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Accueil du site > Tribune Libre > Immigration : la Mauritanie va-t-elle devenir plus noire que noir (...)

Immigration : la Mauritanie va-t-elle devenir plus noire que noir ?

En 2025, la Mauritanie a décroché le titre convoité de « meilleur élève de l’Europe en matière de contrôle migratoire », avec une mention spéciale pour l’art de transformer des paradoxes géopolitiques en slogans poignants. Car comment ne pas admirer un pays à majorité...de couleur noire qui redoute… de devenir trop noir ?

Un chef-d’œuvre d’ironie qui mériterait d’être exposé au Louvre des contradictions postcoloniales. L’Europe et la Mauritanie : un tango caritatif aux pas de silicone

Grâce aux 210 millions d’euros de l’UE, la Mauritanie a pu s’offrir un kit de survie pour garde-frontières débutants : drones, radars, et un manuel intitulé « Comment dire "non" avec élégance aux cousins maliens ». Le ministre de l’Intérieur, dans un élan de poésie bureaucratique, déclare : « Chaque pirogue interceptée est une victoire humanitaire. » Victoire si relative que les centres de rétention, décorés aux couleurs de l’UE, offrent désormais des visites guidées… sans issue de secours.

Pendant ce temps, l’Espagne signe des accords pour importer des saisonniers mauritaniens. « La migration circulaire, c’est comme le recyclage : ça donne bonne conscience sans encombrer les poubelles », glousse un diplomate européen. Preuve de succès : les Mauritaniens expulsés du Mali sont accueillis dans des camps si bien organisés qu’on y croirait des villages Potemkins.

Le « grand remplacement » saharien : quand l’auto-parodie devient art de vivre

En 2025, la Mauritanie a inventé une nouvelle discipline olympique : la course à la peur existentielle. « Ils arrivent avec leurs cultures différentes ! », s’émeut un député, oubliant que le thiéboudiène sénégalais et le thiéboudienne mauritanien partagent le même riz, le même poisson, de la même mer, péché par ceux-là même que l'on craint. La théorie du « grand remplacement » version Nouakchott ? Un spectacle où les acteurs principaux sont à la fois envahisseurs et envahis, comme dans une pièce de Beckett jouée sous 45°C.

La Stratégie Nationale de Gestion des Migrations 2025 apporte une touche surréaliste : « Intégrer sans assimiler, contrôler sans exclure. » Traduction : construire des murs en verre pour admirer le paysage tout en feignant de l’ignorer. Les 130 000 migrants subsahariens, quant à eux, semblent avoir manqué le mémo : ils persistent à pêcher, construire et soigner, comme s’ils faisaient partie du décor.

Centres de rétention : le Club Med de l’absurde

À Nouadhibou, le « Complexe Humanitaire d’Accueil Temporaire » (CHAT) a reçu le label « Étoile de l’UE » pour son concept novateur : des chambres partagées à 10, avec vue sur l’océan… et barreaux inclus. « Nous priorisons la dignité », assure un responsable, montrant fièrement les latrines neuves financées par la Belgique. Les ONG, ravies, distribuent des kits d’hygiène estampillés « Made in Europe » – une manière délicate de rappeler que la charité n’a pas de frontières, contrairement aux personnes.

Pendant ce temps, le Mali pleure ses ressortissants expulsés. « C’est un malentendu culturel », explique un sociologue. « Les Mauritaniens croient que "retour aux sources" signifie renvoyer les gens vers des puits asséchés. »

L’immigration légale : le miroir aux alouettes

Face à la « crise », l’UE propose une solution audacieuse : 5 000 visas « circulaires » pour Mauritaniens. « Comme les oiseaux migrateurs, mais avec un contrat à durée déterminée », s’enthousiasme un fonctionnaire espagnol. Peccadille : ces visas concernent moins de 0,5 % des demandeurs. « L’important est de montrer qu’une alternative existe », murmure-t-on à Bruxelles, entre deux rapports sur l’effondrement démographique européen.

En Mauritanie, le ministre du Travail lance un programme choc : « Emplois nationaux d’abord ! » – slogan aussi populaire que réaliste dans un pays où 80 % des jeunes diplômés rêvent de… partir en Europe. Un chef d’entreprise résume : « Les migrants font le travail que nos enfants refusent, comme cultiver la terre ou réparer les climatiseurs. C’est une division du travail… invisible. »

Droits humains : le grand jeu de l’autruche

La Convention de l’ONU sur les migrants ? « Un texte vivant, en constante évolution », assure un juriste mauritanien, omettant de préciser que cette « évolution » ressemble à une course de lenteur. Les enfants réfugiés, eux, ont découvert une vérité philosophique : « Le droit à l’éducation est un concept relatif, surtout quand ton école est un hangar. »

Pendant ce temps, l’UE finance des séminaires sur « l’approche genre dans les politiques migratoires ». Résultat ? Les femmes représentent désormais 50 % des expulsés. « L’égalité progresse », sourit une consultante européenne, devant un tableau Excel aussi vierge que le désert du Tanezrouft.

Noir sur noir, ou l’art de peindre avec des nuances de sable

Alors, la Mauritanie va-t-elle se « noircir » davantage ? Statistiquement improbable. Symboliquement, c’est déjà fait : le pays s’est enlisé dans un rôle de gardien zélé d’un ordre mondial aussi absurde qu’un mirage.

Mais l’espoir réside dans les interstices : ces marchés où un Peul mauritanien négocie avec un Soninké malien, ces chantiers où un Sénégalais apprend l’arabe dialectal à un patron hassanya. Scènes banales d’une coexistence que les discours alarmistes ne parviennent pas à entamer. Noir c’est noir ? Pas tout à fait.

Dans ce théâtre saharien où l’Europe joue les metteurs en scène maladroits, la Mauritanie improvise une comédie humaine. Avec un peu de chance, le public finira par applaudir… la réalité plutôt que les fantasmes.

« L’immigration, c’est comme le thé à la menthe : trop amer sans sucre, trop sucré sans amertume. À nous de trouver la bonne dose », philosophe un vieux pêcheur de Nouakchott. Une sagesse qui, hélas, ne figure dans aucun manuel européen.

Alors, la Mauritanie deviendra-t-elle « plus noire que noir » ? À force de se plier aux exigences européennes, le risque est grand de voir le pays s’enliser dans un rôle de geôlier malgré lui. Entre les subventions qui corrompent et les droits humains qui rétrécissent, la voie est étroite.

Peut-être faudrait-il rappeler à l’UE que la Mauritanie n’est pas une île déserte où cacher les indésirables de l’Europe. Et aux autorités mauritaniennes que les migrants, aussi « irréguliers » soient-ils, ne sont pas des fantômes. Ils construisent des maisons, pêchent des poissons, font vivre des marchés. Les criminaliser, c’est se priver d’une richesse… et s’enfoncer dans un noir de plus en plus profond.

À moins que la Mauritanie ne choisisse enfin la lumière : s’orienter vers ses voisins (Mali notamment) pour ensemble, trouver des solutions dignes à leurs ressortissants, régulariser, intégrer, et montrer à l’Europe que la dignité n’a pas de frontières. Et qu’au-delà de la couleur de peau, fixation de l’idiocratie, le sang est rouge pour tous.

« Le blanc est une couleur de circonstance, le noir la couleur de tous les jours », écrivit Bernard Dadié. Alors faisons que nos jours soient plus beaux que nos nuits ; car « même les nuits les plus noires finissent par l’aurore ». (Proverbe Peul)

 Pr ELY Mustapha


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11 réactions à cet article    


  • La Bête du Gévaudan 26 février 19:40

    Soyez heureux, mais évitez de donner des leçons aux autres... vous recevez actuellement des migrants qui semblent partager la même culture, la même religion voire la même ethnicité que vous... mais ça ne sera plus forcément le cas dans l’avenir...

    Nous aussi ça s’est relativement bien passé quand nous avons accueilli des Italiens, des Portugais, des Polonais, des Espagnols, de la même religion, presque de la même ethnie, et de la même civilisation que nous. 

    Nier les différences c’est rouler à l’abime... les grandes leçons de morale déconnectées des réalités sont un manque de respect vis-à-vis des gens...

    quand vous aurez reçu 100 millions de migrants qui feront la loi chez vous, avec une autre culture, d’autres moeurs, une autre religion et d’autres lois, vous réviserez peut-être vos jugements faciles... 

    Au lieu de faire des grandes leçons de morale, les humanistes devraient plutôt mettre en garde contre les migrations et le choc ces peuples et des cultures... jeter les gens les uns contre les autres n’est pas humaniste... c’est du cynisme... 

    L’humanité est diverse... le nier n’est pas la bonne voie... faire croire que toutes les cultures sont compatibles est hypocrite... au lieu de nous disputer sur cela, nous devrions nous entendre pour aménager les choses de manière bien plus réaliste. 

    Le théâtre cosmopolite risque de finir en enfer guerrier... les humanistes devraient s’occuper de ce problème au lieu de le nier. Une bonne frontière vaut mieux qu’une mauvaise guerre.


    • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 26 février 20:04

      @La Bête du Gévaudan
      Merci de lire mon article jusqu’au bout, vous saurez que votre assertion est bien malheureuse (’« Soyez heureux, mais évitez de donner des leçons aux autres.. »).

      Voici ce que vous n’avez pas (ou que ne vouliez pas) lire :
      "À moins que la Mauritanie ne choisisse enfin la lumière : s’orienter vers ses voisins (Mali notamment) pour ensemble, trouver des solutions dignes à leurs ressortissants, régulariser, intégrer, et montrer à l’Europe que la dignité n’a pas de frontières.

      "


    • ETTORE ETTORE 27 février 12:45

      C’est quand même étonnant quand des « blancs  » arrivent en masse, dans un pays de « noirs » on parle de « colonialisme » !

      Quand des «  noirs » arrivent en Europe, il s’agit de « chances migratoires  » pour les pays qui les accueillent.

      De plus, il semblerait qu’Il soit parfaitement admis, que ces couleurs ébènes, traitent chez eux, ces monocouleurs frères, avec moins de condescendance, que ce qu’il disent, de notre façon de faire chez nous.

      Mais il semblerait que réclamer, plus de « communautarisme civilisationnel » ici, go home, entre« blancos » soit traité comme une forme de racisme ostentatoire .

      Je reste subjugué, par comment, la notion de couleur, semble faire caméléon, et s’adapter au langage d’une doxa si pluraliste, qui a l’air opérant, à certains endroits du globe, et pas à d’autres.

      Faut croire que les frontières laissent passer les corps, mais freine l’idéologie.

      On vous colle des étiquettes, bien à propos, dont on ne sait qui les impriment, mais on sait qui les portent, et pour quel besoins !


      • microf 27 février 15:50

        @ETTORE

        Vous ne savez pas faire la différence entre l´arrivée des des Blancs et des noirs dans un espace ?

        Il ya une très grande différence entre l´arrivée des Blancs dans un espace et
        l´arrivée des noirs dans un espace.

        Les Blancs sont arrivée en Afrique la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire, vous la connaissez.

        Les Blancs sont arrivés dans les Amériques, la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire.

        Les Blancs sont arrivés en Australie, la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire.

        Les Blancs sont arrivés en Tasmanie la suite vous la connaissez je ne vais pas vous la décrire.

        Les Blancs sont arrivés au Proche et Moyen Orient, la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire.

        Les Blancs sont arrivés en Asie, la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire.

        Les Blancs sont arrivés dans le monde, la suite vous la connaissez, je ne vais pas vous la décrire.

        Si vous ne connaissez pas la suite de l´arrivée des Blancs dans ces continents ou espaces allez tout simplement á Google et tapez pour chacun de ces espaces,
        l´arrivée des Blancs, vous serez très content des résultats.


      • ETTORE ETTORE 27 février 20:53

         D’accord avec vous sur tous ces points...
        Mais si vous constatez que la négativité de pareille importation, est tellement flagrante en extinction des autochtones...
        Pourquoi répéter les mêmes comportements en nous rendant la pareille ?
        Que le « zoreille » ait fait des conneries, aux quatre coins de la boule bleue, personne ne le conteste.
        Mais alors, est ce un prêté pour un rendu ?
        Une vengeance reportée, le temps que les portes s’ouvrent ?
        Une parfaite ignorance des calamités produites, qu’il faudra reprendre, encore et encore, mais en sens inverse de la marée précédente ?
        Y as t’il une leçon qui ne veut pas être appliquée, ou, ignorée....
        Ce qui à été fait, doit donc s’épuiser par la même calamité provoquée ?
        Comment vous voyez cela Microf ?
        Ce qui a été enduré par certains, doit forcément devenir expiatoire, pour les générations futures.....
        En dehors de cela, je me pose des questions sur le comportement vacancier de certains, qui trouvent agréable l’exotisme, sans le supporter chez eux.....
        Où est la limite, si ce n’est pas un compte à régler ?
        Une attirance amoureuse de ce pays, où, une fois qu’on y est accueilli, on y EXIGE, les conditions de vie, qui jamais ne seraient attribués dans le pays de départ ?
        Une forme d’égalité, qui n’aurait pas été attribuée à l’époque de nos envahissement, et qui est devenu une nécessité historique, en expiation des péchés commis ?
        Comment vous voyez cela Microf ?


      • Seth 27 février 12:49

        Rappelons à l’auteur que le terme « noir » est interdit. on parle suivant le cas de « très très foncé » ou de « racisé ».


        • ETTORE ETTORE 27 février 12:54

          @Seth
          Seth... Quand même...N’oublions pas cette merveilleuse publicité qui disait...
          « Le noir, l’autre COULEUR du Portugal »
          .......
          *Puis c’est chiant, j’arrive pas à écrire avec une autre couleur moins racisée...


        • Seth 27 février 13:26

          @ETTORE

          il faudrait changer la couleur des caractères : que diriez vous de canard, ou taupe, ou encore puce... Le corbeau étant bien sûr interdit.  smiley


        • ETTORE ETTORE 27 février 23:18

          @Seth
          Peut être à l’encre « sympathique » ?


        • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 28 février 08:19

          @Seth
          « L’auteur » ici, comme vous dites a bien un nom et ne cogite pas sous X.
          Si vous tenez tellement à la lexicologie, vous auriez dû voir que le terme « noir » au sens où vous aimeriez qu’on l’entende (« très très foncé », « racisé » etc. ) n’existe nulle part dans mon article.
           « Noir » est utilisé dans mon article comme un adjectif substantivé (servant de point de comparaison dans la structure comparative, sa fonction est complément de comparaison et ne vise pas un sujet nominatif ) et non comme un substantif, c’est-à-dire un adjectif nominalisé (exemple X est noir) qui désignerait alors une personne en se référant à sa couleur de peau ou à son origine ethnique (nulle par dans mon article, ce procédé n’est utilisé).

          Toutefois, au-delà de votre sombritude, l’auteur que vous n’osez citer, revendique d’être noir d« une Afrique noire (pas Afrique »très très foncée smiley ) comme vous aimeriez le dire, fière de la couleur de sa peau. Que « noir » représenterait, pour vous un terme « péjoratif » (comme le fameux « N word »), il constitue pour moi, la référence à des civilisations et des cultures millénaires. Et qu’il est tellement simpliste de le remaner à une simple couleur, puisqu’en définitive les couleurs ne sont que des longueurs d’onde.Certes vous ne parliez pas de moi...mais


        • Seth 28 février 13:35

          @Pr ELY Mustapha

          Merci pour cette réponse mais c’était à prendre au second degré.  smiley

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