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L’attentat à l’explosif visant un immeuble d’habitation

Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2017, un habitant du rez-de-chaussé au 31 rue Chanez, dans le XVIe arrondissement de Paris alerte la police, il a été réveillé par une forte odeur d'hydrocarbures et un chuintement avant de découvrir deux bonbonnes de gaz de 13 kg chacune déposées dans le hall de l'immeuble à proximité de sceaux remplis d'essence. La police allait en découvrir deux autres à l'extérieur de l'immeuble, toutes ont été aspergées abondamment d'essence et reliées à un dispositif de mise à feu activable par un téléphone cellulaire. Le mode opératoire évoque celui utilisé le 4 septembre 2016, l'abandon d'un véhicule avec à l'intérieur cinq bouteilles de gaz et trois bidons de gasoil devant un café, proche de la cathédrale Notre-Dame.

Une explosion produit un effet semblable à un « tremblement de terre » : déplacement du mobilier, le sol se dérobe, les murs, les cloisons et les plafonds se lézardent ou s'affaissent sur les parties inférieures. Les bâtiments s'effondrent selon la nature des matériaux utilisés (béton, pierre, briques, etc.), leur principe de construction, et le mode d'action de l'engin explosif (charge concentrée, du bourrage, projetée, effet dirigé, et de la nature de l'explosif utilisé). Pour un engin placé à l'intérieur du bâtiment, le souffle agit dans toutes les directions, les murs sont repoussés vers l'extérieur, la partie supérieure soufflée retombe vers l'intérieur et le bâtiment s'affaisse généralement sur sa base (caves, parkings). Lorsque le point d'éclatement est situé à l'extérieur, le souffle enfonce la façade vers l'intérieur du bâtiment, les murs opposés subissent moins de dégâts. L'immeuble s'affaisse et forme un tas de décombres du côté du point d'éclatement.

Une explosion se caractérise par l'apparition brutale d'une énergie libérant : des gaz, de la chaleur et une onde de choc. Lors d’une explosion, l'effet thermique est faible (sauf s'il s'agit d'un produit inflammable), l'explosif ne brûle pas mais détone (vitesse supersonique avec élévation rapide de la pression) ou déflagre (vitesse subsonique, la montée en pression lente et la surpression décroît lentement), la détente des gaz produits le refroidit rapidement. La masse de gaz chasse tout devant elle et exerce une pression violente mais très brève, l'onde choc. Il y a projection d'éclats primaires atteignant une vitesse de 200 mètres seconde qui, proviennent de l’enveloppe de l’engin explosif, mais aussi projection d'éclats secondaires (environ 100 m/s) générés par les matériaux qui subissent l’onde de choc et se fragmentent à leur tour. Plus la brisance de l’explosif est élevée, plus la taille des éclats est réduite, ce qui peut les propulser très loin du lieu de l’explosion et constituent un grand danger de blessures. Les conduites de gaz peuvent éclater et intoxiquer les personnes, voire provoquer une explosion secondaire,, et la rupture des conduites d'eau entraîner l'inondation des parties basses et venir à manquer aux secours.

Un engin explosif solide, liquide, gazeux peut être dissimulé dans n'importe quel contenant. Le 21 juin 2017, le bagage qui a explosé à 20h40 dans la gare centrale de Bruxelles a d'abord explosé partiellement avant d'exploser une seconde fois de façon très violente. Le bagage contenait des clous et des petites bonbonnes de gaz. Un objet suspect sera toujours considéré comme un engin explosif réel jusqu'à preuve du contraire. On distingue la bombe ouverte dans laquelle tous les éléments sont visibles à l'œil nu, et la bombe fermée dont les composants sont dissimulés.

Les concierges et les occupants d'un immeuble pouvant être visés par un attentat à l'explosif (une hypothèse voudrait que les poseurs de bombes se soient trompés d'immeuble... Leur cible aurait été un blogueur identitaire très actif contre l'islamisation de la France) devront être attentifs aux endroits facilitant la dépose d’une bombe (partie commune, boîte aux lettres) ou pouvant la dissimuler à la vue : placard, cave, combles, faux-plafond, etc. Tous les locaux communs qui ferment à clé doivent être fermés en permanence, et ceux qui restent inutilisés condamnés. Un système de surveillance vidéo dans le hall peut avoir un effet dissuasif, et l'« artificier » préférer déposer son engin à l'extérieur de l'immeuble : poubelle, véhicule, jars, pots de fleurs, jardinières, ou locaux attenants : cellier, garage, chaufferie, sous-sol, émissaire d'eaux usées, etc. Si le bâtiment est ceint d’une clôture, la charge pourra être lancée par dessus, à travers une fenêtre, un soupirail ou une ouverture quelconque. Le geste peut être accompli en profitant de mauvaises conditions de luminosité (ampoule grillée, sale), de visibilité (nuit, intempéries), ou en profitant d’un accès à une zone peu fréquentée en se faisant passer pour un ouvrier.

Tous les immeubles affichent une signalétique pour évacuer le bâtiment en cas d'incendie, mais rien sur le risque d'attentat à l'explosif pourtant très différent d'un incendie... Dès l’alerte donnée il est trop tard pour réfléchir, une course contre la montre est engagée. Si dans la panique on fait preuve d’improvisation, il va en résulter des erreurs qui conduiront à la catastrophe. Il est conseillé d'ouvrir toutes les ouvertures (contraire d’un incendie) pour permettre l’expansion du souffle et limiter la projection de débris qui deviennent des projectiles meurtriers, de couper les vannes de gaz, en ce qui concerne l'électricité il faut être très prudent, car cela peut plonger dans l’obscurité des personnes qui ne pourront trouver les sorties de secours. Qui a une torche électrique en permanence à côté de sa porte ? Ne jamais utiliser un téléphone cellulaire, le champ rayonné peut suffire à déclencher une mise à feu électrique..., ne pas fumer, et éviter la manipulation des contacteurs susceptibles de produire une étincelle. L'évacuation (totale ou partielle) ou la non évacuation de l'immeuble peut être dangereuse ! Il n'y a pas de règle intangible. Si l'évacuation est décidée, on doit : évacuer en premier le niveau où se trouve l'engin explosif supposé - ceux du dessus (risque d’effondrement) - puis les étages inférieurs dans l’ordre décroissant.

L'évacuation peut être à : l'origine d'une vague de panique - le « troupeau » peut provoquer des vibrations susceptibles de déclencher prématurément l'engin - si l'électricité a-été-coupée, des chutes sont à craindre - l'évacuation doit se faire par un chemin reconnu avant de l’emprunter, passant le plus loin possible de l'engin explosif et en ménageant le maximum de « chambres d'explosion » sur le parcours emprunté (existe-t-il une arrière cour, peut-on emprunter un appartement du RdC, etc.) - la zone de regroupement peut avoir une sécurité inférieure à la zone évacuée (attentat à double détente) - la zone de sécurité devra se trouver à une centaine de mètres de l'engin (les spécialistes adaptent ce rayon à la masse de la charge).

En aucun cas et sous aucun prétexte il faut toucher l’engin explosif ou supposé tel, et encore moins le déplacer. On note mentalement son emplacement, les particularités et ses dimensions, informations qui permettront aux spécialistes d’en apprécier la masse d’explosif possible. S'il y a risque de confusion, l'engin suspect peut être balisé avec un « Cyalume » (lumière chimique) afin de réduire tout risque d'une explosion prématurée et lever toute ambiguïté. La police est seule habilitée à demander l’intervention du laboratoire et des artificiers. Combien de conseils syndicaux d'immeubles ou de concierges des beaux quartiers ont pensé à anticiper une telle éventualité ?

Cet article n'a pas la prétention de traiter le sujet sous tous ses aspects et a encore moins de dégager une méthode de formation, il reste avant tout un moyen d'information succinct destiné à un large public. Le lecteur désireux de pousser sa réflexion plus avant, pourra consulter l'article consacré aux explosifs sur mon blog ; ce ne sont pas les explosifs qui représentent le point crucial (la société vit sur un « baril de poudre » 37.000 km de canalisations de gaz, des ouvriers menacent de tout faire sauter, sans parler des TMD, etc.), mais les systèmes de mise à feu et de piègeage... 

 

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L'attentat à l'explosif visant un immeuble d'habitation

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10 réactions à cet article    


  • Massada Massada 13 octobre 2017 09:23

    Toujours de bons conseils, merci à l’auteur



    • francois 13 octobre 2017 14:26

      @Massada
      Nous avons implanté dans votre corps à votre corps défendant une nano bombe, modéle Bar Kokhba II.


      Boum massada


    • McGurk McGurk 13 octobre 2017 12:21

      Un mec qui ne voulait pas payer sa facture d’électricité ? smiley

      C’est fou n’empêche. Un gars peut tranquillement acheter et déposer les ingrédients d’une bombe sans que personne ne puisse le voir ou que la police ne soit au courant.

      Combien parie-t-on que l’enquête déterminera que c’est encore le cercle des illuminés de la religion qui sont venus tuer du « petit blanc infidèle » ? Ou qu’ils ont encore laissé en liberté un fanatique ayant fait les quatre cent coups alors qu’il devrait déjà être en prison ?


      • njama njama 13 octobre 2017 12:45

        Qui habitent dans l’immeuble  ?


        • njama njama 13 octobre 2017 12:51

          Tous les immeubles affichent une signalétique pour évacuer le bâtiment en cas d’incendie, mais rien sur le risque d’attentat à l’explosif pourtant très différent d’un incendie...

          et une notice sur quoi faire en cas de tremblement de terre y-a ou y-a pas ?


          • LADY75 LADY75 13 octobre 2017 13:15

            Il est des lectures qui rendent humbles et celle-là est du nombre.


            • francois 13 octobre 2017 14:23

              le Desmaretz Gérard doit devenir fou le jour des fêtes à pétar


              • njama njama 13 octobre 2017 16:19

                @francois

                Il doit chercher à créer un nouveau marché dans la signalétique « risque terroriste » à l’image de la signalétique « en cas d’incendie ».
                Comme par définition le risque terroriste est partout et quasiment imprévisible, le marché est potentiellement mondial ...

                Çà existe déjà plus ou moins, par exemple dans les écoles, que faire en cas d’attaque terroriste...


              • McGurk McGurk 13 octobre 2017 16:32

                @njama

                * « comme par définition le risque terroriste est partout et quasiment imprévisible »

                Bien sûr que si il l’est. Les services de renseignements ont eu, par exemple pour les attentats de Paris, des signalements de plusieurs agences (FBI, services belges, etc.) et n’ont fait qu’espionner par les trous de serrures pour finalement laisser tomber. Et ça a pété...

                Il y a une tonne de types fichés « S » pour des tas de raisons et dans le tas une bande de terroristes en puissance qui se baladent en liberté pour soi-disant « tous les coincer d’un coup ». L’un des terroristes de Paris...étudiant en fac...et recevait même une bourse ! Si ça c’est pas se foutre des Français...


              • sls0 sls0 13 octobre 2017 16:10

                Sur google sholar on y trouve de très bonnes thèses sur la détonique.

                En tapant TM 9 1300-214 sur google on a aussi du complet, ça évite d’écrire des conneries dans un article.
                Il y a aussi le site de l’ineris.
                Un cerveau et 50gr d’explosifs suffisent pour une personne.
                La méthode employée pour une personne démontre la bétise des auteurs de l’attentat.
                L’article démontre que l’auteur n’y connait rien et ses conseils découlent de fantasmes.

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