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Exposition Renoir et réédition des lettres de Van Gogh

Deux événements particulièrement éclairants sur le génie humain marquent la rentrée culturelle 2009 : l’exposition au Grand Palais des dernières toiles d’Auguste Renoir et la réédition des lettres de Van Gogh accompagnée d’une abondante iconographie.

Deux événements particulièrement éclairants sur le génie humain marquent la rentrée culturelle 2009 : d’une part l’exposition au Grand Palais des dernières toiles d’Auguste Renoir, soit une centaine d’oeuvres tardives du peintre qui s’éteignit dans sa soixante -dix -huitième année le 3 décembre 1919 et, d’autre part, la réédition des lettres de Van Gogh accompagnée d’une abondante iconographie.
A l’exposition du Grand Palais point de Balançoire ou de Moulin de la galette, mais les toiles du Renoir qui succéda au précédent, plus proche en son âge mûr de ses premiers émules Bonnard,Matisse et Picasso. Ceux-là avaient compris la grandeur de ses ultimes tableaux, contrairement à d’autres comme Mary Cassatt qui écrivait à l’une de ses amies : " Il fait des tableaux ou plutôt des études d’énormes femmes rouges avec de très petites têtes qui sont des plus abominables". Par ailleurs, des critiques allèrent jusqu’à avancer qu’une dérive sénile et libidineuse préludait à ces tentatives de dernière heure, alors même que le peintre quasi paralysé, les mains tordues comme des sarments de vigne, mais joyeux comme un collégien, peignait dans la lignée de ses illustres prédécesseurs Titien, Rubens ou Boucher des jeunes filles aux rondeurs glorieuses et aux fessiers majestueux. Il est vrai qu’à l’époque leurs appas décorsetés avaient ému les bien-pensants et déclenché un déluge de plaisanteries grivoises, plus vulgaires que les tableaux qu’elles avaient à charge de caricaturer. Comment réagit le public, qui se presse aujourd’hui au Grand Palais, face à ces chairs surabondantes, oeuvre d’un très viel homme qui avait su conserver son pouvoir d’émerveillement devant les grâces de la nature et la nudité de nymphes gentiment fessues et ventrues ? Espérons-le comme Elie Faure qui, en critique avisé, écrivait en 1919, quatre jours avant la disparition de Renoir : " Ce vieil homme perclus fait de la peinture, une peinture de miracle. (…) D’autant plus admirable que l’écart s’élargit sans cesse entre son lyrisme qui monte et ses moyens physiques qui décroissent. A l’heure qu’il est, je le jure, c’est le plus noble spectacle de France. Je n’ai plus besoin de dire que la France a peu près entière l’ignore, si beaucoup le savent ailleurs".

Etre ailleurs... c’était également le cas de Vincent van Gogh qui ne parvint de son vivant à ne vendre qu’une seule de ses toiles et dont le second événement de la rentrée 2009 est l’édition intégrale de sa correspondance en 6 volumes aux éditions Actes sud, document essentiel qui permet de mieux comprendre le parcours artistique du peintre à une époque charnière qui préluda à l’art moderne. Cette nouvelle édition conclut quinze années de recherches entreprises par le Van Gogh Museum d’Amsterdam et le Huygens Institute de La Haye. Elle reprend l’intégralité de la correspondance de l’artiste, à savoir 819 lettres rédigées de sa main et 83 de proches comme Théo son frère, ou d’amis tels les peintres Gauguin et Signac.
Chez lui, la peinture était intimement liée à la poésie. C’est ainsi que Van Gogh tentait par le biais d’une description de supprimer l’écart qui subsiste entre le tableau et la réalité et d’accompagner la fulgurance du trait de la fulgurance de la pensée. Il voulait donner à ses missives, d’une qualité littéraire indéniable, outre l’expression de ses sentiments, le processus qui accompagnait son acte créateur. On retrouve ainsi les traces de ses toiles dans des remarques concernant un motif, le choix d’une couleur ou les circonstances qui en ont permis l’exécution. Un événement qui allie somptueusement l’art de la plume à celui des piceaux. Et que l’on ne dise plus que le grand âge ou que l’exaltation ( qui parfois frise la folie ) constituent des obstacles en mesure d’altérer le génie. Il n’en est rien. La preuve...
 
 

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2 réactions à cet article    


  • Maximus 9 octobre 2009 02:23

    Je ne sais pas trop dire pourquoi, mais je trouve dans la peinture représentée des influences de la tradition dominante du 17 ème siècle en Europe. Il y a du Rubens dans le traitement des formes, comme le dit l’article, peut être aussi des similitudes dans le type de bleu utilisé et dans les dégradés du bleu au brun. 


    Simultanément, le côté vivant de la figure humaine, les couleurs pastel font penser que Renoir avait assimilé et dépassé l’ensemble du courant impressionniste.

    Particulièrement intéressant.

    • jack mandon jack mandon 10 octobre 2009 17:45

      @ Armelle

      Deux mondes réunis

      L’un, gangue desséchée, torsadée, rétractée...« pétrifiée », qui libère un fruit exotique plein, pulpeux, abondant, savoureux...Auguste coquin,

      L’autre, univers d’ombre et de lumière, tragédie hurlante de la solitude et de la peur.
      Générosité explosive, volcanique, force tellurique indomptée, Vincent halluciné.

      Deux soleils de souffrance et de créativité dans la galaxie de la couleur lumière

      Merci aussi Armelle pour ce Paris que j’aime.

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