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Accueil du site > Tribune Libre > Guerre en Ukraine et Crise des missiles à Cuba ? Trump qui a géré la crise (...)

Guerre en Ukraine et Crise des missiles à Cuba ? Trump qui a géré la crise nord-coréenne en 2018, un atout majeur dans la fin de la guerre

 La guerre en Ukraine, après trois années de guerre, et le conflit est dans sa quatrième année, et c’est l’impasse, malgré le soutien massif européen et américain depuis le début de la guerre, la situation reste toujours dans l’état. Très peu de changements malgré quelques prises de villages ukrainiens par la Russie, et une occupation d’un petit territoire en Russie, dans la région de Koursk, que la Russie annonce bientôt libérer.

En toute logique, Trump ne fait que suivre la marche de l’histoire, nonobstant le refus de Kiev et ses alliés européens qui veulent continuer la guerre craignant que la fin du conflit n’entérine définitivement l’appartenance à la Fédération de Russie de la Crimée et de Sébastopol et des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia, déjà annexées. Ce qui constituerait une défaite pour l’Europe mais les États-Unis, avec Trump, acceptent cette éventualité du fait que la Russie détient toutes les cartes alors que l’Ukraine n’en détient aucune.

La question se pose pourquoi Trump a changé complètement de politique, contrairement à ce qu’a suivi Biden dans sa politique avec l’Ukraine. En fait, Trump a compris que la Russie n’abandonnera en aucun cas les régions ukrainiennes annexées, non seulement parce qu’elles sont globalement habitées par des populations russophones, mais surtout la Russie ne veut en aucun cas avoir en l’Ukraine, un futur talon d’Achille qui « l’immunisera » et constituera une « menace » permanente à ses frontières.

En effet, ce qu’a vécu Donald Trump, lors de son premier mandat, avec la Corée du Nord, lui rappelle ce que peut être une nation hostile à ses frontières qui, procédant à des essais nucléaires et des tirs ICBM, devient aussitôt une menace puisqu’elle est immunisée par la possession d’armes nucléaires Une guerre avec cette nation hostile à ses frontières provoquerait des désastres irréparables ; ce qui obligerait à une coexistence basée plus que sur la dissuasion nucléaire ; par l’hostilité que voue la nation à la superpuissance, et c’est le cas avec la Corée du Nord, la situation se transformerait en véritable chantage pour la superpuissance américaine.

Et cette sécurité de l’asymétrie du faible contre le fort devient émotionnellement extrêmement puissante pour la superpuissance. Heureusement pour les États-Unis, la Corée du Nord est en Asie, très loin des États-Unis ; la distance entre la Corée du Nord et les États-Unis est de 9640 km ; le risque est beaucoup plus grand pour la Corée du Nord, en cas de guerre nucléaire avec les États-Unis, qui se trouverait « saturée » par des frappes nucléaires massives ; ces frappes massives viendraient raser toutes les villes nord-coréennes alors que la superpuissance américaine avec ses systèmes anti-missiles a plus de chance de parer aux attaques nucléaires nord-coréennes. Bien entendu, quelques missiles ICBM peuvent passer ; les systèmes anti-missiles américains n’offrent pas une garantie totale ; mais c’est là le risque de l’asymétrie du faible contre le fort. Il demeure néanmoins que le faible ne chercherait pas à se suicider sauf folie. Et c’est la raison pour laquelle Donald Trump a rencontré Kim Jong-un pour éviter l’irréparable, une guerre nucléaire.

En revanche, si la Corée du Nord était située à la frontière de la superpuissance américaine, la situation aurait changé totalement ; un danger potentiel aurait existé à ses frontières ; la situation serait intenable, insupportable pour les États-Unis.

Il faut se rappeler la crise des missiles à Cuba, en 1962, qui était sur le point de provoquer une guerre nucléaire entre les États-Unis et l’Union soviétique. Des missiles nucléaires soviétiques étaient entreposés secrètement à Cuba, et le renseignement américain, par voie aérienne, a détecté l’implantation des missiles soviétiques. Le président américain John F. Kennedy, après en avoir reçu la confirmation par ses services de renseignement, a informé le peuple américain de la présence de missiles soviétiques à Cuba.

Dans son discours, Kennedy s'est adressé à la nation américaine et au monde, exigeant de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) qu'elle retire les missiles qu'elle était en train d'installer sur l'île de Cuba, à proximité du territoire américain. C’était le branle-bas de combat qui précédait l’irréparable entre les États-Unis et l’Union soviétique. Pour les États-Unis, c’était réellement une « question existentielle » qui se posait pour l’Amérique.

Il est très important de se remémorer ce qui s’est passé, à l’époque, avec la crise des missiles, en 1962, à Cuba. Dans un contexte de guerre froide, le monde entier retenait son haleine ; une troisième guerre mondiale menaçait le monde. La lecture du discours du président américain John F. Kennedy donne une idée de ce qui s’est passé, des risques d’une guerre nucléaire entre les États-Unis et l’URSS, qui aurait été la plus grande catastrophe du monde ; une catastrophe apocalyptique depuis la disparition des dinosaures qui aurait été causée, selon les scientifiques, par la collision d'un astéroïde géant avec la péninsule du Yucatán, il y a 66 millions d'années. Nous en donnons ci-après les grands traits du discours du président Kennedy.

Discours. Date : 22 octobre 1962

« Bonsoir mes compatriotes,
Fidèle à sa promesse, le gouvernement a continué de surveiller de très près les préparatifs militaires soviétiques à Cuba. Au cours de la dernière semaine, nous avons eu des preuves incontestables de la construction de plusieurs bases de fusées dans cette île opprimée. Ces sites de lancement ne peuvent avoir qu'un but : la constitution d'un potentiel nucléaire dirigé contre l'hémisphère occidental. (...)

Les caractéristiques de ces nouvelles rampes de lancement pour missiles se rapportent à deux types d'installations distincts. Plusieurs de ces bases sont dotées de missiles balistiques de portée moyenne, capables de transporter une tête atomique à quelque deux mille kilomètres. Ce qui signifie que chacune de ces fusées peut atteindre Washington, le canal de Panama, cap Canaveral, Mexico ou tout autre ville située dans le sud-est des Etats-Unis, en Amérique centrale ou dans la région des Caraïbes. (...)

Cette transformation précipitée de Cuba en importante base stratégique, par suite de la présence de ces puissantes armes offensives à long rayon d'action et qui ont des effets de destruction massive, constitue une menace précise à la paix et à la sécurité de toutes les Amériques. Elles font délibérément fi, et d'une façon flagrante, du pacte de Rio de 1947, des traditions de cette nation et de cet hémisphère, de la résolution conjointe prise par le 87e congrès, de la charte des Nations unies et de mes propres mises en garde publiques aux Soviétiques les 4 et 13 septembre.

Cette action est également en contradiction avec les assurances réitérées données par les porte-paroles soviétiques, tant en public qu'en privé, selon lesquelles l'installation d'armements à Cuba ne revêtirait que le caractère défensif prévu à l'origine, et que l'Union soviétique n'a aucun besoin, ni aucun désir d'installer des missiles stratégiques sur le sol d'une autre nation.

L'ampleur de cette entreprise prouve clairement qu'elle a été mise au point depuis plusieurs mois. Cependant, le mois dernier encore, à peine avais-je fait la distinction entre l'installation éventuelle de missiles terre-terre et l'existence de missiles anti-aériens défensifs, le gouvernement soviétique avait déclaré publiquement le 11 septembre que « l'armement et l'équipement militaire expédiés à Cuba sont exclusivement destinés à des fins défensives », que « l'Union soviétique n'a aucun besoin de transférer ses armes, en vue de représailles contre un pays, dans un pays comme Cuba par exemple », et que « l'Union soviétique dispose de fusées tellement puissantes, capables de porter ses ogives nucléaires, qu'il est absolument inutile de rechercher des bases de lancement en dehors du territoire soviétique ». Cette déclaration était fausse.

Jeudi dernier encore, alors que je disposais de preuves irréfutables de l'accélération de ce dispositif offensif, le ministre soviétique des Affaires étrangères, M. Gromyko, me déclarait dans mon bureau qu'il avait reçu instruction d'affirmer une fois de plus comme, disait-il, son gouvernement l'avait déjà fait, que l'aide soviétique à Cuba « n'avait pour seul but que de contribuer aux moyens de défense de Cuba », que « l'entraînement par des spécialistes soviétiques des nationaux cubains dans le maniement d'armements défensifs ne revêtait aucun caractère offensif », et que « s'il en était autrement le gouvernement soviétique ne se serait jamais laissé entraîner à prêter une telle assistance ». Cette déclaration était également fausse.

Ni les Etats-Unis d'Amérique ni la communauté mondiale des nations ne peuvent tolérer une duperie délibérée et des menaces offensives de la part d'une quelconque puissance, petite ou grande. Nous ne vivons plus dans un monde où seule la mise à feu d'armes constitue une provocation suffisante envers la sécurité d'une nation et constitue un péril maximum. Les armes nucléaires sont tellement destructrices, et les engins balistiques sont tellement rapides, que tout accroissement substantiel dans les moyens de les utiliser, ou que tout changement subit de leur emplacement peut parfaitement être considéré comme une menace précise à la paix.

Durant plusieurs années, l'Union soviétique, de même que les États-Unis - conscients de ce fait - ont installé leurs armements nucléaires stratégiques avec grand soin, de façon à ne jamais mettre en danger le statu quo précaire qui garantissait que ces armements ne seraient pas utilisés autrement qu'en cas de provocation mettant notre vie en jeu. Nos propres missiles stratégiques n'ont jamais été transférés sur le sol d'aucune autre nation sous un voile de mystère et de tromperie, et notre histoire - contrairement à celle des Soviétiques depuis la Deuxième guerre mondiale - a bien prouvé que nous n'avons aucun désir de dominer ou de conquérir aucune autre nation ou d'imposer un système à son peuple. Il n'empêche que les citoyens américains se sont habitués à vivre quotidiennement sous la menace des missiles soviétiques installés sur le territoire de l'URSS ou bien embarqués à bord de sous-marins.

(...)

Notre détermination inébranlable doit donc être d'empêcher l'utilisation de ces missiles contre notre pays ou n'importe quel autre, et d'obtenir leur retrait de l'hémisphère occidental.

Notre politique a été marquée par la patience et la réserve. Nous avons fait en sorte de ne pas nous laisser distraire de nos objectifs principaux par de simples causes d'irritation ou des actions de fanatiques. Mais aujourd'hui il nous faut prendre de nouvelles initiatives - c'est ce que nous faisons et celles-ci ne constitueront peut-être qu'un début. Nous ne risquerons pas prématurément ou sans nécessité le coût d'une guerre nucléaire mondiale dans laquelle même les fruits de la victoire n'auraient dans notre bouche qu'un goût de cendre, mais nous ne nous déroberons pas devant ce risque, à quelque moment que nous ayons à y faire face. (...)

Premièrement : Pour empêcher la mise en place d'un dispositif offensif, une stricte « quarantaine » sera appliquée sur tout équipement militaire offensif à destination de Cuba. Tous les bateaux à destination de Cuba, quels que soient leur pavillon ou leur provenance seront interceptés et seront obligés de faire demi-tour s'ils transportent des armes offensives. Si besoin est, cette quarantaine sera appliquée également à d'autres types de marchandises et de navires. Pour le moment cependant, nous ne cherchons pas à priver la population cubaine des produits dont elle a besoin pour vivre, comme les Soviétiques tentèrent de le faire durant le blocus de Berlin en 1948.

Deuxièmement : J'ai donné des ordres pour que l'on établisse une surveillance étroite, permanente et plus étroite de Cuba et la mise en place d'un dispositif militaire. (...)

Troisièmement : Toute fusée nucléaire lancée à partir de Cuba, contre l'une quelconque des nations de l'hémisphère occidental, sera considérée comme l'équivalent d'une attaque soviétique contre les États-Unis, attaque qui entraînerait des représailles massives contre l'Union soviétique.

Quatrièmement : Comme précaution militaire impérieuse, j'ai renforcé notre base à Guantanomo (...).

Cinquièmement : Nous avons demandé ce soir la convocation immédiate de l'organisme de consultation des États américains, afin de prendre en considération cette menace à la sécurité du continent (...). Nos autres alliés de par le monde ont également été prévenus.

Sixièmement : Conformément à la Charte des Nations unies, nous demandons ce soir une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité afin de répondre à la plus récente menace soviétique à la paix du monde. La résolution que nous nous proposons de soumettre consiste à prévoir le démantèlement rapide et le retrait de toutes les armes offensives de Cuba, sous le contrôle d'observateurs de l'ONU, avant que l'embargo ne puisse être levé.

Septièmement et finalement : Je fais appel à M. Khrouchtchev afin qu'il mette fin à cette menace clandestine, irresponsable et provocatrice à la paix du monde et au maintien de relations stables entre nos deux nations. Je lui demande d'abandonner cette politique de domination mondiale et de participer à un effort historique en vue de mettre fin à une périlleuse course aux armements et de transformer l'histoire de l'homme. (...)

Le prix de la liberté est toujours élevé, mais l'Amérique a toujours payé ce prix. Et il est un seul chemin que nous ne suivrons jamais : celui de la capitulation et de la soumission. (...)

Notre but n'est pas la victoire de la force mais la défense du droit. Il n'est pas la paix aux dépens de la liberté, mais la paix et la liberté dans cet hémisphère et, nous l'espérons, dans le monde entier. Avec l'aide de Dieu, nous atteindrons ce but. »

Précisément, la crise des missiles à Cuba, en 1962, a beaucoup de ressemblance avec la guerre russo-ukrainienne. On comprend pourquoi la Russie exige que l’Ukraine n’intègre pas l’Otan. Le raisonnement de Moscou sur l’Ukraine est le suivant : « Si l’Ukraine intègre l’Otan, elle deviendrait en quelque sorte le Cuba des années 1960, ou la Corée du Nord pour la Russie. » Comment ?

Avec son hostilité pour la Russie, pour s’immuniser contre toute attaque de la Russie, elle poursuivrait certainement un « plan secret pour se doter d’armes nucléaires ». Aidée par les États-Unis et l’Europe, et comme elle dispose déjà de quatre centrales nucléaires électriques, l’Ukraine n’aurait pas de grands problèmes pour y arriver, comme d’ailleurs ce qu’a fait Israël, avec l’aide des États-Unis, qui s’est constitué un arsenal nucléaire secret.

L’Ukraine ira plus loin ; à la fin de la guerre, intégrée à l’Otan, elle procèdera aux essais nucléaires, en se dotant au préalable de plusieurs ogives nucléaires montées sur des missiles prêts à être utilisés ; ce qui l’immunisera de facto. 

La distance entre les deux grandes villes russes, Moscou, Saint-Pétersbourg, et le territoire ukrainienne est de l’ordre de 500 à 1000 km ; une distance beaucoup plus proche qu’entre la Corée du nord et les États-Unis qui est de l’ordre de 10 000 à 13 000 km. Le temps est extrêmement court, de quelque dizaine de minutes, ce qui rend l’interception par le système anti-missile russe pratiquement impossible.

On comprend pourquoi la Russie pose cette conditionnalité sur la non-intégration de l’Ukraine à l’Otan. Pour la Russie, il est donc hors de question qu’elle ait à ses frontières, en l’Ukraine, une « Cuba » ou une « Corée du Nord ». Et c’est ce qui s’est passé, en 1962, à Cuba lorsque le président John F. Kennedy, dans son discours, le 22 octobre 1962, a lancé un ultimatum à peine voilé aux Soviétiques. Il les a mis en demeure de retirer les fusées à tête nucléaire installées à Cuba, aux portes des États-Unis. Le monde tremblait dans la crainte d'une guerre nucléaire entre les deux superpuissances. Mais Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du PCUS, s’est incliné. Chacun a respiré ; la sagesse a prévalu.

Donc, force de dire que c’est un « problème existentiel » qui se joue pour la Russie, comme ce qui s’est passé en 1962 et en 2017-2018, avec la Corée du Nord. Et le président Vladimir Poutine a averti, plusieurs fois, les Occidentaux qu’une situation de danger existentiel pour la Russie l'obligerait à envisager le premier au recours aux armes nucléaire. Et c’est ce qui n’est pas compris par les pays d’Europe et par le président Joe Biden, durant son mandat, tous pensaient que le président russe « bluffait ».

Pour les pays d’Europe et le président Joe Biden, pratiquement tous les pays de l’ex-aire d’influence de l’Union soviétique ont rejoint l’Union européenne et l’Otan ; il était donc normal que l’Ukraine rejoigne à son tour l’Union européenne et l’Otan. La Russie ne devait pas faire obstruction. Et c’est là l’« erreur  » ; même si l’URSS a cessé d’exister, la Russie sait qu’elle reste une superpuissance nucléaire comme les États-Unis, et elle a droit de limiter l’extension de l’Otan à ses frontières surtout qu’elle touche à des régions ukrainiennes où vivent majoritairement des populations russophones.

Compte tenu de l’hostilité de l’Europe et des États-Unis en plus de la libération de ces populations et l’annexion de ces régions à la Russie, il est apparu clairement, depuis le début du conflit en 2014, que l’Occident voulait faire jouer un rôle bien plus grand à l’Ukraine, en le poussant contre la Russie. D’où cette méfiance de Moscou d’abord de la guerre et du temps de guerre qui n’a pas cessé de s’étendre ; l’Occident recherchait par l’usure une victoire pour l’Ukraine, ce qui aurait conforté l’Union européenne, les États-Unis et l’Otan. Sauf que c’est l’impasse ; et les menaces de recours aux armes nucléaires n’étaient pas du bluff, mais des menaces basées sur une réalité que vivait la Russie.

Et, heureusement, qu’à la veille de la quatrième année de guerre, un événement a surgi, c’est l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, ce qui a changé les donnes. Et même la Russie « attendait » ce qui allait sortir des élections présidentielles américaines de novembre 2024. Malgré les aides massives en armements par l’Europe et les États-Unis, et les attaques en profondeur sur le territoire russe, les menaces de recours à l’emploi d’armes nucléaires ont baissé ; l’Ukraine a continué ses attaques ; la Russie continuait dans son offensive à gagner des villages, le long du front.

Une question cependant sur Trump. Pourquoi il se trouve propulsé dans cette guerre, par son élection à la magistrature suprême, le 5 novembre 2024 ? La réponse se trouve précisément dans la réponse de la Russie, de ce qui adviendra si Donald Trump n’a pas été élu. Et que Joe Biden, Kamala Harris ou un autre démocrate aurait été élu. Que serait-il passé ?

La guerre en Ukraine va certainement continuer ; les armes occidentales continueront à affluer en Ukraine ; les forces armées ukrainiennes continueront leur combat, même avec des supplétifs étrangers ; l’Occident misera sur le temps et sur l’usure ; les frappes en profondeur sur le sol russe continueront ; les menaces de recours par la Russie aux armes nucléaires ne seront pas prises au sérieux pensant que la Russie n’osera pas contre l’Ukraine, un pays qui n’est pas doté d’armes nucléaires ; quant aux pays de l’Otan, ils sont protégés par l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord ; si un pays de l’Otan est attaqué, ce sont tous les pays de l’Otan qui sont attaqués.

Tout d’abord, pour comprendre la situation de guerre en Ukraine et ce qui risque de survenir, lisons ce que dit le « Traité de l’Atlantique Nord » sur l’article 5 qui est censé protéger les pays membres de l’Otan.

Article 5

Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.

Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales. »

Il y a effectivement une solidarité entre les pays membres dans les trois articles, mais il y a toujours cet impératif que les pays d’Otan doivent se consulter avant toute action « individuelle ou collective » pour toute attaque contre l’un des pays-membres de l’Otan. La réponse donc de l’Otan n’est pas automatique. Comme d’ailleurs on le relève dans un document de l’Otan concernant la « Défense collective - Article 5 ». (https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_110496.htm)

« Lors de la rédaction de l’article 5, à la fin des années 1940, un consensus se dégageait sur le principe d’assistance mutuelle, mais il y avait un désaccord fondamental sur les modalités de mise en œuvre. Les pays membres européens souhaitaient s’assurer que les États-Unis apporteraient automatiquement leur aide si l’un des signataires venait à être attaqué ; les États-Unis, quant à eux, ne souhaitaient pas prendre un tel engagement et l’article 5 a été formulé en conséquence.  »

Les États-Unis, superpuissance nucléaire en parité avec la superpuissance soviétique qui est devenue depuis, la Fédération de Russie, sont le « levier », la « base », la « clé » et donc, le « plus haut sommet décisionnel » de l’Otan. Ce sont les États-Unis qui sont en fait, via le Traité de l’Atlantique Nord, le parapluie nucléaire de l’Europe, y compris des deux puissances nucléaires, la France et le Royaume-Uni, qui ne peuvent se mesurer à la superpuissance nucléaire russe.

Par conséquent, en cas d’attaque contre un pays-membre de l’Otan, comme « stipulé  », dans l’article 5, il n’y a pas mention dans le traité de l’Otan de « réponse automatique », mais une consultation avec toutes les parties pour prêter assistance au membre ou au groupe de membres attaqués par une puissance adverse.

L’emploi de la force armée n’est décidée que si les membres sont unanimes pour le recours à la force. Et tout dépendra de la décision qu’auront prise les États-Unis. Et le gouvernement de la Russie sait très bien que les États-Unis ne prendront jamais une décision d’attaquer la Russie si la Russie décide de recourir aux armes nucléaires contre l’Ukraine ou un pays européen de l’Otan.

Et c’est là l’« erreur » des dirigeants européens, on peut même dire plus « leur aveuglement » sur les risques que fait peser la guerre en Ukraine sur l’Europe et surtout leur « politique imprudente » d’aider l’Ukraine contre la Russie. Il en va de même pour la précédente administration américaine sous Joe Biden, qui « croyait  » que le président russe ne fait que « bluffer » pour faire peur à l’Europe et aux États-Unis et les faire reculer.

Avant l’élection de Donald Trump, l’Occident tout entier ne prenait pas en compte l’avertissement de Poutine sur le « péril existentiel » qui pesait sur la Russie dans la guerre en Ukraine. Et pourtant, la crise des missiles à Cuba n’est pas si lointaine, elle concerne les armes nucléaires, le monde était à deux doigts d’une « Troisième guerre mondiale ».

Heureusement que la « sagesse humaine » était là entre les Deux Grands, elle a mis fin au conflit. Et, plus récemment, en 2018-2019, le président Donald Trump n’a pas hésité, il a rencontré à trois reprises le président nord-coréen Kim Jong-un. Ce sont des « décisions de sagesse ».

En effet, pourquoi, à Cuba, et en Corée du Nord, provoquer une guerre mondiale ? A cause de pose de missiles nucléaires dans un pays frontalier qui menaçait une superpuissance mondiale, ça a été le cas de Cuba avec les États-Unis, Ou procéder à une attaque nucléaire américaine contre la Corée du Nord et riposte nucléaire coréenne alors que la Russie et la Chine n’accepteront pas une attaque nucléaire américaine à leurs frontières qui, à la fin, pourrait se transformer en « Troisième Guerre mondiale ».

Donc, il est clair que si l’administration démocrate américaine était restée aux commandes à la Maison Blanche, pour un nouveau mandat 2025-2028, la guerre en Ukraine qui certainement aurait perduré et resté toujours dans l’impasse, il est plus que certain que Moscou « n’aurait pas bluffé plus » comme les États-Unis et l’Europe l’avaient pensé ; qu’une ou des frappes nucléaires russes aurait (aient)survenu ; et surtout dès que la première frappe nucléaire serait passée et très probablement en Ukraine ; bien sûr une stupeur va frapper les États-Unis et l’Europe ; des consultations de l’Otan vont s’opérer et rien de tangible n’aurait sorti. Pourquoi ? Parce que l’Otan aurait affaire à une guerre nucléaire ; c’est fini les armes conventionnelles.

Si la situation ne se serait pas réglée dans les jours ou les quelques semaines (moins d’un mois), et que les États-Unis et les pays d’Europe menaceraient de riposte nucléaire contre la Russie ; l’« émotion » de la première frappe nucléaire passée de l’esprit des dirigeants du Kremlin, rien n’exclurait qu’une deuxième frappe russe va s’imposer pour montrer la fermeté et que la Russie était prête à tout, même s’il le fallait aller à une « Troisième Guerre mondiale » compte tenu du « péril existentiel » qui la menaçait.

En effet, si l’Ukraine devenait, après la guerre, avec l’aide des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, une puissance nucléaire comme la Corée du Nord, son statut de superpuissance aurait beaucoup souffert ; une menace aurait plané en permanence à sa frontière avec l’Ukraine.

Comme on l’a dit plus haut, la distance entre les deux plus grandes villes russes, Moscou et Saint-Pétersbourg et le territoire ukrainien étant entre 500 à 1000 km, une Ukraine devenue une puissance nucléaire les mettrait en grave danger ; l’interception d’un missile nucléaire serait très difficile. Malgré son arsenal nucléaire, la Russie viendrait à vivre désormais dans la crainte d’une guerre nucléaire avec l’Ukraine ; ce qui constituerait une arme pour l’Occident.

Précisément, après la première frappe russe, une deuxième frappe pourrait suivre. Et cette fois, contre un pays de l’Otan. De nouveau la stupeur en Europe et aux États-Unis ; et aussi dans le monde ; le monde entier viendrait à trembler ; les « prémices d’une guerre mondiale ». Cette fois-ci, les pays membres européens pressent les États-Unis de donner l’ordre de riposte nucléaire contre la Russie comme est stipulé le traité de l’Otan « individuellement ou collectivement ».

Que Joe Biden ait donné son aval, il est cependant impossible, à cause d’une ou de frappe (s) nucléaire (s) en Europe, de transporter une guerre nucléaire sur le territoire américain. Ce qui signifie « frapper la Russie par des armes nucléaires c’est accepter la riposte nucléaire russe sur le territoire américain ». On, voit mal disparaître des villes entières Moscou, Washington, Saint-Pétersbourg, Paris, Londres, et autres mégapoles à cause de l’Ukraine.

Et même si Joe Biden était fou en donnant l’ordre de riposte nucléaire contre la Russie, le Pentagone ne suivrait pas ; il refuserait l’ordre d’exécution ; il est impossible pour « le Pentagone de pousser l’Amérique au suicide, et ce faisant à son propre suicide. »

Donc, au final, que serait-il passé en cas de guerre nucléaire contre l’Ukraine et un pays d’Otan ? Les États-Unis comme les deux puissances nucléaires, la France et le Royaume-Uni, seraient obligés d’appeler à la paix, à demander de toute urgence à la Russie de mettre fin à la guerre, et de commencer les négociations de paix avec l’Ukraine.

Il est certain que tout ce que la Russie aurait demandé lui serait accordé ; les quatre régions ukrainiennes annexées (Louhansk, Donetsk, Zaporijjia, Kherson et la Crimée), et l’interdiction à l’Ukraine de rejoindre l’Otan. Bien sûr, la Russie n’abuserait pas dans les négociations. Cependant, l’essentiel pour elle est que l’Occident apprendrait à la respecter en tant que superpuissance nucléaire mondiale.

Et, le plus grave, avec un tel désastre « de frappes nucléaires sur l’Europe » s’il serait survenu, il aurait bouleversé l’Europe mais aussi ouvrirait voie aux guerres nucléaires dans le monde. C’est ainsi que l’histoire de l’humanité a tranché et a jeté son dévolu sur Donald Trump qui est devenu président des États-Unis, le 20 janvier 2025.

Et a commencé la présidence Trump. Rappelons le dernier événement sur ce qui s’est dit, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, lors de l’altercation entre le président ukrainien Vladymyr Zelensky et le président Donald Trump : « Vous jouez aux cartes. Vous jouez aux cartes. Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Et ce que vous faites est très irrespectueux envers ce pays, ce pays qui vous a soutenu bien plus que ce que beaucoup de gens ont dit qu’il aurait dû faire. »

En effet, il n’y a pas que Zelensky qui joue aux cartes, mais pratiquement tous les dirigeants européens, à quelques exceptions près, qui jouent aux cartes, avec la vie de millions de personnes, avec la Troisième Guerre mondiale. Ils jouent avec la Troisième Guerre mondiale. »

Et les tractations en cours en Arabie saoudite et en Turquie sont positives ; la fin de la guerre en Ukraine est normalement en bonne voie ; ce sera une leçon magistrale à l’Europe qui commencera à être plus réaliste, plus pragmatique, et se réveiller de la folie des grandeurs.

Une Europe plus proche de leurs peuples ; et même son réarmement à 800 milliards de dollars, selon le plan de Bruxelles, ne lui apporteront que des problèmes difficiles à résoudre face aux deux superpuissances. Tout se joue avec les trois grandes puissances nucléaires du monde qui sont les États-Unis, la Russie et la Chine qui elle est en pleine expansion sur le plan nucléaire.

Enfin, sur un plan personnel, si Donald Trump dit qu’il a été « sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l'Amérique », force de lui répondre que ce n’est certainement pas par des guerres qu’il rendra la grandeur à l’Amérique. Cependant, tout laisse à penser qu’il règlera la guerre en Ukraine, et surtout il a vécu la crise avec la Corée du Nord, lors de son premier mandat ; une rhétorique de guerre qui s’est enclenchée avec la Corée du Nord qui aurait mené les États-Unis et le Corée du Nord à une guerre nucléaire.

On peut même dire qu’il est tout désigné par l’histoire, un « atout » pour mettre fin à cette guerre complexe en Ukraine, où les protagonistes ne sont pas seulement les Ukrainiens et les Russes mais tout l’Occident, et le reste du monde qui regarde ce qui en sortira de cette guerre. Et surtout ce qui est immense comme gain pour l’Europe, si Trump arrive, en menant bien les tractations, à mettre fin à la guerre en Ukraine, il aurait « sauvé » l’Europe d’une guerre nucléaire et, en même temps, aurait évité, aux États-Unis, une « escalade », qui se serait terminée « si la sagesse et la dissuasion n’était pas au rendez-vous », par une « guerre suicidaire », une « Troisième guerre mondiale », et ce par la folie de quelques hommes.

Espérons, et cette fois-ci, sur une autre guerre qui se déroule au Moyen-Orient, que Donald Trump fait ce qu’il a fait en Ukraine aussi à Gaza, et non en livrant « une cargaison de bombes lourdes (900 livres) récemment mise à disposition par le gouvernement américain qui a été reçue et déchargée pendant la nuit en Israël », selon La Tribune, du 16 février 2025. (https://www.latribune.fr).

Et là que Donald Trump dise qu’il a été « sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l'Amérique », ça ne marchera pas parce qu’il n’aurait fait qu’attiser des guerres entre peuples et entraîner la haine pour l’Amérique, ce qui ne ferait qu’accroître son déclin et non sa grandeur.
 

Medjdoub Hamed
Chercheur

 


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4 réactions à cet article    


  • Matlemat Matlemat 14 mars 12:12

    « Avec son hostilité pour la Russie, pour s’immuniser contre toute attaque de la Russie, elle poursuivrait certainement un « plan secret pour se doter d’armes nucléaires » »


    Ce serait difficile sans que les Russes ne le voient, les centrifugeuses qui enrichissent l’uranium sont extrêmement énergivores.


    C’est impensable qu’on donne de l’uranium enrichi à des fanatiques en pleine déroute militaire.

    « l’Ukraine n’aurait pas de grands problèmes pour y arriver, comme d’ailleurs ce qu’a fait Israël, avec l’aide des États-Unis »


    C’est inexact, c’est la France qui a aidé Israël en retour de l’aide israélienne à la France pour se doter de la bombe nucléaire.


    Les USA ont par contre laissés les Pakistanais se doter de l’arme nucléaire pour parer à toute descente soviétique sur l’océan indien.


    Trump a menacé la Corée du nord puis a rencontré Kim Jong Un, tout cela pour que rien ne change car ni les Coréens du nord ne veulent se séparer de l’arme nucléaire ni les USA ne veulent se retirer de Corée du sud. 


    • jjwaDal jjwaDal 14 mars 19:39

      Comme l’a dit Jeffrey Sachs à de multiples reprises, Kennedy n’était pas conscient au départ, probablement au moment où il prononce ce texte, que les USA avaient installé des missiles à tête nucléaire de type « Jupiter » en Turquie et Italie sous le nez de l’URSS. Les soviétiques ne faisaient que rendre aux américains la monnaie de leur pièce.

      Par ailleurs Cuba avait toutes les raisons de penser que les USA cherchaient à l’envahir et chasser le gouvernement en place et donc avait de légitimes besoins de défenses que seule l’URSS pouvait leur fournir.

      Pour l’histoire nous étions les bons et eux les méchants, mais en réalité...


      • Matlemat Matlemat 14 mars 22:07

        @jjwaDal
         Le fait que Kroutchev ait accepté de garder secret le fait que Kennedy ait cédé lui aussi et retiré ses missiles en Turquie reste pour moi un mystère.


      • jjwaDal jjwaDal 15 mars 12:27

        De mémoire (de propos tenus par J. Sachs) c’était une demande de Kennedy qui avait besoin de cette « victoire » symbolique. Probablement une concession mineure pour la direction russe qui n’avait pas vraiment à gérer son opinion publique et comme les deux opinions publiques ignoraient la présence des missiles « Jupiter », plus facile de faire passer ça pour un geste de non agression de la part de l’URSS qui acceptait de tenir compte des « craintes » américaines. Par ailleurs il me semble qu’en geste de bonne volonté réciproque, Kennedy a accepté d’ôter les missiles « Jupiter » en omettant ce détail auprès des américains.

        Il est bien possible que ce recul, ainsi que le discours ouvertement hostile aux armes nucléaires (« Nous devons les détruire avant qu’elles ne nous détruisent » ) aient conduit l’Etat profond, déjà, à commanditer son assassinat.

        C’est une autre histoire.

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Hamed


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