L’affaire Abad, ou la décomposition avancée de la Vème
"Le poisson pourrit toujours par la tête"
-Proverbe chinois
Damien Abad est "innocent". Il restera donc au gouvernement, car "un innocent n'a pas à démissionner".
Cet homme est un des multiples avatars de cette Vème République qui ne veut toujours pas consentir à mourir.
On avait eu avant lui, bien avant lui, notre lot de "responsables mais pas coupables".
De Fabius le contaminateur, à Olivier Dussopt le corrompu, en passant par Darmanin qui demande des faveurs sexuelles en échange d'un logement, et Dupond-Moretti le preneur illégal d'intérêts, cette République n'en finit plus de mourir, et, au travers de ses plus éminents représentants, de donner l'exemple de ce qu'elle n'a jamais cessé d'être, au fond : un outil au service des ambitions d'un seul homme et de sa caste, lui octroyant des pouvoirs à nulle autre "démocratie" pareille en occident.
Principes ou valeurs ?
Alors clarifions immédiatement les choses, histoire de partir sur de bonnes bases.
Cet homme est, comme tous les autres, présumé innocent avant d'être jugé et (éventuellement) déclaré coupable ou acquitté lors d'un procès qui n'est même pas sûr de se tenir un jour. Et le fait que ces accusations "traînent" depuis plus de dix ans, et ressortent opportunément alors qu'il est nommé ministre, ne révèlent pas uniquement, les dessous d'un complot destiné à le faire tomber lors de sa nomination, mais aussi et surtout la lenteur extrême d'une justice en manque chronique de moyens. Comme la majorité des Services Publics, toujours plus écrasés par les politiques de droite mises en oeuvre depuis plusieurs décennies par des individus comme Abad et ses petits copains. Mais ça n'est pas véritablement le coeur de notre affaire.
Ceci étant dit, le fait qu'Abad soit toujours présumé innocent aux yeux de la loi, n'enlève rien au reste : à la force du symbole, par exemple.
Dans les pays d'Europe du Nord il n'est pas rare qu'un ministre simplement accusé de quoi que ce soit, souvent infiniment moins que les casseroles gigantesques que se trimballent nos "élites" au pouvoir, doive démissionner dans la journée sous la pression populaire.
Ainsi en Suède, depuis une loi instituée en ...1766 (!), chaque citoyen, journaliste, quidam, a le droit d'accéder à tout document public, note de frais, salaires des élus, dépenses, comptabilité... un accès universel à tout document public sur simple demande, en totale transparence. Ceci est pratiqué à grande échelle dans tout le pays, et il en résulte un fait très simple : les élus sont constamment surveillés, contrôlés par les citoyens. Et le moindre accroc est sanctionné : certaines affaires demeurent célèbres, car elles montrent à quel point le niveau d'éthique et d'exigence des peuples de ces démocraties du Nord -si souvent prises en exemple par la droite et la macronie quand il s'agit de raboter les conquis sociaux en France- est élevé. Ainsi l'affaire "Toblerone", avait vu Mona Sahlin, promise au poste de premier ministre, être contrainte de démissionner pour avoir payé une barre chocolatée avec sa carte de crédit de fonction...
Il y en a eu d'autres, et quand on les compare avec ce que nous sommes obligés de supporter en france, on croit juste rêver (ou cauchemarder plutôt) : en 2006, c’était la ministre en charge du commerce international, Maria Borelius,qui avait été dégagée, car elle n’avait pas déclaré la nounou de ses enfants. Idem, la même année, pour sa consœur ministre de la santé, Cecilia Stego Chilo, qui n’avait pas payé sa redevance télévisuelle depuis seize ans.
Et que dire de cette affaire plus récente, où le porte-parole des Verts, Gustav Fridolin, avait dû s’expliquer alors que l’avion du gouvernement avait parcouru 40 km pour venir le chercher dans l’autre aéroport de Stockholm, alors que les ministres ont l’habitude de circuler à pied ou à vélo entre ces deux destinations ? La comparaison avec Jean "je-vais-voter-en-Falcon-car-je-suis-incapable-de-signer-une-procuration" Castex en devient juste...risible.
Et inutile que le chef de gouvernement essaie d'esquisser un geste de soutien envers les mis en cause dans les médias ou ailleurs : l'habitude est tellement bien ancrée dans les moeurs civiles (civiques ?) et politiques du pays, que ce simple fait paraitrait inconcevable, et aucun premier ministre digne de ce nom ne s'y risquerait, car il se grillerait politiquement.
Le rôle antidémocratique de la presse "libre"
Alors le fait que cette loi, l'offentlighetsprincipen ou "principe de transparence", ait été promulguée en même temps que celle instituant la liberté de la presse, devrait nous interroger, ici en France, sur le rôle de nos médias dans cette affaire.
Des médias mainstream ou grand public, possédés à 95% par une poignée de familles oligarchiques, rappelons-le.
Une presse saine est une presse où la liberté d'informer ne suffit pas.
Il doit aussi s'agir de la liberté de penser. Et de ce point de vue là, la faculté de nos "journalistes", tous issus de mêmes écoles où le prix du ticket d'entrée est très élevé (traduction : accès autorisé seulement aux enfants bien nés), où le programme est peu ou prou le même (traduction : dispensé par les mêmes intervenants, avec le même contenu idéologique qui ne dit pas son nom), et où l'on inculque non pas la liberté de penser, mais la liberté de penser tous dans le même moule...cette faculté de penser dans la profession, est très souvent amoindrie, toute conditionnée par des impératifs productivistes qui font qu'aujourd'hui, la majorité des journalistes français sont des précaires, qui ne doivent leur poste qu'à leur servilité, et leur capacité à se couler dans le même moule de l'info vite faite, mal faite, très souvent reprise telle quelle d'une dépêche AFP qu'ils ne prennent même plus la peine de vérifier a priori, tout occupés qu'ils sont à "faire le buzz en premier".
"Oui mais...un journaliste se doit d'être neutre" : faux, re faux et archi faux.
Rien n'est jamais neutre, même une info brute n'est jamais neutre, à partir du moment où on la présente au public. Le simple fait de privilégier une info par rapport à une autre, de faire l'ouverture du JT avec elle plutôt qu'avec une autre, ou d'en occulter une plutôt que celle là, est déjà un acte orienté idéologiquement et politiquement. Le fait que les "journalistes" ne s'en rendent même pas compte, n'entre pas dans l'équation : quand vous choisissez de faire votre "une" avec les burkinis à la piscine plutôt que sur le pouvoir d'achat des gens qui plonge en chute libre, ou sur la crise démocratique de notre pays, déjà vous faites un choix idéologique. Même si vous n'en êtes pas conscient, vous politisez le débat en l'orientant. Vous priorisez cette info, vous lui donnez de l'importance, vous donnez le ton. Et le mimétisme de la profession fait le reste...
Notre niveau d'exigence
Pour en revenir à notre mouton noir du moment, Damien Abad donc, il est accusé de viol par deux femmes.
Rien que ce simple fait, donc, donne lieu à une polémique hors sujet comme il en est fabriqué cent par mois dans notre pays, et reprise en coeur par tous les médias, et on assiste depuis 48 heures au vrai but de tout ceci : légitimer sa présence au gouvernement.
En gros : il n'a pas de bras, donc il ne peut pas avoir goûté au chocolat...
"Il a besoin des bras des autres"
Mais en même temps on lui reconnait jusque dans son (ancien) camp une certaine "lourdeur", une "insistance déplacée" auprès des femmes, et ce depuis fort longtemps.
D'un côté comme de l'autre, ces affirmations ne constituent pas le coeur du sujet : c'est même un contrefeu fort commode pour le gouvernement, qui ne s'y trompe plus depuis des années : combien de ministres mis en cause dans diverses affaires pourtant gravissimes, ou sur qui pèsent de très lourds souçons, parfois jugés et reconnus coupables, et toujours en place, comme s'ils étaient inamovibles ? Voire même promus !
C'est un contrefeu parce qu'on ne parle pas du vrai sujet : notre niveau d'exigence, en tant que citoyens, vis à vis de l'exemplarité de nos représentants.
Et c'est bien parce que le niveau d'exigence de la majorité de la population envers ses élus, est proche du zéro absolu, que ces gens se permettent de continuer comme cela.
Le peuple français a été rendu complètement immature politiquement, par ceux-là mêmes qui étaient censés le représenter.
Damien Abad, comme Taha Bouhafs et tant d'autres avant lui, n'aurait jamais dû être nommé par Macron. Mais ce dernier se le permet parce que dans trois jours, nous passerons à autre chose, avec l'aide de nos médias complaisants.
Et Damien Abad -à l'inverse de Taha Bouhafs- restera en poste, car, quoi qu'en dise la majorité macroniste, et Schiappa et consorts, la parole des femmes vaut bien, bien moins que celle d'un responsable politique puissant en macronie. La NUPES, quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, a au moins ce mérite-là : elle place le niveau d'exigence là où il faut le mettre.
De la parole des femmes en France
On le sait, on le pressent, on le constate : ça n'est certainement pas depuis la vague #MeToo que les violences faites aux femmes ont explosé. Ces violences existent depuis la nuit des temps : dans une société dominée par la loi du plus fort et du plus puissant, naturellement les femmes, et encore plus les plus jeunes d'entre elles, sont l'objet d'un désir très souvent incontrôlé de la part des mâles dominants, éduqués dès le plus jeune âge dans l'acception-judéo chrétienne de l'homme qui ramène le pain à la maison...
Inutile de brailler, c'est désormais avéré : #MeToo est un formidable révélateur de la volonté émancipatrice qui traverse le corps social, et plus particulièrement la part féminine de ce corps.
Le femmes en ont marre de se taire, de subir en silence, de ne pas faire de vagues, de se conformer à la belle image qu'on attend d'elles... Aidées par le relatif anonymat, et la large diffusion que procurent les réseaux sociaux, des milliers d'entre elles ont décidé de parler.
Ceci, quoi qu'on pense du féminisme et de ses excès, parfois très visibles, mais aussi très minoritaires, doit être salué. De quelque camp qu'on soit, si on est un honnête citoyen, on ne peut qu'être d'accord avec le fait qu'une victime parle, exige justice, et l'obtienne.
Les femmes ont le droit de ne plus subir le harcèlement, les attitudes déplacées, la sexualisation constante, et le désir d'hommes qui ne savent pas se contrôler, et qui font passer le contenu de leur caleçon avant le respect de l'individu.
Le reste est totalement accessoire.
"Oui mais"... "oui mais à ce compte là il suffit que quelqu'un veuille se débarasser d'un homme politique en l'accusant à tort".
"Oui mais il y a beaucoup d'envieux, peu d'appelés et encore moins d'élus"
"Oui mais"... tous ces arguments seraient nuls et non avenus dans une authentique démocratie, car ce serait le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Pas seulement des mots : dans une vraie démocratie, des gens comme Balkany, ou Sarkozy, pour ne citer qu'eux, seraient forcés de rendre des comptes, et d'exécuter leurs peines, au lieu de venir se pavaner, de faire leurs petites affaires ou même de continuer à oeuvrer, encore et toujours, dans les coulisses du pouvoir.
Dans une démocratie mature, la parole de la moitié de la population ne serait pas systématiquement remise en cause à chaque fois qu'un soupçon surgirait. Car le message envoyé à toutes les femmes -pas juste à celles victimes de violences, où même aux potentielles affabulatrices !- serait le suivant : on vous croit.
Pourquoi ? Parce que par principe on prend en considération la parole des victimes, pour au moins trois raisons essentielles et de bon sens.
On vous croit
On vous croit, parce que :
1/ prendre la parole pour accuser publiquement quelqu'un de crime, et a fortiori un crime sexuel, touchant à l'intime même, est extrêmement éprouvant pour la victime : il va nécessairement y avoir une enquête, l'accusé va se défendre...et donc si en plus il est puissant (comme Damien Abad ou PPDA) le risque est encore plus grand de se voir soi-même attaqué, remis en cause, trainé dans la boue, taxé d'affabulation, de jalousie et j'en passe.
L'affaire PPDA est éloquente à ce sujet : cet homme n'a pas hésité une seule seconde à attaquer 16 femmes en "injure publique", 16 courageuses femmes qui ne se connaissaient nullement auparavant, et qui se sont toutes retrouvées, à un moment ou un autre, dans un comissariat devant les enquêteurs pour décrire ce qu'elles avaient vécu, avec la peur au ventre des représailles, de la réprobation familliale et sociale.
Lorsque la première d'entre elles parle, alors que des dizaines d'autres se taisent depuis des années, et que le fait est connu depuis de nombreuses années jusque dans la rédaction de TF1 et chez les RH de TF1 (l'ancienne directrice des programmes conseillant aux nouvelles jeunes et jolies stagiaires de "ne jamais se retrouver seule avec lui"), elle est trainée dans la boue de manière ignoble. L'ancien présentateur riposte immédiatement et férocement, déposant plusieurs plaintes, engrangeant les soutiens sur les réseaux sociaux, l'accusant de calomnie, d'opportunisme (elle venait de sortir un roman), allant jusqu'à publier des extraits privés et tronqués de SMS, et de nombreuses personnes la menacent ouvertement et la salissent.
Il faut un sacré courage pour se battre contre tout ça, ou même envisager de le faire. C'est un changement total de vie, que peu sont prêtes à assumer... C'est d'ailleurs ce qui fait que seule une femme sur dix, grand maximum d'après les estimations, ose franchir le pas. Et on ne parle que des viols, pas du reste (harcèlement, etc.). La majorité se tait durant de longues années, voire le cache à vie....
Croire la femme qui accuse sur parole, dans la très grande majorité des cas donc, c'est favoriser cette prise de parole, c'est inciter à franchir le pas, par le fait qu'on gommera l'argument mille fois employé -et hélas vérifié- "on ne va pas vouloir me croire, m'écouter etc."
Ensuite, on vous croit parce que :
2/ à moins d'avoir soi-même vécu un viol, une agression, du harcèlement...on ne peut pas imaginer ce que c'est, et les mécanismes que cela implique.
"Mais pourquoi elle ne l'a pas dénoncé ? Pourquoi elle ne s'est pas défendue ? Elle l'a quand même sans doute un peu cherché, ou voulu, non ? Qui ne dit mot consent ?"
Tout ceci démontre un sérieux manque d'empathie, ou a minima de compréhension.
L'état de sidération est très sérieusement documenté par la littérature médicale, de même que la dissociation et la mémoire post-traumatique. Il s'agit de mécanismes de défense mis en place par le cerveau, pour se préserver de dommages trop importants, et assurer la survie psychique -et donc, quelque part la survie tout court- de l'individu.
On observe les mêmes mécanismes chez les enfants battus et/ou violés, ou les victimes d'accidents graves. Pour se préserver, le cerveau va passer par plusieurs stratégies, à différentes étapes du vécu : sidération durant l'agression, avec incapacité de réagir, de se défendre, de se protéger... dissociation pendant et après, puis littéralement oubli de la mémoire traumatique de l'évènement dans un coin du psychisme, parfois durant des décennies. Les psychiatres parlent de psycho-traumatismes.
A la lumière de ces éléments, on ne peut que comprendre pleinement l'atout indispensable que constituerait la reconnaissance systématique et automatique du "fait d'en parler" pour toutes les victimes ayant le courage de se déclarer, parfois des décennies après les faits.
Enfin, on vous croit parce que
3/ ça suffit ! Le message aux agresseurs potentiels, et à ceux qui se croient intouchables, doit être qu'on les retrouvera jusque dans les chiottes s'il le faut. Aucune impunité, tolérance zéro : cela n'empêcherait hélas sans doute pas toutes les agressions, et d'ailleurs ça n'est même pas le but.
Mais c'est plutôt que la société doit changer en profondeur sur cette question. Il est juste inadmissible que ce genre de choses continue encore et encore, sans que nous ne questionnions nos méthodes éducatives, et que nous ne revendiquions une autre façon d'enseigner la manière de se comporter, et de vivre en société, aux petits garçons.
A ce sujet les chiffres de ce qu'on nomme pudiquement "féminicides" sont accablants : plus de cent femmes meurent tuées par leur conjoint/concubin chaque année dans notre beau pays, contre absolument aucun masculinicide -puisque pour parer aux arguments fallacieux et déconnectés de certains, il faut ici le réaffirmer encore et encore : seules les femmes se font tuer par "leurs" hommes.
Ceci doit absolument nous interroger : il y a un sacré problème dans la psyché masculine de beaucoup de ses représentants. De très nombreux hommes, bien sous tous rapports par ailleurs, considèrent leur femme comme leur bien, leur propriété. Et, le jour où celle-ci s'en va, pour mille et unes raisons, ils "pètent les plombs" et ne le supportent pas. Ceci ressemble furieusement à un Oedipe contrarié ou je ne m'y connais pas. Et ce complexe touche des millions de personnes, et les fait très souvent souffrir, dieu merci la majorité n'allant pas jusqu'à la dernière extrémité...mais quand même : c'est un fait de société, les gens sont des handicapés relationnels, écrasés sous le poids des représentations religieuses, morales, communautaires, sociétales...mais surtout par leur incapacité à gérer leurs émotions, qui dans certains cas vont aller jusqu'à les dévorer, les incitant à commettre l'irréparable.
Ceci est également visible dans tout cas de "pétage de plombs" donnant lieu à faits divers, du type qui en descend un autre pour une simple place de parking, au tabassage en règle pour une queue de poisson ou un doigt d'honneur...à chaque fois, l'individu est incapable de gérer ses émotions, se laisse emporter par elles, et s'identifie à elles au point que la moindre contrariété peut rapidement l'amener à une action complètement disproportionnée.
Plusieurs études parlent "d'activation physiologique associée", et de la nécessaire "régulation émotionnelle" qui devrait être l'apanage de toute éducation digne de ce nom, pour éviter ce genre de funeste réponse.
En résumé, croire en la parole des femmes, ce devrait être la première condition pour vouloir changer réellement les choses dans la société qui est la nôtre. Une société qui demeure donc violente, forte avec les faibles et faible avec les forts.
Une société de rapports de force, à l'image de ce gouvernement.
Il est donc temps que nous prenions collectivement la mesure de la tâche qui nous attend...
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