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Accueil du site > Tribune Libre > L’érosion et l’évaporation du Capital #9

L’érosion et l’évaporation du Capital #9

En préambule, il convient de signaler que l'épisode 6 de ma chronique d'un éveil citoyen (http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/chronique-d-un-eveil-citoyen-154164) est un extrait de l'érosion et l'évaporation du Capital qui se situerait entre l'extrait #8 et l'extrait #9, c'est à dire l'extrait suivant.

Critique de l’idéologie dominante sur les comportements individuels et la nature humaine.

Certaines théories économiques et managériales tentent de saisir les motivations individuelles, de schématiser une matrice des besoins propres aux individus. L’espoir sous-jacent de cette analyse est de comprendre et rationaliser la motivation des individus, futurs consommateurs.

Pyramide des besoins de Abraham Maslow

Dans cette optique, Maslow propose une analyse des besoins humains, c’est-à-dire du sous-jacent des désirs.

Ce modèle comporte de nombreuses faiblesses, notamment l’aspect « hiérarchique » des catégories de besoins. Cependant, il apparaît impératif de développer une solide analyse des besoins et des aspirations humaines avant de repenser un système économique et politique.

Ainsi, au lieu d’envisager les besoins de manière hiérarchique, il pourrait être plus pertinent de les envisager de manière originelle et d'esquisser les sous-jacents de la nature humaine.

Afin de produire cette analyse, je m'appuie sur de bases biologiques, anthropologiques et éthologiques.

Sur le plan biologique, je me suis référé au fonctionnement cérébral et aux strates qui composent notre cerveau. Globalement, le cœur de notre cerveau est constitué de notre cerveau reptilien et limbique. Ce dernier renvoie chacun d'entre nous à nos instincts les plus primaires. Puis, en périphérie, on observe le néocortex qui permet notamment la conscience, la capacité symbolique, le langage et la pensée abstraite. Le néocortex est également visible chez certains mammifères supérieurs comme la baleine, le dauphin et le chimpanzé[1].

Sur le plan anthropologique et sociologique, il est nécessaire de considérer les divers exemples communautaires (Communautés Inuit ou Amérindiens, tribus africaines...) afin de dégager leurs différences et leurs ressemblances.

Sur le plan éthologique, je me réfère aux comportements des diverses créatures vivantes, puis des mammifères sociaux et plus spécifiquement aux comportements des grands singes qui témoignent d'une forte solidarité communautaire mais aussi d'une certaine violence à l'égard des autres communautés [http://www.maxisciences.com/chimpanz%E9/la-violence-un-comportement-naturel-chez-les-chimpanzes_art33508.html]

D’où nous viennent nos besoins physiologiques ? Ils nous viennent de notre qualité d’être vivant.

D’où nous viennent nos besoins de sécurité ? Ils nous viennent de notre qualité d’animal.

D’où nous viennent nos besoins d’appartenance, d’amour et d’estime ? Ils nous viennent de notre qualité d’animal social.

Modélisation comportementale originelle

L’analyse originelle de nos besoins permet de mieux apprécier nos comportements individuels immédiats.

La modélisation comportementale originelle présente l’essence des attitudes individuelles.

Au sommet de cette pyramide comportementale, apparaissent l’ennui et l’intelligence qui conduisent à la curiosité et à la créativité. Bien que cela soit contestable, on considérera dans cette modélisation que l’intelligence conduit à la créativité et l’ennui à la curiosité.

Cette modélisation des comportements permet de rendre compte de l’origine de nos désirs[2].

Cette analyse comportementale écarte la notion « d’accomplissement de soi » présent dans la pyramide de Maslow. Pourquoi ?

Parce que la description que fait Maslow de ce cinquième et ultime besoin ressemble à un étrange « fourre-tout » mystique, regroupé dans ce qu’il qualifie « d’expériences paroxystiques ».

En réalité, ces « expériences paroxystiques » ne sont que des jaillissements philosophiques, artistiques ou scientifiques provoqués par la curiosité et la créativité (reprise dans la modélisation comportementale originelle).

Dans le langage courant, l’accomplissement de soi est généralement compris comme la réalisation d’un désir majeur dans une perspective de moyen ou long terme, c’est-à-dire une vocation ou une aspiration. Pour compléter cette analyse, il apparaît comme nécessaire de comprendre les aspirations humaines qui découlent de la modélisation comportementale originelle.

 

Modélisation des aspirations humaines

 

 

L’idéologie dominante stimule le comportement et l’aspiration individualiste depuis le « surhomme » de Nietzsche, porté par sa « volonté de puissance », jusqu’au darwinisme social de Spencer qui condamne l’homme à être un loup pour l’homme.

Néanmoins, si la réalité était si simple, nous nous serions entredévorés depuis longtemps.

 

 

[2] Wikipédia : Le désir est exprimé par le cerveau inconscient sous forme d'une émotion qui en signale la présence et la satisfaction ou la non satisfaction (manque). Le désir peut s'exprimer et se définir – c'est en ce sens qu'il est conscient –, mais son origine est inconsciente, un peu plus élaborée que le besoin. Le désir serait une sorte de sublimation d'un besoin précisé, imagé, que l'on peut voir, imaginer, on en rêve, et c'est ce qui fait sa force. Par exemple, tout individu a besoin de survivre en cas d'attaque, par la contre-attaque ou la fuite (actions inconscientes ou instinctives). En revanche, vouloir posséder une moto est un désir. C'est une vision comportementaliste du besoin et du désir.


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18 réactions à cet article    


  • maQiavel maQiavel 4 novembre 2016 10:51

    Bonjour Alban.

    Deux questions très simple : 

    -Comment définit tu la volonté de puissance ? 

    -Qu’est ce qui te permet d’affirmer que cette volonté de puissance (politique, économique etc.) est le fait de notre condition d’animal ?



    • Alban Dousset Alban Dousset 4 novembre 2016 14:51

      @maQiavel

      1) La notion de « volonté de puissance » recoupe beaucoup l’idée que s’en faisait Nietzsche. [https://fr.wikipedia.org/wiki/Volont%C3%A9_de_puissance]
      Mais pour ne pas rester évasif, je la définirais comme une velléité de pouvoir et de transcendance (dans une dimension individuelle). Pour les animaux sociaux, cette volonté puissance peut s’étendre sur tout un groupe social et se manifester de manière collective (mais elle est un dérivé de la volonté de puissance individuelle).

      2) J’entends volonté de puissance économique et politique dans leur sens le plus large.
      De manière générale, la volonté de puissance politique désigne le souhait d’accroitre son pouvoir (même informel) tandis que la volonté de puissance économique désigne le fait de vouloir faire fructifier un patrimoine.
      Ces volontés puissances peuvent se manifester au niveau individuel ou au niveau communautaire.
      Dans le cas des animaux, la volonté de puissance politique est par exemple visible dans le fait de désirer être respecté/craint/protégé/désiré d’autres animaux ou par d’autres animaux.
      Dans le cas des animaux sociaux, la volonté de puissance politique est clairement visible dans les combats pour la domination sociale.
      La volonté de puissance économique est visible sur la désir de conserver un territoire de chasse (qu’il s’agisse ou non d’animaux sociaux) ou les femelles d’une meute (si l’on peut assimiler cela à un « patrimoine »).
      La volonté de puissance directe/physique est particulièrement visible dans les confrontations physiques qu’entretiennent de nombreux animaux (soit au sein de la même espèce soit dans le cas d’interactions avec d’autres espèces) pour des raisons purement alimentaires ou territoriales ou d’autres formes de rivalité.


    • maQiavel maQiavel 5 novembre 2016 02:31

      @Alban Dousset

      -De manière générale, la volonté de puissance politique désigne le souhait d’accroitre son pouvoir (même informel) tandis que la volonté de puissance économique désigne le fait de vouloir faire fructifier un patrimoine. Ces volontés puissances peuvent se manifester au niveau individuel ou au niveau communautaire. 

      ------> Très bien.

      -Dans le cas des animaux, la volonté de puissance politique est par exemple visible dans le fait de désirer être respecté/craint/protégé/désiré d’autres animaux ou par d’autres animaux.

      ------> Et comment objective tu ce désir ? Ce que je veux dire, c’est ceci : est ce que tu ne projette pas un regard anthropocentré sur l’animal ?

      -Dans le cas des animaux sociaux, la volonté de puissance politique est clairement visible dans les combats pour la domination sociale.

      ------> Il y’a pour moi une confusion à ce niveau là.

      La nature a programmé les animaux ( et donc y compris les mammifères sociaux ) à chercher à se reproduire, c’est ce que l’on nomme « instinct de reproduction ». Mais la compétition est consubstantielle à la reproduction, c’est un des moyens que la nature a trouvé pour que les individus qui naissent de la fusion des gamètes males et femelles soient le mieux possible adapté à leur environnement  cela entre dans le cadre d’un processus de perfectibilité.

      Ainsi chez les mammifères sociaux, les males ont par instincts tendance à transmettre leurs gamètes par l’intermédiaire du plus grand nombre de femelles possibles (processus quantitatif) alors que les femelles ont tendance à choisir les meilleurs gènes possibles pour leur descendance (processus qualitatif). Il y’a bien évidemment des exceptions.

      Mais le point est là : lorsque le lion conquiert un territoire, c’est pour se reproduire avec les femelles qui s’y trouvent et pour ce faire, il doit vaincre le ou les males du groupe. Une fois la conquête terminée Le marquage du territoire sert à signaler aux autres males qu’il est présent et que s’aventurer sur ces terres est une déclaration de guerre. Ainsi, les males faibles sont dans l’incapacité de se reproduire et leurs gènes défectueux ne seront pas transmit.

      Accoler à ce processus de compétition sexuelle une volonté de puissance ou de domination relève à mon avis d’une projection idéologique sur le monde animal. Il en est de même en ce qui concerne le contrôle d’un territoire pour ses ressources, on est toujours dans le cadre de la satisfaction des besoins fondamentaux de l’existence et non dans celui du désir.

      Lorsque certains humains conquiert des territoires ou des biens pour des raisons cumulatives, on est dans un processus d’un autre ordre qui ne découle pas de la nature ( de ce qui est inné) mais de la culture ( de ce qui est acquis). Et là effectivement, les désirs sont une clé d’explication. 


    • maQiavel maQiavel 5 novembre 2016 11:22

      @Alban Dousset

      Autre chose : le désir peut être module par la culture. Le principe du désir immodéré traverse la pensée antique et toute son éthique est fondée sur la maitrise des désirs et du gouvernements des passions par la pratique de vertus telle que « la juste mesure » de Platon , « la tempérance » d’ Aristote , « l’ ataraxie » des Epicuriens , « l’apathie des stoïciens » , mode de vie assurant selon les écoles le bonheur , le plaisir ou la tranquillité de l’ âme.

      Certaines cultures au contraire sollicitent les désirs jusqu’à leur paroxysme, c’est le cas de la société de consommation et son ingénierie sociale qui sollicite le désir mimétique par la consommation ostentatoire très bien décrite par Veblen.

       Sinon de manière générale, moi mon hypothèse est tout autre. L’éthique est au centre de la question de la volonté de puissance qui n’a selon moi rien de naturel ( d’inné) mais tout de culturel ( d’acquis).

      Il y’a selon moi deux types d’individualisme :

      -L’individualisme positif : qui est un « vouloir vivre » , il se caractérise par une éthique qui tempère l’ardeur pour son bien être par la répugnance à voir souffrir l’autre.

      -L’individualisme négatif :  qui est le sentiment qui porte un individu à faire plus cas de soi que de tout autre et qui est à l’origine de la volonté de puissance.

      La volonté de puissance est un désir qui ne se satisfait pas d’un bien être finit mais d’une comparaison entre sa satisfaction et celle d’autrui, ce qui lui donne un caractère insatiable (cela n’existe pas dans le monde animal) : il s’agit premièrement de pourvoir au nécessaire, puis au superflu, ensuite viennent les délices, les immenses richesses, les sujets, les esclaves. Moins les besoins sont naturels et pressant, plus les passions augmentent.

      Comparer un animal qui conquiert un territoire afin de pouvoir se reproduire et disposer de ressources pour pouvoir se nourrir avec un homme qui s’empare d’empire par la force militaire pour imposer sa domination à des peuples et qui par le processus marchand accumule de façon infinie des possessions matérielles n’a pour moi pas de sens , on est dans deux processus totalement différent. 


    • Alban Dousset Alban Dousset 7 novembre 2016 09:41

      @maQiavel

      Désolé pour le délai, j’étais absent ce weekend.
      Selon moi, cela est beaucoup plus large que la rivalité sexuelle. Lorsque des hyènes harcèlent une meute de lion (ou l’inverse) il ne s’agit pas d’une domination dérivée de l’instinct de reproduction mais d’un rapport de force pour éliminer/réduire/soumettre des rivaux sur un territoire de chasse.

      Il est délicat d’objectiver des considérations sur l’origine de la nature humaine (j’essaye donc de privilégier les faits).

      "on est toujours dans le cadre de la satisfaction des besoins fondamentaux de l’existence et non dans celui du désir"
      Selon la distinction que je fais entre désir et besoin, les désirs sont la projection des besoins, leur matérialisation dans la réalité. Donc, pour moi, un désir découlera toujours d’un besoin fondamental.


    • Alban Dousset Alban Dousset 7 novembre 2016 11:50

      @maQiavel
      Mon propos n’est pas de nier la nécessité de gouverner ses passions mais il s’agit d’un projet philosophique.
      Lorsque l’on essaye de transformer certaines considérations philosophiques trop idéalistes au niveau politique, cela se traduit souvent par des désastres (Hitler et Mussolini se réclamaient du philosophe roi imaginé par Platon...)
      Je ne dis pas qu’il n’est pas nécessaire de développer un socle moral commun permettant de dessiner le bien commun.
      Je dis simplement qu’au niveau de l’économie politique, il est nécessaire de prendre en compte la nature humaine dans toute sa complexité et dans toutes ses déviances afin de ne pas générer un système économique « naïf » et/ou défaillant.


    • maQiavel maQiavel 7 novembre 2016 14:53

      @Alban Dousset

       Ne t’excuse pas pour le délai, j’espère que tu as passé un bon weekend.

      -Il est délicat d’objectiver des considérations sur l’origine de la nature humaine (j’essaye donc de privilégier les faits).

       

      ------> Oui mais des faits naturels ou culturels ? Moi, il me semble que tu naturalises des faits culturels, j’y viens au point suivant.

       

      -Je dis simplement qu’au niveau de l’économie politique, il est nécessaire de prendre en compte la nature humaine dans toute sa complexité et dans toutes ses déviances afin de ne pas générer un système économique « naïf » et/ou défaillant.

      ------> C’est bien ce que j’essaie d’expliquer plus haut : je pense que tu fais une projection idéologique de la nature humaine comme d’ailleurs quasiment tout ceux qui basent leur visions de la politique sur leurs spéculations de la nature humaine.

       

       Dans les comportements humains, il faut établir une distinction entre les faits naturels  (qui relèvent de lois nécessaires et sont universels) et les faits culturels (qui relèvent de normes conventionnelles et sont relatifs).

      Je pense qu’il est nécessaire prendre en compte que la grande majorité des comportements humains relèvent de la culture et non de la nature et que par conséquents ces comportements sont modulables en fonction des époques, des lieux et des circonstances. Il y’a très peu de constantes dans les comportements humains, l’homo-sapiens est sans aucun doute l’animal dont les comportements sont les plus variés, acquis et construits.

      Donc pour reprendre ta  phrase, je dirai qu’il est nécessaire de comprendre les cultures humaines dans toutes leurs complexités et dans toutes leurs déviances afin de ne pas générer un système social naïf, défaillant mais aussi cyniques.

      -Mon propos n’est pas de nier la nécessité de gouverner ses passions mais il s’agit d’un projet philosophique. 

      ------> Mon propos n’est pas d’affirmer la nécessité de gouverner ses passions mais de te faire comprendre que ce gouvernement des passions est fonction des codes socioculturels. Certains de ses codes favorisent l’explosion de ces passions (comme le système capitaliste) et d’autres pas (comme les chasseurs cueilleurs nomades).

      Pour donner un exemple : le contexte socio-culturel de la vie par prédation naturelle comme c’est le cas du chasseur cueilleurs nomade ne permet pas l’éclosion de passion comme l’accumulation de bien matériels ( qui est incompatible avec les contraintes de la mobilité) ou de pouvoir politique (la dispersion des populations entraine une structure politique souple caractérisé par la décentralisation du pouvoir politique et une distributions des taches plus rudimentaire, se limitant souvent à l’âge et au sexe).

      La volonté de puissance n’est donc pas une donne naturelle puisqu’elle n’est pas structurante dans tous les contextes socioculturels. Je ne dis pas qu’elle n’existe pas dans les communautés primitives qui sont des sortes de paradis sur terre, mais dans ces sociétés elle est conjoncturelle et non structurelle, le groupe peut s’opposer à un individu qui en animé quitte à utiliser la violence contre lui alors que dans d’autres contextes, cet individu exercera le pouvoir.

      C’est ce que je voulais dire par « le désir peut être modulé par la culture », il ne s’agit pas d’une idée philosophique utopiste mais d’un fait anthropologique.



    • maQiavel maQiavel 7 novembre 2016 14:54

      @Alban Dousset

      -Selon moi, cela est beaucoup plus large que la rivalité sexuelle. Lorsque des hyènes harcèlent une meute de lion (ou l’inverse) il ne s’agit pas d’une domination dérivée de l’instinct de reproduction mais d’un rapport de force pour éliminer/réduire/soumettre des rivaux sur un territoire de chasse.

      ------> C’est une compétition pour les ressources, ce sont des prédateurs qui ont les mêmes proies, le processus évolutif fait d’eux des ennemis naturels. Dans le monde animal, la violence tourne autour de ces deux éléments : compétitions sexuelles et compétition pour les ressources alimentaires.

      Le but de la compétition sexuelle est la reproduction. Le but de la compétition pour les ressources est de reproduire ses conditions matérielles d’existence par l’extraction d’énergie contenue dans les aliments.

       

      Ce phénomène naturel n’a rien de commun avec la volonté de puissance dans certains contextes socioculturels humains :

      Un capitaliste qui est déjà milliardaire et qui continue à engranger des milliards ne le fait pas pour des raisons énergétiques. Cette cumulation ne dérive pas d’un besoin fondamental.

      Le prince d’un empire qui étend son territoire ne le fait pas pour avoir des femelles à disposition et se reproduire, ses conquêtes ne relève pas non plus d’un besoin fondamental.

      -Selon la distinction que je fais entre désir et besoin, les désirs sont la projection des besoins, leur matérialisation dans la réalité. Donc, pour moi, un désir découlera toujours d’un besoin fondamental.

       

      ------> C’est ce postulat qui constitue selon moi le fond du problème dans ta façon de voir les choses. 


    • Alban Dousset Alban Dousset 8 novembre 2016 13:12

      @maQiavel

      Bon, par où commencer ?

      - L’analyse que je fais de la nature humaine me semble incontournable pour repenser/critiquer le système. À ce moment de l’essai, il me semble beaucoup trop tôt pour juger que cette analyse fait l’objet d’une "projection idéologique".

      "je dirai qu’il est nécessaire de comprendre les cultures humaines dans toutes leurs complexités et dans toutes leurs déviances afin de ne pas générer un système social naïf, défaillant mais aussi cyniques."

      - Oui, je peux l’admettre, mais à la différence des besoins naturels, les modulations culturelles sont dynamiques et peuvent être modifiées en cas de besoin (dans une certaine mesure et avec une certaine progressivité). De plus, il ne me semble pas que le dispositif d’économie politique que je développerai soit incompatible avec la culture française.

      "Ce gouvernement des passions est fonction des codes socioculturels."

      >> Je suis parfaitement d’accord. Mais la matrice de ces passions, de ces désirs est d’ordre naturel, c’est ce que je qualifie de besoins originels* ou de conatus.
      Pourquoi résistes-tu à différencier un besoin et un désir ? Quelle différence fais-tu entre ces deux mots ?

      *l’adjectif « originel » créé un pléonasme selon la définition que je donne d’un besoin...

      Pour que nous nous comprenions :

      - Les besoins sont issus de notre nature (par exemple les besoins physiologiques, de sécurité ou de confort).

      - Les désirs sont la matérialisation de nos besoins dans un environnement spécifique, notamment un environnement culturel. (Mon besoin c’est me nourrir, mon environnement culturel c’est être français, mon désir c’est de manger du Comté >> je vais donc manger un morceau de Comté pour satisfaire ce désir issu de mon besoin physiologique et de mon environnement culturel.)

      - Les aspirations sont essentiellement visibles chez les humains. Elles sont issues de nos besoins originels que l’horizon de pensée humain projette dans une perspective de moyen ou long terme et transforme en désirs.

      Pourquoi attaches-tu tant d’importance à faire de la volonté de puissance une donnée culturelle quand Nietzsche la désignait comme l’essence de la vie ?

      Est-ce parce que cela t’offre une échappatoire vers l’idéal politique incarné par les communautés primitives ? Imaginer les individus humains comme un livre vierge prêt à être rempli par des données culturelles est confortable, mais la nature humaine existe et elle est déterminante.

      Si tu le souhaites, je peux rebaptiser les aspirations issues des besoins de notre condition animale (besoins de physiologiques, de sécurité et de confort). Mais je trouvais que l’expression volonté de puissance recouvrait assez bien la réalité des aspirations issues de ces besoins.


    • maQiavel maQiavel 16 novembre 2016 18:58

      @Alban Dousset

      -Pourquoi résistes-tu à différencier un besoin et un désir ? Quelle différence fais-tu entre ces deux mots ?

      ------> Pour faire simple : parce que je considère que le besoin est une donne naturelle , c’est-à-dire  qu’il relève de lois nécessaires ( pour vivre il faut s’alimenter et nos gènes nous conditionnent à nous reproduire , d’où le besoin de se nourrir et de se reproduire ) alors que le désir est une donne culturelle càd qu’il relève de normes conventionnelles et est relatif ( le désir de constituer un empire territorial ou financier ).

      Les besoins sont limités à nos conditions matérielles d’existences alors que le désir lui est sans limite.

       

      - »Ce gouvernement des passions est fonction des codes socioculturels."

      >> Je suis parfaitement d’accord. Mais la matrice de ces passions, de ces désirs est d’ordre naturel, c’est ce que je qualifie de besoins originels* ou de conatus. 

      ------> Très bien, faisons une analogie : parlons du langage.

      On peut dire que par nature, l’homme fait usage de la parole, la matrice du langage est naturelle , des aires de notre cerveau lui sont d’ ailleurs dédiée. Un homme dans l’incapacité de parler est un muet, c’est un handicap, càd un obstacle à la réalisation de sa nature. C’est un invariant humain indépendant de l’époque, du lieu ou du contexte, c’est quelque chose qui s’impose à l’humain au-delà de ses choix et de ses envies, l’usage du langage relève d’une loi nécessaire.

      Bien que la matrice du langage soit naturelle, il n’en est pas de même de la langue. La langue est culturelle, elle est liée à un apprentissage social. On ne parle pas français naturellement, on apprend cette langue, comme pour toute les langues, il faut passer par un apprentissage. De plus les langues évoluent en fonction des temps, des lieux et des circonstances. Les langues sont relatives et fonctionnent selon des normes conventionnelles. La matrice de la langue n’est donc pas naturelle mais culturelle.

      Et bien, je considère qu’on peut appliquer le même schéma au besoin et au désir. La matrice du besoin est naturelle mais celle du désir est culturelle.

      Autre chose : les désirs ne sont pas seulement la matérialisation de nos besoins , devenir riche par exemple n’est pas un besoin , ce n’est pas une nécessité , pas plus que le désir de devenir roi d’Asie. 


    • maQiavel maQiavel 16 novembre 2016 19:01

      -Pourquoi attaches-tu tant d’importance à faire de la volonté de puissance une donnée culturelle quand Nietzsche la désignait comme l’essence de la vie ?

       

      A mon tour de ne pas savoir par ou commencer :

      Déjà, Nietzsche peut avoir tort. C’était un artiste et il exprimait philosophiquement son art qui était imprégné d’idéologie.

      Ensuite, de Nietzsche, je n’ai vraiment lu qu’ « Ainsi parlait Zarathoustra » ( j’ai aussi lu « Par delà le Bien et le Mal » mais c’était il y’a une dizaine d’année, il faudrait que je le relise ). Il y est évidemment question de volonté de puissance mais c’est un livre très compliqué, je suis loin d’avoir tout compris et je me demande même s’il ne faut pas plutôt « sentir » de façon intuitive que de comprendre de façon rationnelle et construite. Bref , c’est compliqué et c’est à cause de cette complexité que ce livre a été sujet à d’innombrables interprétations aussi différentes les unes que les autres , c’est peut être le but même de ce livre de rester toujours neuf, toujours à réinterpréter, quitte à faire apparaître toutes les interprétations comme autant de contre sens , il n’y a d’ailleurs aucun édifice théorique.

      Et pour finir , ce que j’ai compris de la volonté de puissance dans ce livre : il ne s’agit pas tant de désir de domination que du fait de s’arroger le droit de créer des valeurs nouvelles (l’enfant ) mais avant de conquérir cette liberté ( le lion ) une fois qu’on a réalisé qu’on est un gentil mouton vivant par des codes crées par d’autres ( le chameau).

      En toute franchise, je pense même que c’est hors sujet. Après , je ne sais pas non plus tout ce que Nietzsche a pu écrire dessus.

       

      -Imaginer les individus humains comme un livre vierge prêt à être rempli par des données culturelles est confortable, mais la nature humaine existe et elle est déterminante. 

      ------> La nature humaine existe, c’est une évidence.

      L’humain est par exemple un bipède. L’humain est un animal social.

      Je ne suis pas un constructiviste social radical qui fait de l’humain une page blanche et qui va jusqu’ à nier la notion même de nature. Cette idéologie postule en quelque sorte que les hommes ne sont que des êtres culturels, la part du biologique dans ce que nous sommes devant être réduit au maximum. C’est de cette vision qu’est issue par exemple l’idéologie du genre à laquelle je m’oppose. Mais je ne suis pas non plus un naturaliste radical qui nierait les comportements culturels de l’homme.

       

      La nature humaine est déterminante en sa qualité de nature, c’est indéniable mais l’erreur consiste à considérer qu’elle détermine totalement les comportements humains.

      Ce n’est pas que j’essaie de sauver ma conception des communautés primitives mais au contraire, ce sont elles ( entre autres ) qui confirment et illustrent mon constat.

       - »je dirai qu’il est nécessaire de comprendre les cultures humaines dans toutes leurs complexités et dans toutes leurs déviances afin de ne pas générer un système social naïf, défaillant mais aussi cyniques."- Oui, je peux l’admettre, mais à la différence des besoins naturels, les modulations culturelles sont dynamiques et peuvent être modifiées en cas de besoin (dans une certaine mesure et avec une certaine progressivité).

       

      ------> Voilà, justement :ce que je dis , c’est qu’il en est ainsi de la volonté de puissance : elle peut être modifiée selon les circonstances. 


    • maQiavel maQiavel 16 novembre 2016 19:03

      Ouhlàlà , désolé pour le gras de mes commentaires ,c’est indépendant de ma volonté , j’ai écrit mon commentaire sur word avant de le copié ici , j’avais peur de le perdre en écrivant directement ici vu qu’il est assez long , c’est peut être la cause de l’apparition de ces caractères gras ...


    • Alban Dousset Alban Dousset 16 novembre 2016 19:51

      @maQiavel
      Ici, j’ai surtout des points d’accord.
      Je crois également que Nietzsche peut avoir tort et qu’il est à prendre surtout comme un artiste.
      La notion de « volonté de puissance » est finalement très large et assez mal définie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Volont%C3%A9_de_puissance).
      Néanmoins, il m’est apparue qu’elle se superposait étonnamment bien pour décrire les « aspirations » d’origine animal.
      Bien que cet article traite essentiellement de la nature humaine, il me semble utile de rappeler que je ne suis pas un « naturaliste radical » (la culture joue un rôle majeur dans la détermination de nos désirs).
      Enfin, la définition que je donne de la volonté puissance implique qu’elle se cantonne aux aspirations (juste avant la matérialisation en désirs de moyen ou long terme, donc juste avant une influence culturelle ou environnementale) et qu’elle est donc indépendante de la culture.

      Toutefois, je conçois parfaitement que ton interprétation de la volonté de puissance diverge de la mienne >> ce n’est donc qu’un problème d’interprétation philosophique.


    • maQiavel maQiavel 16 novembre 2016 21:46

      @Alban Dousset
      Oui , on peut dire , l’essentiel est que cette interprétation ne nous pousse pas à tirer des conclusions politiques inconciliables mais ça m’étonnerait. 




    • Alban Dousset Alban Dousset 17 novembre 2016 19:12

      @maQiavel
      "La matrice du besoin est naturelle mais celle du désir est culturelle.« 

      Nos points de vue se rapprochent mais j’apporterais quelques nuances :
      Selon moi, le désir est une projection de nos besoins sur et à travers notre environnement.
      Ainsi, le désir est la conjugaison d’un besoin dans un environnement spécifique.
      Ici »environnement" est à comprendre dans son sens le plus large, il comprend l’environnement culturel mais également l’environnement physique, historique, émotionnel, climatique...
      Donc, résumer le désir à une matrice culturelle me paraît trop réducteur (environnement
      dans son sens le plus large) et faire l’impasse sur le fait que le désir émane du besoin.


    • JeanBlague1 JeanBlague1 4 novembre 2016 16:48

      j’avais vu la pyramide utilisée dans un manifeste, projet comme à la Chouard de tout remettre a plat. C’était assez marrant http://www.republic-digital.fr/projet.html


      • epicure 4 novembre 2016 22:37

        Une critique :

        La curiosité fait partie de l’intelligence.
        C’est lié à la la capacité d’apprendre, de dépasser les préjugés.

        Un crétin qui s’ennuie ne serra pas curieux pour autant.
        C’est son absence de curiosité, qui fait qu’il reste un crétin.

        Par contre la curiosité permet d’enrichir la créativité.
        Le premier conseil pour devenir plus créatif :

        http://www.cles.com/enquetes/article/comment-stimuler-votre-creativite
        « réveillez votre curiosité »


        • Alban Dousset Alban Dousset 7 novembre 2016 12:05

          @epicure
          Sur cette question, je ne suis pas encore fixé.
          Néanmoins, je considère la curiosité comme le véhicule de l’intelligence.

          Si l’on laisse quelqu’un (même un crétin) s’ennuyer suffisamment longtemps :
          - Soit il fixera son attention sur quelque chose qui lui est extérieur (un point au plafond ou autre) et l’étudiera. >> Il fera preuve de curiosité à son égard.
          - Soit il mobilisera son « intelligence » (même faible) pour « créer » des spéculations intellectuelles.

          L’ennui et l’intelligence sont très liés dès lors que l’on envisage de penser les causes qui nous déterminent.
          Je connais des personnes d’une grande intelligence terriblement dépourvues de curiosité et des personnes d’une grande curiosité avec des capacités cognitives relativement limitées.

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