• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’Arctique sort de l’hibernation géopolitique

L’Arctique sort de l’hibernation géopolitique

Pendant une longue période, l'Arctique se trouvait principalement à la périphérie de la politique mondiale. C'était dû en partie à la fin de la guerre froide et à la démilitarisation de la région qui s'en est suivie. Mais le principal facteur était la difficulté d'exploiter son territoire : l'éloignement, le climat austère, l'absence d'infrastructure, le coût élevé pour la réalisation de projets. Le réchauffement climatique pourrait foncièrement changer cette idée reçue et transformer le pôle Nord en endroit de concurrence géopolitique, économique et idéologique entre les grandes puissances. 

La fonte dynamique des glaces en Arctique devient l'une des conséquences des changements climatiques. Outre les problèmes écologiques pour la planète, ce processus crée de nouveaux grands risques géopolitiques essentiellement pour les pays de l'Arctique. Premièrement, le rôle de l'Arctique diminue en tant que barrière naturelle entre les États limitrophes du continent. Deuxièmement, surviennent des risques de changement des zones d'influence actuelles dans la région, notamment en termes de contrôle de la navigation maritime. 

En quoi consiste la valeur de l'Arctique ? Quelles sont ses ressources importantes pour les superpuissances ? 

L'Arctique demeure l'un des principaux dépôts de ressources de la planète. Premièrement, la région est une véritable "caverne" d'hydrocarbures abritant des trésors inestimables de pétrole et de gaz. Selon les différentes estimations, elle contient jusqu'à 15% de toutes les réserves mondiales de pétrole et un quart des réserves de gaz. 

La tendance générale de décarbonisation devrait réduire significativement la valeur des hydrocarbures, notamment compte tenu du coût de production élevé en Arctique. Mais quand arrivera-t-il cet avenir de neutralité carbone ? Tout slogan politique sans être appuyé par l'économie ne vaut rien, contrairement au gaz, dont les prix sont montés en flèche cet automne en Europe. La substitution des sources d'énergie traditionnelles par des renouvelables ne se déroule manifestement pas aussi vite que certains le voudraient. 

L'Arctique contient également une ressource importante pour l'avenir technologique. Il est question des métaux, notamment des terres rares. Ils servent de matière première indispensable pour la plupart des productions d'innovation. L'Arctique abrite une réserve rare de métaux de la nouvelle économie. Compte tenu d'une nouvelle confrontation globale qui se déroule entre les États-Unis et la Chine, l'accès aux ressources jouera un rôle décisif avant tout en ce qui concerne le leadership technologique. 

Enfin, le principal joyau des ressources de l'Arctique, c'est l'eau douce. Dès à présent, près d'un tiers de la population de la planète connaît une pénurie d'eau persistante, soit plus de 2,5 milliards de personnes. Alors que l'Arctique dispose d'un potentiel exclusif : ces glaciers, rivières, lacs et couches souterraines concentrent d'immenses ressources d'eau. Compte tenu du réchauffement climatique cela pourrait transformer l'Arctique en nouvel oasis en décuplant l'importance géoéconomique de la région. 

L'Arctique possède une position stratégique importante. C'est ici que passe la seule frontière directe entre les États-Unis et la Russie, ainsi que l'itinéraire maritime le plus court entre la Chine et l'Europe. Il est fort probable que ces facteurs fassent considérablement grandir l'intérêt pour l'Arctique des principaux acteurs mondiaux, y compris les États-Unis, la Chine et la Russie. Ce qui signifie une hausse de la concentration des ressources par rapport à l'Arctique : politiques, militaires, économiques, technologiques et surtout humaines. L'Arctique devient un "grand gâteau" créant de nouvelles niches pour les entreprises, les innovations, la réalisation professionnelle et sociale des gens. 

L'Arctique joue un rôle absolument unique pour la préservation du climat et de l'avenir de la planète. Cette région devient pour des raisons objectives un avant-poste de la lutte contre le réchauffement climatique. 

La fonte du pergélisol engendre d'importants risques d'émission de l'organique gelée (CO2 et méthane) dans l'atmosphère. Selon certains chercheurs, l'ampleur de ces émissions pourraient dépasser tout ce que produit l'industrie mondiale. De plus, il existe un risque de décongélation de virus dormants, dont le danger ne peut encore être analysé. 

L'importance de l'agenda climatique ne fait aucun doute. Le rôle fondamental de l'Arctique dans ce dernier ne fera qu'augmenter l'importance de la région, attirant l'attention du monde entier. L'Arctique pourrait devenir un terrain de concurrence intensive, notamment pour les pays limitrophes. Le vainqueur serait en droit de compter sur un grand élargissement de son leadership idéologique dans le monde. 

À l'issue du sommet russo-américain de Genève l'été dernier, le président américain Joe Biden a exprimé un intérêt général des parties pour transformer l'Arctique en "région de coopération et non de conflit" ainsi que pour élaborer un modus operandi pour cela. Cependant, dans quelle mesure est-ce possible en réalité ? Ces aspirations humanistes ne s'avéreront-elles pas n'être qu'une déclaration vide ? 

à suivre

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3412


Moyenne des avis sur cet article :  1.25/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 20 décembre 2021 13:18

    Même des scientifiques réchauffistes prétendent que l’augmentation des températures dans l’Arctique entrainera l’apport d’eau douce dans l’Atlantique Nord et stoppera le Gulf Steam, ce qui engendrera en fin de compte un refroidissement et un petit âge glaciaire sur l’Europe.

    Tout n’est que sépculation 


    • Trelawney 20 décembre 2021 16:49

      @Florian LeBaroudeur
      Parce que vous savez comment fonctionne le Gulf Stream ? Moi pas !


    • hans-de-lunéville 20 décembre 2021 17:00

      @Florian LeBaroudeur
      Le coup du Gulf Stream je l’entends depuis 40 ans....


    • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 20 décembre 2021 18:47

      @Trelawney

      Le Gulf Stream est un courant océanique chaud qui provient des Antilles et qui remonte l’Atlantique nord en direction de l’Europe du nord.
      C’est grâce à ce courant qu’il fait beaucoup moins froid à Paris en hiver qu’a Montréal, pourtant situé à une plus basse latitude de l’autre coté de l’Atlantique, et qu’il fait aussi doux en Irlande que sur la façade méditerranéenne à la même période de l’année.


    • titi titi 20 décembre 2021 21:30

      @hans-de-lunéville
      Le coup du réchauffement climatique je l’entends depuis 20 ans.

      Avant il y avait eu la couche d’ozone.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Patrice Bravo

Patrice Bravo
Voir ses articles



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité