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Accueil du site > Tribune Libre > Journal d’un BAC+5 SDF #131-132-133 (Lure, me voilà ?!)

Journal d’un BAC+5 SDF #131-132-133 (Lure, me voilà ?!)

Vendredi 6, 7 et 8 Septembre 2024

Maintenant que je m’en souviens, l’autre jour j’ai rencontré pour la première fois un insecte en forme de « T ». Il s’agit d’un « ptérophore blanc », un étonnant papillon.

Entre mes deux bâches se rassemblent un foultitude de bestioles cherchant un abris. Tant qu’ils ne squattent pas ma porte je les laisse tranquille, bien que parfois je m’adonne à une courte séance de pichenettes pour en décoller des trop gros. Cette nuit il y avait plusieurs limaces et escargots, en plus d’araignées et des bestioles plus petites. C’est pratique cette bâche transparente, sauf pour ceux qui ont horreur de ces bébêtes. Mais dans ce cas je leur déconseille le camping de toute façon.

Aujourd’hui c’est les courses pour survivre le week-end.

Niveau mails, aucune réponse, pour changer. Encore une semaine de gaspillée.

 

Une employée du camping va manger des pâtes avec des crevettes. Ca sent bon mais je n’aime ni l’un, ni l’autre. De mon coté j’ai refait des sandwichs, mais cette fois avec de l’emmental donné par des gens qui sont partis hier soir. Ils m’ont aussi donné leurs restes d’Olives à la Turc, mais malheureusement elles sont beaucoup trop pimentées, au point qu’on ne remarque même pas qu’on mange une olive… Quel est donc l’intérêt ? Autant manger directement des piments ou bien des légumes les moins chers possibles.

 

Jordan s’est levé, à 12h30. Pour une fois il a dormi comme un bébé.

C’est l’anniversaire de son fils, mais il n’a plus de crédit pour son téléphone, alors il va acheter une recharge pour lui envoyer un message (je ne sais pas pourquoi il n’utilise pas de mail puisqu’il doit contacter son ex-femme de toute façon). Ensuite il va faire quelques courses. Dans son budget, après avoir payé le camping il lui restera 35€ pour finir le mois. Avec sa consommation de tabac, et de nourriture il ne tiendra même pas une semaine. Heureusement qu’Elodie est disponible pour lui acheter à manger avec l’argent de son mari…

 

Toute une smala de « wesh wesh » (dont les enfants ont séché les cours) vient de s’installer sur la terrasse pour manger. La grand-mère les prévient de tout bien nettoyer avant de quitter les lieux.

Ils ont de très très grosses bagnoles noires.

Eux aussi, comme beaucoup d’autres visiteurs du camping, ne connaissent strictement rien au tri des déchets et balancent tout dans la petite poubelle de la terrasse, quitte à en laisser à coté. Ah et sur leurs chaises aussi, il y a plein de restes…

 

Jordan est de retour, après les départ des wesh wesh. Comme je le redoutais, il ne sais pas maintenir un budget. Nous sommes le 6 septembre et il a tout dépensé, en remboursement de dettes, en camping (il lui manque même 15€ pour terminer le mois), en téléphone, et en quelques trucs à manger et boire pour plusieurs jours ( 3 ou 4 en étant très optimiste). Ensuite il dépendra totalement des autres, essentiellement d’Elodie donc.

Plus de nouvelle de « la blonde » (Tiffany).

Aujourd’hui finalement il ne va pas faire de sport, mais va juste se reposer.

Une heure après il va tout de même chercher sa planche pour faire des pompes. Une fois terminé il est parti courir en forêt. Ca change vite d’avis un Jordan.

 

Une fois encore je joue le rôle d’un employé du camping. Le travail bénévole va me poursuivre jusqu’à la fin de mes jours, il semblerait.

 

Une femme vient de se servir deux double cafés. Ca fait 4€. Faut vraiment le vouloir.

 

Jordan remarque l’arrivée d’un gars avec une machine à griller les saucisses. Alors je lui demande s’il va proposer la sienne. Il me répond « t’es con » en rigolant… J’ai comme l’impression que mes nobles propos ont été (mal ?) interprétés.

 

Duel de basket avec Jordan, le champion des USA, CHAMPION des STATES ! Il a voulu jouer au malin, et malgré ses 1m95, c’est moi qui ai marqué. L’emballage de mon rocher au chocolat a atterri directement dans la poubelle ! Il est totalement anéanti et sort.

Maintenant notre champion en perdition se réfugie dans le cbd, la cigarette et l’alcool, seul sur la terrasse. Ah oui, l’alcool, il s’est acheté 70cl d’un truc à 16° au citron, et il n’a pas l’air d’apprécier la chose. Mais c’est un homme, un vrai, il va donc finir la bouteille, n’est-ce pas ? Peut-être dans les chiottes ceci dit…

Il regarde des vidéos de petits kékés en voitures qui font du bruit. Alors je lui rappel que « Dany » fait lui-même le kéké depuis sa tendre jeunesse. Qui sait, peut-être qu’un jour ils le feront ensemble ! Plus qu’une heure d’attente avant son arrivée pour son difficile travail de 10h.

 

Je viens de recevoir un mail pour une visite à Lure, demain matin. Si « Dany » travaille bien cette nuit et est toujours d’accord, je pourrais faire le trajet avec lui et revenir le soir lorsqu’il refera le trajet vers le camping.

 

« Dany » vient d’arriver. Il a lui aussi une nouvelle coupe de cheveux… quasiment la même que Jordan ! Ils sont fait pour s’entendre ces deux là.

 

Je passe ma soirée à préparer le trajet et ma journée de demain de la façon la plus optimale. David débarque bien tardivement en fait un concert de rots en mangeant des radis « ça me fait ça à chaque fois ».

 

 

7 Septembre

 

Comme convenu mon alarme n’a pas daigné sonner (6h). C’était pourtant sa seule raison d’exister… Heureusement que je ne dors pas et que je m’en suis rendu compte ! Peut-être inquiet, « Dany » s’est présenté à ma tente alors que je mettais mes chaussures.

La femme peu bavarde voisine de l’emplacement de David, qui aime les travaux saisonniers, est déjà debout. Elle prend son petit-déjeuner, sans doute avant les vendanges.

Sur la route on a l’occasion d’observer un magnifique lever de Soleil avec un ciel orangé et de la brume un peu partout. Au moins neuf montgolfières pouvaient être aperçues dans les airs. Tout se passe bien, la voiture est confortable, la discussion fluide et je ne tombe pas malade. N’avoir encore rien mangé y est peut-être pour quelque chose !

 

Une fois arrivés à Lure, Dany me fait une courte visite des lieux que nous traversons en voiture tout doucement. Il me dépose devant l’appartement, regarde un peu l’extérieur avec moi. C’est le paradis des hirondelles. Un nid semble même habité ou en construction sous le toit. Finalement il part faire un gros dodo bien mérité. De mon coté, ayant du temps à perdre, je visite les environs. Mais mes sacs sont encombrants… Oui, je ne me suis pas séparé de mon ordinateur. Il devait y avoir un bar avec wifi ouvert dès 9h, mais sur la porte une affichette indique 14h ! Je continue donc la visite des environs. Il y a un nombre anormal de coiffeurs et de barbiers dans le coin. Les autres bars sont aussi fermés ou bien sans wifi, c’est bien ma chance !

 

Je trouve finalement un banc (peint en vert) où me reposer un peu. C’est de là que j’écris cette partie du journal - tant aimé et décrié - sur mon vieux cahier, comme lors des premiers jours. Une paire de petites clés traînent parterre. Je crois qu’il y a un bureau de gendarmerie pas trop loin, alors je vais les y déposer si j’y pense en temps voulu. J’envoie aussi un SMS au couple de loueurs pour les prévenir de ma présence sur place. Juste avant 10h un groupe monté sur 7 motos noires et rutilantes vient de passer devant moi.

En jouant avec les clés je me suis souvenu d’un très ancien cadeau de Noël : unboîte de cassse-têtes chinois.

Il y a un clocher visible depuis mon banc, mais des toits trop hauts cachent l’heure. C’est bien la peine…

De l’autre coté de la rue un restaurateur vide sa voiture de produits frais.

 

Le mari, père de deux enfants, la trentaine, est arrivé juste à l’heure alors que sa femme estimait qu’il allait être en retard dans son SMS. Première mauvaise nouvelle : le logement de l’annonce a déjà été loué… C’est vraiment gavant ce manque de partage d’informations. Celui que je visite n’est plus au second mais au troisième et dernier étage. Les escaliers sont anciens et crâquent sous nos pieds. C’est sans doute la principale nuisance sonore de l’immeuble, suivit par la machine à laver du voisin. L’appartement est un peu plus grand (24m2), ce qui n’est pas négligeable. Seconde mauvaise nouvelle : les précédents locataires ont fait de la merde, et des travaux sont à effectuer… si bien qu’il va être difficile à préparer avant un bout de temps. Rien n’est garanti pour la fin septembre. On discute beaucoup. J’apprends même qu’il y a eu un mort (suicide ou pas ? L’enquête est en cours) : quelqu’un est tombé dans la vaste ouverture de l’escalier central « protch » ! C’est 1h40 après notre rencontre que nous nous séparons. Il va essayer d’écrire un document afin de pouvoir le signer à distance. Si ça marche ce serait pour emménager le dernier dimanche de septembre.

 

Je m’installe sur un autre banc vert, constitué comme tous les autres de longs cylindres alignés sur des traverses légèrement incurvées. Il doit donc s’agir d’une méthode « soft » anti-SDF puisque de un, ce n’est pas du tout confortable et de deux ce n’est pas plat et donc il est sans doute difficile de s’y coucher dessus sans tomber du coté le plus bas.

C’est l’heure de mon sandwich à l’emmental et charcuterie. Très bon. Pendant que je savour mon repas, un kéké de l’autre coté de la rue commencer à gueuler tout seul « fils de p*** » etc. Un bon gros lourdingue à qui on a envie de faire goûter le bitume.

J’ai senti une goutte de pluie ! Ici aussi ça tombe ?! O_o Heureusement ce fut la seule. Pour le moment…

Il y a des mouvements dans le bar d’en face, celui que je ciblais et qui n’ouvre qu’à 14h au lieu de 9h. Mais en fait les chaises de la terrasse sont rentrées… Quoiqu’il en soit je n’ai qu’une heure à patienter. De quoi me reposer un peu, mine de rien ça fait plus de quatre heures que je suis debout déjà.

 

Une grosse Nissan blanche vient de se garer devant moi. Une blonde parfumée en sort et se dirige vers la boulangerie derrière moi.

Une voiture des pompiers toutes sirènes allumées vient de filer sous mes yeux. Si ça se trouve le logement que j’ai visité est maintenant cramé.

Quand j’y pense, ça fait chier quoi… J’espérais échapper au rendez-vous à l’Armée du Salut lundi, mais c’est rapé puisque rien n’a pu être conclu aujourd’hui.

C’est au tour d’un papy de se « garer » devant moi. Il est brutal et monte carrément sur le trottoir.

Ras le popotin de ces bestioles qui viennent spontanément s’écraser sur ma gueule voir même directement dans mes yeux. Elles aussi sont fascinées par mon regard ?

Déjà la troisième voiture, fenêtres ouvertes et musique à fond qui passe dans la rue.

La bijouterie en face ouvre sa grille. Pfeu ! Elle ne fait même pas peur comme celle du camping, alors que les richesse accumulées derrières sont sans comparaison.

Des parents attendent devant une boutique de cigarettes électroniques avec leurs gosses de moins de dix ans.

Un p’tit kéké ado mais déjà à moto vient de faire une roue avant devant moi. J’aurais bien aimé lui répondre par un coup de pied dans l’arrière s’il n’était pas déjà bien loin.

Une grand-mère tout fine et toute fragile vient de faire tomber son pain en sortant de la boulangerie.

Encore une voiture blanche vient se garer devant moi. Il n’y en a eu qu’une seule de couleur différente qui installé là en ma présence.

A nouveau 7 motards (de l’apocalypse ?), peut-être les mêmes que ce matin circulent dans l’autre sens. Deux minutes après un camion de pompier les suit toutes sirènes hurlantes. Plus tard 2 ambulances silencieuses prennent le même chemin tranquillement.

Super, le bar est en fait fermé toute la journée. J’ai poireauté pour rien. J’espère tout de même que le proprio va bien, il a déjà du fermer 6 mois il y a 1-2 an(s) à cause d’un accident qui lui a bousillé les jambes.

Maintenant il y a même un buggy orange qui circule à Lure.

 

Bon, je décide d’aller tout doucement à la maison du père de « Dany », espérant trouver un bar ou un café sur la route, pour faire une pause, voir même avoir un peu de wifi. Peine perdue, à part le centre ville c’est totalement mort. Donc je marche, je marche, il le Soleil tape sacrément fort alors qu’à peine quelques heures plus tôt je craignais la pluie. « Dany » me téléphone, alors que j’entamais une pause « nature ». Il m’indique que son père n’est pas présent pour le moment, et lorsqu’il apprend que je suis sur la route il me dit d’aller tout de suite chez lui et qu’il me rejoindrait. Lors d’un choix cornélien entre deux routes à prendre, j’ai choisi la mauvaise, me menant à faire tout le tour du village, un peu comme une spirale, afin d’atteindre l’impasse bien cachée. Bah, ça m’a fait visiter les lieux, ce n’est pas plus mal.

 

Je rentre dans sa petite maison et me repose un peu en discutant et me rassasie avec un pain aux amandes. J’avais même ajouté une barre de chocolat dans la boîte de viennoiseries, et malgré le sac isotherme, elle avait fondue… Je rencontre ensuite le père et la sœur de « Dany », très sympas, avant de repartir, ainsi que leurs chiens respectif. Opal, un petite crevure aux poils roux et touffus et aux petits yeux noirs ne cesse de m’aboyer dessus. L’autre me léchouille les mollets. Lorsque je sors mon sandwich, ils changent soudainement d’attitude et m’observe en attendant à manger. Bien conseillé par la sœur de Daniel, je les ignore, et ce n’est qu’à la fin de mon dîner que je leur donne un morceau d’emmental qu’ils dévorèrent en une fraction de secondes. Et là c’est la transformation total d’Opal qui fait comprendre qu’il veut me grimper dessus. Je l’accueil sur mes genoux et le grattouille à l’envie. Daniel le récupère un moment mais il revient chez moi. Sa sœur est étonné, son chien n’agit jamais comme ça normalement, il n’est affectif qu’une poignée de minute après avoir reçu une friandise, avant d’aboyer de plus bel. Il n’a repris ses cris que lors de notre départ, à croire qu’il voulait que je reste là ^^.

 

Le trajet de retour est assez tristounet, la nuit tombe super vite, on se croirait déjà en hiver. Deux kéké de haut niveau ont joué avec leurs voitures crachant des fumées noires, bloquant la double voie en roulant à 60km/h avant de partir en course comme des débilos.

Enfin rentré de cette journée bien fatigante. Daniel va recevoir ses instructions de travail auprès de Carène pendant que je décharge mes affaires et rejoins la salle commune.

Devinez qui je vois attablé à boustifailler avec Jordan ?

C’est Yves ! Il a l’air en forme, même si son genou le fait encore souffrir, son pied en revanche va beaucoup mieux. Il a pu payer toutes ses factures et a de l’argent de coté grâce aux vendanges. Les repas gratuits l’aident bien. Ce midi il a achevé un munster tout seul. Ceci dit il a fait des heures supplémentaire samedi (aujourd’hui). Demain c’est repos et il reprendra lundi, si la météo le veut bien, parce qu’il est annoncé pas mal de pluie…

 

 

8 septembre

 

Je commence à piquer du nez peu après minuit, alors je décide d’aller me coucher. Jordan et « Dany » discutent encore sur la terrasse en sirotant une bière.

Malgré la fatigue je n’ai pas réussi à vraiment dormir. A la sortie de la tente je tombe sur la femme de ménage avec son gros chariot, et juste après une autre employée du camping qui semblait venir la rejoindre pour nettoyer un pod ou un chalet je suppose.

 

J’ai toujours la bouille un peu rouge, à cause d’un petit coup de Soleil choppé à Lure.

 

Une grand-mère prépare des frittes maison au camping, audacieux !

 

A midi, toujours aucune trace de Jordan, pas même l’un de ses sacs.

 

J’envoie un mail au bailleur, lui proposant d’aller venir habiter malgré l’absence de réparation, et propose de nettoyer moi même et d’acheter éventuellement des machines dont j’ai besoin. En échange d’un petit geste commercial, et en plus je pourrais emménager plus vite, donc ça compenserait. Plus qu’à attendre…

 

J’apprends que la femme qui fait les vendanges ne s’occupe pas du tout des raisins, mais est chargée de peser les tracteurs. Un couple de retraités est venu aussi spécialement pour essayer les vendange, ce sera leur première fois, pour 2 semaines, et ils espèrent en faire une de plus ailleurs, dans les environs.

 

Ce soir des jeunes regardent un vieux western après la cérémonie de fermeture des JO paralympiques.

 

David débarque pour manger tardivement, comme d’habitude. Il m’apprend qu’il a vu Jordan très tôt ce matin et qu’il est parti à pied rejoindre Tiffany. Il en a pour 4-5 heures de marche au minimum, et encore, c’est s’il ne se trompe pas de chemin… Bon courage et bonne chance !

Le truc c’est qu’il ne charge jamais entièrement son téléphone et qu’il écoute en permanence de la musique à fond, donc j’ai peur que ça batterie se vide alors qu’il se trouve perdu en pleine forêt (s’il a décidé de prendre un raccourci).

J’espère avoir les détails de l’aventure plus tard, comme ça je pourrais vous la transmettre.

 

Bref ce dimanche fut étonnamment calme, ça fait plaisir. Il est déjà 1h du matin, et je vais devoir aller à mon rendez-vous à l’Armée du salut tout à l’heure… Pfff encore pour 1h30 de marche facilement, possiblement sous la pluie cette fois-ci.

Bonne nuit tout le monde et bon courage pour cette nouvelle semaine qui commence !

 


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2 réactions à cet article    


  • Astrolabe Astrolabe 13 septembre 19:12

    Une fois installé, manquera plus qu’à trouver une belle à Lure smiley


    • pasglop 13 septembre 20:55

      C’est quoi un wesh wesh ? Désolé, j’suis de la campagne...

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