« Gouverner ce n’est pas prévoir, c’est décider »
À FORCE DE PRÉVISIONS FAUSSES, PLUS PERSONNE NE CROIT À RIEN...

Sans entrer dans le fonds du débat politique – ce n’est pas l’objet de cet article –, quel changement de ton ! Enfin, un responsable affirme haut et clair qu’il est illusoire de prévoir et que diriger, c’est agir.
Et pourtant le discours politique est parsemé de prévisions, d’engagements hypothétiques et de promesses.
Effectivement, il est plus efficace de se centrer sur la situation actuelle et les marges de manœuvre immédiates.
Ceci peut – et même doit – aller de pair avec une réflexion sur la direction que l’on veut prendre. Il ne s’agit plus alors de prévisions, mais de vision ou de projet : savoir trouver la « mer » vers laquelle on veut aller… et ensuite faire au mieux pour le cours du fleuve
Selon de nombreux philosophes, l’évolution de la science et la perte de repères associée débouchent sur un « désenchantement du monde ».
On peut discuter de l’importance ou non de cette tendance, mais une autre tendance est certaine : les discours des politiques et des experts, qui veulent à tout prix annoncer des prévisions et des programmes, débouchent sur une vague croissante de scepticisme.
A force de voir que les promesses ne sont pas tenues, plus personne ne croît à rien. Or elles ne sont pas tenues non pas parce que les hommes politiques ou les experts nous mentent, mais parce qu’il est simplement impossible de prévoir : il est illusoire d’imaginer que l’on peut limiter l’incertitude. Elle fait partie de notre monde. L’évolution de la société et de l’économie ne sont pas plus planifiables que la météo. (voir "Prévoir c’est aller contre la logique de notre monde" et "Les prévisions économique peuvent-elles être plus fiables que la météo ?"

Or cette désillusion se propage bien au-delà de la sphère politique. C’est toute la vie collective qui est de plus en plus polluée, et notamment celle des entreprises. On croît de moins en moins ce que dit une entreprise : par construction, tout discours est suspect, tout engagement est douteux, tout parole est mensonge.
Je l’ai vécu dernièrement à l’occasion d’une réunion publique tenue par un industriel. Il avait beau dire ce qu’il voulait, prendre des engagements précis et chiffrés, préciser que tout ceci serait contrôlé par l’administration, rien n’y faisait : le public ne le croyait pas.
« Vous dites cela pour obtenir votre autorisation, mais après vous allez faire le contraire ! ». Tel était le propos dominant.
Autre exemple : les voisins d’une antenne relais de téléphone mobile affirment avoir des troubles de santé. Quand l’entreprise incriminée annonce que cette antenne n’est pas en service, personne ne la croît. Facile à vérifier pourtant, non ?
Faisons attention, car une collectivité peut se déliter si la confiance mutuelle n’est plus là.
Or tant que nous continuerons à vouloir prévoir l’imprévisible, à affirmer que l’on sait alors que l’on ne sait pas, on fera des promesses intenables.
Apprenons collectivement et individuellement avec l’incertitude…
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