Grand Marché Transatlantique : transfert de la souveraineté européenne
Un grand Marché Transatlantique devrait se mettre en place d’ici à 2015 dans le plus Grand Silence. Cet « espace de liberté, de sécurité, de justice » reposerait sur le Marché libre et sur le contrôle des populations. Ce nouvel ensemble UE-US, approuvé le 28 mai 2008 par les Institutions Européennes, signifierait la transfert de la souveraineté Européenne, après la transfert des souveraineté nationales de ses Etats membres qui seraient alors institutionnellement tous sous influence et domination américaine.
Il n’y a plus de clivage droite-gauche (leur alternance assure leur complicité et leur opacité – le PS ayant quitté ses racines socialistes – , toute tierce influence étant vue comme subversive, fascisante –Bayrou l’est tellement), rouges-bleus (USA), conservateurs-travaillistes (Royaume-Uni) : ceux-ci s’accordent pour un nouveau clivage population/pouvoir (Etats et entreprises privées), citoyens Européens/Institutions-lobbies, clivage dominé et régi par le libre Marché. C’est pourquoi nos gouvernants, qui ont plus une culture d’entreprise qu’une culture démocratique et républicaine, se contentent de débats démocratiques « légers », superficiels. Cette perte de souverainetés a déjà commencé avec le déni de démocratie pour réintégrer récemment la France dans l’OTAN (sans réelle contrepartie), avec le vote depuis l’Acte Unique Européen jusqu’à la Constitution-Traité de Lisbonne de textes normatifs compatibles avec le libéralisme américain. Cela semble continuer avec les efforts de Yazid Sabeg, Commissaire-fantôme à la diversité (n’apparaît pas dans le site du Gouvernement), et de sa Commission Comedd en faveur de statistiques ethniques à l’horizon 2010, pour l’instant contraire à la Constitution Française. Les Etats-Unis accepteront un espace de libre-échange à la condition d’un contrôle accru des populations et des démocraties. Nous comprenons alors mieux les timidités de Mitterrand avec Maastricht (1992), le choix maintenu par Chirac du référendum (plutôt qu’un vote parlementaire) pour le vote de la Constitution.
L’alter-mondialisme et l’anticapitalisme primaire (Besancenot) ont été caricaturés et marginalisés (ce sont des utopistes) par cette idéologie de la Mondialisation (et cette Europe) qui pourtant exclut et n’est pas solidaire et devient donc une imposture (car elle intègre le G20 mais oublie le G179). Une Economie libérale au service de l’homme oui (Economies solidaires à la Rocard), mais pas un Système libéral pervers car écrasant l’homme. La finance, l’argent, le Marché sont de bons serviteurs et de mauvais Maîtres. La devise actuelle : libre Marché et déficit démocratique. L’homme devient une marchandise, et concurrent de son frère (adieu Fraternité à la Robespierre, l’humanisme Voltairien). Libre prédation, interne et externe au Marché Commun qui s’étend. Le capitalisme n’a jamais promis la stabilité (cf le Capital de Marx) puisqu’il se nourrit de la concurrence, des inégalités, d’une domination. Pour survivre, l’homme-individu doit bouger personnellement (mobilité sociale, égalité des chances) mais ne pas faire bouger ou remettre en question (réfléchir c’est désobéir), par une action collective et citoyenne, les structures sociales que l’on présente comme désuètes (à réformer, moderniser, libéraliser, Thatchériser) ou comme une immuable fatalité contre lesquelles « on ne peut rien » quand celles-ci sont déjà « libéralisée » (voilà où se situe le protectionnisme : protéger le système libéral). Mais veulent-ils un changement, et lequel, ceux qui ont pour slogan équivoque : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut » (UMP) ?
Le Contrat Social de Rousseau est menacé, pris en otage silencieusement, progressivement déformé et assimilé au Contrat de Travail, lui-même flouté par le libéralisme. La démocratie, la république et ses valeurs sont en jachères, comme les jachères fixées par la Politique Agricole Commune. Les Corps intermédiaires sont menacés et mis en concurrence (syndicats, associations). La culture de masse, envahit nos écrans. Elle appauvrit la culture bien plus qu’Internet. La loi Hadopi sert surtout à surveiller, hors des Tribunaux (une simple Commission sanctionne), la Toile qu’à protéger la Création. La culture du résultat contamine jusqu’à la Justice et la Police, les déconnectant de l’Etat de Droit impartial et de la Réalité. Le libre Marché a pour contrepartie une réduction des libertés individuelles et de la vie démocratique, citoyenne. Un réveil citoyen, une résistance culturelle « Germinale » (cf final du roman de Zola), tous deux basés sur l’humanisme des Lumières et la citoyenneté courageuse, sont nécessaires. L’idéal Européen humaniste, aux racines judéo-chrétiennes, a été pris en otage, piraté, confisqué, transformé pour des vues impérialistes et atlantistes destinées à dominer le monde par l’Economie de Marché. Dès 1940, les Etats-Unis songeaient à une « Grande Zone » (cf Council of Foreigns Relations). George Orwell l’a décrite dans son roman 1984 (initialement appelé 1948). Laisserons-nous un Président français et des Institutions Européennes continuer à dévoyer, "vendre", cyniquement notre héritage européen ? Je terminerai en paraphrasant René Cassin (1887-1976), Prix Nobel de la Paix 1968 et principal rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « je tiens de ma patrie un cœur qui la déborde, et plus je suis Français, plus je me sens humain ».
Yann
Citoyen et humaniste au chômage longue durée
liens utiles
http://www.voltairenet.org/article159047.html
L’ivresse de la Force, Noam Chomsky, Fayard 2008, pages 194 et suivantes
On achève bien les cadres, l’envers du rêve américain, Barbara Ehrenreich, Grasset 2007, conclusion
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