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Accueil du site > Tribune Libre > Immobilier, Pouvoir d’Achat et Civilisation

Immobilier, Pouvoir d’Achat et Civilisation

Permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement, voilà le souhait, Monsieur le président, que vous avez exprimé lors de la campagne présidentielle. Analysons donc quelques mois plus tard, la conjoncture foncière de l’époque et les mesures adoptées pour nous inciter à devenir propriétaire de notre maison ou appartement.

Toute personne qui cherche ou souhaite acquérir un bien immobilier n’est pas sans savoir que depuis quelques années les prix ont flambé. Pour mieux quantifier cette augmentation, je vous propose d’utiliser le Tunnel de Jaques Friggit (Conseil général des Ponts et Chaussées) comme indicateur (sources en fin d’article).

Pour mieux vous aider à comprendre ce graphique, lorsque l’indice de Friggit est le même pour deux années A et B, cela signifie que pour acheter le même logement, il fallait le même nombre d’années de revenus par ménage l’année A et l’année B.

Pour les plus matheux, on peut déduire les équations suivantes :

IA = k x (PA / RA), IB = k x (PB / RB) et donc PA = PB x (IA x RA) / (IB x RB)

IA , IB  : Indice de Friggit pour les années A et B

PA , PB  : Prix des logements pour les années A et B

RA , RB  : Revenus disponibles par ménage pour les années A et B

Si le graphique montre clairement l’inflation des prix des loyers, rien n’est mieux qu’un petit exemple, pour mieux appréhender le problème, et éviter les phrases du type : seul les plus riches peuvent encore acheter leur logement.

A titre d’exemple, je vous propose un couple avec deux enfants dont les revenus nets imposables correspondent à 3 fois le Smic (valeur du Smic brut pour simplifier), et qui souhaite acheter une maison de 100-120 m² sur un terrain de 600-800 m² en province. Le prix d’une telle maison en 2007 était d’environ 250 000 €, valeur que nous retiendrons pour notre calcul, bien que d’une région à une autre ce prix puisse varier. De plus, comme 70 % des couples avec 2 enfants gagnaient moins de 3 787 € en 2004, vous conviendrez que le souhait du couple pris en exemple ne semble pas démesuré à leur catégorie, sachant de plus qu’énormément de maison en vente actuellement ont un prix nettement supérieur à celui que nous avons retenu.

Grâce aux valeurs de l’indice de Friggit et à la formule mathématique écrite plus haut, nous pouvons estimer le prix du même bien immobilier pour les années précédentes et établir le tableau suivant.

Par le calcul du taux d’endettement lié au crédit, on démontre clairement que depuis 2004, un couple avec deux enfants et presque 4 000 € net de revenu mensuel, ne peut plus acheter une telle maison sans posséder un apport conséquent (en plus de l’apport pour les frais de notaire), car aucun organisme de crédit digne de ce nom n’accorde de crédit immobilier si le taux dépasse un tiers des revenus. Pour acheter une telle maison de manière sereine, il faut désormais plus de 5 000 € de revenu mensuel net à notre couple, car il y a toujours un petit crédit voiture ou électroménager en cours.

Que ceux qui me répondront : « ils n’ont qu’à faire un crédit sur 25 ou 30 ans » calculent la mensualité correspondante et surtout le coût total du crédit, et ils réaliseront quel mauvais conseil ils donnent là.

Nous aurions pu faire le même tableau pour un couple plus modeste (2 Smic) souhaitant acheter un appartement, cela nous aurait conduit à la même conclusion : depuis trois ans, il n’est plus conseillé d’acheter un bien immobilier aux tarifs en vigueur.

Alors pourquoi Monsieur le président, malgré cette conjoncture, avez-vous exprimé le souhait louable de nous voir propriétaire de nos logements, tout en nous y incitant avec votre loi permettant une déduction d’impôt ?

Comptabilisons donc cette déduction d’impôts pour notre couple achetant leur maison à 250 000 €. Une fois lissée, la déduction équivaut à 170 € par mois pendant cinq ans, ce qui réduit de 39 % à 35 % le taux d’endettement, qui reste malheureusement très au-dessus des 27-29 % des années précédentes.

Alors pourquoi une telle volonté dans un marché aux prix prohibitifs, surtout lorsqu’on se veut le président du pouvoir d’achat ?

Les plus conspirationnistes d’entre nous diront que c’est pour mieux nous manipuler, car lorsqu’on est criblé de dettes, on essaye de s’en sortir pour ne pas tout perdre sans chercher à comprendre le reste.

Vos adversaires politiques répondront bien évidemment que vous faites le jeu de vos amis du bâtiment et que vous faites des cadeaux fiscaux aux plus riches.

Les plus terre-à-terre ont compris que ce souhait énoncé lors de votre campagne présidentielle était avant tout un argument démagogique permettant de récupérer des voix. Comment cela pourrait-il être autrement ? En effet, qui pourrait imaginer que vos conseillers économiques ne vous aient pas informé de cette bulle immobilière qui n’attend que d’exploser ?

Et effectivement, alors que la déduction d’impôts promise pourrait laisser croire à une croissance de la demande immobilière et par conséquent à la croissance des prix, on assiste à un tassement du marché ; tassement bien logique vu les prix de vente actuels. Et comme vous souhaitez également « inciter la construction de logements pour faire baisser les prix », nous nous dirigeons bien vers une explosion de la bulle.

Que ceux qui croient que le marché de l’immobilier est un marché qui ne baisse jamais analysent la bulle immobilière en région parisienne au début des années 90, dans le Tunnel de Friggit, ils comprendront que cette bulle financière n’aura profité qu’aux spéculateurs, tout comme la bulle actuelle. En effet, nombreux sont les spéculateurs qui ayant converti une grande partie de leur portefeuille d’action en valeur immobilière à partir de 2001, année de récession du marché boursier, sentent qu’il est désormais temps de vendre avant l’effondrement du marché. Et qui risque de trinquer ? Les personnes qui auront emprunté pour l’achat de leur habitation durant ces trois dernières années et qui, suite à des difficultés financières, une séparation ou même une hausse de leur taux variable, se verront contraints de revendre leur logement moins cher qu’ils ne l’ont payé.

Je vois déjà certains d’entre vous en train de s’agiter, en justifiant simplement par la loi de l’offre et de la demande, la situation dans laquelle le marché foncier se trouve. Effectivement, on ne peut pas empêcher quelqu’un de vendre la maison qu’il a construite ou achetée, au plus offrant. Cependant, on oublie souvent qu’une maison est avant tout construite sur une parcelle de terrain, parcelle qui avant d’être constructible est bien souvent agricole ou parfois communale, et qui voit son prix au m² s’envoler dès qu’elle devient constructible. Je ne m’attarderai pas sur les rivalités et les débats houleux que cela génère dans chaque commune, mais souhaite bien mettre en avant que c’est l’évolution spéculative du marché foncier de l’ancien qui fait s’envoler comme par magie le prix du m² de terrain constructible.

Alors, Monsieur le président, vous qui êtes attaché à une politique de civilisation, qui souhaitez tant une loi sur le droit au logement opposable, ne pensez-vous pas qu’il est temps de changer notre façon de gérer le prix de notre Terre ? Les Indiens d’Amérique considèrent que la Terre n’appartient à personne et ne doit pas être monnayée. Sans être aussi extrémistes qu’eux, ne pensez-vous pas qu’il sera temps, dès que l’indice de Friggit sera revenu dans son tunnel, de mettre en place une loi qui permettra d’indicer le prix du terrain constructible sur le cours de la vie et de taxer ce prix lorsque la transaction ne sera pas pour le logement principal du propriétaire ?

Certes, il y aura beaucoup de paramètres à définir, mais il me semble qu’un tel projet de loi vous permettrait d’être digne de dire que vous vous inscrivez dans une politique de civilisation et ce serait le premier pas pour nous sortir d’une gestion médiévale de la propriété foncière.

Sources :

Tunnel de Friggit

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bulle_immobili%C3%A8re

http://www.foncier.org/statistiques/accueil_statistiques.htm

Observatoire des inégalités

http://www.inegalites.fr/article.php3?id_article=1

Prix du Smic

http://www.insee.fr/fr/indicateur/smic.htm

Taux des crédits immobiliers (mois de juin retenu pour le tableau)

http://www.empruntis.com/financement/lettre.php

Calcul de la déduction d’impôt

http://www.meilleurtaux.com/calculatrice/deduction-impot.php

Evolution de la loi sur la déduction d’intérêts

http://www.quinquennat.fr/deduction_interets_emprunt.html

Projet de loi de finances pour 2008

http://portail-patrimoine.com/Finances/loi-finances-2008_164p.html


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31 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 21 janvier 2008 12:35

    Le bulle immobilière est une conséquence de la création monétaire US et de la mondialisation. Je me permets humblement de citer à ce propos cette contribution :

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=34406

    La bulle monétaire étant en train de crever, l’immobilier devrait suivre en commençant par Angleterre, Irlande et Espagne. C’est assez indépendant de la politique menée par le gouvernement français.

    On ne peut en revanche que constater que toutes les mesures prises depuis juin 2007 vont à contresens de l’histoire. Le "paquet fiscal" restera comme le truc le plus à côté de la plaque jamais imaginé en macro-économie. Sarkozy l’avait promis avant les élections et il a tenu ses promesses. Alors, messieurs les électeurs de l’UMP, j’espère que vous allez enfin nous expliquer pourquoi vous avez voulu cela.


    • Fred 21 janvier 2008 17:23

      "Alors, messieurs les électeurs de l’UMP, j’espère que vous allez enfin nous expliquer pourquoi vous avez voulu cela."

       

      Peut être simplement parce que les propositions en face étaient pire. A ces élections, on avait le choix entre la peste et le cholérat, chacun a choisi sa maladie.


    • Forest Ent Forest Ent 21 janvier 2008 18:24

      C’est une bonne réponse. smiley

      C’était quoi, pour vous, l’équivalent du "paquet fiscal" au PS ?


    • Rage Rage 21 janvier 2008 22:51

      Excellent article, sans doute l’un des meilleurs au sujet de l’immobilier.

      En effet, la "fameuse" courbe d’accroissement exponentiel du coût de l’immobilier face aux salaires est caractéristique d’une survalorisation de la rente face au travail.

      Ce qui est perdu pour les uns est gagné par les autres.

      L’accroissement du coût de l’immobilier, particulièrement là où tous les facteurs se concentrent (à Paris), n’a pas fait qu’écarter les plus modestes de l’aquisition immobilière : il a également largement alimenté les caisses de ceux qui détiennent un patrimoine, non seulement par les loyers, mais aussi par les valorisation des biens.

      Ce qui est le plus dément en immobilier est la capacité de valoriser un bien ancien de plus en plus cher au fil du temps : comme si les murs se bonifiaient avec le temps.

      A Paris, la rareté du logement couplée à la spéculation étroite de certains acteurs qui ont tout intérêt à maintenir cet état de fait ainsi qu’aux dispositions contre-productive type Loi De Robien et autres, ont occasionné une flambée irréaliste des prix. Cette même flambée existe en Europe, à Londres, à Dublin, à Barcelone. Elle existe aussi à Moscou ou à Sydney.

      Pourquoi ?

      Tout simplement parce que l’immobilier est une excellente source de rendement/placement : les riches ont donc tout intérêt à valoriser leur richesse dans de l’immobilier en faisant fructifier leur capital dans le temps : c’est moins exposé que la bourse (on le voit encore aujourd’hui) et au pire cela profite physiquement.

      De plus l’immobilier bénéficie de tous les effets favorables en phase d’accroissement, comme le mimétisme et la recherche de la vente "au plus cher" des vendeurs. Ce ne sont pas les acheteurs qui font le marché, mais les vendeurs.

      Un acheteur subit le prix et fait avec ses moyens. Le vendeur, s’il peut attendre, a tout intérêt à tirer le meilleur prix de son bien, surtout s’il a lui même investi depuis l’aquisition.

      Bilan des courses : l’immobilier affaibli les plus modestes, renforce les plus aisés. La réalité actuelle étant de faire de cet état de fait un grand écart exponenitel, larguant définitivement les revenus du travail à des années lumières des rendements immobiliers.

      Le vrai problème étant donc la capacité de l’Etat à réguler les prix immobilier et à permettre l’accroissement des revenus du travail à des ryhtmes plus importants.


    • Fred 21 janvier 2008 23:29

      "C’est une bonne réponse.

      C’était quoi, pour vous, l’équivalent du "paquet fiscal" au PS ?"

       

      disons deja que j’ai vote Bayrou, ensuite pour moi le "paquet fiscal" a ete fairecroire que tout le monde pourrait revenir a des cotisations de 37.5 ans, ensuite la creation potentielle d’encore plus de postes de fonctionnaires comme pour ramener les femmes de la fonction publique chez elle le soir ou creer des postes de creche pour tous les enfants par exemple, a l’heure ou tous les pays reduisent leur effectif de fonctionnaires les socialistes semblent vouloir encore augmenter la notre.


    • Frederic Stephan 22 janvier 2008 17:46

      Quel que soit notre chois politique, on est embarqué pour 5 ans avec le gouvernement actuel.

      Cependant, le logement fait parti avec la nourriture et les vétements, des trois besoins fondamentaux de tous les humains. Comme je l’ai évoqué dans mon précédent article : à nous de définir la société que nous souhaitons pour demain et à communiquer ce souhait à nos gouvernants actuels et aux prochains candidats.

      A vos plumes !


    • Forest Ent Forest Ent 22 janvier 2008 21:27

      @ hihihi

      "Quand on plante une graine , il faut un certain temps pour que ca germe"

      Dois-je en déduire que vous pensez que le "paquet fiscal" finira par produire le "choc de confiance" annoncé ?

      @ fred

      "a l’heure ou tous les pays reduisent leur effectif de fonctionnaires les socialistes semblent vouloir encore augmenter la notre."

      Bon argument, mais pas bonne stat. L’histoire montre que la droite a plus augmenté la dépense publique que la gauche.

      Je ne fais pas partie de ceux qui voient en Bayrou un homme nouveau de la politique. C’est pour moi un ancien de droite, qui n’a commencé à se rebiffer qu’en 2002, quand l’UMP a voulu lui piquer son parti.


    • Frederic Stephan 21 janvier 2008 14:16

      En effet, comme vous le signalez énergiquement, la situation est encore plus difficile à Paris qu’en province.

      Espérons pour le cas de Paris et sa banlieue, que la mise en vente d’une partie du patrimoine immobilier de l’Etat permette d’accélérer le retour à la normale du marché foncier.


    • Internaute Internaute 21 janvier 2008 14:36

      La bulle immobilière serait selon certains une conséquence de la création monétaire US et de la mondialisation.

      Ce serait vrai si les grands investisseurs en immobilier en France étaient des américains. C’est vrai pour quelques immeubles de centre ville revendus en appartement aprés en avoir chassé les locataires mais cela reste malgré tout marginal. La bulle immobilière US existe en Angleterre, Italie et Espagne qui pratiquent aussi des crédits à tiroir permettant un endettement démesuré. Tel n’est pas le cas en France.

      Notre sur-enchère, car il n’y a pas de crise de l’immobilier en France, vient d’un déséquilibre profond entre l’offre et la demande. Il est partiellement dû à des taux d’intérêts particulièrement bas qui poussent beaucoup de personnes à vouloir acheter.

      Il est principalement dû à une immigration forcenée depuis des années. On ne peut pas faire entrer dans notre pays 300 à 500.000 personnes chaque année et s’imaginer que les logements vont rester bon marché. On me rétorquera que ces personnes ne sont pas sur le même créneau, un HLM en banlieue ne valant pas un pavillon en province mais au niveau global du marché, le déséquilibre remonte toute l’échelle. Les français chassés des HLM par les députés se rabattent comme ils peuvent sur d’autres logements libres et ainsi de suite créant à chaque niveau une pression à la hausse. La hausse des logements à l’achat pousse de plus en plus de gens à rechercher une location. Du coup les prix des locations montent aussi. En fait tout se tient et le dégonflement ne viendra que d’une politique de retour efficace.


      • Frederic Stephan 21 janvier 2008 15:31

        Attention de ne pas confondre bulle et crise.

        Le terme de bulle immobilière est principalement emprunté au terme de bulle financière sur le marché boursier. On parle de bulle immobilière lorsque la valeur des biens immobiliers augmente sans commune mesure avec les indicateurs économiques classiques et atteint ainsi des prix spéculatifs.

        Les Etats-Unis connaissent actuellement une crise de l’immobilier qui fait suite à leur propre bulle immobilière. Si on parle de crise aux Etats-Unis c’est que de nombreux acquéreurs doivent actuellement revendre leur logement suite à la très forte hausse de leur taux d’intérêts. Ils sont tellement nombreux que les prix chutes (offre >> demande). Pour les personnes qui n’ont pas acheté, cette crise est une aubaine mais pour l’économie du pays, ça ne l’est pas car l’endettement des ménages augmentent très fortement.

        Heureusement, la baisse des prix qui s’annonce en France, ne sera pas aussi dévastatrice qu’aux Etats-Unis, mais il y aura car même des familles très mal conseillées de prendre un taux variable (vu les niveaux des taux ces dernières années) qui vont se retrouver dans des situations trés délicates.

        Si la démographie peut, dans certains cas (Paris, grandes villes), expliquer pour partie la hausse des prix. Cet argument ne tient pas la route pour tous les villages de Province, où la place ne manque pas pour construire et où la démographie est sensiblement la même depuis 10 ans. Dans ces villages, le prix du m² constructible a augmenté de 300% en 5 ans, alors qu’il y a encore des centaines d’hectares disponibles autour de ceux-ci. Nous sommes bien dans un phénomène de spéculation entretenu par les acteurs économiques de l’immobilier.


      • Forest Ent Forest Ent 21 janvier 2008 18:59

        @ internaute

        "La bulle immobilière serait selon certains une conséquence de la création monétaire US... Ce serait vrai si les grands investisseurs en immobilier en France étaient des américains. ... Notre sur-enchère ... est partiellement dû à des taux d’intérêts particulièrement bas qui poussent beaucoup de personnes à vouloir acheter."

        D’où pensez-vous que viennent ces taux si bas ? Il n’y a pas besoin que les banques US achètent directement des immeubles. Il suffit que AXA puisse facilement trouver du crédit pour le faire. Or la part de logements détenus en France par des institutionnels est importante.


      • Frederic Stephan 21 janvier 2008 20:29

        Pour mieux comprendre le niveau des taux actuels, je vous conseille cette page

        http://www.empruntis.com/financement/actualites/index.php?id_actu=1061

         


      • Nemo 21 janvier 2008 16:07

        Je ne connais pas la situation de l’immobilier en Province. En revanche, il est certain que les prix parisiens me semblent hors de raison. C’est pourquoi j’ai choisi de continuer à louer plutôt que de chercher à acheter.

        Pensez-vous vraiment qu’il peut y avoir un véritable retournement des prix à Paris (intra-muros) ?

         


        • Frederic Stephan 21 janvier 2008 17:44

          Effectivement les prix parisiens sont hors de raison et on ne peut que déconseiller l’achat aux prix actuels.

          Il est normal que l’absence de nouveau terrain constructible fasse penser que les prix du marché immobilier parisien ne vont pas baisser. Cependant les prix ont bien baissé sur Paris après 1991. Ci-joint un lien intéressant détaillant la bulle parisienne des années 90 (http://pagesperso-orange.fr/joseph.comby/bulle_paris.html). Dommage que la conclusion de l’auteur en 96-97 (On ne retrouvera donc pas de sitôt les valeurs records de 1990) ne se soit pas confirmé.

          J’espère que le prix de l’immobilier sur Paris sera un des débats principaux de la campagne des élections municipales entre les principaux acteurs de la scène politique parisienne.

          Sur le site foncier.org (http://www.adef.org/statistiques/graphactu.doc) la dernière mise à jour du Tunnel de Friggit confirme le tassement du marché en province, un début de tassement en Ile de France, mais toujours pas de tassement sur Paris. Paris étant la place immobilière ou la spéculation est la plus importante, beaucoup d’acteurs espèrent encore une montée des prix, mais oublient que peux nombreux sont ceux qui peuvent encore acheter.

          La balle est également dans le camp de Nicolas Sarkozy. Si la vente d’une partie du patrimoine immobilier de l’Etat a bien lieu, nous aurons alors confirmation qu’il souhaite vraiment permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement.


        • tmd 21 janvier 2008 17:39

          Dans le même contexte, je ne peux m’empêcher de penser aux changements intervenus pour les locataires. Je veux parler de l’indice du coût de la construction (ICC), qui sert (servait) de base pour la réévaluation annuelle des loyers.

          L’indexation des loyer a été modifiée récemment pour coller à un nouvel indice correspondant à la moyenne entre ICC et inflation. Mais que remarque-t-on sur l’historique de l’ICC ? Que suite au dégonflement de la bulle immobilière de 93, l’ICC est resté plus ou moins constant pendant 3 ans. On peut donc s’attendre à une stagnation les prochaines années.

          D’un autre côté, les perspective sur l’inflation ne sont pas très bonnes. Avec le renchérissement des matières premières, elle risque de prendre l’ascenseur. Les loyers risquent donc d’augmenter dans le prochaines années plus que l’ICC.

          En résumé on a supprimé un indice qui allait se mettre à stagner pendant quelque temps, par un autre qui va avoir tendance à augmenter. C’est comme si les locataires s’étaient fait avoir ...


          • Frederic Stephan 21 janvier 2008 18:31

            Au risque de vous contredire, actuellement le nouvel indice de référence des loyers (http://www.insee.fr/fr/indicateur/indice_loyer/indice_loyer.asp) est sur une pente de 2,5-3% par an, alors que l’ICC (http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_conj/indconj_frame.asp?ind_id=31) s’envole au delà des 5% par an, certainement à cause de la hausse des matières premières.

            Pour les locataires actuels, il est préférable que leur loyer soit sur une base lié à l’inflation générale plutôt que sur la construction uniquement, même si les salaires ne suivent pas toujours l’inflation.

            Le problème dans la location, c’est que certains propriétaires et agences immobilières profitent de la hausse du marché foncier pour augmenter fortement les loyers lors d’un changement de locataire.


          • tmd 21 janvier 2008 20:46

            Quand je consulte les liens que vous proposez sur le site de l’INSEE, je suis encore conforté dans mes idées.

            La variation de la moyenne de l’ICC est passé de presque 7% à 4% en un an.

            Dans le même temps, l’IRL est passé de 2% à 3%. Et pas grâce à sa composante ICC !


          • Frederic Stephan 22 janvier 2008 12:24

            Extraire deux chiffres d’un tableau sans préciser de date, n’est pas trés scientifique

            http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_conj/donnees/doc_idconj_35.pdf

            Sur cette page on peut constater que depuis, 2001, l’évolution de l’indice de référence des loyers reste stable, oscillant entre 2et 3%.

            De plus, même si l’augmentation annuelle de l’ICC se réduit de 7% à 4%, ces deux valeurs sont supérieures, à l’augmentation de l’indice des loyers.

             


          • Céphale Céphale 21 janvier 2008 17:40

            Même conclusion sans faire de calculs en utilisant, au lieu du tunnel de Friggit, le logiciel libre MOVIRA accessible sur :

             

            www.fr-deming.org/logiciels.html


            • herve33 21 janvier 2008 17:47

              Excellent article qui exprime en chiffres clairs que la bulle immobilière Française va bientot éclatée . Celle - ci s’est créé avec la baisse des taux , ce qui a permis de gonfler la demande en allongeant la durée des prêts sur 25 ou 30 ans . Or vu la conjoncture actuelle , les banques vont augmenter les taux , à cause des risques sur le marché monétaires liés aux Sub primes américains . Conséquence , de nombreux de primo -accédant ne pourront financer leur achat , et malheur à ceux qui ont pris des prêts à taux variables . La bulle immobilière a éclaté en Espagne , aucune raison que cela n’arrive pas en France .


              • Fred 21 janvier 2008 23:40

                Il se peut que les prix baissent dans certaines regions mais je pense qu’en region parisienne et autour des grandes villes de France, ca va se tasser mais il n’y a pas de baisse notable qui se dessine vraiment ; l’offre etant toujours trop faible par rapport a la demande.


              • MS92 22 janvier 2008 02:23

                Sans vouloir trop m’avancer, pour l’immobilier, il s’agit plutot de parler d’offre et de demande certes, mais surtout de demande solvable et c’est pas avec les coups de bouttoire que se prennent d’un cote le pouvoir d’achat (hausse des matieres premieres et stagnation des salaires), de l’autre les taux d’interet (retour de l’inflation oblige), et surtout le resserement de l’octroi planetaire de credits suite a la crise américaine des subprime qui n’en finie plus d’avoir des répercutions (sur la finance mais aussi sur l’économie réelle des USA), qu’on peut parler d’une augmentation de demande solvable.

                Sans compter que les étrangers on peut plus trop compter sur eux pour maintenir les prix, l’immo s’effondre un peu partout en ce moment, aux usa, en angleterre, en espagne, et maintenant c’est la bourse qui prend des claques depuis 6mois.

                Je crois, sans trop m’avancer, que c’est la fin de l’arrivée sur les marché des cohortes d’acheteurs "friqués". Et hélas, mathématiquement, et très progressivement, au rythme des sessions forcés (divorces, successions, banqueroutes, surrendettement, mutations, chomage) les actifs immobilier vont finir par se déprécier. Les stocks sont aujourd’hui vraiment très haut dans les agences immo de la région parisienne et il y a bien un moment ou certains seront contraint de vendre quitte à baisser fortement le prix entrainant dans leur sillage la valeur des actifs voisins. En économie la théorie du plateau perpetuellement élevé est une belle arnaque. Et il ne faut pas oublier que bon nombre d’investisseurs en immo ont été attiré justement parce qu’on leur a fait fantasmer une hausse continue et sans risque.

                Bref, il y a vraiment trop de facteurs qui s’accumule en faveur d’une dépréciation générale de l’immobilier en France, Paris et ses belles ou moches banlieus y compris.

                En meme temps ce que je dis est sujet à caution, ça m’arrangerai bien, si mon 3 piece perd 20% et que le 4 piece d’a cote perd aussi 20% alors l’effort financier pour déménager du 3 pieces au 4 pieces diminue aussi de 20% et c’est tout a mon avantage. Et puis peut-etre suis-je influencé par le constat qu’une fois encore bon nombre d’économiste apres nous avoir seuriné depuis juillet qu’il n’y avait pas de raison que la bourse baisse, que les fondamentaux étaient bon et qu’il fallait continuer à investir, ... on voit ou on en est et on peut difficilement accuser les petits porteurs du marrasme d’aujourd’hui. Remplacez bourse par immobilier, ajoutez le fait qu’en immobilier une correction globale ça prend plusieurs années et pas 6 ou 18mois, soupoudrez le tout d’un peu de psychologie moutoniere et mettez au four.


              • Céphale Céphale 22 janvier 2008 09:14

                Le crash boursier va-t-il donner un sursis à la bulle immobilière ?


                • Atlantis Atlantis 22 janvier 2008 10:16

                  Possible, mais beaucoup de gens autour de moi sont plutôt en train de réfléchir et de comparer à ce qui s’est passé en 29. Du coup ils sont plus en train de se demander ce qu’ils pourront manger ... (même s’ils sont loin d’être dans le besoin actuellement)

                  La répartition des richesses totalement desequilibrée associé à une recession risque d’entrainer un effet domino par la base (le locataire précaire sera un des premiers signaux à scruter).


                • Atlantis Atlantis 22 janvier 2008 10:08

                  Est-ce qu’on pourrait avoir le même graph avec :

                  - la tendance nationale uniquement,

                  - les positionnement d’entrée en vigueur des lois / mesures de soutien à l’immobilier (neuf / rénovation)

                  - courbes des montants estimés des cadeaux offerts par le gouvernement au marché de l’immobilier (séparé ou cumulé) par le biais de ces lois/mesures ?

                   

                  Peut-être l’objet d’un nouvel article ?

                  Merci encore pour votre analyse pertinente.


                  • White Scarf Pascal 22 janvier 2008 11:16

                    Tout cela est bien intéressant mais vous oubliez un facteur essentiel, l’ "Effet Tanière".

                    Ce célèbre concept économique (inventé il ya 15 secondes) résulte de l’attraction naïve et immodérée des français pour une petite cabane familiale, horizon ultime du bonheur habitationnel.

                    Le logement individuel, fortement favorisé par nos gouvernants, consomme avant tout plus d’espace constructible, ressource finie. Il consomme aussi plus d’énergie, de matériaux, de transports. De plus il érode le lien social et le plaisir de vivre ensemble.

                    Il est grand temps de réinventer une vraie politique d’urbanisme, qui redonnera des marges de surface habitable, mais surtout qui peut changer grandement la vie. Les gens reviendront au collectif quand ils verront à quel point on vit mieux dans un collectif bien conçu. Amsterdam est dense et agréable, même Nantes n’est pas si mal, mais la RP et une grande partie de la province sont au-dessous de tout !

                    Plus généralement, je ne vois pas comment et pourquoi les limites que notre planète commence à nous opposer, ne concerneraient en aucune façon le logement qui resterait éternellement identique en nature et en prix. Les prix ne redescendront jamais aux anciens index de Friggit. Le logement est physiquement une ressource de plus en plus rare, sauf à s’attaquer sérieusement à la question.

                     


                    • Frederic Stephan 22 janvier 2008 13:02

                      Effectivement, il est nécessaire de changer les mentalités concernant l’habitation. Mais avec la prise de conscience qui commence concernant l’environnement, il y a maintenant des solutions d’habitats plus écologiques. Cependant, comme elles sont aussi plus chères, nous ne les choisissons pas malgré notre souhait pour une tel logement. Les pouvoirs publics doivent tout mettre en oeuvre pour que dans un premier temps l’indice de Friggit revienne dans son tunnel (en province, c’est possible car il y a encore beaucoup de terrains disponibles). Ensuite, il sera nécessaire comme je le dis en conclusion de mettre en place une loi permettant d’éviter pour le futur la spéculation sur l’immobilier. Puis pour être fidèle au récent Grenelle, mettre en place des lois favorisant le développement des constructions respectant l’envoironnement.

                      Pour ce qui concerne l’"Effet Tanière", il est en effet regrettable que la société de consommation nous aie transformé en individus égoistes. Cependant, avec les prix actuels de l’immobilier, on assiste a un retour de l’habitat familial inter-générationnel qui permet de partager l’investissement. Mais saurons-nous nous transformer pour revenir à un style de vie familial où grand-parents, parents et enfants, sachent vivre ensemble en harmonie ? Il y a là une grande prise de conscience à faire qui se heurtera à la mentalité actuelle pour laquelle aimer n’est pas plus fort que d’être aimé.


                    • le Plouc 22 janvier 2008 16:45

                      "Ce célèbre concept économique (inventé il ya 15 secondes) résulte de l’attraction naïve et immodérée des français pour une petite cabane familiale, horizon ultime du bonheur habitationnel."

                      Pensez vous que c’est un choix purement égoiste ?

                      A l’heure actuelle , le marché immobilier n’offre que deux possibilités : la location et l’achat.

                      En ce qui concerne la location , il ne faut pas oublier que , premièrement , il y a un proprietaire derrière qui empoche les loyers , deuxiemement , pour le locataire , c’est à fonds perdus , et troisièmement , les loyers augmentent tous les ans.

                       

                      De plus, en cas de déménagement , on subit le réajustement des augmentations des prix de l’immobilier qui parfois interdisent meme de relouer. En effet , le prix de l’immobilier a augmenté sans que les salaires n’aient suivi , et quelqu’un qui pouvait louer hier ne le pourra peut etre plus demain , et j’en connais dans cette situation.

                      L’accession à la propriété est aussi le seul moyen pour beaucoup de prévoir leur retraite. Sans cette possibilité , beaucoup de retraités seraient dans l’incapacité de payer leur loyer. C’est en quelque sorte un moyen de sécuriser son avenir quand on sait que le montant de sa future retraite sera insuffisant (à condition d’avoir opté pour un taux fixe bien sur ! ).

                      "Le logement individuel, fortement favorisé par nos gouvernants, consomme avant tout plus d’espace constructible, ressource finie. Il consomme aussi plus d’énergie, de matériaux, de transports. De plus il érode le lien social et le plaisir de vivre ensemble."

                      Ne serait ce pas plutot un probleme de concentration du travail dans les grandes villes ? Si vous prenez l’avion , amusez vous à regarder la proportion de zones habitées / inhabitées , vous constaterez que la place ne manque pas...

                      Pour ce qui est des énergies et des materiaux , vous avez raison , il y a un serieux effort à faire , et les technologies existent.

                      Quant à l’érosion du lien social , il faudrait une bonne étude sociologique tant le problème est complexe.

                      Aujourd’hui , le plus cher est le terrain , et pas la maison qui est dessus.Comme je l’écrivais plus haut , à trop vouloir tout tasser dans les memes endroits , on se retrouve avec ce genre de problème...


                    • Frederic Stephan 22 janvier 2008 17:26

                      Je suis d’accord avec vous et ne peut que conseiller aux parisiens qui le peuvent de trouver un boulot en province, la vie y est plus tranquille. Cependant, malgré la place disponible, le prix de l’immobilier a augmenté presqu’autant qu’à Paris.

                      De plus, je pense que l’égoïsme que soulevait Pascal est celui que nous inculques la société de consommation qui provoque en nous ce sentiment de désir inassouvi tant que l’on ne possède pas le nouveau produit. Lorsqu’on n’est pas conscient de ce besoin sans fin créé par la société de consommation, on se retrouve à vouloir une maison plus grande, une télé plus grande, les derniers appareils electro-ménagers, la dernière génération de voiture, un nouveau portable... et on se retrouve avec un problème de pouvoir d’achat. Jusqu’où allons-nous aller comme cela ? J’aurais besoin d’un autre article pour cela, voire même plusieurs tellement le sujet est vaste.


                    • armand armand 24 janvier 2008 22:28

                      Il existe une spéicificité du marché immobilier français nqu’on cite rarement et qui explique sa résistance à la baisse voulue par tous les fondamentaux : l’importance des achats assumés collectivement par une famille au profit d’un ou d’une jeune qui s’installe. Cette tradition est bien plus importante en France qu’aux USA ou en Angleterre. Sinon, les seuls acheteurs actuels sont les gros salaires, les déjà-proprios et les riches étrangers.

                      Paris en est une illustration caricaturale. Contrairement à ce qu’avancent les tenants d’un marché français encore attractif’ comparé aux autres, le prix actuel au m2 dans Paris intra-muros dépasse celui de Manhattan ou des beaux quartiers de Brooklyn. Or les salaires new-yorkais sont supérieurs, sauf pour la frange des cadres les mieux-payés où ça s’équilibre. Un cadre moyen new-yorkais peut financer son achat lui-même (regardez la divertissante émission ’Open House’ pour vous en convaincre) même si c’est loin d’être indolore. Le même cadre moyen français, livré à ses propres moyens ne peut ni acheter, ni louer à Paris - ou alors se contenter de 30 m2 là où son homologue U.S. s’offrira le double. Je vois mal comment une telle situation pourrait durer - sauf en invoquant la véritable fétichisation de l’immobilier en France depuis quelques années, assénée par des médias qui ne font que reprendre les déclarations des notaires ou des agents immobiliers. 


                      • yvesduc 27 mars 2008 20:46

                        Enfin un article sur le Tunnel de Friggit sur AgoraVox, et clairvoyant sur la situation de l’immobilier ! Merci à l’auteur. Les promesses de Sarkozy ne mènent nulle part sauf à redonner un petit coup de gonflette à la bulle.

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