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L’appel d’Abdollahian  : un dialogue régional sincère ou discriminatoire  ?

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J’ai récemment suivi un certain nombre de commentaires et d’articles d’opinion répondant à l’appel du ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian en faveur d’un dialogue régional global impliquant l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Iran et la Turquie pour résoudre les problèmes au Moyen-Orient. Franchement, l’appel au dialogue est en soi une démarche positive.

Mais ce qui est frappant, c’est le contenu de l’appel. Il est basé sur des données et des perspectives dépassées et reflète des perceptions différentes de la réalité stratégique actuelle.

Personne ne conteste la valeur et le statut des grandes puissances régionales, leur rôle et leur importance dans la réalisation de la sécurité et de la stabilité, et la nécessité de communiquer les uns avec les autres pour atteindre cet objectif important.

Mais ce que l’on peut appeler un congrès, une fin des tensions, un règlement des différends et un dépassement des différences ne peut être réalisé par la volonté de certaines puissances, mais pas par la volonté d’autres, à condition que cela soit faisable.

Loin de remettre en cause les intentions et le sérieux de la proposition, il me semble que l’appel à un dialogue entre les puissances présentées dans les médias comme des acteurs majeurs de la résolution des problèmes de la région porte en lui la gène de son échec.

Preuve en est le sort de tous les appels précédents, tous nés de la marginalisation ou de l’exclusion, ou d’un calcul discriminant les pays de la région en fonction de leur poids stratégique, de leur statut, de leur histoire, de leur rôle, voire de leur ingérence dans les affaires des autres. Autant de calculs qui, dès le début de l’appel, sèment les graines de sa propre disparition.

Le dialogue doit se fonder sur une compréhension précise du contexte et de l’environnement stratégique aux niveaux régional et international, et au moins nommer ou aborder les objectifs. Dans ce cas particulier, le dialogue semble être lié à une ferme conviction du côté iranien que le rôle de la puissance internationale la plus influente dans notre région (les États-Unis) diminue ou tombe.

C’est un point de vue qui ne doit pas être considéré comme un obstacle au dialogue. Mais il est très important de comprendre les motivations politiques derrière un tel appel. La répartition des rôles qui suppose un vide stratégique existant ou imminent repose sur une fausse prémisse  : l’expansion des puissances régionales au détriment des autres.

Un dialogue efficace et véritable a lieu entre toutes les parties concernées ou leurs représentants, par exemple, par le biais d’une représentation dans une organisation ou un bloc régional tel que l’Union européenne qui peut parler avec les autres des intérêts européens, au moins dans la sphère économique.

Et même ce rôle européen commun n’est pas toujours efficace, étant donné les différents points de vue et intérêts de politique étrangère des États membres. La décision de choisir des parties spécifiques pour discuter des questions de la région et de la stabilité est résolument sélective.

Le problème n’est pas tant les pays sélectionnés, mais le fait que la sélection est basée sur une vision marginaliste hautaine. Ce n’est un secret pour personne que le régime iranien considère la plupart de ses pays voisins comme inférieurs. Certaines de ses «  ailes  » prétendent même que certains de ces pays sont sous le contrôle de l’Iran.

A mon avis, tout appel sincère et véritable au dialogue doit partir d’une vision objective et ouverte de la réalité géostratégique et géopolitique actuelle. Prenez Israël, par exemple, lorsqu’il s’agit de réaliser la sécurité et la stabilité régionales.

Quelqu’un peut-il me dire comment on peut parler de sécurité régionale en excluant une partie régionale active et influente comme Israël, indépendamment de l’état et de la nature des relations entre elle et les autres parties régionales  ?

Autre exemple  : comment peut-on parler de la stabilité de l’Irak ou de la Syrie sans tenir compte de ces deux pays, avec leur statut et leur poids stratégiques, quelle que soit leur position actuelle  ? Comment négliger les puissances régionales émergentes qui ont une influence indéniable et peuvent jouer un rôle qu’elles n’auraient pas pu jouer il y a quelques décennies  ?

Le dialogue lui-même est un mécanisme sain qui a toujours sous-tendu les relations internationales. Mais la réduction des rôles et l’ignorance de la réalité stratégique actuelle de la puissance dans son spectre diversifié ne garantissent pas la construction d’équations objectives solides qui contribuent à la réalisation de la sécurité et de la stabilité.

Après tout, la réduction des rôles due à l’évolution des priorités et des intérêts ne se limite pas à des grandes puissances spécifiques. Ainsi, il existe aujourd’hui un besoin global de développer une vision objective équilibrée pour comprendre les réalités internationales et régionales avant de proposer des initiatives ou des idées pour résoudre les crises.

Plus important encore, l’initiative iranienne au niveau régional appelle les pays arabes à penser de manière proactive à la prochaine phase d’une manière différente de celle qui a prévalu au cours de la dernière décennie.

C’est la tâche des cercles d’étude et de recherche arabes ainsi que des élites - de réfléchir aux réalités régionales à venir et à la manière de résoudre les crises arabes, que ce soit avec la participation d’autres parties régionales ou par le biais d’organes interarabes.


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3 réactions à cet article    


  • hans-de-lunéville 24 février 2022 10:57

    Nous avons des soucis plus importants en ce moment non ?


    • sylvain sylvain 24 février 2022 12:18

      c’était censé rendre les choses plus claires ??

      ça n’en finit plus de tourner autour du pot .Si l’auteur estime que c’est une proposition qui nest pas sincère, autant le dire clairement


      • Pascal L 24 février 2022 18:18

        Faut pas chercher à comprendre. L’Iran est, avec le Qatar et la Turquie, alignée sur l’idéologie des Frères Musulmans qui haïssent Israël et tout le clan des Wahhabites.

        La guerre est intrinsèque à l’islam qui a été conçu pour cela. A l’époque, les concepteurs ont pensé qu’il n’y aurait qu’un seul calife, qu’ils ont subtilement placé au-dessus de Dieu dans le Coran. A Dieu, les Musulmans ne doivent que les prières, tout le reste (butin, esclaves, aumône, autorité...) revient au calife qui ne le reçoit pas de la main de Dieu.

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