralisme-qui-donne-sa-chance-aux-pays-pauvres ;
        - une adhésion à la cause communiste permettra de se rendre moralement inattaquable, puisque le seul but du communisme à travers le monde est la défense des pauvres, c’est bien connu ;
        - la privation progressive de tous les biens de consommation permettra de créer un manque, donc un marché intéressant pour les pays étrangers. Après quelques années de ce régime, la création de zones-franches capitalistes attirera leur capitaux comme la forêt de pins le pyromane. L’enrichissement rapide de quelques privilégiés provoquera alors l’admiration du monde entier ;

        Comme quoi, quant on analyse les choses froidement, on s’aperçoit que la réalité n’est pas si simple....


        • (---.---.248.31) 25 novembre 2005 16:44

          Yves je t’aime, j’adore cet humour, ca me change des gens sérieux qui écrivent n’importe quoi...

          un exemple ? ok

          " D’une certaine manière, ce serait revenir à la méthode de gestion budgétaire de nos parents, qui économisaient d’abord, avant de dépenser, aux lieu et place de la nôtre, qui est d’emprunter et de profiter tout de suite, avant de rembourser. "

          AHAHAHAHAHAHAHHA

          j’ai bientot 33 ans, la génération de mes parents a toujours vécu à crédit dans une société ou reignait 10% d’inflation annuelle

          la droite française a cassé la croissance et glorifiant le baron des patrons et l’actionnaire.

          le salarié n’a plus confiance et ne dépense plus autant pour rien (au revoir France Telecom).

          Augmentez les salaires, et taxons à 300% les produits chinois comme menacent de le faire ou le font les US.


          • Adam (---.---.43.1) 25 novembre 2005 17:04

            J’aime bien les réponses simples (voir le début du texte) non réalisables socialement (voir la fin du texte).


            • (---.---.162.15) 26 novembre 2005 08:50

              On le connaît le discours qui consiste à faire davantage travailler ceux qui ont du travail et on en connaît la faillite. Ouvrez les yeux !

              Cela fait plus de dix ans qu’il n’y a plus de travail pour tous en France, dans les conditions de travail qu’on nous impose.

              Puisqu’il apparaît impossible d’augmenter ce « volume de travail », ce sont ces « conditions » qu’il convient de changer en diminuant le temps de travail individuel et en le répartissant entre tous. Et en diminuant les salaires et charges en proportion bien sûr, il ne s’agit pas de recommencer les conneries de Jospin...

              Cela veut dire moins consommer ? Hé bien oui, il faut savoir « arrêter de mettre la charrue avant les boeufs » et continuer de creuser un déficit inadmissible. On vit au dessus de nos moyens, prenons les mesures pour vivre dans nos moyens, en faisant porter ces restrictions sur ceux qui s’accaparent un travail qu’il convient au contraire de partager.

              Et la consommation n’en souffrira peut-être pas tant que ça, puisque des sans-travail en retrouveront...


              • Coquine (---.---.132.190) 26 novembre 2005 09:02

                Message pour Yves, Avec des telles visions sur la vie, on va directement vers l’esclavage. Seriez-vous content d’envoyer votre petite fille de cinq ans, travailler à l’usine du coin ? Franchement, et sincèrement je ne le crois pas. En vérité, pour que l’on puisse s’en sortir, il faudrait vraiment qu’il y est une EGALITE dans les salaires, et surtout que certains arrêtent de se ramplir les poches au détriment des plus pauvres. En commençant par l’ETAT. Pas besoin d’avoir fait l’ENA ou autre école, pour comprendre ça. Pas besoin non plus du modèle chinois. On est Français, restons Français...


                • Coquine (---.---.132.190) 26 novembre 2005 09:12

                  Euuh !! une solution, et si on faisait comme en 1789 ? Vous connaissez l’histoire ?


                  • (---.---.246.247) 26 novembre 2005 16:28

                    « Que faut-il faire pour créer des emplois ? La réponse est simple, c’est trouver des clients pour ses produits ou ses services. »

                    Enfin une remarque frappée du sceau du bon sens !

                    Jean


                    • (---.---.63.53) 29 novembre 2005 09:44

                      Je ne peux pas encore vous répondre, ma fille n’a que 4 ans. Dès qu’elle en a cinq, je vous rappelle et on se fait une bouffe, OK ?

                      En attendant, méditez, ma fille, méditez, et Dieu vous ouvrira les portes de l’Esprit...

                      Si vous n’arrivez toujours pas à comprendre, je vous conseille l’abonnement à « Voici » plutôt que les interventions sur ce site.


                      • Brutus (---.---.213.18) 27 décembre 2005 17:05

                        Si l’Etat etait géré comme par un entrepreneur privé , il y a bien longtemps que la santé et la Secu seraient delocalisés a Cuba , L’education en Inde et l’armée en Amerique !

                        Maintenant , il faut quand meme m’expliquer pourquoi le chomage etait en baisse lorsque la gauche etait au pouvoir , en defandant le modele social Francais , alors que le chomage explose depuis le retour de la droite et ses exemptions de taxes diverses pour les entrepreneurs ?

                        Si vous voulez transformer la France en Amerique , je vous propose une solution plus simple : partez aux US ! Si vous avez de l’argent , vous verrez que votre modele fonctionne tres bien ; si vous n’avez pas d’argent , vous ferez simplement partie des millions « d’oubliés » qui n’ont plus que le droit de se taire .

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