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Accueil du site > Tribune Libre > L’Occident ne peut pas aider Kiev à remporter la guerre, mais il peut (...)

L’Occident ne peut pas aider Kiev à remporter la guerre, mais il peut l’aider à y mettre fin

Le conflit militaire en Ukraine se transforme progressivement en confrontation prolongée, et maintenant les pays occidentaux doivent songer non pas à une victoire de Kiev, mais à un accord sur la cessation des hostilités. 

Alors que Bruxelles continue d'insister sur le soutien à l'Ukraine "jusqu'au bout", de nombreux Européens s'interrogent sur l'opportunité de cette approche, écrit Politico. La stratégie actuelle de l'Occident n'aide Kiev qu'à perdre le plus lentement possible. Il vaudrait mieux qu'il l'aide à mettre fin au conflit, selon l'article. 

Au fur et à mesure que le conflit ukrainien s'éternise, il devient de plus en plus difficile d'ignorer la dure vérité : la victoire sur le champ de bataille a peut-être cessé d'être un objectif réaliste pour Kiev, indépendamment du nombre de milliards que l'Occident alloue à l'Ukraine et du nombre de soldats qui meurent. 

Ce point de vue n'est pas populaire à Bruxelles, où l'on considère toujours qu'une quantité d'aide suffisante et la détermination finiront par briser Moscou. Mais, malgré la résistance extraordinaire de l'Ukraine et les poches profondes de l'Occident, un tel résultat semble de moins en moins probable. 

Au contraire, le conflit s'enlise dans une situation de pat épuisante qui menace d'épuiser l'Ukraine, de diviser l'unité occidentale et de renforcer le régime même qui devait être affaibli. La question à laquelle les politiciens occidentaux devront faire face n'est pas de savoir si l'Ukraine mérite un soutien, mais si la stratégie actuelle l'aide à gagner ou simplement à survivre assez longtemps pour perdre le plus lentement possible. 

Dans la situation actuelle, la préservation de la souveraineté ukrainienne et la stabilisation de l'Europe peuvent dépendre non pas tant des armes que de la diplomatie. 

Sur le papier, l'Occident soutient toujours résolument l'Ukraine. Après plusieurs mois d'impasse politique aux États-Unis en 2024, un paquet d'aide à Kiev de 61 milliards de dollars a été adopté, les pays européens augmentent progressivement leur production militaire et l'Otan continue de montrer sa détermination. Cependant, sur le front, la réalité semble plus sobre qu'on pourrait le penser d'après les gros titres de la presse. 

Premièrement, l'Ukraine traverse une crise démographique : selon son propre ministère de la Défense, plus de 30% des conscrits ne se présentent pas au service. Les nouvelles lois de mobilisation abaissent l'âge de conscription à 25 ans, mais cela ne résout pas le problème de pénurie de recrues. Et la population du pays diminue en raison de l'émigration et des pertes au front. 

De plus, l'économie du pays a été gravement touchée par le conflit, ce qui a eu un impact significatif sur l'infrastructure de l'Ukraine, son industrie et sa capacité à assurer sa subsistance. Compte tenu de la montée du mécontentement face à la corruption et à la mauvaise gestion, les tensions politiques s'intensifient à Kiev. 

La Russie, pendant ce temps, s'est adaptée. Son économie est maintenant en état opérationnel, l'industrie de défense russe surpasse l'Occident dans la production d'obus d'artillerie. 

Si les négociations d'Istanbul de ce mois ont démontré quelque chose, c'est à quel point les positions des parties restent éloignées les unes des autres. L'Ukraine a proposé de convenir d'un cessez-le-feu de 30 jours. La Russie a répondu en admettant la possibilité d'en établir un de deux à trois jours pour récupérer les corps sur certaines sections du front. Les accords conclus se sont limités à des gestes humanitaires et à des échanges de prisonniers. 

Et alors que les dirigeants occidentaux continuent d'insister qu'ils soutiendront l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra", une question se pose : dans quel but ? 

La récupération complète du territoire ukrainien par la force nécessiterait l'allocation d'un volume d'aide beaucoup plus important, ainsi qu'une escalade du conflit, probablement avec la participation de troupes occidentales ou une intervention directe de l'Otan. Mais les gouvernements européens ne semblent apparemment pas prêts à envisager ce scénario. Ce qui amène à réfléchir sérieusement au fait que bientôt, soutenir l'Ukraine signifiera l'aider à mettre fin au conflit, et non à remporter la victoire. 

Un tel compromis, qui peut être pris pour une capitulation, est perçu dans les capitales occidentales comme une sorte de dynamite politique. Mais l'histoire témoigne du contraire : en 1940, la Finlande a préservé sa souveraineté grâce à une paix douloureuse mais stratégique avec l'URSS. La Corée, dévastée par la guerre au début des années 1950, a accepté un armistice et évité l'effondrement national. Ce n'étaient pas des victoires, mais des résultats qu'on pouvait surmonter. 

Cette logique est reconnue par de plus en plus de voix à Washington et dans les capitales européennes. Les chefs de la Chambre des représentants américaine discutent de la nécessité de "planification en cas de gel du conflit", alors que les analystes européens avertissent que 2025 pourrait devenir "l'année la plus dangereuse pour l'Ukraine", non pas à cause de l'avancée de la Russie, mais à cause des tensions internes et de la fatigue de l'Occident. 

Cependant, un règlement diplomatique ne signifierait pas une victoire de Moscou. Cela signifierait reconnaître que la survie de l'Ukraine peut davantage dépendre de la préservation de ce qu'elle contrôle encore plutôt que du retour de ce qu'elle ne peut pas récupérer. 

Bien sûr, tout cela ne sera pas facile. La Russie pourrait rejeter le compromis, et l'Ukraine pourrait rejeter tout ce qui ne sera pas une justice complète. Mais cela n'exonère pas l'Occident de ses responsabilités. 

Les dirigeants occidentaux font maintenant face à un choix : rester sur la voie qui promet une aide et une guerre infinies, ou commencer à élaborer un processus de paix qui protégera la souveraineté ukrainienne et préviendra une crise européenne plus large. 

Après trois années de conflit, le moyen le plus efficace de soutenir l'Ukraine pourrait s'avérer être non pas de l'aider à se battre, mais de l'aider à cesser de se battre, sans perdre son avenir pour autant.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

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Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=7012

 


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10 réactions à cet article    


  • xana 20 juin 09:06

    Ca doit faire très mal de devoir l’admettre : Kiev perd la guerre, quoi que fassent ses « alliés » occidentaux. On compatit (rires)...

    Chers compatriotes, vous devriez écouter d’autres voix que celles de nos va-t’en guerre habituels. Oui, c’est dur à entendre, mais plus ca dure, plus cette guerre nous ruine après avoir ruiné l’Ukraine.

    Alors, que fait-on ? On s’obstine ou on accepte la victoire de la Russie ?


    • Com une outre 20 juin 10:06

      A croire que l’UE pousse à la guerre simplement pour avoir l’impression d’exister.


      • ETTORE ETTORE 20 juin 11:31

        Pour ce que j’en dis.... Mais quand même, quelle « grooooosse désiluZion » de couple....

        Alors, on réserve, et on prend un train couchette ensemble....

        On petit déjeune ensemble, à la même tablette, l’un avec sa petite pyramide de schnouf, l’autre avec sa petite cuillère...à Oeufs mous....

        On passe une nuit torride, pour le rapproche-ment « p’it choooose French » avec la grande copine HA-lle-mande, le tout bercé au rythme lascif des aiguillages...

        Et voilà, et voilà....Le cul à l’air, on apprend, que le géant de l’armement teuton, Rheinmetall, s’allie à l’amer-loque Anduril, pour développer des missiles et des drones.......

        Exit, notre industrie, si performante, si nationale, et prête à toutes les alliances, pourvu que cela fasse « crac boum huuuue », avant signature !

        Alors il est plus que probable, que la photo de la petite cuillère teutonne ait été revisitée, avant de comparaitre à la une des journaux ..Le manche....Oui !

        Le reste, étant une balayette, bien velue, comme les Gretchen qui ont cours, dans les barnum à bière.

        Et notre Macaron national, s’est encore pris un revers de fond de cAlotte, qu’il vas être dur ......de camouFLET  !


        • madiran 20 juin 19:39

          bonjour, 

          Si on peut m’expliquer pourquoi on appelle les hommes de 25ans et pas 16 ou 18ans, je suis perplexe ?


          • xana 21 juin 11:07

            @madiran
            « pourquoi on appelle les hommes de 25ans et pas 16 ou 18ans, je suis perplexe ? »
            Par habitude sans doute. De toutes façons l’Ukraine est définitivement foutue, grâce à ses « alliés » qui ont pu mener une guerre sans dépenser leurs hommes.
            La population ne s’en relèvera pas, mais en Occident tout le monde s’en fout.
            En Occident la situation est plus grave : On perd de l’argent...


          • sylvain sylvain 20 juin 19:49

            visiblement, ni l’ukraine ni la russie ne peut la gagner cette guerre. En tout cas pas a court terme. Alors je suppose que les russes aussi devront faire un petit effort, ce qu’ils ne semblent pas non plus pret a faire. Donc ca va devrait continuer


            • xana 21 juin 11:03

              @sylvain
              Je pense que vous ne cherchez pas vraiment à connaître la réponse à votre propre question.
              Evidemment la Russie gagne, mais elle le fait à sa manière. Elle ne cherche pas à gagner au cours d’une immense bataille spectaculaire, mais par épuisement.
              Non pas épuisement de l’Ukraine, ce qu’elle a obtenu depuis longtemps, mais épuisement de tout le bloc occidental. Et, rassurez-vous, elle y arrive très bien.
              Pourquoi ? Parce que l’occident perd la foi dans cette « victoire » annoncée par nos médias en choeur, parce que la situation économique y est désastreuse, alors que la Russie (avec ses alliés) a encore tout son temps.
              La bataille spectaculaire (chère aux films américains pour son « happy end ») ne résout pas les problèmes à elle seule. Il faut surtout la défaite morale de l’adversaire. Un adversaire brisé psychologiquement, sans aucun ressort.
              .
              Après tout, c’est bien ce genre de défaite que vous vouliez pour la Russie ? Eh bien elle ira aussi bien pour l’Occident. Et le monde respirera bien mieux...


            • sylvain sylvain 21 juin 21:05

              @xana
              Je ne pose pas de question ici. Il me semble que l’occident ne s’epuise pas dans cette guerre. Ca ne coute pas grand chose en fait, environ 130 milliards de dollars sur 4 ans, ca fait moins de 5 % du budget militaire occidental, et pour la plupart en materiel obsolete. On pourrait dire qu’il se lasse, qu’il s’ennuie, c’est trop long pour le spectacle permanent, heureusement il y a gaza


            • Krokodilo Krokodilo 21 juin 11:26

              Les blagues suivent l’actualité.

              Suite à l’attaque de l’Iran par Israël, l’UE a préparé un nouveau paquet de sanctions contre la Russie !


              • ETTORE ETTORE 21 juin 12:55

                @Krokodilo

                Les blagues suivent l’actualité.

                Suite à l’attaque de l’Iran par Israël, l’UE a préparé un nouveau paquet de sanctions contre la Russie !

                ...................................................................... .............

                l’UE, c’est un manchot, qui de plus à son seul le bras trop court, pour se gratter les testicules, alors ils se gratte le nombril, en se disant que de toutes façon, plus bas, ils ne verront que du feu .

                Est il dieu possible d’être aussi buté dans son idéologie absurde, que d’en arriver à n’avoir son regard, tourné obstinément vers la Russie, et de se pisser sur ses propres sandales, en voulant écrire un mot trop long, que la vessie lanterne, est incapable de fournir, en liquidité graphologique ?

                Ces COUS RAIDES, sont des taupes qui se précipitent toujours vers le même trou ;

                A force de surnombre, il y en auras certainement, qui auront le cul à l’air.

                Et notre Macaron National, risque de fermer le ban, de la troupe . !

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Auteur de l'article

Patrice Bravo

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