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Accueil du site > Tribune Libre > Faut-il revoir l’instruction au tir des policiers ?

Faut-il revoir l’instruction au tir des policiers ?

Les fonctionnaires habilités peuvent désormais conserver leur arme 24h/24 et 7j/7 en tout temps et tous lieux afin d'être en mesure de réagir dans le cadre de la légitime défense de soi ou d'autrui. Si l'intention est louable, là où le bât blesse, c'est que la plupart des policiers ne maîtrisent pas l'utilisation de leur arme dans toutes les situations qu'ils pourront rencontrer : au volant d'un véhicule, dans un ERP, attablé dans un restaurant, dans un escalier, au milieu d'une foule, etc. Personne ne soulève le problème de leur instruction ni celui de leur entraînement au tir avec à peine une soixantaine de cartouches tirées par an !

La discipline est bien plus complète qu’elle est généralement enseignée. Le tir implique le cerveau (interprétation d'une scène, prise de décision, réflexe), le corps (déplacements, positions de tir), la vue (elle représente 85% de la perception), l'ouïe (localisation, détonation), l'odeur (de la poudre, de la graisse), le toucher ( prise en main, manipulation), le sens kinésique (recul), sans oublier le risque d'une blessure, autant d'aspects importants rarement évoqués lors des stages de formations au tir. La discipline est le règne des compartiments étanches, associer est dangereux et réunir téméraire.

Chaque tireur a une morphologie différente, une souplesse différente, des acquis différents, et un tempérament différent. Un mouvement naturel et adapté sera toujours plus rapide qu'un mouvement forcé. On pourrait faire la comparaison avec les gauchers contrariés et l'écriture. Si la dextérité prévaut au stand, en situation de riposte on combat autant avec le mental. « C'est l'esprit qui attaque, l'arme ne fait que suivre l'esprit ». Pour être capable de réagir convenablement à une situation de danger donnée, l'homme doit être informé en temps réel des modifications de son corps dans le dit milieu. Qu'il s'agisse de se tenir en équilibre, de se déplacer ou de maintenir une position, l'action repose sur l'équilibre du corps. Chaque exécution d'un mouvement quelconque, position statique ou dynamique (déplacement, position de tir, pivot) a ses spécificités et ses contraintes qui se retrouvent au niveau de l'anatomie, de la biomécanique, de la physiologie et de la respiration, principalement.

Personne ne connait précisément la situation qu'il aura à affronter ni les conditions. Si tout ce qui peut contribuer à sauver une est le bien venu, cela n’est possible qu’avec la maîtrise de soi et de l’arme au travers d'un entraînement régulier et varié. L'instruction au tir en stand ressemble trop à des Katas, c'est à dire à l'étude de positions et d'enchaînements prédéterminés. Si cette partie reste très importante pour l'acquisition des fondamentaux techniques, elle doit être suivie de séances de tir d'assaut ou combat. Lors d'une attaque, il faut s'y adapter sans jamais se laisser mener par des idées préconçues. Il faut décider d'une position, d'une ligne d'action instantanément et en changer au gré de l'évolution de celle-ci. Ceci ne veut pas dire qu’il y ait une bonne et une mauvaise manière d'affronter une situation dangereuse donnée. S’aplatir contre le sol est mieux que rien, mais n’est pas sans présenter certains risques face à des agresseurs prêts à se sacrifier. Un abri ou un couvert sommaire est rarement fiable plus d’une dizaine de secondes. Il faut être capable de décrocher vers une position plus adaptée à la situation. Selon la distance à laquelle se trouve le ou les agresseurs, on riposte à l'initiative lorsque la situation est inévitable par une technique de tir appropriée. La réponse repose essentiellement sur - le caractère soudain de l'attaque - de la distance d'engagement - du temps nécessaire de la riposte - de la direction de tir - des personnes alentours - de la mise à couvert - de la reprise de l'initiative - la capacité à discerner les attaquants les plus déterminés ou qui représentent une menace immédiate - à conserver l'initiative.

Le tir de défense du policier, gendarme, officier de sécurité (garde du corps), convoyeur de fonds, transporteur de valeurs (bijoutiers), etc., est spécifique à un usage donné. Selon les circonstances il va s’apparenter à différentes méthodes de tir. Dans la plupart des cas, le ou les agresseurs ont l’avantage de l’engagement. Pour maximaliser l'efficacité de la riposte, on ne peut y répondre que par un tir dit « instinctif ” (pour être plus exact, il s’agit d’un réflexe visant à court-circuiter le cortex cérébral) ne laissant pas le loisir à courte distance de soigner sa visée. La défense consistera peut être à pivoter sur soi, avancer sur l'agresseur, reculer, de se déplacer latéralement afin de ne pas présenter une cible statique à l'assaillant. Le temps de réaction restreint souvent le choix technique. Il n'est plus question d'adopter la position de tir à bras franc des duellistes immobiles d'antan, position à laquelle ils finirent par renoncer à travers une évolution du duel au pistolet afin de pouvoir tirer en se déplaçant.

L'agresseur peut surgir de n'importe quel côté (sauf en présence d'obstacles bien entendu) et le tireur ne peut toujours changer de positions à chaque évolution de la situation. Il se doit donc être capable d'engager la riposte sur 360°. Il n'y a pas de miracle, pour dégainer, tirer vite et juste (adversaire très proche) ou juste et vite (adversaire proche) afin d'atteindre l'agresseur sans toucher un innocent, il faut s'entraîner régulièrement et « griller » plusieurs milliers de cartouches. Confronté à plusieurs agresseurs ou à une attaque de plusieurs minutes, la capacité d’un magasin pourra se révéler être insuffisante, il faudra donc en changer au cours de l'engagement. Le porte-magasin ne doit contenir que des chargeurs pleins, toute confusion pouvant être mortelle ! Se retrouver avec la culasse en arrière (comme au cinéma) lors d'une confrontation réelle peut signifier la mort. On s'efforce de gérer ses munitions au mieux. Il n’est pas exclu d'être blessé à une main, il faut donc s'entraîner à tirer avec la main faible mais aussi apprendre à changer de magasin et armer la culasse d’une seule main !

Chaque méthode à ses spécificités, certaines s’attardent sur la technique, fixer la cible, fixer les appareils de visée, sur la précision, sur la rapidité (fluidité), d’autres sur les positions, sur la gestion des incidents de tir, sur les déplacements, sur la finalité du tir, etc. En clair, aucune méthode ne représente la panacée et leurs auteurs persuadés de détenir la vérité commercialisent leur dextérité dans un parcours leur convenant. Force est de reconnaître que les performances des grands noms du tir ignorent la possibilité de parvenir à la « victoire » par n’importe quelle autre approche qui n’est pas la leur.

On combat autant avec l'esprit qu'avec les armes. Les agresseurs ont prévu leur attaque, et à n’en pas douter, ils utiliseront au maximum le terrain. Ils disposeront peut être d’une supériorité numérique et en puissance de feu, mais ils bénéficieront toujours de l’effet de surprise, ce qui peut entrainer à sa suite la précipitation. Un maitre en escrime japonaise disait à ses disciples « L'esprit ne suit pas le corps et le corps ne suit pas l'esprit. Prêtez attention à l'esprit, mais sans prêter attention au corps. Ne rien faire d'inutile. »

Dans le tir, comme les arts martiaux, le disciple ne peut jamais égaler le maître. Et pour cause, le maître a calqué sa méthode sur son mental, sa morphologie, son tempérament et autres petits riens qui le caractérisent. Le même résultat peut souvent s'obtenir de différentes manières. Chaque être vient au monde avec un certain potentiel et chacun d'entre-nous dispose d'une morphologie et d'aptitudes physiques particulières. Chaque individu a aussi acquis des expériences personnelles qui ont contribué à forger sa personnalité ou tempérament. Le milieu culturel joue également un rôle prépondérant dans la formation de la personnalité, et nos valeurs guident notre façon d'appréhender le monde. Chaque personne a des réactions qui lui sont propres quelle que soit la situation rencontrée. Or, les tireurs qui suivent des entraînements standardisés, ont tendance à réagir de la même façon face à un même événement, et le rôle de l'instructeur de tir contribue à imprégner une certaine emprise sur le tireur. Ces tireurs vont présenter des caractéristiques communes. Un instructeur de tir de combat dispensant une méthode dont je ne citerai pas le nom, s’obstinait toujours à faire un pivot en croisant les jambes ! Sa réponse lorsque quelqu'un le lui faisait remarquer, était : « Monsieur... cest comme ça et pas autrement. » La « surprise » (pour lui) fut de le voir réaliser un temps médiocre lors d'un 'exercice de tir consistant à se placer devant le principal et à engager trois cibles. Il fut battu par un garde du corps qui ne tirait quasiment jamais, alors que lui grillait plus de 2 000 munitions par mois ! Il avait acquis la précision, il mais ne possédait ni les « tai sabaki » ni cette fluidité pourtant indispensable au tir de riposte et encore moins l'esprit du combattant. Même après démonstration du bien fondé à opter pour une autre technique de pivot, il reste toujours accroché à son mouvement. Si cela ne l'empêche pas d'être parmi les meilleurs en tir de précision, il y a fort à parier que dans une situation de combat réelle, ces quelques dixièmes de seconde pourraient lui coûter la vie. Cela pour vous démontrer qu’une position doit s’adapter au tireur et que les arts martiaux peuvent se révéler un plus bien utile pour les pivots, idem pour les déplacements. Le fonctionnaire peut être appelé à se déplacer pour engager différentes cibles dynamiques ou statiques, ou servir de support (appui feu).

Quelle que soit la position, haute, médium, basse, l'arme doit pouvoir être pointée en direction de la cible et en suivre le déplacement latéral sur 360 degrés et en hauteur (limite des articulations et du champ visuel). Cela requiert de savoir enchaîner différentes positions, car c’est le corps et non seulement les bras qui font office de « plate forme » de tir. Il faut travailler toutes les positions sans rester statique. Se déplacer : avant, arrière, en latérale, et enchaîner les positions : bodyguard – Fairbairn – Ayoob - weaver – crouch - genoux isocèle - genoux weaver – couchez – roulez - relevez-vous, grenouille crevée, à genoux, roulé-boulé. Un mouvement nécessite d'avoir été accompli un millier de fois avant de commencer à le ressentir avec tout le corps. « En toute chose s'habituer au jugement intuitif. Connaitre d'instinct ce que l'on ne voit pas et ne rien faire d'inutile. » Et n'oubliez pas, on tire tant que l’agresseur représente une menace pour la vie humaine.

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copyright desmaretz

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15 réactions à cet article    


  • SOUCHIEN SOUMIS GRAND REMPLACÉ (---.---.235.18) 22 octobre 2016 10:02

    Le souchien policier n’a pas à intervenir dans les colonies Soros du mondialisme
     
    D’ailleurs la justice coloniale relâche systématiquement les colons (mais 6 mois ferme pour un souchien indigène breton qui a dit qu’il n’y a jamais eu de celte noir ...)
     
     
    « Les experts croient qu’Augsbourg, Stuttgart et Francfort sont les premières villes où les immigrés deviendront la majorité [...]
    À Augsbourg, les gens d’origine immigrée constituent désormais plus de 43% de la population de la ville – et cette proportion augmente. [...]
     Plus de la moitié des enfants de six ans sont d’origine immigrée. Ces derniers chiffres sont habituels à travers toute l’Allemagne. »

     ‘expert officiel en intégration’ Jens Schneider
     
    http://www.migrationpolicy.org/about/authors/jens-schneider
    http://www.augsburger-allgemeine.de/politik/Prognose-Zugewanderte-sind-in-Augsburg-bald-in-der-Mehrheit-id37523202.html


    • SOUCHIEN SOUMIS GRAND REMPLACÉ (---.---.235.18) 22 octobre 2016 10:07

       
      « Pas de celte noir » = 6 mois
       
      Et prison effectuée ... pas pareil qu’un dealer protégé par la justice Taubira coloniale ...
       
       
      http://www.breizh-info.com/2015/06/01/27130/quimper-il-n-y-a-pas-de-celtes-noirs-6-mois-fermes-pour-boris-le-lay


    • juluch juluch 22 octobre 2016 10:17

      Article très intéressant.


      Petit rajout, les APR ne sont pas tous armés, sauf autorisation préfectorale.....pour le privé.

      Merci à vous

      • foufouille foufouille 22 octobre 2016 11:02

        c’est vraiment peu de cartouche.
        dix chargeurs de six coups, c’est même pas une séance par mois.


        • WakeUp 22 octobre 2016 12:21

          @foufouille
          Il faut des milliers de coups pour espérer atteindre une technique correcte (vitesse, reflexe, puissance) sur un crochet du droit... alors avec un flingue...
          A ce rythme les flics sauront tirer à l’âge de 159 ans.


        • foufouille foufouille 22 octobre 2016 14:16

          @WakeUp
          c’est une arme à feu, pas un crochet du droit.
          des milliers, on est plus dans le réflexe automatique.


        • aimable 22 octobre 2016 16:18

          @foufouille
          le gouvernement va leur affecter une nouvelle arme , il s’appelle le tromblon , avec lui vous touchez la cible a tous les coups , avec cette arme ils feront des économies d’entrainement !  smiley


        • marmor 22 octobre 2016 16:43

          @foufouille
          ou six chargeurs de dix coups.......


        • foufouille foufouille 22 octobre 2016 17:50

          @aimable
          la portée efficace est trop courte, autant utiliser un gomme gun ou une AC.


        • foufouille foufouille 22 octobre 2016 17:51

          @marmor
          le six coups est moins cher.
          surtout que le reste de l’entraînement est de ta poche.


        • Alpo47 Alpo47 22 octobre 2016 17:55

          A quoi bon leur donner une arme et leur apprendre à tirer puisque même quand les « racailles » les font cramer dans une voiture, ils ne s’en servent pas.
          Hélas, factuel.
          Je dirais même que c’est cela le plus gros problème du maintien de l’ordre. En 2005, par exemple, des dizaines de policiers se sont fait tirer dessus et n’ont (à ma connaissance) JAMAIS riposté. Les ordres ...
          Et si demain, les policiers répondaient au feu des racailles et autres, bien entendu, de manière réfléchie et proportionnelle, que se passerait -il ? Quelqu’un pense que les « zombies » de nos banlieux sont des rambo , prêts à mourir dans la rue pour défendre leur deal ? Je suis moi certain que non.
          Et si demain ce devrait être l’armée qui pacifiait les banlieux, ce serait très vite réalisé.


          • Trelawney 22 octobre 2016 18:05

            Le tir c’est comme le vélo ça ne s’oublie pas. On ne demande pas au policier d’avoir les compétences commando, d’un policier du RAI ou du GIGN, mais juste de savoir orienter le plus rapidement possible, son arme en direction de la cible. dans 99% des cas, il sera au maximum à 10 m d’une cible qui fait un peu plus d’1 mètre carré.

            Le fait d’avoir son arme 24H/24 permettra au policier de tenir en respect le délinquant. Il n’est pas là pour l’envoyer au cimetière, mais au cas où il en a la possibilité

            Donnez moi un policier et son arme vide et je le ferais plus progresser qu’en le faisant tirer sur des cibles


            • foufouille foufouille 22 octobre 2016 19:12

              @Trelawney
              laisse moi rire.
              le tire sur cible et en situation réelle est très différend.
              payes toi un FPS.


            • Trelawney 23 octobre 2016 11:18

              @foufouille
              Donnez moi un policier et son arme vide et je le ferais plus progresser qu’en le faisant tirer sur des cibles

              Vous m’avez lu. Bien sur que c’est différend. A partir de moment ou la personne a tiré quelques cartouches sur une cible, elle appréhende son arme (le poids, le recul, le bruit) et ensuite on passe aux choses sérieuse : le contrôle la respiration la position du corps, des mains du doigt. Pas besoin de cartouches pour cela.

              Lors de ma formation à la légion entre sept 77 et mars 78, j’ai à peine tiré 100 cartouches et lors de mon stage tireur de précision, je n’ai même pas tiré 50 cartouches sur un MAS36 avec optique (c(était des réglettes de cinq cartouches à la fois. Et quand j’ai sauté sur Kolwesi on m’a donné un FRF1 et c’est la première fois de ma vie que je voyais cette arme. Le tir c’est comme le velo une fois qu’on a les bases ça roule


            • berry 23 octobre 2016 09:51

              Guillaume Faye : la guerre civile ethnique se prépare
               
              http://www.gfaye.com/la-guerre-civile-ethnique-se-prepare/

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