L’antiracisme, symbole de la bien-pensance pervertie
La crédulité du "Touche pas à mon pote" des années 1980 - rejeton de la bien-pensance de la gauche et de l'ultra-gauche - semble aujourd'hui devenir un militantisme exacerbé, véhément voire violent au nom de l'antiracisme. Mais cette mue d'intentions louables, en lutte politique acerbe et parfois violente n'est pas due comme certains tendent à le formuler aux "changements de la société", mais bien à une perversion du mouvement en son sein.
La création de l'association SOS Racisme en 1984, peut apparaitre pour les observateurs comme le premier signe d'une tolérance affichée à l'égard de tous. C'est l'occasion pour les politiques, intellectuels et célébrités de gauche de déployer l'étendard du vivre-ensemble, qui devra néanmoins s'exercer rue de Solférino, dans les quartiers huppés de Paris où les prix de l'immobilier commencent leur incroyable et incommensurable ascension, ou encore dans les faubourgs de Neuilly-sur-Seine. Il faut noter qu'avec les évènements historiques de la fin du XXe siècle que s'apprête à vivre la France, une telle initiative est de bon augure. Il est simplement regrettable que pour symbole d'une cause si digne et honorable que la lutte contre les discriminations raciales et ethniques, il ait fallu choisir une main JAUNE avec l'inscription "Touche pas à mon pote" écrite à l'intérieure de cette main en NOIR. Cette coïncidence, qui par la suite sera étouffée avec la sortie de badge en cinq autres coloris peut apparaitre comme une provocation à l'égard d'un peuple qui se remet tout juste des exactions commises durant la Seconde Guerre mondiale. Ce manque évident de diligence, d'esprit et de compassion ne constitue que les prémices des mutations politiques de la pensée antiraciste.
Le tournant de la pensée antiraciste en France fût sans aucun doute la coupe du monde 1998. Cet évènement sportif, qui, comme tout le monde le sait s'est déroulé en France et fût remporté par son hôte, a été le théâtre d'une campagne politique dite antiraciste, fondée sur l'intégration. La célébration des nouveaux héros français s'est faite sous le slogan "Black-Blanc-Beur", une belle manière de souligner le métissage de l'équipe tricolore. Mais ce slogan qui se voulait intégrationniste en nous rappelant que la France c'est autant Zidane, que Barthez ou encore que Diomède à surtout su rouvrir une brèche, dans laquelle se sont engouffrés tous ceux qui ont voulu diviser un peuple en renaissance. A l'aube des années 2000, malgré les algarades politiques marquées par la cohabitation entre Jospin et Chirac, certains pouvaient rêver d'une palingénésie d'un peuple soudé par des valeurs communes, quelques décennies après les déchirements de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d'Algérie. Cependant, la campagne de l'intégration dite "Black-Blanc-Beur" de 1998, qui n'a fait que distinguer les français selon leur couleur de peau, a relancer l'idée que les Français ne sont qu'une masse et non plus un peuple. Cela trouve un écho retentissant avec la méconnaissance accrue chez les jeunes des valeurs de la République, le refus pour certains de chanter l'hymne national et la suspension "temporairement définitive" du service militaire obligatoire.
Cette fragmentation française transparait clairement en 2002, lorsqu'à la présidentielle, la gauche plurielle fait sa plus éblouissante apparition. En additionnant les candidats d'extrême gauche et de gauche, il était possible de dénombrer pas moins de 8 candidats, certainement quelques uns de trop pour en voir un raccrocher le second tour. Ainsi, c'est donc cette même gauche, qui après avoir créer SOS Racisme, se rend coupable par péché d'orgueil de l'accession de J.M Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. S'ensuivent une montée du racisme et des discriminations de toutes natures, ainsi qu'une défiance à l'égard des politiques. La participation aux différents scrutins est en chute libre jusqu'aujourd'hui, tandis que la croissance du racisme semble être parallèle non seulement au terrorisme, qui sévit depuis plus de deux décennies avec une force sans précédent en occident, mais également aux flux migratoires qui arrivent en Europe du fait de l'incapacité des grandes puissances mondiales à régler la question syrienne.
En 2020, l'antiracisme est partout, il est même davantage visible que le racisme qu'il combat. L'affaire George Floyd qui a défrayé la chronique aux Etats-Unis, à infuser la France et bien d'autres pays en soutien contre les crimes raciaux. Mais ne sommes nous pas tomber dans le piège de faire de tous les crimes, de toutes les violences policières et de toutes les atteintes aux droits des noirs, des arabes ou mêmes des étrangers, une infraction à caractère raciale ? S'est alors montée une entreprise visant à comparer les affaires George Floyd et Adama Traoré, dans l'objectif de ramener les problématiques racistes liées à l'histoire des Etats-Unis, en France. Cette analogie qu'ont tenté de créer les soldats de la bien-pensance, suivis par les médias, a souligné le fait que les deux décès étaient soumis à des causes et à des facteurs bien différents, mais a surtout mis en exergue que les deux regrettées victimes n'étaient pas tout à fait des hommes sans histoires.
L'antiracisme dans sa forme contemporaine, telle qu'il existe en France en 2020 n'est plus celui prôné au milieu des années 1980 par les intellectuels et politiques de gauche qui l'ont fondé. L'antiracisme d'aujourd'hui qui tend à communautariser notre société en la divisant avec manichéisme entre les bons et les mauvais, les noirs et les blancs, les soutiens et les ennemis de la cause, nait malgré tout de l'atavisme avec SOS Racisme. L'idéal de peuple qui repose sur tout au moins une intégration, voire sur une assimilation osmotique ne peut plus au sein d'une foule d'individus épars se réaliser. Alors, la démocratie au sens de Lincoln ne peut plus être, car orpheline de peuple. Les fractures provoquées notamment par l'antiracisme et sa perversion en France, nous laissent qu'une infinitésimale chance de reconquérir la république démocratique et irénique qu'avaient fondé nos aïeuls.
A.J.G
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