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Accueil du site > Tribune Libre > Exemple pas très synthétique d’AG étudiante et autres histoires (...)

Exemple pas très synthétique d’AG étudiante et autres histoires (1)

Avant tout, je vais citer l’un de mes professeurs d’histoire du lycée, sans remettre le contexte pour m’épargner le point Godwin : "Les personnes à qui on ment le mieux sont celles que l’on méprise."

Contexte : vendredi 20 mars 2009, 9h du matin. La fac est bloquée depuis mardi. L’assemblée générale se réunit dans un amphithéâtre étouffant pour décider de la suite du mouvement. Des grévistes, des bloqueurs, confronté à des étudiants venus chercher des informations ou, pour certains, venus uniquement pour voter la reprise des cours. Mais au fait, comment ça se passe ? Comment un ensemble constitué de vingt milles personnes ayant eu leur baccalauréat, qui ne forment pas la partie la moins instruite de la population perçoit-elle et vit-elle cette chose qu’est une contestation de loi et une grève ?

J’ai beaucoup hésité sur la forme de ce texte : Laisser les interventions telles quelles (alors que pour aller vite, je ne recopiais que le cœur du message, avec mes faiblesses humaines telles que la fatigue et la faim après deux heures et demi de débats parfois houleux, rapides, certainement enrichissants mais pas toujours faciles à suivre), ou ranger les sujets abordés par catégorie et principales informations, sans parler de quelques précieux témoignages, livrés aux hasards d’une prise de parole, d’un invité surprise inattendu de tous (un ancien de l’université qui donne maintenant des cours à la fac et dans des écoles prestigieuses à l’élocution impeccable, un syndiqué de l’UNI : Au moins je ne dirais plus qu’ils souffrent d’une peur irraisonnée de se faire assommer à coups de battes par les morts-vivants de l’armée rouge ; un ours des cavernes venu demander à une assemblée d’étudiant la fin de la rétention des notes organisée par les enseignants-chercheurs…) finalement j’ai choisi une forme bâtarde entre les deux, laissant les interventions telles que je les ai noté, faisant un peu de tri et regroupées par sujets :

La grève a lieu tout dans un contexte difficile : Des étudiants lambda qui se sentent plus concernés par la date des examens et la reprise des cours que la grande question « pourquoi tout ce bordel, merde mais c’est quoi ces branleurs ? » (Pardon pour cette succession de gros mots, soyez encore heureux que je ne l’écrive pas uniquement en SMS pour plus de fidélité à l’esprit des dits-concernés.) Ces étudiants là ne viennent pas aux AG en masse voter contre le blocage ou démolir ceux-ci une fois installé, mais partent en week-end prolongé si le blocage a lieu à côté d’un jour sans cours. C’est pour eux également que je fais ce compte-rendu personnel -au moins, certains seront mit au courant.

Il faut ensuite savoir que faire un blocage est beaucoup plus fatiguant que d’aller en cours : Il faut se lever à six heures du matin pour arriver tôt au campus et organiser le piquet de grève, répondre aux commentaires acerbes voire aux insultes des étudiants, des enseignants, préparer les banderoles, les prospectus, informer, etc. etc. Un bloqueur arrive avant tout le monde et repart après tout le monde. Si ce n’est la raison d’être de la chose, ça serait un atout incroyable sur n’importe quel CV.

Maintenant, les grands sujets.

I Les sous !

De l’argent de qui parle-t-on ici, déjà ? Celui de la fac, et le nôtre, principalement et les deux étant liés (augmenter les frais universitaires ne serait pas un problème si les bourses augmentaient en proportions…)

Les frais universitaires de certaines universités ont déjà connu une augmentation en flèche (le gouvernement, si vous en en souvenez, avait promis qu’il n’y aurait pas d’augmentation des frais d’inscriptions : Mais justement, ce n’est pas la même chose !) On parle de 300 euros pour l’accès aux salles informatiques, 700 euros pour la bibliothèque universitaire à Nice. (Note : j’ai essayé par la suite de retrouver ces tarifs sur le site universitaire de Nice, sans y parvenir. A notez que les frais universitaires justement ne figurent pas dans le PDF consacré au prix des formations. Néanmoins, cette université avait effectivement déjà été épinglée par l’UNEF et on notera que l’inscription en licence coûte tout de même, pour un an, huit cent euros. A titre de comparaison, je paie quatre cents euros à Lille 1, sans bourses aucune. J’attends de voir ce que me répondra l’UNEF-Nice, mais j’ai entendu le même genre d’histoire sur l’une des universités Marseillaises, avec certaines année à 5500 euros. Si quelqu’un passant ici peut infirmer ou confirmer, merci.)

Les témoignages sur la pénible situation financière de certains sont nombreux :

« Je suis maintenant au modem. J’ai été salarié quatre ans à Toyota Valencienne et j’ai été licencié. Si les licences coûtaient 3000 euros je ne pourrais pas être ici. Je suis contre le blocage et contre la LRU. Je propose une pétition à la sortie du métro contre la LRU, comme ça on montrera que nous sommes représentatifs à ceux qui en doutent. Je suis sûre qu’aux prochaines élections Sarkozy ne fera plus 53%. »

« Mon cousin n’a pas droit aux bourses mais ne peut pas payer 2000 euros l’année de fac. Donc à la sortie de terminale il n’aura plus le moyen d’étudier et sera coincé »

« JE viens d’une famille de trois enfants, mon père est ouvrier et ma mère enchaîne les CDD. Après les aides, j’ai un loyer de 111 euros à payer. Il me reste 40 euros pour le mois. »

UNI« Vous jouez sur la peur de la crises. Alors que les bourses ont augmenté de 5%, un sixième échelon a été ajouté, les universités auront 10% de plus !

« J’ai longtemps eu ma carte à l’UMP mais maintenant je me sens presque proche de l’extrême gauche. Tout le monde à l’UMP ne soutient pas le gouvernement. Concernant les bourses, oui, il y a plus de gens à l’échelon 0, moi j’ai une fille et elle ne me rapporte plus de point pour les bourses, donc je suis passé de l’échelon 1 à l’échelon 0. Le gouvernement croit-il que les enfants ne mangent pas ? »

[note : dans la manif de mardi, j’ai vu des pancartes affichant d’ailleurs Supermenteuse à l’intention de Pécresse concernant cette revalorisation des bourses...]

UNI : « Lille 2 a une augmentation de 25% de son budget, mais elle avait plus de besoin avec les instruments médicaux qui ne sont pas donnés. Les autres budgets augmenteront plus tard. Et une rénovation des cités U est prévue. Lille est comprise dans le croissant qui va de la Grande-Bretagne à L’Italie. Il y a une volonté d’en faire une fac de qualité. On fera un classement européen plus tard. »

" L’UNI divise encore pour régner Ils ne donnent presque jamais son avis lors des AG et le font maintenant seulement après que le blocage a été voté ! Ce sont encore les plus pauvres qui seront pénalisés s’il faut faire 500 km pour avoir une université de bon niveau ! Tout le monde a le droit à la même éducation."

« L’UNI est là quand il y a blocage mais jamais aux débats ! Les bourses ne sont pas suffisantes pour payer tous les frais. Les gens qui ont décidé des modifications n’ont visiblement pas été à la fac ! »

« Science Po Paris est plus réputée que Science-Po Lille ? Ces choses là font partie du combat : et le croissant Grande-Bretagne-Italie est encore une logique concurrentielle ! En plus, on sait que le taux de chômage est de toute façon plus fort à Lille qu’à Rennes ou Nantes : ça voudra dire moins de sous pour Lille si on se base sur l’insertion des diplômés sans que ça veuille dire quelque chose sur la qualité »

l’UNI : J’ai été à presque toutes les AG depuis le 22 janvier. Je comprends les inquiétudes des boursiers, les bourses augmenteront l’an prochain. Ok, la crise crée des dommages, l’année est difficile pour les CDD et les contrats précaires. Mais sans aide de l’état il n’y a plus de banques et vous pouvez continuer à retirer de l’argent. Ça n’avait pas été fait en 29 et les extrémistes avaient gagné en force et on a eu Hitler et la seconde guerre mondiale » « Et voilà, Premier point Godwin ! » Lance quelqu’un. (Notez que cette personne malgré de nombreux sifflet et des "c’est faux" ainsi que "menteur" lancé depuis les gradins a pu s’exprimer jusqu’au bout, le bureau a veillé à ce qu’il ait le même droit de parole que les autres).

[note : un projet de loi est en cours pour faciliter les crédits étudiants. ça pourrait n’être rien en soit, mais associé à la légalisation des frais supplémentaires et de la curieuse supposition "les populations aisées vont à la fac", assez bizarre quand on sait que les prépas sont très prisées justement des milieux plus riches, on craint que les crédits étudiants viennent remplacer progressivement les bourses qui seront insuffisantes. De plus l’obligation implicite de résultat pour les universités va certainement entraîner une sélection pour limiter les "déchets", alors qu’actuellement, l’université peut être la deuxième chance de tout le monde, l’opportunité de tester une matière ou de faire le point après le bac. ]

II Autres réformes (sujets qui n’ont pas vraiment entraîné de débats, mais qui ont été cités)

Masterisation des enseignants : L’année de stage (à raison de six heures de cours par semaines en établissement scolaire et de cours en IUFM) sera remplacée par deux petits stages de 108 heures dont la rémunération sera à négocier auprès des proviseurs qui auront une enveloppe pour recruter ce personnel.

Contrat doctoral unique : Allocation donnée au laboratoire à distribuer aux doctorants, qui devront faire des enseignements et du consulting en entreprise, donc ce qui fait du temps en moins pour la thèse (donc moins d’article… ce qui peut poser problème au moment de postuler pour demander un poste de maître de conférence)

Etat de délabrement des cités universitaires : Vétusté, Murs en lambeau. Les crédits pour le CROUS ont aussi été diminués. [Notes :Des rumeurs disent que le projet du gouvernement pour encourager le crédit étudiant viendrait prendre le relais des bourses, voire les remplacerait. La réforme du CROUS est également en cours et on craint que ses fonctions soient revues et qu’il s’occupe moins des dossiers sociaux, ce genre de choses.]

 [note : ceci était une assemblée d’étudiant, donc concentrée sur les revendications des étudiants. Cela dit, le décret concernant les enseignants chercheurs me laisse un drôle de goût mis en relation avec cet article du monde : on y retrouve la pression à la performance des industriels combinée à celle de publier, après tout]

III La communication et le blocage

Sujet très important : Plusieurs interventions montrent que trop d’étudiants ne savent pas ce qu’il se passe : Même, quelqu’un rapporte avoir rencontré dans le cortège du 19 mars des militants PS qui ne savaient pas du tout ce qu’était la LRU ! Commençons par l’intervention d’un ancien étudiant devenu professeur dans l’université publique mais également divers grandes écoles prestigieuses :

« Vos revendications sont légitimes, mais pas comprises » ; « ceux qui étaient à Lille 1 ont plutôt bien réussi mais cela devient difficile à défendre. Trop de gens ont en tête l’image de l’étudiant gréviste sympathique mais qui ne travaille pas. Et pourtant depuis le début de l’assemblée, personne ne parle de bloquer juste pour le plaisir de sécher les cours » De plus vous semblez confondre grandes entreprises comme total et les PME. Mais certaines petites entreprises avec une dizaine de salariés tentent juste de produire de quoi vivre. Le monde de l’entreprise est très disparate et a autant besoin de vous que vous d’elle. Attention à ne pas créer un fossé entre les universités et les entreprises. Par ailleurs la loi Bachelot par certains aspects ressemble fort à la LRU. Votre combat s’inscrit dans un cadre plus vaste. » Gagner le retrait d’une loi ne signifie pas être comprit par une population. Vous devez vous rendre audible par rapport à ceux qui ne connaissent pas la loi."

« - Nous avons un problème d’image. On imagine des branleurs en grèves, discuter avec les gens serait plus intéressant. »

Intervention d’une personne au courant de ce qui se passe à Lille 3 [la fac de lettres toute proche : d’ordinaire, c’est là que les grèves et les mouvements de contestation commencent même si cette année, ce n’est pas le cas] : « le blocage a été voté à Lille 3 mercredi jusque lundi matin oui, mais par 600 étudiants sur 18 000. Le blocage ne doit avoir lieu ni trop tôt ni trop tard pour mobiliser un maximum de monde. (Note : Lundi 23, j’ai appris que le blocage de Lille 3 a été revoté par une AG d’environ 1100 personnes, 700 pour, 400 contres.)

« La majorité des étudiants ne comprennent pas ce qu’il se passe : il faut parier sur un mouvement social général. Sinon, ils se contentent de rentrer chez eux les jours de grèves [note : exact, et après ils se plaignent de ne pas être présent lors du vote des actions de blocage… Pendant le CPE, certains étudiants Toulousains partaient au ski pendant les semaines de grèves !] Les bloqueurs n’arrivent pas toujours à expliquer ce qu’ils font là aux étudiants ! » « Le blocage est légitime : il permet d’informer un maximum d’étudiant ».

UNI : Les étudiants en ont marre du blocage !

(Note : Pas faux dans l’absolu. D’ailleurs les grévistes n’aiment pas spécialement bloquer non plus, comme je l’ai dit plus haut c’est largement plus fatiguant que d’user ses fonds de pantalon en amphi. Mais il faut voir en même temps toutes les raisons pour lesquelles les grévistes bloquent justement…)

« Beaucoup de branleurs ne sont pas présents : S’ils voulaient bosser ils seraient venu gueuler ici et le blocage ne serait pas voté ! Et d’autres s’imaginent égoïstement finir leurs études sans que les frais augmentent ici ! »

« là, un petit 10% comprend les revendications. Mardi nous étions 20, mercredi 120, vendredi aujourd’hui nous sommes 300… Nous finirons par être représentatifs ! »

« -On n’est pas assez nombreux sur le campus (Lille 1 a une population estudiantine de vingt milles individus) les étudiants ne sont pas au courant de ce qui se passe ! C’est pourquoi la mobilisation a échoué en 2008 ! Le LKP en Guadeloupe qui a gagné, a regroupé un quart de la population de l’île à chaque manif et le reste le soutenait ! La population française est exaspérée, nous devons montrer l’exemple ! Et si on faisait un barrage filtrant à 15 euros la journée pour que les étudiants se rendent compte de ce que ça fait de payer 3000 euros ou plus an ?"

« Il faut parler aux étudiants : la Fac a des problèmes personne ne le nie, et a besoin de réformes qui ne plaisent pas à tout le monde. Là je lis sur l’un des graffitis : « ce mouvement va droit dans le mur pour le casser ! » Mais on peut changer le mur et le réparer plutôt ! Là les étudiants risquent plutôt de se faire la malle en vacance anticipée ! »

[Note : effectivement, l’amphi servant aux réunions a été intégralement décoré par une poignée de personnes, j’ignore lesquelles. Certains slogans sont assez peu fins et ne servent probablement pas le mouvement. Rassurez-vous, tout a été fait ici à la craie et sera facilement effacé à la fin.]

III Licence Pro :

"Les licences pro sont financées et dépendantes des grandes entreprises."

« Si on regarde les Etats-Unis puisque le gouvernement veut s’en inspirer, les universités les plus prestigieuses sont financées par l’Etat en majorité ! »

UNI : Ce sont les présidents et les conseils d’administrations qui décident du programme des licences professionnelles.

« les maquettes des licences pros sont des mensonges : Les équipes pédagogiques font les maquettes, mais elles savent qu’elles auront des heures et des crédits supplémentaires par les entreprises. Allez voir la liste des licences pros sur le site du gouvernement : par exemple il y a une licence spécialisée dans le commerce des plantes méditerranéenne ! »

« Ce que les entreprises cherchent à faire, c’est à ne plus avoir à consacrer d’argent à la formation de leurs employés pour les avoir clé en main. Déjà la réforme du lycée projette la terminale à la fac, et la fac dans les entreprises. Jeudi, il y a eu presque trois millions de personnes dans les rues, ça fait un français sur vingt en manif, il faut continuer et se faire entendre contre la LRU toutes les semaines !"

[note : je ne retrouve plus où cela a été expliqué clairement, donc mon commentaire : la crainte des grévistes est que les licences soient trop spécialisées et que les diplômés qui en sortent ne puissent pas trouver de travail ailleurs ou que la licence soit obsolète à la sortie. Syndrôme de la licence Michelin.]

 Conclusion

Bref, et avec tout ça, nous avons des cours à rattraper. Une rumeur (mais je suis sûre à 99,99%, personnellement, que ça restera une rumeur) dit qu’on pourrait avoir besoin d’une année supplémentaire pour finir la licence ! J’ai par contre été surprise de la large palette politique du mouvement : des syndiqués SUD-étudiants et UNEF bien sûr, mais également la précence de membres du MODEM ou d’anciens UMP était, en tout cas pour moi, plus inattendue. Ce qui est certain, c’est qu’il faut encore et toujours mettre au courant les étudiants qui ne s’impliquent pas : Qu’ils s’expriment pour ou contre les réformes, c’est ce qui permettra de déboucher sur une fin la moins tardive possible. (Et c’est très difficile !)

Note : Les cours, en tout cas dans mon IUFR, auraient été rattrapés avec ou sans ordres de Pécresse. Je ne crois pas que les enseignants nous laisseraient tomber pour la plupart.

Note finale : hier, mercredi 25 mars 2009, mise au point du mouvement avec une enseignante : A ses yeux, le discours de Sarkozy de Janvier qui avait insulté de fait la communauté universitaire, n’était pas un hasard. Un avocat d’affaire devenu président ne fait pas ce genre de gaffe. C’était sans doute fait exprès.

Je rejoins son avis : il profite de sa réputation d’hyperactif brutal et légèrement acculturé pour que l’opinion lui pardonne à moitié ce genre de provocations qu’il surjoue, qui auraient été inimaginables et impardonnables avec un autre président (je n’ai connu que Chirac dans ce domaine ceci dit, mais je ne pense pas me tromper.) Les autres n’ont alors plus qu’à mordre à l’hameçon : Sans doute espère-t-il briser la culture de la contestation française comme Margaret Thatcher l’a fait en Grande-Bretagne.

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Exemple pas très synthétique d'AG étudiante et autres histoires (1)

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19 réactions à cet article    


  • Jojo 26 mars 2009 14:37

    Bonjour Epeire,
    Que de mauvais souvenirs vous faites remonter à la surface. Vous l’avez remarqué certains sont politisés très tôt, j’en ai connu des étudiants professionnels qu’on voyait rarement si ce n’est à se bécoter derrière les amphis à l’heure des cours, mais qui au moment des AG gueulaient le plus fort. Je me souviens d’un gugusse en particulier dont il parait qu’il en était à sa septième année d’ingéniorat (professionnel je vous dis...).
    Pourvu que l’essentiel soit préservé et que l’année universitaire ne soit pas compromise pour vous.
    Sinon je vous avoue que le principe du blocage m’a toujours rebuté. Si moi j’ai envie de faire cours malgré les difficultés, personne ne devrait avoir le droit de m’en empêcher. Et ce d’autant comme vous dites, que le blocage ne fût voté que par 700 personnes face à 400 contre, mais pour une population directement concernée de 18000…
    J’ajoute que la comparaison avec la Guadeloupe me semble stupide et surtout dangereuse. Bon courage.


    • Epeire 26 mars 2009 20:40

      L’année pas compromise ? C’est encore possible, à condition de décaler les examens (ce qui sera sans doute le cas. )

      Après, un blocage voté à 700 contre 400 pour 18000 personnes paraît injuste, c’est vrai : En même temps, ils auraient pu venir voter s’ils ne voulaient pas du blocage (oui je sais... il faut tenir le long de l’AG qui est parfois longue, mais après tout les bloqueurs trouvent la motivation pour ça alors ceux qui veulent bosser en sont théoriquement capable.)

      En 2002, tout le monde a été dégouté de voir Lepen passer au second tour, mais personne n’a dit de refaire un vote et on a ensuite choisit Chirac à 80%. (quitte à se désinfecter après.)... Même si ça laisse à beaucoup un goût amer.


    • rozegui 26 mars 2009 14:58

      Il est clair que les entreprises ont une très MAUVAISE image des Universités... J’en suis la preuve vivante.
      J’ai été diplômée d’un Master en Langues Etrangères Appliquées en 2007 et en 5 ans d’études à Brest, 2 années ont été sérieusement perturbées par les grèves (réforme LMD, CPE et j’en passe...).
       
      Résultat : des examens passés à la va-vite (question tabou mais c’est la réalité) et donc des diplômes dévalorisés.

      Conséquence : je suis assistante dans une entreprise où on préfère embaucher des jeunes d’Ecoles de Commerce avec des bac+3 ou+ 5pour des postes à responsabilités...

      Les 3/4 des étudiants dans les facs (surtout de Lettres) se bercent d’illusions révolutionnaires mais en réalité ils ne comprennent pas qu’ils entâchent sérieusement leur avenir professionnel (à moins de faire prof...) et l’images des Universités.


      • Yannick Harrel Yannick Harrel 27 mars 2009 02:32

        Bonjour,

        Croyez bien que les langues sont loin d’être les seules victimes de ce désaveu (injustifié pour une large part selon moi). Même les facultés de Droit commencent à être dénigrées et j’ai déjà aperçu ici ou là des offres d’emploi pour juristes réservées... à des écoles d’ingénieurs ou de commerce !
        Bref, ça commence à sentir le sapin pour nos antédiluviennes universités... Et ces blocages n’améliorent en rien ni l’image des universités ni le cursus de ceux qui n’ont guère d’autre choix (les boursiers notoirement) que de passer par la case formation universitaire.

        En outre, les AG j’ai vu ce que ça donnait lors de mes années de sociologie : des votes à mains levées où la coercition de masse est une réalité. Tenez, un passage sur France 3 où vous comprendrez mieux le topo. Le souci c’est qu’une minorité (fort active je le reconnais) refuse de comprendre que tout n’est pas blanc ou noir : ainsi difficile pour eux de saisir que des étudiants sont à la fois contre la LRU mais aussi contre le blocage irraisonné des facultés. Du reste, très honnêtement et un peu tristement je vous en fais part, en quoi le blocage peut-il contraindre un gouvernement à revenir sur sa position ? Quant aux dégradations, comment ne pas s’étonner par la suite de hausse de frais d’inscription pour remettre en état des locaux et fournitures saccagés ?

        Cordialement


      • Epeire 27 mars 2009 12:31

        Oùlà... je viens de finir la petite vidéo, je ne suis qu’à moitié surprise, même si la situation me paraît un peu meilleure chez moi cette année (On a laissé tout le monde parler jusqu’au bout !) je me souviens d’un peu plus de couac l’an dernier il est vrai (truc et astuce si comme moi vous vous retrouvez par hasards à compter les votes : ne le faites JAMAIS au grand jamais à main levée !)

        Sinon pour les dégradations, bon, je précise que le plus gros a été fait à la craie. Malheureusement certains ont été fait aux feutres (surtout sur les portes) cela dit ça ne coutera certainement pas des milliers d’euros à la fac. Bien souvent lorsque j’en discute avec des gens d’autres universités, j’en viens à me dire qu’on est des priviligiés, tout de même...


      • L'enfoiré L’enfoiré 26 mars 2009 16:31

        Chère Epeire,

        Comme tu pourrais le penser, j’ai adoré cet article. Quand on discute, j’aime, c’est qu’on prend le temps de réfléchir. Tout n’est pas perdu.

        L’âge n’a pas d’importance, seuls les idées et leur compromis peuvent faire avancer. Les branleurs ne sont pas des zombies et cela rassure. Écouter même ses opposants de convictions pour peut être en faire ressortir le fin mot.

        Je t’ai dit pourquoi Internet pouvait sauver le monde.

        Ce n’est plus nécessairement dans les auditoriums que cela se passe. C’est aussi ici à domicile que la contestation gronde et peut être tout aussi efficace. Bloquer n’est plus nécessairement aussi rentable qu’on pourrait le penser. Parfois tu te mets à dos, ceux qui devraient t’épauler.

        J’ai déjà imaginer comment faire la grève sans emmerder le monde et se créer des opposants naturels en faisant la grève. Parce qu’il y a la grève du côté des transports et là on touche bien plus de monde.

        Les sous le nerf de la guerre. Tout augmente, je remarque. L’inscription est presque la goutte d’eau dans l’année. Vu que la longueur de vie augmente, on va inévitablement passer à l’éducation permanente en plus. Plusieurs vies dans une. Albert Jacquard dans « Le compte à rebours à commencer ? » termine son bouquin avec l’idée. Donc, pourquoi pas diviser les études en plages de travail et d’études ?

        Cela impliquerait beaucoup de changement dans le monde du travail. Si les étudiants disent qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils ne s’y intéressent pas. Ils deviendront des zombies en metro-boulot-dodo. Je ne connais pas le LRU, mais moi, je n’en ai rien à cirer. Lire qui le fait encore ? Il y a plus d’écrivains que de lecteurs, ai-je remarqué. Nous sommes dans l’ère de l’image, de la vidéo. Là, tu auras du monde informé.

        Les études se complexifient et demandent de plus en plus d’années. C’est incontestable. Pourquoi crois-tu qu’on enfante encore (ou on tente de le faire) à 40 ans et plus ? Insulter la communauté universitaire, c’est s’insulter soi-même

        Ce qu’il faut faire à tout prix c’est « Taire le silence » et ça j’en fais une devise.  smiley

         
         


        • L'enfoiré L’enfoiré 26 mars 2009 16:43

          Epeire,

           Je viens de lire dans notre journal que suite à la crise, le chomage économique et les prépensions sont au plus haut. Chomage temporaire ou définitif donc.
           En fonction de ce que je viens de dire, nous devons repenser et réorganiser le temps de travail. Le plus vite sera le mieux. Cela veut dire aussi réajuster le prix de la minute de travail effectif pour assurer les lois sociales en conséquence et pour continuer à pouvoir manger et se loger tous les jours. 


          • Mouche-zélée 26 mars 2009 17:04

            Encore un article bien construit et intéressant à tel point que je suis obligé d’y revenir avec un temps OFF entre deux et relire certains passages . On ne sabote pas un travail bien fait !

            Au moins maintenant que j’ai l’adresse de votre blog je vais pouvoir activer mes neurones à leur vitesse : Centrifugeuse + repos + centrifugeuse + repos = meilleure assimilation ...

            Décidément je dois avoir une tête pleine d’eau pour devoir faire des émulsions avec ce qui est riche smiley

            I’ll be back  smiley


            • Kalki Kalki 26 mars 2009 18:07

              A quoi ressemble les ag aujourdhui ?

              Il y a encore des syndicalistes et des petits bourgeois qui croient en l’obédiance du capital au capital pour le capital et puis faut travailler plus pour gagner plus et puis moin de charge c’est mieu...

              Aux étudiants : Ne revez plus 1968 , oubliez le meme ! Pitié, globalement 68 est un échec, ne faites pas un 68 juste pour vous sentir rebelle une fois dans votre vie et basta !.

              Pensez les problèmes d’aujourd’hui et agissez aujourdhui ( en ne prennant surtout pas image sur 68, inventé de nouveau schéma et surtout surtout : jeunes gens qui avaient encore des rêves : FIXEZ VOUS DES BUTS A ATTEINDRE ET FAITES TOUT POUR LES ATTEINDRE ET N’ARRETTEZ PAS LE COMBAT AVANT).


              • Epeire 26 mars 2009 20:44

                68  ? mmm je ne crois pas avoir entendu la moindre référence à ce fameux moi de mai, cette fois là.

                les références qui reviennent le plus sont le LKP et le CPE, en comparant à tout va. Quand à la tendance politique des bloqueurs, pour le peu qu’ils sont c’est plus diversifié que je ne le croyais comme je le disais : des apolitiques, des gens très à gauche bien sûr mais également un militant au Modem et une ancienne UMP (parmi ceux qui ont parlé.) On pourrait sans doute en parler longtemps.


              • Epeire 26 mars 2009 19:29

                vingt dieux !

                Je me doutais que selon l’actualité les articles passaient plus ou moins rapidement, mais de là à le valider en moins de 24h j’en reste stupéfaite (à peu près autant que de ne pas avoir retiré la grande image : zut et flûte) moi qui pensait avoir mon week-end peinard avant de le voir publier lundi...

                J’avais de toute façon assez peu de référence et de lien à mettre (90% sort de l’AG) et j’ai également omit cela. Je me rattraperais au fur et à mesure sur mon blog pour ceux qui y tiennent.

                Sinon pour le blocage, maintenant qu’il est lancé le problème c’est qu’on va avoir l’air fin s’il s’arrête ! Pour ma part, je préférais le printemps des chaises qui avait le mérite de mettre un peu de fantasie tout en laissant tout le monde faire court. Mais maintenant que c’est lancé, c’est lancé.


                • titi titi 27 mars 2009 00:30

                  Je n’ai pas connu mai 68.

                  Mais j’ai connu 86 et les lois Devaquet...
                  Ce que j’en ai retenu...
                  Les bloqueurs du lycée étaient vraiment ceux étaient les plus branleurs au long de l’année...
                  Déjà à l’époque on agitait le chiffon rouge de droits d’entrée à l’université. Une fois le mouvement passé tout le monde s’est accordé pour dire que c’était du pipeau, comme la plupart des affiirmations relayées dans les AG
                  Le mouvement se voulait apolitique... et tous les leaders se sont retrouvés sur des listes électorales qq années après.

                  A chaque époque sa loi Devaquet.

                  D’autre part je n’ai pas bien compris le sens du billet.
                  Vous rapportez des commentaires glanés ici et là mais vous ne donner pas votre avis et vous ne lancez pas de débat.

                  Les Licences Pro par exemple. Votre avis ?

                  Pour finir je relève une remarque interessante :
                  "Contrat doctoral unique : Allocation donnée au laboratoire à distribuer aux doctorants, qui devront faire des enseignements et du consulting en entreprise, donc ce qui fait du temps en moins pour la thèse (donc moins d’article… ce qui peut poser problème au moment de postuler pour demander un poste de maître de conférence)"
                  Quelle est pour vous la finalité du doctorat ?






                • Epeire 27 mars 2009 09:00

                  Le doctorant ? Hum à mes yeux c’est le temps nécessaire pour faire une thèse en trois voir quatre ans (en biologie et écologie le temps que ça se développe on a beaucoup de thèse en quatre ans par exemple).

                  Je ne souhaitais pas faire un débat, juste informer de comment ça se passe.

                  Je suis assez gênée par ces réformes, pas tant d’ailleurs celles qui concernent les étudiants (quoique, si on fait une sélection à l’entrée je m’éclate dans ma matière, est ce que ma mention assez bien au bac aurait été suffisante à l’entrée ?) mais par celles des profs. Vous avez peut-être vu le lien allant sur le site du monde et ce scandale dans le domaine de la pharmarcie.

                  Il faut aussi savoir que deux chercheurs travaillant pour une université américaine ayant fait une enquête qui allait dans le sens inverse des semenciers fabriquant des OGMs ont été virés six mois après la publication de la recherche.

                  Le blocage, je suis assez septique sur son utilité (on est dans le flou total en matière d’exam de fin d’année) mais maintenant qu’il est lancé, le problème c’est qu’on peut difficile l’arrêter sans arrêter le mouvement !


                • K K 27 mars 2009 10:19

                  Titi,

                  Nous avons vecu la meme epoque mais pas de la meme maniere apparament lol. Il se trouve que contre Devaquet, je faisais partie des meneurs de mon Universite. Mais cela surtout parce que j etais connu comme de centre droit et membre de l’UDF, ce qui permettait aux syndicats (UNEF-SE et UNEF-ID a l’epoque) d’afficher un visage plus ou moins apolitique du mouvement.

                  Maintenant, je constate qu’on repasse en douce les reformes qui avaient ete refusees au temps de Devaquet. Les universites privees existent, les droits d’inscriptions sont fortement individualises selon les facultes... Tout ce contre quoi le manifestants de 86 luttaient.

                  L’arrivee des meneurs sur les listes aux elections n’est pas anormale. On retrouve sur ces listes en priorite ceux qui souhaitent s’investire dans la vie publique. Et ce n’est pas le cas de tout le monde. D’ailleurs, si vous regardez bien, vous retrouvez aussi les principaux opposants au mouvement qui etaient a l’UNI sur les listes de droite. Avec des changements de bord parfois aussi.
                  Moi, vous ne me retrouverez nulle part, lol.


                • K K 27 mars 2009 10:26

                  Epeire,

                  La selection a l’entree peut paraitre une bonne idee a certains. Apres tout les grandes ecoles la pratiquent.. Mais j’ai connu des gens brillants a l’universite qui etaient tres mediocres au Lycee. L’universite par son fonctionnement est tres different du Lycee. Le fonctionnement tres guide de ce dernier s’adapte bien a la selection pour les Ecoles (et encore, pas toutes), mais pas pour les facultes.
                  Et puis n’est il pas plus juste et plus utile d’avoir un double systeme, l’un ferme et selectif, l’autre ouvert, la selection se faisant par la motivation. ?


                • Epeire 27 mars 2009 11:25

                  je serais assez d’accord avec vous, l’avantage de l’université est de ne pas ressembler au lycée avant tout !

                  (et franchement, dans le fond, la biologie vue au lycée ne m’a pas donné une seconde envie d’aller continuer : j’ai fait un an de prépa PCSI, d’autant plus que mon père, maître de conférence en lettre moderne, avait la pire vision possible de l’université. Jettez un oeil sur l’article "Répliques à l’Université" pour comprendre de quoi je parle. Alors que finalement la situation des sciences dures est bien meilleure et aujourd’hui je ne changerais de domaine pour rien au monde.)

                  Après c’est faux de dire qu’il n’y a aucune sélection à la fac : simplement, elle se fait en fin de première année. J’ai le souvenir de 6 sections de 4 classes chacune d’environ 30 élèves (soit environ 720 étudiants).
                  Fin de la première année : 80% d’éliminé, rattrapages comprit !

                  Que s’est-il passé entre temps ? En partie, certains ne viennent que pour les bourses (une réforme utile serait de sanctionner plus durement les gens qui ne viennent pas en cours pour commencer) certains ont décroché et ont changé de fillières (l’enseignement de la biologie à la fac consiste à accumuler des connaissances avant tout, puis on discute de la crédibilité ensuite via des articles ou l’histoire des sciences pour ceux qui prennent cette option. Rien à avoir ou très peu avec l’analyse d’article du lycée)
                  et enfin certains profitent également de l’absence de contrôle pour sécher les cours et évidemment, se plantent aux examens (sécher les cours est un art qui parfois se justifie mais qui demande du tact et une grande préparation... Comme pour les grévistes, la balance du moindre effort ne penche pas toujours où on le croit.)


                • L'enfoiré L’enfoiré 27 mars 2009 12:04

                  Epeire,

                  Et oui, cela va parfois vite quand ce n’est pas trop polémiquant. 
                  Tu parles de printemps des chaises. Chez nous c’est le Printemps de Sciences actuellement avec beaucoup d’activités.  smiley


                • Gasty Gasty 27 mars 2009 11:04

                  Félicitation pour votre article, ça c’est du média citoyen, une expression qui nous vient du vécu.

                  Il faut du courage, plus qu’on en croit et très peu pour profiter d’un long WE.


                  • Olga Olga 27 mars 2009 12:50

                    @Epeire 
                    C’est vraiment plaisant d’avoir votre point de vue au plus près du coeur de l’action. smiley 
                    Néanmoins vos interventions me rendent honteuse d’avoir gâché mes deux années passées à la fac... C’est maintenant que je m’en rends compte... en vous lisant... smiley 

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