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Accueil du site > Tribune Libre > L’amnésie de l’Algérie vis-à-vis des enfants des déportés en (...)

L’amnésie de l’Algérie vis-à-vis des enfants des déportés en Nouvelle Calédonie

« Lorsque je suis arrivée sur le territoire calédonien, pour retrouver les descendants d’Algériens, je demandais l’itinéraire aux Kanaks. La première réponse qu’ils m’ont donnée, c’est : lorsque tu vois un dattier, c’est qu’il y a un « Vieil Arabe » qui est passé par là ».

Mélica Ouennoughi Docteur en anthropologie à l’Université de Paris

L’un des dossiers les plus pertinents que l’Algérie se doit de se réapproprier est celui de la mémoire. Sans vouloir verser dans la concurrence victimaire, en Algérie nous avons trop tendance à pardonner par incompétence par crainte d’être mal vu, par paresse et surtout par méconnaissance de cette mémoire en miettes suite à un tsunami qui a eu lieu un certain jour de débarquement, le 14 juin 1830, sur une plage de Sidi Fredj. Il semble et il faut le regretter que seule une histoire bâclée, revancharde, incomplète dans le temps et l’espace intéresse quelques officines qui en font, un fonds de commerce. J’ai souvenance d’avoir vu, il y a quelques années, une délégation de petits descendants-Laïfa et les autres- des déportés de 1971. Ils étaient venus de Nouvelle-Calédonie à près de 20.000 km se ressourcer dans cette Algérie mythique que leur ont chanté leurs parents, de père en fils. J’avais naïvement demandé à ce qu’on mette en place une bibliothèque virtuelle pour consolider un lien de plus en plus ténu depuis près de 140 ans. Je ne suis pas sûr d’avoir été entendu. En fait, c’est en écoutant en voiture la chanson El Menfi de Akli Yahyaten que je me suis hasardé à retracer, encore une fois et après bien d’autres plus autorisés que moi, un pan de notre histoire. Je me suis basé sur un ouvrage magistral de Melica Ouennoughi anthropologue qui, menant un travail de bénédictin a ressuscité un pan de cette douloureuse histoire à la fois sûr le plan anthropologique et sur le plan agricole avec ce « marqueur » qu’est le palmier dattier. L’histoire commence par une révolte- une de plus contre les hordes coloniales. Ce qui est remarquable, chez les peuples qui ne veulent pas mourir, c’est la lutte contre l’acculturation en tenant à leur repères ; la France, les a dépossédés, ruinés, déportés, tondus, mais elle n’a pas pu, malgré toutes les manoeuvres, les intégrer en les désintégrant. Arrachés à leur terre natale, séparés de leurs proches, déportés par convois successifs vers les bagnes du Pacifique, les déportés devaient aussi lutter contre l’acculturation, pour ne pas perdre leur âme et leurs coutumes. Jusqu’en 1936, leurs enfants étaient obligés de porter des noms chrétiens pour être scolarisés.

Un autre échec Mais chez eux, à la maison, les enfants étaient appelés par des noms venus du fin fond du pays de leurs pères, « si bien que Jean-Pierre, Michel et Joseph deviennent une fois à la maison des Taïeb, Miloud et Ahmed », dira Mme Ouennoughi. Encore un échec, un de plus, de la colonisation et de ses différentes méthodes d’acculturation et d’assimilation. Ceci dura jusqu’en 1930 date à laquelle on leur permit de garder leur nom arabe. Après la levée de l’interdiction sur l’utilisation des prénoms musulmans, « tous les Jean, Christian, Joseph, Robert, Michel etc. redevinrent instantanément officiellement des Taïeb, Ahmed, Mohamed, Ali, Kader, etc. », relève le Dr Pierre-Philippe Rey, professeur des Universités, dans la préface de l’ouvrage de Mme Ouennoughi. « Cette remarquable résistance à l’acculturation ne se manifeste pas que sur ce point : l’auteur nous explique comment ces déportés masculins ont appris à leurs femmes françaises ou canaques la cuisine algérienne qui s’est ensuite transmise de génération en génération ; comment a été édifié un mausolée à la mémoire d’un cheikh décédé par noyade, à l’endroit de son accident et comment ce mausolée donne lieu à un pèlerinage annuel rappelant en tous points les ziaras du pays des ancêtres ; comment une association de descendants d’Algériens gère ce lieu de pèlerinage et le cimetière musulman qui l’entoure ; comment les dattiers sont vénérés comme témoins actuels de la présence en ces lieux du « Vieil-Arabe » qui les a plantés... », note le Dr Rey dans sa préface du livre de Melica Ouennoughi.(1) La politique d’acculturation des descendants des déportés a échoué. Mieux : elle a eu l’effet inverse. « Ce sont les femmes françaises, communardes ou d’origine pénale, qui ont adopté les coutumes algériennes et non l’inverse », ajoute le Dr Rey. Le dernier déporté, Kouider, est décédé en 1968. Les noms des déportés, tirés des archives poussiéreuses, rongées par l’humidité et le rance, ont permis d’ériger, à Bouraïl, en Nouvelle-Calédonie, une stèle à la mémoire des déportés. « C’est important, parce que les déportés n’étaient pas des orphelins », dira Mme Ouennoughi. Ils avaient des pères, des mères et des familles en Algérie. Ils étaient venus d’un village, d’une tribu, d’une région, enfin d’un pays pris dans les mâchoires d’un colonialisme meurtrier et dévastateur.(1)

L’introduction du modèle et des fondements de la djemaâ « ont contribué énormément au mouvement associatif de 1886 en France », selon Mme Ouennoughi. Les codes coutumiers pratiqués par les déportés ont été utilisés par les autorités françaises de l’époque « pour solidariser les petits colons » en Nouvelle-Calédonie. Les Communards et autres anarchistes, comme Louise Michel, en avaient, eux aussi, emporté dans leurs bagages, « emprunté » à la djemaâ ce « petit trésor » d’organisation sociale en retournant en France, après la loi d’amnistie de juillet 1879. Une loi qui avait, faut-il le rappeler, « oublié » les déportés algériens qui devaient attendre 1895 pour bénéficier de ses dispositions. « D’ailleurs, la loi de 1901 est fortement imprégnée par ces codes coutumiers » des déportés algériens, nous a confié Mme Ouennoughi.(2) La djemaâ a intégré tous les déportés, qu’ils soient « politiques », ayant conduit ou participé aux révoltes et insurrections contre la France coloniale en Algérie, ou de « droit commun », parmi lesquels figureraient certainement ceux qu’on appelait les « bandits d’honneur » et qui étaient, pour certains d’entre eux, des révoltés contre l’ordre colonial, à l’image de Ahmed Oumerri et Arezki L’bachir en Kabylie et Messaoud Benzelmat dans les Aurès tués par les forces coloniales en Algérie. La démarche visant à ôter l’étiquette dévalorisante de « droit commun » à ce type de prisonniers a abouti à l’union de tous les déportés algériens. Aujourd’hui, leur descendance est estimée à 15.000 personnes. « Moi, j’estime qu’elle est plus importante », soutient Mme Ouennoughi.(2)

Les descendants ont créé, en 1969/1970, une « Association des Arabes et des amis des Arabes » pour prendre en charge l’histoire et perpétuer la mémoire collective de leurs ancêtres. Elle fonctionne selon les principes et les règles de fonctionnement de la djemaâ ancestrale. D’ailleurs, ce travail de mémoire avait déjà été assuré, avec brio peut-on dire, bien des décennies auparavant, par des filles de déportés. « Notre mère était une grande femme ; elle était une fille rebelle aussi ; elle voulait toujours nous éduquer avec la coutume algérienne. Elle maîtrisait bien la langue de son père. Il fallait toujours qu’on soit réunis. Elle nous parlait quelques mots d’arabe. Elle avait une grande admiration pour son père. Elle en était fière et c’est comme si elle avait ce rôle de transmettre la coutume des anciens : c’était une femme autoritaire », disait le petit-fils d’un déporté cité par Mme Mélica Ouennoughi dans son ouvrage. Elles ont mis en application le concept de « devoir de mémoire » avant que celui-ci soit utilisé. « Chacune à leur manière avait le devoir de transmettre la tradition », à travers notamment « le port du foulard berbère, les plats traditionnels, les récits et les mots à consonance arabo-berbère. A chacune d’entre elles, on attribue un récit ou un conte légendaire parfois. »(2)

Le chant de la résistance La chanson El Menfi (le Déporté) interprétée par le chanteur Akli Yahyaten était chantée en Nouvelle-Calédonie au XIXe siècle par les déportés algériens, selon Mme Ouennoughi. Le chant était accompagné d’une flûte fabriquée avec du bois de sagaie. Un bois servant aussi pour les Kanaks à fabriquer des lances. « Cette chanson était chantée en Nouvelle-Calédonie par des gens qui ne connaissent pas l’Algérie. Des petits descendants des déportés la chantaient dans les vallées perdues. C’est quand même incroyable », dira-t-elle. Le déporté Taïeb ben Mabrouk, réputé pour sa maîtrise de la flûte, répétait sans cesse cette chanson qu’on murmure toujours aujourd’hui. Il s’agit de El-Menfi, raconte sa petite cousine. Les mots dits dans la chanson « nous restent dans notre coeur, ils sont aussi pleins de détresse. Cette chanson, il la chantait toujours sous le dattier », confie-t-elle à Mme Ouennoughi. « Si l’Algérie n’ouvre pas le dossier des déportés, il ne s’ouvrira pas en Nouvelle-Calédonie parce qu’il n’y a pas de spécialistes qui s’intéressent à cette question », estime-t-elle.(1)

L’auteur suit également l’histoire du lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie grâce au fil conducteur de la culture du palmier dattier. La reconstruction identitaire d’une communauté maghrébine dans les pays d’Outre-mer ne pouvait être compréhensible, qu’après avoir reconstitué les étapes anthropologiques de leur histoire sociale, religieuse, économique et botanique. La formation de palmeraies pour souder la communauté ainsi que les effets au niveau des techniques et de l’outillage nous révèlent l’existence d’un héritage almoravide berbère qui prend son origine en Espagne médiévale (XIe siècle), dont l’auteur analyse les modes de diffusion permettant de suivre les mouvements migratoires des groupes humains. La première personne qui m’a introduit au dattier, c’est M. Aïfa ; je me souviens, il était perplexe sur mes recherches, ensuite en me voyant mener mes enquêtes jour après jour, mois après mois, il a compris que pour entreprendre un tel travail de recherche sur le terrain, il fallait un fil conducteur, un guide végétal, un marqueur culturel et agronomique que les Kanaks avaient accueilli : c’était bien le dattier de ses ancêtres qui était, selon lui, un symbole fort de résistance. Puis, il m’a amené vers son dattier d’origine, que son père Laïfa (son ancêtre en Calédonie) a planté et aujourd’hui il porte plus d’un siècle de naissance.(3)

L’ouvrage de Melica Ouennoughi met en lumière pour la première fois le grand répertoire des mouvements de la déportation algérienne et maghrébine depuis les insurrections politiques des Ouled Sidi Cheikh 1864, la grande insurrection de Hadj Mokrani et de Cheikh El Haddad 1871, l’ extension insurrectionnelle de El Amri 1876, celle des Aurès de 1879, les insurrections des Ouled Sidi Cheikh de 1881-1882. Les convois collectifs de l’insurrection de Hadj Mokrani ont été statués de la dénomination politique avec les insurgés de Biskra fortement apparentés aux Ouled Mokrane par la présence des familles réfugiées. (...)Le dernier convoi des droits communs est très présent dans la région de Bourail. Ces droits communs font partie du convoi de 1896 et la descendance a hérité de forts marqueurs culturels issus de l’ancienne djemâa en provenance du code coutumier et juridique initié par Hadj Mokrani dans cette résistance à la contre-acculturation.(2)

« Pour que soit transféré un tel code coutumier, écrit Melica Ouennoughi, dans un espace kanak et calédonien, il y a eu des marqueurs précis qu’il a été nécessaire d’étudier sur le terrain, par l’observation des faits et des ritualisations coutumières mais pas seulement, la démarche d’anthropologie historique vise à étudier le contemporain de ses actes et ses représentations coutumières, par exemple ses symboles aussi, ses marqueurs et remonter à l’histoire des sources d’archives et en amont des ces sources aux sciences algériennes, berbères et arabes, pour reconstituer l’Histoire et le phénomène de causalité de tels marqueurs culturels dans cette forme de maintien d’une sauvegarde culturelle et historique de la résistance. Celle de la libération, de la liberté et de La solidarité par le système de la touiza. »(2)

« Les affres de la déportation et l’exil ont été marqués par le chant célèbre El Menfi, l’exilé, et je crois que nous pouvons dire que cette chanson nous la devons à ces familles de déportés mais pas seulement à toutes ces grands-mères qui ont chanté leur tristesse lors de leur séparation de leurs fils et je crois que cela reste gravé dans cette mémoire du chant omniprésent comme marqueur culturel qui forme cette union entre l’Algérie et la Calédonie. Ce chant est une grande tristesse mais il est aussi une grande résistance et pour l’historienne que je suis, je devais trouver d’autres marqueurs de cette résistance car en Algérie nous avons un riche patrimoine à préserver qui a été transféré en Océanie. Mon appartenance à cette résistante vient du fait que mon père m’a donné deux principes d’enseignement : l’instruction et la cellule familiale comme préservation. L’Histoire de l’Algérie amène à rompre avec toute émotion forte à toute aliénation sans oublier que les douleurs et les horreurs de la colonisation, ce qui est dit doit être écrit et dans cet écrit des affres de la déportation, je fus persuadée qu’il y avait une résistance et je l’ai trouvée dans des fondements culturels scientifiques bien précis et cette réappropriation de notre histoire doit tenir compte des fondements culturels algériens à travers les espaces et les siècles. »(2)

On ne peut parler justement des déportés sans citer quelques paroles douloureuses de la chanson interprétée magistralement par Akli Yahyaten - que Dieu lui prête longue vie - pour avoir su nous faire vibrer : « Aw ki dawni le tribunal jadarmiya kbaar wisghaar aa wissensla tewzen qantar darbouni aam wa n’haar 3ala dakhla haffouli raas wa aataouni zawra ou payas goulou lommi matebkeesh yal menfi waldek rabbi mayy khalleesh. » « Quand ils m’ont trainé au tribunal avec une chaine qui pèse un quintal , les gendarmes grands et petits ils m’ont comdamné à un an et un jour ;Ils m’ont tondu la tête et m’ont donné une couverture et une paillasse ; Dites à ma mère de ne pas pleurer Ö ! déporté ! Dieu l ne laissera pas tomber ton fils... » Cette supplique revendique deux repères : la religion et la mère. Cette mère, dernier lien ombilical qui lui reste et qu’il doit tenter de rassurer. Cette mère est en fait, notre mère, cette Algérie souffrante de voir ses meilleurs fils lui être arrachés pour l’inconnu sans espoir de retour. Nous sommes assurément des nains juchés sur les épaules de ces géants qui ont commencé le combat libérateur- il faut s’en convaincre - dès l’arrivée de l’armée d’invasion en Algérie. C’est dire si, en définitive, l’identité première est indélébile et qu’elle n’est pas soluble dans toutes les liqueurs de l’intégration vue comme une désintégration du patrimoine originel et non comme une mosaïque apaisée d’un melting pot à l’ombre des lois de la 5épublique

1.Mélica Ouennoughi : Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier (1864 à nos jours) / ; préface de Pierre-Philippe Rey. -Paris : L’Harmattan, 2006.- Casbah Editions 2008.

2.Mohamed Arezki Himeur : Devoir de mémoire envers les déportés algériens http://www.lecap-dz.info/index.php?....

3.Entretien avec Me Ouennoughi réalisé par Bordj Bou Arréridj info (Algérie), 18 mars 2006.

Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Polytechnique Alger


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19 réactions à cet article    


  • Pierre93 5 mai 2009 19:58

    Très intéressant, sauf pour ceux qui ne connaissent pas la Nouvelle Calédonie et son histoire.


    • GHEDIA Aziz Sidi KhaledI 5 mai 2009 21:32

      C’est pas vrai  ! J’ai lu l’article ce matin, dès sa publication, et je devais même faire un petit commentaire malheureusement j’ai dû éteindre mon micro en catastrophe (une urgence chirurgicale) ; Plus de 12 heures après, une seule réaction. Ceci prouve une chose : l’histoire de l’Algérie et surtout les « bienfaits de la colonisation » n’interssent finalement pas grand monde de l’autre côté de la méditerranée. En ce qui me concerne, je vous avoue Mr Chitour que, d’émotion, je n’ai pas pu retenir mes larmes car, effectivement, la chanson El Menfi est d’une tristesse ... je ne trouve pas le mot exact pour la qualifier.

      Merci en tous les cas pour ce rappel historique. 


      • Massaliote 6 mai 2009 09:35

        De ce côté çi de la Méditerranée, nous attendons toujours UN SEUL MOT DE REGRET (pas d’excuses, car nous connaissons trop leur mauvaise foi et n’avons aucune illusion)des responsables pour les massacres de nos compatriotes musulmans, pieds-noirs et appelés du contingent après le 19 mars 1962.

        Ces exploits sanglants et lâches exercés au détriment de civils ou soldats tous sans armes ne semblent pas peser sur la bonne conscience des « ex-victimes de la colonisation ». Ils arrivent chez nous ayant pour la plupart la haine au coeur et l’insulte à la bouche et vous voudriez que nous compatissions à la déportation en Nouvelle-Calédonie, une île paradisiaque et au climat très sain (rien à voir avec la Guyane où le bagne était instauré) de quelques rebelles IL Y A 140 ANS (Voulez-vous par honnêteté re-situer ceci dans le contexte historique, culturel et social de cette époque ?).

        Alors que les massacres dont je vous parle ont eu lieu il y a moins de cinquante ans.

        Nous sommes saturé de toutes ces jérémiades concernant notre passé colonial et nous refusons d’être le bouc émissaire du monde. Aucun autre pays ne se voit reprocher le fait colonial de manière obsessionnelle comme la France alors que tout l’occident a un passé colonial.

        Je ne résiste pas a vous faire part d’un petit rappel historique plus que jamais indispensable, le professeur SAVELLI a écrit ce qui suit :

        LETTRE A Mr BOUTEFLIKA, président de la République algérienne.

        Monsieur le Président,


        En brandissant l’injure du génocide de l’identité algérienne par la France, vous saviez bien que cette identité n’a jamais existé avant 1830. Mr Ferrat Abbas et les premiers nationalistes avouaient l’avoir cherchée en vain. Vous demandez maintenant repentance pour barbarie : vous inversez les rôles ! C’était le Maghreb ou l’Ifriqiya, de la Libye au Maroc. Les populations, d’origine phénicienne (punique), berbère (numide) et romaine, étaient, avant le VIIIème siècle, en grande partie chrétiennes (500 évêchés dont celui d’Hippone/ Annaba, avec Saint Augustin). Ces régions agricoles étaient prospères.

        Faut-il oublier que les Arabes, nomades venant du Moyen Orient, récemment islamisés, ont envahi le Maghreb et converti de force, « béçif » (par l’épée), toutes ces populations. « Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion….Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez » (Coran, sourate II, 186-7). Ce motif religieux était élargi par celui de faire du butin, argent, pierreries, trésor, bétail, et aussi bétail humain, ramenant par troupeaux des centaines de milliers d’esclaves berbères ; ceci légitimé par le Coran comme récompense aux combattants de la guerre sainte (XLVIII, 19, 20) . Et après quelques siècles de domination arabe islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico romano berbère si riche, que des ruines (Abder-Rahman ibn Khaldoun el Hadrami, Histoire des Berbères I, p.36-37, 40, 45-46. 1382)

        Faut-il oublier aussi que les Turcs Ottomans ont envahi le Maghreb pendant trois siècles, maintenant les tribus arabes et berbères en semi esclavage, malgré la même religion, les laissant se battre entre elles et prélevant la dîme, sans rien construire en contre partie. Faut-il oublier que ces Turcs ont développé la piraterie maritime, en utilisant leurs esclaves. Ces pirates barbaresques arraisonnaient tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Dans l’Alger des corsaires du XVI ème siècle, il y avait plus de 30.000 esclaves enchaînés. D’où les tentatives de destruction de ces bases depuis Charles Quint, puis les bombardements anglais, hollandais et même américain…Les beys d’Alger et des autres villes se maintenaient par la ruse et la force, ainsi celui de Constantine, destitué à notre venue, ayant avoué avoir fait trancher 12.000 têtes pendant son règne.

        Faut-il oublier que l’esclavage existait en Afrique depuis des lustres et existe toujours. Les familles aisées musulmanes avaient toutes leurs esclaves africains. Les premiers esclavagistes,

        Monsieur le Président, étaient les négriers noirs eux-mêmes qui vendaient leurs frères aux Musulmans du Moyen Orient, aux Indes et en Afrique (du Nord surtout), des siècles avant l’apparition de la triangulaire avec les Amériques et les Antilles, ce qui n’excuse en rien cette dernière, même si les esclaves domestiques étaient souvent bien traités.

        Faut-il oublier qu’en 1830, les Français sont venus à Alger détruire les repaires barbaresques ottomans qui pillaient la Méditerranée, libérer les esclaves et, finalement, affranchir du joug turc les tribus arabes et berbères opprimées.

        Faut-il oublier qu’en 1830, il y avait à peu près 5.000 Turcs, 100.000 Koulouglis, 350.000 Arabes et 400.000 Berbères dans cette région du Maghreb où n’avait jamais existé de pays organisé depuis les Romains. Chaque tribu faisait sa loi et combattait les autres, ce que l’Empire Ottoman favorisait, divisant pour régner.

        Faut-il oublier qu’en 1830 les populations étaient sous développées, soumises aux épidémies et au paludisme. Les talebs les plus évolués qui servaient de toubibs (les hakems), suivaient les recettes du grand savant « Bou Krat » (ou plutôt Hippocrate), vieilles de plus de 2.000 ans. La médecine avait quand même sérieusement évolué depuis !

        Faut-il oublier qu’à l’inverse du génocide, ou plutôt du massacre arménien par les Turcs, du massacre amérindien par les Américains, du massacre aborigène par les Anglais et du massacre romano-berbère par les Arabes entre l’an 700 et 1500, la France a soigné, grâce à ses médecins (militaires au début puis civils) toutes les populations du Maghreb les amenant de moins d’un million en 1830 en Algérie, à dix millions en 1962.

        Faut-il oublier que la France a respecté la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, du tamashek et d es autres dialectes, et a respecté la religion (ce que n’avaient pas fait les Arabes, forçant les berbères chrétiens à s’islamiser pour ne pas être tués, d’où le nom de « kabyle » -j’accepte).

        Faut-il oublier qu’en 1962 la France a laissé en Algérie, malgré des fautes graves et des injustices, une population à la démographie galopante, souvent encore trop pauvre, -il manquait du temps pour passer du moyen âge au XX ème siècle. Mais en bonne santé, une agriculture redevenue riche grâce aux travaux des Jardins d’Essais, des usines, des barrages, des mines, du pétrole, du gaz, des ports, des aéroports, un réseau routier et ferré, des écoles, un Institut Pasteur, des hôpitaux et une université, la poste… Il n’existait rien avant 1830. Cette mise en place d’une infrastructure durable, et le désarmement des tribus, a été capital pour l’État naissant de l’Algérie.

        Faut-il oublier que les colons français ont asséché, entre autres, les marécages palustres de la Mitidja, y laissant de nombreux morts, pour en faire la plaine la plus fertile d’Algérie, un grenier à fruits et légumes, transformée, depuis leur départ, en zone de friche industrielle.

        Faut-il oublier que la France a permis aux institutions de passer, progressivement, de l’état tribal à un Etat nation, et aux hommes de la sujétion à la citoyenneté en construction, de façon, il est vrai, insuffisamment rapide. Le colonialisme, ou plutôt la colonisation a projeté le Maghreb, à travers l’Algérie, dans l’ère de la mondialisation.

        Faut-il oublier qu’en 1962, un million d’européens ont dû quitter l’Algérie, abandonnant leurs biens pour ne pas être assassinés ou, au mieux, de devenir des habitants de seconde zone, des dhimmis, méprisés et brimés, comme dans beaucoup de pays islamisés. Il en est de même de quelques cent mille israélites dont nombre d’ancêtres s’étaient pourtant installés, là, 1000 ans avant que le premier arabe musulman ne s’y établisse. Etait-ce une guerre d’indépendance ou encore de religion ?

        Faut-il oublier qu’à notre départ en 1962, outre au moins 75.000 Harkis, sauvagement assassinés, véritable crime contre l’humanité, et des milliers d’européens tués ou disparus, après ou avant, il est vrai, les excès de l’O.A.S., il y a eu plus de 200.000 tués dans le peuple algérien qui refusait un parti unique , beaucoup plus que pendant la guerre d’Algérie. C’est cette guerre d’indépendance, avec ses cruautés et ses horreurs de part et d’autre, qui a fondé l’identité algérienne. Les hommes sont ainsi faits !

        Monsieur le Président, vous savez que la France forme de bons médecins, comme de bons enseignants. Vous avez choisi, avec votre premier ministre, de vous faire soigner par mes confrères du Val de Grâce. L’un d’eux, Lucien Baudens, créa la première Ecole de médecine d’Alger en 1832, insistant pour y recevoir des élèves autochtones. Ces rappels historiques vous inciteront, peut-être, Monsieur le Président, à reconnaître que la France vous a laissé un pays riche, qu’elle a su et pu forger, grâce au travail de toutes les populations, des plus pauvres aux plus aisées -ces dernières ayant souvent connu des débuts très précaires -. La France a aussi créé son nom qui a remplacé celui de Barbarie. Personne ne vous demandera de faire acte de repentance pour l’avoir laissé péricliter, mais comment expliquer que tant de vos sujets, tous les jours, quittent l’Algérie pou r la France ?

        En fait, le passé, diabolisé, désinformé, n’est-il pas utilisé pour permettre la mainmise d’un groupe sur le territoire algérien ?

        Je présente mes respects au Président de la République, car j’honore cette fonction.

        Un citoyen français, André Savelli, Professeur agrégé du Val de Grâce.


      • abdelkader17 6 mai 2009 12:07

        @Massaliotte
        Tentative de légitimation en règle de la colonisation Française avec votre mauvaise foi habituelle.
        La France à commis des saloperies en Algérie et vous pouvez toujours évacuer vos responsabilités par le mensonge ou le subterfuge ça n’enlève rien à la réalité, la mission civilisatrice de la France était une abomination, ne reste plus que les nostalgiques de l’Algérie Française dans votre style pour en faire l’apologie


      • Massaliote 6 mai 2009 16:01

        A ABDEL

        Que faites vous dans un pays que vous abbhorez et qui a tant fait souffrir vos « frères » ? Retournez donc dans votre paradis libéré.

        Quant aux prétendues saloperies que vous dénoncez, des faits, des dates, des sources et des arguments. L’imprécation ne suffit pas.


      • abdelkader17 6 mai 2009 19:22

        @Massaliotte
        la société que vous souhaitez n’est pas pour demain, votre cause et votre combat sont perdus d’avance, pour vous répondre mon pays est celui ci je l’aime et le respecte, par contre les individus comme vous me donne la nausée.


      • abdelkader17 6 mai 2009 19:30

        Dès 1815 des tensions diplomatique entre la France et l’Algérie sous tutelle ottomane s’étaient développées à partir d’une sordide histoire de créance entre deux maisons de crédit, Bacri et Busnach qui orientaient leurs activités vers les exportations algériennes de blé, l’État français leur débiteur depuis la période révolutionnaire et impériale avec la complicité de Talleyrand et le bey d’Alger le créancier de ces maisons.Il est à noter qu’avant la colonisation l’Algérie exporte du blé.Se sentant victime d’une tentative d’escroquerie le dey d’Alger soufflette le 29 avril 1827 le consul de France à Alger, Pierre Deval, avec un chasse-mouches. Cet événement servit de prétexte à l’aventure de la  colonisation de l’Algérie. Le 14 juin 1830, un premier contingent de l’armée  française débarque à Sidi Ferruch ; la guerre pour l’occupation de l’Algérie ne fait que commencer.À partir de 1832, Abdelkader seulement âgé de 24 ans s’impose à quelques tribus d’Oranie comme le chef de la résistance à l’occupation française. La France essaye de combiner la diplomatie et son prolongement la guerre, deux premiers traités sont signés en 1834 et en 1837.

        En octobre 1839, Abdelkader reprend les armes contre la France, après la violation du traité de Tafna par les autorités françaises, traité qui devait assurer à Abdelkader l’autonomie des deux tiers du territoire algérien. Durant l’année 1839, le soutien du Maroc lui est apporté. Le général Bugeaud est nommé chef d’état-major en 1842. Sous son impulsion, la guerre change de nature : l’émir Abdelkader est très sévèrement battu par le duc d’Aumale qui s’empare d’une grande partie de ce que l’on a appelé la smala d’Abdelkader, en fait une ville itinérante de près de 30 000 âmes le 16 mai 1843, prise représentée en 1844 par Horace Vernet. Le conflit se déplace durant l’année 1844 vers le Maroc où s’était réfugiés Abdelkader avec une partie de ses troupes, fort de la une convention qui liait Abdelkader avec le sultan du Maroc depuis 1839 : bombardement de la ville de Tanger et de Mogador. Les troupes marocaines commandées par Mohammed fils du sultan du Maroc Abd el Rahman Ibn Hicham Abdelkader sont défaites à la bataille d’Isly le 14 août 1844.

        Après la signature du traité de Lalla Maghrnia le 18 mars 1845 avec le royaume du Maroc, un calme apparent s’établit sur la frontière occidentale de l’Algérie. L’émir Abdelkader s’était retiré sur la Moulouya. À partir d’avril 1845 la guerre prend un nouveau visage, celui d’une résistance désespérée, faite de harcèlement, d’embuscades : la réaction des troupes française dépassera les normes de la guerre conventionnelle. Le résistant Boumazza qui avait maintenu sa présence sur le territoire algérien est déterminé à continuer la lutte. Il lance des actions armées. Appuyé par la tribu des Ouled Rhiah , il défait et châtie la tribu des Sendjeh en éliminant l’agha ou le représentant collaborateur des autorités françaises.

        Le général Bugeaud organise immédiatement une réaction militaire : il envoie cinq colonnes en différents points du territoire concerné par l’insurrection, cinq colonnes[1] infernales qui sèmeront la désolation. Le général d’Arbouville, commandant la colonne de Sétif, le général Marey commandant la colonne qui se dirige vers Médéah. À partir d’Orléans ville, trois colonnes sont formées et confiées aux colonels Ladmiraut, Saint Arnaud et Pélissier.

        Ce dernier dirige sa colonne en vue de la répression contre la tribu des Ouled Rhiah, alliés du numéro deux de l’insurrection algérienne Boumazza[2]. Après des combats violents, une partie de la tribu défaite, avec femmes et enfants soit près d’un millier de personnes se réfugie dans les grottes considérées comme inexpugnables et dans lesquelles ces tribus s’étaient déjà réfugiées durant la lutte contre la présence ottomane, les grottes de Dahra. Des plénipotentiaires arabes sous les ordres du colonel Pélissier établissent un dialogue, les chefs tribaux exigent le retrait des troupes françaises en échange de leur soumission. Durant les pourparlers des coups de feu sont échangés. Le colonel Pélissier ordonne d’amasser des combustibles devant l’ouverture des grottes. Il semble que le colonel Pélissier applique les recommandations du général Bugeaud déjà mis en pratique[3] « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ; fumez les à outrance, comme des renards », le sinistre stratagème ayant déjà été utilisé. Le feu est mis aux très nombreux bûchers qui ceinturent les cinq ouvertures qui commandent l’entrée des grottes, de nombreuses fascines enflammées sont jetées du haut des rochers escarpés vers l’entrée des grottes… « alors arrivèrent aux oreilles épouvantées de nos soldats des clameurs déchirantes puis de temps à autres le bruit de la fusillade ».

        Le lendemain une compagnie formée d’hommes du génie et de tirailleurs, reçoit l’ordre de pénétrer dans les grottes. Un silence lugubre entrecoupé de râlements y régne[4]. À l’entrée, des animaux dont on avait enveloppé la tête pour les empêcher de voir ou de mugir sont  étendus à moitié calciné. Puis se sont des groupes effrayants que la mort avait saisi. Ici une mère a été asphyxiée au moment où elle défendait son enfant contre la rage dans l’agonie  d’un taureau dont elle saisissait encore les cornes. Ailleurs, des cadavres rendent encore le sang par la bouche et par leur attitude témoignent des dernières convulsions. Ici deux époux ou amants se livrent un corps à corps dans l’asphyxie qui a resserré les liens formés par leurs bras enlacés. Des nouveau-nés gisent parmi les caisses et les provisions ; enfin çà et là des masses de chair informes piétinées forment comme une sorte de bouillie humaine. Près d’un millier d’enfants de femmes et d’hommes ont été asphyxiés, brûlés entre le 19 et le 20 juin 1845.

        Le colonel de Sainte Arnoud commande la deuxième colonne qui traque Boumazza qui s’est échappé du Dahra pour se dirigé vers ténès et Mostaganem.  Dans le Tenès le colonel de saint Arnoud dépeint parfaitement dans une lettre adressée à son frère les circonstances qui sont à l’origine du massacre par asphyxie de plus de 500 personnes,  source inestimable d’authenticité.  

        « Cher frère  Je voulais te faire un long récit de mon expédition, mais le temps me manque. Je viens d’écrire huit pages au maréchal[6]. La fatigue et la chaleur m’accablent, j’ai passé hier vingt quatre heures à cheval. Je t’envoie seulement une espèce de journal sommaire de mes opérations. Tu sais que j’avais dirigé mes trois colonnes de manière à surprendre le chérif, le huit, par un mouvement combiné. Tout était arrivé comme je l’avais prévu. J’ai rejeté Boumazaa sur les colonnes de Ténès et de Mostaganem qui l’ont tenu entre elles et l’ont poursuivi. Il a fini par s’échapper en passant par Claparède, Canrobert, Fleury, et le lieutenant-colonel Berthier. On m’a rapporté 34 têtes, mais c’est la sienne que je voulais. Le même jour, le huit, je poussais une reconnaissance sur les grottes ou plutôt cavernes, 200 mètres de développement, 5 entrées. Nous sommes reçus à coups de fusil, et j’ai été si surpris que j’ai salué respectueusement quelques balles, ce qui n’est pas mon habitude. Le soir même, l’investissement par le 53e sous le feu ennemi, un seul homme blessé, mesure bien prise. Le neuf, commencement des travaux de siège, blocus, mines, pétards, sommations, instances, prière de sortir et de se rendre. Réponse : injure, blasphème, coup de fusil… Feux allumés. dix,onze mêmes répétitions. Un arabe sort le onze, engage ses compatriotes à sortir ; il refuse. Le douze, onze arabes sortent, les autres tirent des coups de fusil. Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ses fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes ; personne… que moi ne sait qu’il il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal simplement, sans poésie terrible ni image. Frère personne n’est bon par nature comme moi. Du huit au douze , j’ai été malade, mais ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût. »

        Le massacre de la colonne de 450 hommes dirigée par le lieutenant-colonel de Montagnac les 22,23 et 24 septembre, est la réponse aux exactions  commises par l’armée française durant le printemps et l’été 1845.

        Le 21 septembre 1845, le lieutenant-colonel de Montagnac quitte sa garnison de Djemââ où il était en relative sécurité, victime d’une habile désinformation orchestrée par les services d’Abdelkader. Il se dirige avec trois compagnies du huitième chasseur d’Orléans et l’escadron du deuxième hussard en direction du marabout de Sidi Brahim. Dès le 22 septembre 1845, il tombe dans l’embuscade tendue par Abdelkader à la tête d’une puissante force de 3000 cavaliers. Le lieutenant-colonel de Montagnac est tué dès les premiers combats. Une poignée de soldats français se réfugie dans le marabout de Sidi Brahim. Après un siège de trois jours, une sortie désespérée est tentée, seuls treize d’entre eux arriveront vivants à Djemââ. La mort de ces nombreux soldats commandera d’autres massacres et d’autres crimes de guerre par les troupes françaises.

        L’honneur de la France est incarné par le poète Lamartine, député qui dénonce vigoureusement lors de la première session de l’assemblée parlementaire de 1846 ces très nombreuses exactions  : massacre de population, incendie d’habitations, destructions de moissons, d’arbres fruitiers, politique de la terre brûlée etc. On me dit la guerre est la guerre, mais la guerre des peuples civilisés et la guerre des sauvages, des barbares, sont deux guerres différentes…je dis qu’il n’y aurait dans ce temps ni dans l’avenir aucune excuse qui pût effacer un pareil système de guerre, dans l’état de force, de discipline, de grandeur et de générosité que nous commande notre situation civilisée ! Je pourrais vous parler d’autres actes qui y ont fait frémir d’horreur et de pitié la France entière les grottes de Dahra où une tribu entière a été lentement étouffée. J’ai les mains pleines d’horreur, je ne les ouvre qu’à moitié ! 

        Chaouky Hamida

        Docteur en histoire-Framespa

        [1] Annuaire historique universel ou histoire politique entre 1818-1861 publié par A.Thoinier-Desplaces 1847, Paris

        [2] Boumazza, le grand chef résistant qui continue le combat après que l’émir Abdelkader ait été défait. Cerné de toutes parts, il se rend le 13 avril 1847 aux troupes françaises commandées par le colonel de Saint Arnauld. Interné en France, il est en fait « choyé » par le gouvernement de Louis Philippe, on le dote d’un appartement aux Champs-Élysées, il reçoit une pension de 15 000 F. Rebelle malgré tout, durant la révolution de février 48, il essaye de quitter la France, mais il est arrêté à Brest. Il est remis en liberté par le prince Louis-Napoléon qui lui restitue sa pension. Il quitte définitivement la France en 1854 pour se réfugier dans l’empire ottoman où il intègre le corps des Bachi-Bouzouks. Il est promu colonel en août 1855.Dictionnaire universel des contemporains, Gustave Vapereau, édition hachette ; Paris 1858. 

        [3] Aucune source si ce n’est cette citation ne vient corroborer cette première enfumade.

        [4] Histoire de la conquête de l’Algérie (1830 — 1860) par Achille Etienne Fillias- Arnaud de Vresse libraire-éditeur ; Paris 1860. 

        [5] Lettres du maréchal de Saint Arnoud , tome II, page 29,Editions Michel Lévy Frères, Paris 1855.

        [6] Bugeaud est général au moment des faits.


      • Massaliote 7 mai 2009 08:55

        Si vous respectiez « ce pays » et si vous l’aimiez vous n’oseriez pas glorifier les ennemis de la France, je n’oublie pas vos commentaires précédents.

        Ni le mépris que vous affichez pour mes compatriotes harkis qui sont plus français que vous et moi, ni vos références à BEN M’HIDI terroriste responsable de 11 attentats sanglants.

        Quant à votre jugement me concernant je puis vous assurer de la réciprocité. Ce pays a un nom, la France, même l’écrire semble vous répugner. Il est certain que ce n’est pas votre patrie. Un peu moins de tartufferie vous élèverait.


      • Massaliote 7 mai 2009 09:07

        Ineffable ABDELKADER

        Egal à vous même vous préférez VOTRE interprétation de la conquête coloniale et réfutez donc toutes les allégations du professeur SAVELLI ?

        Toutes les exactions commises par l’armée française en 1830 pour répréhensibles qu’elles fussent (prière de se replacer dans le contexte), toutes les dérives imputables à l’OAS et l’ensemble des dérapages de notre armée dans ce que vous appelez la guerre d’indépendance n’arrive pas pour l’ampleur des massacres, des tortures et leur sauvagerie à égaler les« hauts faits d’armes » de vos héros fellaghas.

        Votre belle âme ne m’a toujours pas expliqué comment vous justifiez, vous qui avez une conscience si pure, les petits enfants tronçonnés à El Halia, embrochés ou écrasés contre les murs.


      • phiconvers phiconvers 5 mai 2009 22:17

        ... ou comment se construire des mythes personnels sur le dos du pays d’accueil de tous les déçus de l’indépendance algérienne et, malheureusement pour la France, ils sont des millions, qui se déversent sans honneur sur l’ancienne colonie...

        L’Algérie n’existait pas avant que la France ne la fasse. C’était l’ex-zone des barbaresques et des touaregs, ces derniers ayant été balayés par l’assimilationnisme arabo-musulman, dont on parle bien peu !

        Article geignard, pénible à lire et stérile.


        • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 6 mai 2009 13:11

          Je trouve que l’article comme le commentaire de Massaliote sont d’une très grande utilité.
          Je regrette que l’auteur contrairement au professeur Savelli tombe dans un vocabulaire émotionnelle assez vengeur mais nous en apprendre un peu sur ces « arabes du pacifique » est une bonne chose.
          Les visions manichéennes tue dans l’œuf toutes les possibilités d’écrire notre histoire commune dans le respect et de construire un avenir commun dans la confiance.
          Comme je le dit chaque fois que l’histoire d’Algérie vient à « table »,souvent avec des amis d’origine algérienne ou algériens,il y avait des algériens et des français dans les deux camps,en proportions différentes évidement,mais quand bien même comment juger dans ce cas un peuples entier,ses descendants.
          Je suis né d’une espagnole et d’un italien,la france est mon pays et son histoire est la mienne.Mes ascendants n’ont aucune histoire commune avec la colonisation de l’algerie,comme les ascendants de beaucoup de familles modestes françaises et pourtant je reconnais la culpabilité de la nation.
          Et si l’on me considere comme descendant,et donc en partie « responsable »,des crimes commis par les colons,pourquoi n’en serais je pas autant pour toutes les mains tendues par d’autres français,de grand coeurs qui ont traversé l’histoire de la colonisation française.
          L’histoire vue par le proffesseur Sivelli ne nie pas la souffrance,ne justifie pas les crimes mais remet juste en bonne place la situation de l’algerie avant la colonisation,les progres accomplis pendant sans en nié les actes babares qui sont plus que demontrer et les errements de l’independance,meritée par le peuple algerien mais derobé par des avides


          • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 6 mai 2009 23:35

            et vous osez ecrire dans votre présentation ".... qui aiment à s’autoproclamer vainqueurs à moindres frais, passent leur temps à coller des étiquettes ou juger le contributeur sans jamais répondre aux problématiques abordées."

            Quel hypocrisie !!!!!


          • gaiaol 7 mai 2009 11:24

            Ne serait-il pas temps de couper le cordon ombilical ?

            le cordon ombilical ne sera coupé que lorsque la politique francaise dans ses anciennes colonies sera moins opaque. le soutien inconditionnel de tous les courants politiques francais aux generaux algeriens a de quoi maintenir encore mille cordons ombilicaux


          • phiconvers phiconvers 7 mai 2009 21:40

            Bien prompt à prendre une orgueilleuse hauteur et à distribuer vos bons points (cf votre « commentaire » suivant« . Mais un peu oublieux de ce que les »généraux" en question sont les descendants fidèles des terroristes fellaghas du FLN.
            C’est en fait notre seul point d’accord : la France depuis De Gaulle se trompe lourdement en aidant ce pouvoir corrompu et barbare depuis sa genèse dans le djebel.


          • gaiaol 7 mai 2009 10:39


            l auteur,
            merci. votre article est de ceux que j aime lire. il dévoile les hommes et l histoire occultée.
            tragédie du colonialisme ! une de plus. comment ne pas en vouloir a ceux qui ont pratiqué et ceux qui pratiquent encore, la force et la violence contre des peuples plus faibles, par tous ceux qui, volontairement, remplissent de ténebres les ames d autres hommes.

            massaliote, convers, et l autre, nostalgiques de l algérie francaise et de l oas, de l extreme droite décomplexée qui retrouve tous les poncifs du colonialisme et sa vieille fixation des ’détails de l histoire’, vos blablablas frisent le comique a force d outrance. en général le cynisme finit par debecter et votre morgue si inutile, ne fait qu éructer... d ailleurs, la france vous rejette a chaque election. vous n avez plus que le net pour vomir... profitez en !


            • Massaliote 7 mai 2009 14:12

              Votre commentaire est ridicule, continuez de vous voiler la face devant les crimes de vos fellaghas.


            • Constantin Constantin 8 mai 2009 05:09

              Dire que l’Algérie n’avait pas d’identité et donc n’existait pas et d’une idiotie sans fin. C’est comme dire que parce que la France a été envahit par l’Allemagne donc elle n’avait pas d’identité avant  ! Quelle splendide sophisme ! Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Ca vous dit quelque chose Juba, Massinissa, Gaya, Syphax, etc. La Numidie le Royaume Maure, etc. ! L’Algérie existait déjà il y a 5000 mille !!!

              Concernant Larbi Ben M’Hidi, si c’est un terroriste alors les résistants à l’occupation allemande sont aussi des terroristes !!!

              Très souvent une évidence et oubliée concernant la guerre d’indépendance de l’Algérie. Si il y a eut cette guerre c’est que durant plus de 30 ans, des années 20 aux années 50, les algériens ont constaté que leur votes aux élections étaient falsifiés et que donc pour eux ils n’y auraient jamais de droits malgré qu’ils étaient obligés de faire leur service militaire et les guerres de la France dont la 1 et 2 guerre mondiales !!!! Un peuple a fait la guerre pour ses droits !!! Alors appelé cela terrorisme n’est que pour se rassurer pour éviter les véritables questions. Larbi Ben M’Hidi, Abane Ramdane, etc, ont donné leurs vies pour ça !!! Tout comme Jean Moulin !

              La guerre a été l’ultime moyen pour un peuple pour se faire respecter et pour avoir des droits !! C’est tout !!!
              Le raisonnemen a été "durant 30 nous avont joué le jeu politique d’aller voter. Cela n’a pas marché. Nos votes ont été falsifiés, etc. En claire nous n’avons aucuns droits. Puisqu’il en est ainsi nous n’avons plus rien à perdre. Si ce n’est notre honneur !!!
              Faisont la guerre alors !!!

              Si les droits des algériens auraient respectés je pense qu’il y aurait eut aussi l’indépendanc mais sans les souffrance de part et d’autre. Avec tout simplement un vote de l’assemblée algérienne pour ou contre l’indépendance de celle-ci. Et puis il faut dire que les hommes politiques français de l’époque étaient vraiement des imbélciles. Je trouve en fin de compte qu’ils ont vraiment tout fait pour que les algériens se radicalisent totalement !!!!!

              Désolé pour l’ignorant qui ne connaît vraiment rien à l’histoire et qui prend ses fantasme pour ses rêves...juste pour se rassurer !! Pourquoi ne pas dire que jusqu’en 1940 la France était un pays arriéré et que l’Allemagne la envahit et que depuis la France va mieux ??


              • phiconvers phiconvers 8 mai 2009 22:13

                Constantin,
                Merci de faire preuve d’un peu d’humilité, si cela vous est possible...
                Personne ne conteste les bribes d’histoire agglomérées sur le territoire algérien. Le fait est pourtant, comme je l’ai dit un peu plus haut, que l’Algérie dans ses frontières actuelles n’a jamais existé avant la colonistation française.
                Le FLN, avec l’appui de l’Union soviétique et peut-être des Etats-unis, a choisi la voie du terrorisme pour obtenir l’indépendance. la France a cédé, non pas en raison des succès militaires des fellaghas mais pour des motifs de politique intérieure et du fait de pressions extérieures. C’est un fait historique, sur lequel je ne reviens pas !
                J’observe avec tristesse que la démocratie ne s’est pas installée en Algérie, que des centaines de milliers de sympathisants du FLN ont émigré vers la marâtre coloniale honnie et que, last but not least, une atroce entreprise de purification ethnique au profit des Européens et des Juifs, mais également des harkis, a été entreprise en Algérie dès 1962. C’est sans dout l’un des motifs de la crise algérienne constante depuis l’indépendance.
                Mon propos n’est certainement pas de nier les erreurs parfois criminelles de la France dans sa colonie algérienne. Mais je n’accepte pas une vision totalement partiale de ce douloureux chapitre historique.


                • Constantin Constantin 29 mai 2009 01:13

                  Bien sûr que si l’Algérie existait dans ces frontières.
                  Ce n’est pas parce que vous n’avez jamais lu de livre concernant l’histoire de l’Afrique du Nord et plus précisément de l’Algérie que ce que vous pensez être la vérité historique est vraie.
                  C’est d’autant plus surprenant de votre part qu’il suffit d’aller dans une bibliothèque publique et de s’apercevoir que vos propos ne sont le reflet de la réalité historique...

                  Exemple : vous dites que l’Algérie n’existait pas dans ces frontières ? Alors je peux dire que la France n’existait pas dans ses frontières jusqu’en 1918. Car son territoire s’est agrandie de l’Alsace, etc.

                  La réalité est que les politiciens français de l’époque ont fait de grave erreurs et que De Gaulle quand il est arrivé au pouvoir la situation était catastrophique. Il a fait ce qu’il pouvait mais le pire avait était fait...

                  Si vous voulez vous en prendre à des personnes c’est aux politiciens français. Ceux là même qui ont mis à mort la 3ième République pour donner le pouvoir à Pétain, etc. Et pour créer ledit Etat Français (sic) ! Je comprends que C. De Gaulle ait eu un mépris des politiques !!!

                  En effet les états-unis ont soutenu l’indépendance de l’Algérie pour emmerder la France !! C’est clair et net !!!

                  Je vais faire un parallèle surprenant mais comme les catholiques irlandais aujourd’hui ils ont utilisés des moyens asymétriques pour faire la guerre puisqu’il était impossible par les urnes d’avoir les mêmes droits que tous les autres citoyens.
                  N’oubliez pas que l’Algérie était censée être partie intégrante de la France. Et que si une partie de la population n’avaient pas les mêmes droits on ne peut appeler ça qu’un apartheid politique entre citoyens.
                  La ploutocratie des européens vivant en Algérie à cette époque à constamment repoussée l’intégration politique des algériens en pensant, bêtement, que c’était l’unique moyen pour garder son pouvoir économique. Au lieu de se dire que le fromage économique aller s’agrandir pour eux-même !!!

                  Vous considérer le FLN ,de l’époque je précise, comme des terroristes ?
                  Alors comment doit-on considérer une armée qui tue son propre peuple sur son propre territoire ? Épisode de Sétif, etc. Moi je dirai que cela a été un moyen radical pour convaincre les algériens de faire la guerre et d’utiliser la violence pour se faire respecter...
                  Et de les convaincre qu’ils n’avaient plus rien à perdre !!!

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