Financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy : Deux nouveaux témoins vont être entendus par la justice
Deux hommes seront auditionnés par la justice concernant le document révélé par Médiapart et supposé mettre la lumière sur le financement libyen de la campagne de l’ancien chef d’Etat français Nicolas Sarkozy.
La tentaculaire affaire du financement libyen
Alors que l’ancien ministre Brice Hortefeux, avait été convoqué par les juges d’instruction le jeudi 1er août et avait échappé à une mise en examen, voilà que la justice s’intéresse à de nouvelles pistes concernant le scandale.
A l’origine, c’est le site d’information en ligne Médiapart qui avait, le 12 mars et le 28 avril, déclenché un scandale en publiant deux documents qui attestaient du versement effectif de 50 millions d'euros. Ces documents étaient signés de Moussa Koussa, ex chef des services de renseignements extérieurs de la Libye et vivant en exil à Doha. Ils attestaient que le versement destiné au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, provenait de Mouammar Kadhafi, ancien guide Libyen.
Si ces « preuves » fournies par Médiapart sont accablantes, c’est qu’elles révèlent aussi un accord détaillé, préparé en 2005 et validé en 2006, sur le montant et les modes de versement. Les noms des différents signataires et des témoins de cet accord y figurent. Ce sont Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales au moment des faits, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, Béchir Salah l’incontournable du fonds d'investissement financier du régime libyen et ex-trésorier de Mouammar Kadhafi, Claude Guéant et Nicolas Sarkozy lui-même.
Un procès contre Médiapart
Alors que Nicolas Sarkozy est en course pour un nouveau mandat présidentiel, il avait réagi quelques jours après la diffusion de ces documents en annonçant sa décision de porter plainte contre Médiapart : « Ce document est un faux grossier, les deux personnes en Libye qui étaient censées avoir envoyé ce document et le recevoir l'ont démenti. » avait-il formellement nié sur France 2
Une enquête préliminaire pour "faux et usage de faux", "recel de ce délit" et "publication de fausses nouvelles" avait été ouverte à la suite de sa plainte.
Le 12 novembre 2015, un expert authentifiait les documents. Le 30 janvier dernier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy contre l’ordonnance de non-lieu rendue en faveur de Mediapart. Elle confirmait ainsi la décision de la Cour d'appel qui jugeait que l'instruction menée n'avait attesté que la note publiée était fausse.
Toutefois, la déclaration ambiguë de Moussa Koussa rapportée par le Figaro, lors d'une audition comme témoin au Qatar en Aout 2014, laisse toujours planer un doute sur ce verdict : « Le contenu n'est pas faux mais la signature est fausse » disait-il.
De nouvelles révélations
L’ancien chef d’Etat français, Nicolas Sarkozy, et le site d’information Mediapart pourraient à nouveau s’expliquer devant les tribunaux. Les deux témoins qui vont être entendus par la justice, bouleversent et remettent en cause les déductions.
En effet, en 2016, Mediapart publiait à nouveau une vidéo et un article corroborant la véracité de ses documents publiés en 2012. Ziad Takieddine confirmait avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 « un total de cinq millions d'euros » dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris. Ces fonds, selon ses confidences, faisaient partie du transfert destiné à soutenir la campagne présidentielle du candidat Sarkozy.
Ce 14 juillet, le Journal du dimanche fait paraitre le témoignage d'El-Mahfoud Ladib. Cet homme qui dit avoir travaillé pendant huit mois au côté de Ziad Takieddine affirme être le témoin involontaire de la genèse de l'affaire Sarkozy-Kadhafi. Il raconte au JDD que son ex patron détenait, avant sa publication par Mediapart, la note mise en cause.
M. Takieddine avait affirmé qu’il ne pas connaissait pas cet homme. Me Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, a alors demandé au procureur de la République de Paris, l'audition du nouveau témoin. Il a aussi requis celle d'Yves Omnes. Ce financier français est une nouvelle carte pour le conseil, dans la mesure où il dit pouvoir attester que l'homme d'affaires franco-libanais et son « ancien employé » El-Mahfoud Ladib se connaissent.
Selon une source judiciaire, confirmant les informations du JDD qui a énoncé « une théorie du complot contre M Sarkozy », le parquet de Paris a accepté cette demande. Les deux nouveaux témoins seront effectivement entendus.
Si ces nouveaux éléments mènent vers une piste solide, le ministère public pourrait requérir la réouverture de l'information judiciaire engagée après la plainte de Nicolas Sarkozy contre le média en ligne.
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