Faut-il craindre une cyberguerre ?
La cybercriminalité se répand à travers le monde comme une trainée de poudre. Avec les nouvelles technologies et l’ensemble des données sur les réseaux, les dégâts peuvent être colossaux. Si l’argent constitue toujours un motif alléchant pour les hackers, d’autres ressources bien plus stratégiques attirent aujourd’hui les cybercriminels.
Début décembre, la Banque centrale russe a annoncé une perte de 29 millions d’euros (2 milliards de roubles) sur des milliers de comptes qu’elle gère. Les hackers se sont introduits dans le système via l’utilisation de l’identifiant d’un de ses clients. Plus tôt dans l’année, c’est la Banque centrale du Bangladesh qui s’était fait délestée de 81 millions de dollars. Là encore, les hackers avaient usurpé une identité, en l’occurrence auprès de la Banque centrale américaine.
Les hackers, braqueurs du XXIème siècle
Ces épisodes sont symptomatiques d’une nouvelle forme de criminalité, celle de la cybercriminalité. Moins dangereuse pour les cyberbraqueurs, mais bien plus néfastes pour les banques et entreprises visées. À ce sujet, un rapport de la firme Norton annonce qu’en 2015, la cybercriminalité a fait 689 millions de victimes dans les 21 pays étudiés pour un préjudice annuel estimé à 126 milliards de dollars.
Face au danger, la résistance s’organise. Des formations sont organisées, à destination des particuliers et des entreprises, pour permettre d’acquérir les bons réflexes face aux actes malveillants. Le secteur de la protection contre la cybercriminalité est d’ailleurs en pleine expansion. À titre d’exemple, Nokia a annoncé le recrutement de 500 ingénieurs, dont une partie, sur son site de Lannion (Côtes-d’Armor) qui doit devenir son centre de compétence mondiale de cybersécurité.
Une prise de conscience internationale
Mais l’argent et les secrets industriels ne sont plus les seules motivations des hackers. Avec l’ouverture des données, les potentialités sont décuplées et menacent dorénavant la sécurité nationale des États. À ce titre, une commission d’experts américains pour l’amélioration de la cybersécurité nationale a adressé un rapport alarmant sur le sujet au futur président américain, Donald Trump avec 16 recommandations à prendre d’urgence. De son côté, Vladimir Poutine a validé, début décembre, la nouvelle doctrine de cybersécurité russe.
En France, la question est également sur la table. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rappelé, là encore début décembre, la nouvelle doctrine française en matière de cyberdéfense. Celle-ci repose sur une triple action, le renseignement, la protection et la riposte. Une équipe de 2 600 « combattants » numériques est prévue d’ici à fin 2019 pour conduire les opérations. Au total, ce sont près d’un milliard d’euros qui seront investis sur l’ensemble de la durée de la loi de programmation militaire qui s’étale de 2014 à 2019.
Si tous les pays s’intéressent au sujet et s’équipent d’unités militaires spécialisées, c’est que l’espionnage en règle entre États fait rage. La Russie a d’ailleurs été accusée d’avoir interféré lors de la campagne américaine pour l’élection présidentielle. Mais les Russes craignent eux aussi d’être victimes prochainement d’une attaque étrangère « à des fins militaires ».
Cette escalade en matière de cybercriminalité pourrait donc déboucher sur une cyberguerre entre États. Si le champ de bataille n’était plus le même et se déroulait désormais derrière des écrans, les conséquences pourraient être tout aussi importantes et dramatiques qu’une guerre « classique ».
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