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L’Immortelle Polonaise : quand Miguel Najdorf sacrifie tout pour la beauté du jeu

 

 

Parmi les joyaux de l’histoire des échecs, certaines parties traversent les décennies en raison de leur audace, de leur élégance, ou simplement de leur puissance évocatrice. La fameuse Immortelle Polonaise, disputée à Varsovie en 1930, en fait indiscutablement partie.

Une partie de légende

Opposant Miguel Najdorf (aux Noirs) à un joueur souvent identifié comme Glücksberg (ou Gliksberg selon certaines sources), cette partie est entrée dans la légende pour une raison simple : Najdorf y sacrifie ses quatre pièces mineures – deux cavaliers et deux fous – dans une attaque d’une intensité rare, jusqu’à forcer l’abandon de son adversaire.

La partie débute par une défense hollandaise, variante Stonewall. Après quelques coups d’ouverture équilibrés, les Blancs se montrent trop ambitieux et lancent une attaque prématurée sur l’aile-roi. Najdorf, au lieu de reculer ou de défendre passivement, décide de contre-attaquer avec panache. Ce choix donne lieu à une suite de sacrifices spectaculaires :

  • 9... Fxh2+ : premier coup de tonnerre, un sacrifice de fou pour déloger le roi blanc.

  • 13... Fg1 !! : un autre sacrifice, encore plus étonnant, pour ouvrir la diagonale fatale.

  • Suivent des combinaisons millimétrées, des échanges tranchants, une pression constante.

Le génie du jeu offensif

Cette partie est souvent citée aux côtés de la célèbre Partie Immortelle d’Adolf Anderssen (1851), en raison de son style flamboyant et de la prise de risque maximale de Najdorf. Mais ici, la dimension stratégique est encore plus aboutie : chaque pièce abandonnée sert un objectif précis, chaque sacrifice ouvre une nouvelle brèche dans la défense blanche.

L’attaque des Noirs est menée avec une précision implacable, transformant une position complexe en une machine de guerre. Les Blancs, totalement submergés, n’ont d’autre choix que de capituler.

Un chef-d’œuvre au-delà du résultat

Plus qu’une victoire, l’Immortelle Polonaise est un hommage à la beauté du jeu d’échecs. Elle rappelle que les plus grandes parties ne sont pas toujours les plus techniques ou les plus équilibrées. Ce sont souvent celles où le joueur ose. Celles où l’esprit du jeu dépasse le simple calcul.

Miguel Najdorf, bien avant de devenir une légende des échecs argentins, inscrivait ainsi son nom dans la grande galerie des artistes du jeu d’échecs. Par cette partie inoubliable, il nous laisse un modèle de courage intellectuel, de finesse tactique, et de génie créatif.

 

 

FRANCK-ABED

Moyenne des avis sur cet article :  1/5   (14 votes)




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2 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 12 juin 13:08

    Bonjour, Franck

    Il semble que vous soyez passionné par le jeu d’échecs. Ce que je comprends parfaitement, bien que je sois moi-même un très mauvais pratiquant.

    Au point de n’avoir rien compris au déroulé de la partie à laquelle est consacré votre article.

    Le genre d’incompréhension qui amusait déjà l’un de mes anciens collègues, champion de France en 1973. smiley

    Je profite de ce commentaire pour vous mettre en lien un article que j’ai rédigé il y a déjà 10 ans. Le sujet : un tableau italien de 1555 que j’apprécie beaucoup et qui pourrait, peut-être, vous parler : Sofonisba Anguissola : « La partie d’échecs ».


    • Wladimir 12 juin 14:03

      Il faut arrêter de dire ’’’sacrifice’’’ au lieu de pseudo sacrifice ...

      Celui de Fxh2+ est vraiment un pseudo sacrifice puisque la prise du Fh2 permet aussitôt la capture du Cg4 .... un sacrifice qui ne perd rien mais gagne un pion au total , cela ne correspond pas à un réel sacrifice ! Ce pseudo sacrifice est à la portée d’un bon joueur .

      Le coup Fg8 est , lui , un vrai sacrifice puisque sur Cxg8 (Txg8 ou Rxg8 menant au mat) la suite n’est pas du tout évidente et donc incertaine .

      Par contre la fin avec ses pseudo sacrifices est claire et gagne ... mais ce ne sont que des pseudo sacrifices . Si on me dit vers la fin , N gagne ou fait vite mat très vite , je trouve les 2 pseudo sacrifices .... Rien de génial ... c’est à la portée d’un bon joueur .

      La force de Najdorf , c’est de le voir vite ... sans laisser échapper l’occasion .

      Il a joué correctement le Stonewall dans la Hollandaise dont je suis un partisan ... mais il faut le dire , B a fait 2 erreurs avec Ce2 et Cg4 . Il est très difficile de combattre le Stonewall mais certains connaissent la faiblesse de ce système . 

      La beauté de la partie réside pour moi , dans la dislocation du Stonewall pour provoquer l’ouverture des lignes ... ce stonewall supposé rester un mur immuable qui soudain s’ouvre comme une grande brèche ! 

      B joue avec plusieurs pièces en moins car hors jeu ... le RB a été délogé , ce qui permet des ouvertures de lignes et des pseudo sacrifices ... ce qui est classique quand le Roi est promené . La promenade fatale du Roi est un thème classique , ici illustré de belle manière .

      B a raté son ouverture et cela ne pardonne pas avec un adversaire tel que Najdorf .

      Oui , magnifique partie que je ne connaissais pas ... Pour moi , le Stonewall sert à bloquer le jeu et à obtenir sans réel danger le match nul ... car je préfère le début 1.e4 de loin à un coup tel que 1.d4 et la Hollandaise m’évite des connaissances théoriques ... sinon je dérive volontiers vers la variante de Léningrad avec g6 et Fg7 ... Donc bel exemple de partie qui offre au Stonewall d’autres perspectives que le blocage des pions et de la position .

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