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Accueil du site > Tribune Libre > Gaza et journalisme : un naufrage sans retour

Gaza et journalisme : un naufrage sans retour

Les atrocités à Gaza exposent l’hypocrisie des élites occidentales, promptes à s'ériger en défenseurs intrépides des droits de l’homme, mais emmurées dans un silence dévot face à un génocide diffusé en direct. En occultant les crimes israéliens, les médias s'en rendent complices. La lettre de démission du journaliste Raffaele Oriani est un acte courageux contre ce déclin moral collectif.

Face aux atrocités indescriptibles perpétrées par l'armée israélienne à Gaza, les prétendues élites de « l'Occident civilisé » — politiciens, journalistes, artistes, syndicats, associations, etc. — si promptes à défendre les droits de l'homme urbi et orbi et à condamner le 7 octobre, se sont littéralement évaporées, révélant ainsi leur faillite morale et leur absence d'humanité.

Nous assistons au premier génocide de l'histoire revendiqué ouvertement par ses auteurs (voir Cour internationale de justice : les intentions génocidaires d'Israël à Gaza) et diffusé en direct aux yeux du monde entier, du moins sur les réseaux sociaux, car les médias préfèrent détourner le regard de ces images accablantes qui condamnent non seulement Israël, mais aussi leur propre lâcheté. En choisissant d'ignorer les massacres quotidiens, de déformer les faits (en occultant +100 ans d'histoire de colonisation de la Palestine, en parlant de « guerre Israël-Hamas » ou de « chiffres du Hamas » pour le dénombrement des victimes, etc.) ou de rapporter a minima, de manière aussi épisodique que dérisoire (non plus pour informer, mais dans le seul but de sauver la face), les horreurs infligées aux hommes, femmes et enfants de Gaza, ces journalistes deviennent les complices actifs de crimes de guerre voire de crimes contre l'humanité.

Face à cet effondrement moral collectif, la démission du journaliste italien Raffaele Oriani est un rare acte de courage et de dignité. Après douze ans passés à La Repubblica, l'un des principaux quotidiens italiens, réputé progressiste, Oriani a choisi de quitter son poste en janvier 2024, en signe de protestation contre le manque d'éthique d'une presse européenne aux ordres. Sa lettre de démission est un éloquent témoignage d'intégrité professionnelle et un triste reflet du déclin moral terminal de l'Occident.

Comme l'a exprimé avec force Aaron Bushnell, membre de l'US Air Force, avant de s'immoler par le feu devant l'ambassade d'Israël à Washington DC,

« Beaucoup aiment se demander ce qu'ils auraient fait à l'époque de l'esclavage. Ou sous le régime de Jim Crow dans le Sud ? Ou durant l'apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? La réponse est que vous le faites en ce moment même. »

Tant les soldats que les journalistes jouent un rôle central dans toute guerre, et il est important de rappeler que Julius Streicher, éditeur et journaliste pro-nazi, fut condamné à la pendaison lors du procès de Nuremberg.

Voici la traduction intégrale de la lettre d'Oriani, véritable réquisitoire contre le silence assourdissant de la presse occidentale face à l'extermination méthodique du peuple palestinien.

Sur ce qui s'est passé (et ne s'est pas passé) le 7 octobre, voir La vérité sur le 7 octobre : Tsahal a déclenché la directive Hannibal (Haaretz) et Norman Finkelstein : les accusations de crimes sexuels contre le Hamas sont infondées.

Alain Marshal

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Chères et chers collègues,

Je vous écris pour vous informer que c'est à contrecœur que je mets fin à ma collaboration avec Il Venerdì. Pendant douze ans, ce fut un honneur de voir mes articles publiés dans les pages du journal La Repubblica. Cependant, je dois maintenant prendre mes distances, car le massacre en cours à Gaza est accueilli avec une étonnante réticence par une grande partie de la presse européenne, y compris La Repubblica (aujourd'hui, le massacre de deux familles est enterré à la dernière ligne de la page 15).

Depuis 90 jours, je ne sais plus où j'en suis. Des milliers de personnes meurent et sont mutilées, prises dans une vague de violence qu'on ne peut qualifier de simple « guerre » qu'avec un niveau de complaisance inquiétant. Je crois que nous avons rarement été témoins de quelque chose d'aussi brutal, d'aussi visible pour tous. Il ne s'agit pas d'Israël, de la Palestine ou de la géopolitique, mais des limites de notre intégrité éthique.

Dans plusieurs décennies peut-être, beaucoup se demanderont où nous étions, ce que nous faisions et ce que nous pensions alors que des dizaines de milliers de personnes étaient ensevelies sous les décombres. Le 7 octobre était la honte du Hamas ; tout ce qui s'est passé depuis le 8 octobre est notre honte collective. Ce massacre est rendu possible par une complicité médiatique à laquelle nous participons tous. Dans l'impossibilité de changer la situation et le cœur lourd, je dois me retirer.

Raffaele Oriani

***

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7 réactions à cet article    


  • leypanou 13 août 09:04

    Le 7 octobre était la honte du Hamas  : écoutez Efrat Fenigson (une personne remarquable) pour ce qu’elle pense de cette affaire.

    Elle a travaillé 25 ans aux Renseignements militaires israëliens et a plus de crédibilité que les journalistes perroquets.


    • Com une outre 13 août 10:06

      Qui participe à la complicité médiatique ? Ses collègues et les politicards véreux, sûrement pas le citoyen moyen, qui lui n’a pas de possibilité d’intervenir, ou à long terme alors. Je ne me sens en rien responsable de l’inhumanité des israéliens.


      • titi titi 13 août 19:05

        @L’auteur

        Avez vous entendu la moindre réaction dans les médias suite au nettoyage ethnique en cours au Bengladesh ?

        Non.

        Pourtant les massacres des Hindous par les Musulmans vont bon train, au point que les Hindous sont en train de fuir en direction de l’Inde.

        Les journalistes sont des commerçants : ils doivent vendre du papier ou de l’audimat.

        Le Bengladesh les français s’en foutent : 0 ligne parce que ce n’est pas bankable.

        La Palestine, à part les nostalgiques, comme vous, de l’époque où l’OLP adhérait à l’Internationale, la plupart des français s’en foutent.

        C’est ainsi.


        • Xenozoid Xenozoid 13 août 19:18

          @titi

          .... Pourtant les massacres des Hindous par les Musulmans vont bon train, au point que les Hindous sont en train de fuir en direction de l’Inde.

           et les palestiniens ne peuvent pas sortir de gaza, tu compare le sort de la  minorité hindou au bengladesh avec celle des palestiniens de gaza ?

           c’est très très bàs


        • titi titi 13 août 21:27

          @Xenozoid

          " tu compare le sort de la minorité hindou au bengladesh avec celle des palestiniens de gaza ?

          "

          Les hindous se font massacrés alors qu’ils sont citoyens de leur pays.
          Ceux qui occupent des places dans la fonction publique sont obligés de démissionner.
          Les temples sont brûlés.

          Donc non seulement je le compare, mais je considère que leur sort est bien pire : ils ne détiennent aucun otage dont la libération permettrait d’arrêter les violences.


        • Mustik 16 août 10:03

          @titi

          C ’est probablement à cause d’individus de ton espèce que des « juifs » anonymes se font prendre à partie en France.
          Ta posture insensée (insensée !) pousse certains à faire l’amalgame entre « ceux » de là-bas et « ceux » d’ici...
          Est-ce difficile de faire rentrer ça dans le crane d’un péquin d’Elite ?

          Titi : c’est bien le surnom du canari de Disney ?! 
          Il me semble qu’il a + de cervelle que toi


        • Tolzan Tolzan 18 août 15:51

          @Mustik
          Trop drôle !
          Et tu crois qu’un Mustik a plus de cervelle qu’un canari Titi ?

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