Journée Mondiale des Lépreux : ne pas prendre des vessies pour des lanternes
Le dernier week end de janvier aura lieu la Journée Mondiale des Lépreux. A cette occasion, des milliers de quêteurs solliciteront votre générosité au profit de la Fondation Raoul Follereau.
Comme un homme averti en vaut deux, voici ce que vous devez savoir, en sept points, sur cette organisation. Ainsi, si vous donnez, votre don sera fait en connaissance de cause.
Ces conclusions sont le fruit de près de deux ans de contre-enquête dont vous pouvez retrouver les détails dans notre livre PDF (ici).

La Journée Mondiale des Lépreux aura lieu le dernier week-end du mois de janvier 2012.
Peut-être avez-vous été approché par un ami ou un ami d’ami qui vous a demandé quelques heures de votre temps pour quêter en faveur de la Fondation Raoul Follereau.
Ou peut-être serez-vous sollicités par des quêteurs en faveur de la Fondation Raoul Follereau (ci-après FRF).
Avant de quêter ou avant de donner, nous vous invitons à prendre connaissance des conclusions de notre contre-enquête résumée en sept points ci-après. Cela vous permettra de prendre votre décision en toute connaissance de cause.
Tous les détails se trouvent naturellement dans notre livre PDF (ici) ou dans les pages de notre blog (ici).
1. La FRF, une monarchie caritative verrouillée par un petit nombre d’individus
La Fondation Raoul Follereau est une affaire de famille. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais André Récipon, président d’honneur de la FRF (voir ici). Ce dernier s’est vanté, il y a quelques années, d’avoir mis en place un montage juridique lui permettant de le maintenir, lui et ses descendants, à la tête de la Fondation (voir ici).
Concrètement, André Récipon, qui ne fait pas mystère de ses convictions antidémocratiques et monarchistes, a placé son fils Michel à la tête de la galaxie Follereau. Ce dernier perçoit, officiellement, au titre de ce poste héréditaire la coquette rémunération mensuelle de 7.300 euros.
2. La FRF, une organisation riche d’un patrimoine supérieur à 20 millions d’euros
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Chaque année, pièces après pièces, la Journée Mondiale des Lépreux rapporte plus d’un million d’euros à la Fondation Raoul Follereau (avant imputation des nombreux frais que cet événement génère).
Néanmoins, vous devez savoir que la Fondation Raoul Follereau a déjà entassé un pactole de plus de 20 millions d’euros investis dans la pierre et en produits financiers, dont certains en Bourse, soit des réserves financières égales aux recettes brutes de vingt Journées Mondiales des Lépreux ! (voir ici)
Qui plus est, ce montant, extrait des comptes 2010, est en réalité beaucoup plus important car il ne tient pas compte des plus-values latentes qui courent sur son patrimoine mobilier et immobilier, notamment son siège parisien de plusieurs centaines de mètres carrés en plein cœur du XVème arrondissement de Paris.
3. La FRF, une organisation de charity business aux mains d’hommes d’affaires
La FRF est une organisation humanitaire qui se dit de sensibilité catholique. Néanmoins, si vous regardez la composition du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau, vous n’y trouverez ni religieux, ni acteur humanitaire de terrain. En revanche, vous y trouverez des banquiers et autres gérants de fortune, financiers ou dirigeants d’entreprises (voir ici).
Autre exemple illustrant cette situation, les fondations reconnues d’utilité publique sont censées compter au sein de leur conseil de surveillance des membres dits « qualifiés » dont les fonctions, nous dit la loi, sont en rapport avec l’activité poursuivie par l’entité. À la Fondation Raoul Follereau, un de ces membres qualifiés fut longtemps un dirigeant d’une agence de pub. Depuis quelques mois, il a été remplacé par un directeur financier : l'activité de la FRF serait-elle donc de placer son pactole ?
4. Le groupe Follereau, une nébuleuse d’entités juridiques aux liens financiers dont l'opacité nuit à la confiance du grand public
Le groupe Follereau est composé d’au moins dix structures juridiques différentes, tantôt à but non lucratif (associations, fondations), tantôt à but lucratif (GIE, SA, SARL, SAS), qui sont de façon quasi systématique détenue ou dirigée par les mêmes individus (principalement Michel Récipon).
Les liens financiers entre ces entités sont tellement opaques que même l’IGAS s’était dit, en 2002, dans l’incapacité d’en vérifier les méthodes de calcul et donc, la légalité. La situation a-t-elle changé depuis ? Rien, malheureusement, ne permet de l'affirmer.
5. La FRF, une interprétation contestable de son compte emploi des ressources.
Chaque année, la Fondation Raoul Follereau publie ses comptes. C'est la loi. Pour l'exercice 2010, derniers comptes publiés à ce jour, elle a affirmé consacrer 72,8% de ses ressources à ses missions sociales qu’elle met massivement en avant dans ses supports de communication : la lèpre, l’enfance, le développement et la ruralité en France. Or, la lecture attentive du rapport annuel révèle une cinquième mission sociale sur laquelle la FRF communique très peu : il s’agit des dépenses d’informations sur les missions sociales et de diffusion de la pensée de Raoul Follereau (voir ici).
Autrement dit, la Fondation Raoul Follereau a érigé l’autopromo en mission sociale et y consacre chaque année plus d’1,8 million d’euros, soit le deuxième budget après le budget de la lèpre.
Si on ne considère que les missions sociales stricto sensu, en excluant les dépenses de communication qui les parasitent, le taux chute de 72,8% à 59% soit en dessous des 66% exigés par la loi et le Bureau Véritas.
Qui plus est, un autre point mérite d’être renseigné : la Fondation Raoul Follereau a pour principe de ne rien faire elle-même. C'est le principe dont elle se prévaut : "Aider à faire". Le rôle de la FRF consiste donc à collecter des fonds et à les reverser à d’autres organisations de terrain. Or, ces organismes locaux, publics ou privés, ont, eux aussi, des frais parasites. Il en résulte donc que sur 100 euros collectés par la FRF, la somme qui bénéficie réellement, in fine, à la cause que le donateur a voulu soutenir chute à des montants dramatiquement faibles.
6. Raoul Follereau, "l’homme qui consacra sa vie aux lépreux", une imposture historique bien orchestrée
A partir du début des années cinquante, Raoul Follereau va déployer une énergie phénoménale à faire croire qu’il a consacré sa vie à la cause des lépreux (voir ici). Pour cela, il n’hésitera pas à inventer une rencontre avec les lépreux, rencontre qu’il fixe lui-même au milieu des années vingt et qui aurait été à l’origine de sa vocation d’Apôtre des Lépreux. Aujourd’hui, la Fondation Raoul Follereau poursuit la diffusion du mythe mais contredit son fondateur puisqu'elle fixe cette rencontre à une date moins inconhérente que le milieu des années vingt : 1936.
La réalité est toute autre. Etienne Thévenin lui-même, hagiographe autorisé de Raoul Follereau, indique que Raoul Follereau n’embrasse la cause des lépreux qu’à la fin des années quarante, à plus de quarante ans. Avant cette date, Raoul Follereau fut l’Apôtre d’une France nationale-catholique xénophobe et antisémite d’inspiration maurassienne et d’une latinité fortement inspirée par le régime fasciste italien. Pendant la seconde guerre mondiale, Raoul Follereau se fit le propagandiste servile du régime de Vichy et de la Révolution Nationale incarnée par le Maréchal Pétain.
7. Raoul Follereau et les Récipon, entre national-catholicisme et pétainisme
Nous avons vu ci-avant les idées réactionnaires de Raoul Follereau. Elles trouvent leur continuité dans les écrits d’André Récipon, actuel président d’honneur de la Fondation Raoul Follereau qui a exposé, dans trois livres et divers articles, sa hantise du bolchevisme, sa sympathie pour les Laval, Papon et autres Touvier, son antisémitisme et son national-catholicisme particulièrement réactionnaire (voir ici).
Conclusion : Raoul Follereau, le saint patron des fundraisers
La profession de fundraiser, très en vogue depuis plusieurs années, consiste à considérer que le fait de donner relève, comme n’importe quel achat de la consommation courante, d’une logique marquée par des processus à la fois rationnels, émotionnels et psychologiques.
Raoul Follereau dont les qualités de tribun – non dénué de populisme et de démagogie – sont indéniables, maniait avec un talent certain les astuces de la rhétorique.
S’il consacra sa vie à quelque chose, ce fut bien à la collecte de fonds pour financer ses activités littéraires, politiques, puis caritatives et son fastueux train de vie, ce qui amènera Louis Massignon a qualifier Raoul Follereau après 1945 de "marchand du temple" et d'"affairiste" (voir ici un palace que Raoul Follereau fréquenta assiduement mais il serait également possible de parler de ses habitudes de "repas plantureux" ou de ses séjours au Pavillon Henri IV ou au Trianon Palace de Versailles).
Dans ces circonstance, si la procédure de canonisation initiée par la Fondation Raoul Follereau devait aboutir favorablement, nous proposons que Raoul Follereau soit désigné comme saint patron des fundraisers.
Romain Gallaud
Raoul Follereau, entre ombre et lumière
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