La confusion de deux sommités : confondre le sort individuel d’un électron avec une foule
Rappelons d’abord le sottisier des idées fausses les plus courantes :
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Un électron, c’est vachement petit, c’est pratiquement un point, c’est une petite bille verte et ça orbite autour d’un noyau mauve. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Même dans le vide, un électron ça marche en zigzags imprévisibles, ça patrouille en tous sens comme un jeune chien. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Si l’électron garde toujours la même charge électrique, c’est parce qu’il est très petit, très concentré donc hors d’atteinte derrière ses parois vachement dures. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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L’atome c’est pratiquement que du vide, entre les électrons. C’est comme en astronomie, que du vide entre les planètes, et entre les étoiles. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Si on ne raconte pas aux débutants qu’un électron c’est un tout petit corpuscule, ils seront perdus, ils ne vont rien y comprendre ! Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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A la trentième centésimale, un médicament homéopathique est toujours efficace. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !1
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Un chat peut être simultanément mort et vivant. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Le comportement des particules, c’est juste un mystère de dieu, et ce serait péché d’orgueil que de prétendre comprendre ça. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Pour tuer le tigre quantique, qui est un grand tigre tout flou, Monsieur Tompkins doit tirer de nombreux coups de fusils dans toutes les directions. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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La lumière, c’est le choc de petits grains, appelés frottons, heu non ! Les faux thons ! Heu non, les photons. Mais c’est vrai, croyez le mes enfants !
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Ceux qui ne sont pas d’accord avec nous c’est rien que des colonels de cavalerie retraités, et ils veulent retourner à la physique classique. Ils commettent là un péché mortel.
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Tant que vous ne maîtriserez pas les opérateurs hermitiens sur les espaces de Hilbert, vous n’avez rien à faire en MQ !
Que le lecteur se rassure : de toutes les affirmations listées ci-dessus, il n’en est pas une de juste.
La sottise n° 2 est écrite dans le Landau et Lifchitz, tome 3.
La sottise n° 4 est professée par Jean Bricmont et bien d’autres encore.
Et à présent la parole à un sachant, mais aveuglé de communautarisme, Layly Victor :
- … il y a presque autant d’interprétations de la MQ qu’il y a de physiciens.
La MQ, en effet, n’est pas une théorie, c’est un modèle. Aussi bien l’équation de Schrödinger que celle de Dirac n’ont aucune base théorique, si ce n’est des principes élémentaires de statistique et de symétrie. Chacun est libre d’interpréter ce modèle comme il l’entend, pourvu que, dans son travail, il en respecte les règles, auquel cas, les prédictions sont étonnamment bonnes.
…
Ainsi, sur la définition d’un état quantique. Ce n’est pas la peine de faire du baratin. Un état quantique, c’est une fonction propre de l’équation de Schrödinger, et une observable, c’est un opérateur qui agit dans un espace fermé d’état propres. Ce sont donc des applications mathématiques du modèle. Point final. Les livres comme celui de Messiah, Cohen-Tannoudji et al, et Landau et Lifchitz traitent avec une grande rigueur (et une grande modestie) de tous ces aspects et de leur lien avec la notion de mesure. Mais c’est profond : quand j’étais étudiant (dans les années 60-70), j’avais passé trois semaines pour lire 20 pages du Landau sur la notion de mesure.
… Fin de citation.
LV venait d'avouer que "la MQ n'est pas une théorie", bien que la plupart de ses thuriféraires soient convaincus du contraire. Il ne s'agit que d'une phénoménologie mathématique, rien de plus, plus ou moins bien fagotée. Quant au Landau et Lifchitz, hé bien j'en pense plutôt du mal : presque partout, et surtout dans les tomes 3 et 4 qui nous concernent ici, est à l'œuvre le célèbre sadisme de Lev Davidovitch Landau, qui faisait exprès d'être obscur et le moins utilisable possible. Alors que, toujours aux éditions Mir, j'ai au contraire énormément de bien à dire de la Physique atomique de Chpolski, des deux volumes d'Optique de Sivoukhine, ou des Fondements de la physique des cristaux, de Sirotine et Chaskolaskaïa. Quant aux vingt pages sur la notion de mesure, il s'agit des paragraphes 1 et 7, pages 9 à 14, 32 à 36, dix pages en tout, mais embellies par le souvenir héroïque. Depuis le début, je vous expose que si la MQ classique est si obscure et difficile, c'est qu’elle est corpusculiste à cœur donc contradictoire avec le formalisme qui est ondulatoire et déterministe, et que par conséquent ça n'a ni queue ni tête ; il n'y a aucune "subtile profondeur à comprendre", mais un salmigondis bon à jeter, pour reconstruire à zéro sur des bases saines ; même si la phénoménologie mathématique et le formalisme sont corrects, la sémantique dont ils l'enrobent est à jeter aux poules.
Cet ingénieur-docteur ne rend guère service aux illustres défunts, Landau et Lifchitz, car on leur donne un tour de manège. En bas de la page 12 et début de la page 13, 3e édition (1975) :
"Soient effectuées dans des intervalles de temps déterminés Δt les mesures successives des coordonnées de l’électron. En général leurs résultats ne viendront pas matérialiser une courbe régulière. Au contraire, plus les mesures seront précises, plus les résultats révèlent un cours chaotique, des ressauts, la notion de trajectoire n’existant pas pour l’électron. Une trajectoire plus ou moins continue ne s’obtient que si l’on mesure les coordonnées de l’électron avec un faible degré de précision, par exemple par condensation des gouttelettes de vapeur dans la chambre de Wilson.
Mais si, tout en conservant la précision des mesures, l’on réduit les intervalles Δt des mesures voisines donneront, bien entendu, des valeurs vosines des coordonnées. Toutefois, les résultats d'une série de mesures successives, bien que situées dans une petite région de l'espace, seront dispersées dans cette région d'une manière absolument chaotique, ne s'alignant pas sur une courbe régulière. Notamment, faisant tendre Δl vers zéro, les résultats de mesures voisines n'auront nullement tendance à s'aligner sur une droite.".
Fin de citation.
Les auteurs ont intégralement confondu le sort d’un seul électron avec les propriétés d’une foule d’électrons dont on ne maîtrisera jamais les conditions initiales, ni finales non plus. Chaque électron de la foule a des conditions initiales et finales chaotiques, sous l’emprise du bruit de fond broglien, qui nous échappe à jamais.
Leur affirmation de la trajectoire individuelle de chien fou, est un bluff éhonté, aucune expérience de ce genre sous idéologie corpusculariste ne peut se réaliser. Ils ont juste parié qu'aucun étudiant ne sera assez audacieux pour demander des preuves. La conservation de l'impulsion appliquée à une particule relativiste sortant de l'accélérateur et d'une collision lui interdit le comportement erratique postulé par Landau et Lifchitz, et les lois de l'optique physique de Fresnel (1819) l'interdisent aussi.
- Et vous avez une preuve ?
- Dites ! J'y étais en fins de nuits au CEA à Saclay, à dépouiller les photos prises dans la grande chambre à bulles Gargamelle. Je vous certifie n'avoir jamais vu de zigzagodromie, mais au contraire des trajectoires remarquablement fines et tendues. Du reste le logiciel chargé de valider mes pointages n'admettait aucune zigzagodromie, rien que de beaux arcs tendus.
Image reportée à la fin.
Mais alors que reste-t-il de juste dans la parole des deux illustres, cités ci-dessus ? Éventuellement que si on pouvait scruter le début de chaque bulle dans l'hydrogène liquide de la chambre à bulles, chaque ion formé partant d'un côté, et chaque électron arraché partant de l'autre, initiant chacun un petit début de bulle légèrement écarté de la trajectoire de la particule ultra-relativiste. Sauf qu'on n'a guère de moyen expérimental pour ne saisir que ces amorces de bulles par ionisation. Les sommités ont donc bien écrit du bluff et des sottises, sur des présupposés corpuscularistes que rien n'a jamais justifiés.
- Et vlan ! Vous venez de flinguer deux sommités de l'édition scientifique : Landau et Lifchitz !
- Landau et Lifchitz devaient être sous l'influence de la théorie cinétique des gaz. En vrai dans les gaz les molécules ont des trajectoires erratiques, de choc en chocs.
- Affirmatif : c'est une explication vraisemblable.
Sur le plan de la compétition en contes de fées présentés comme sémantiques alternatives à l'interprétation strictement copenhaguiste, l'offre est large.
Franck Laloë n'en finit pas de présenter et de présenter encore l'interprétation des "Mondes multiples" d'Everett avec une complaisance attendrie. Ça n'est pas innocent, c’est une vraie ruse de guerre : l'idée d'Everett est tellement folle qu'elle ne peut faire ombrage aux contes de fées des copenhaguistes. Elle leur sert au contraire à dénigrer implicitement tout ce qui n'est pas eux. Liens :
http://www.phys.ens.fr/cours/notes-de-cours/fl-mq/mq.PDF  ;
http://arxiv.org/pdf/quant-ph/0209123v2.pdf
Telle est la concurrence des contes de fées.
Et vous gobez tout ça...
1 Le grand public n’a toujours pas assimilé la constante d’Avogadro-Ampère, qui relie notre monde macroscopique à la limite atomique. Il y a six cent deux mille deux cent quatorze milliards de milliards de molécules d’eau H2O dans 18,0153 g d’eau (une mole). Les charlatans abusent de cette ignorance du public. Pis : bien des sommités de la quantique ont encore du mal avec ça : il confondent les ondes individuelles de la quantique, qui chacune ont un seul émetteur et un seul absorbeur, avec nos ondes macrophysiques, telles qu’ondes de gravité en mer ou dans une cuve à eau, qui elles se dispersent et s’absorbent sur un très grand nombre d’absorbeurs.
Précédents articles :
Coluche nous avait expliqué pourquoi l’expérience de Gouanère & al. ne sera jamais refaite
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/coluche-nous-avait-explique-154321
Quand des sommités niaisent à pleins tubes
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/quand-des-sommites-niaisent-a-154357
Contrafactualité, Penrose, Elitzur et Vaidman
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/contrafactualite-penrose-elitzur-155565
Postulats hérités du copenhaguisme, et qu’on n’admet plus en physique quantique transactionnelle (TIQM)
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/postulats-herites-du-copenhaguisme-162467
Comment devient-on incroyant au mythe de la Sainte Dualité
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/comment-devient-on-incroyant-au-166289
Les Nobels de Physique 1933 : P.A.M. Dirac et E. Schrödinger
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-nobels-de-physique-1933-p-a-m-167160
Le bruit de fond Dirac-de-Broglie, et l’impossibilité de délimiter un système quantique
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/le-bruit-de-fond-dirac-de-broglie-176013
Les ravages du postulat anti-relativiste sur l’enseignement de la quantique
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/les-ravages-du-postulat-anti-178635
Quinze postulats hégémoniques, subreptices et injustifiables, en quantique anti-transactionniste
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/quinze-postulats-hegemoniques-189425
Exemple de l’impasse Göttingen-København depuis 1927
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/exemple-de-l-impasse-gottingen-193976
Quantique : dix ans jour pour jour
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/quantique-dix-ans-jour-pour-jour-200052
Les fardeaux sont pour les épaules capables de la supporter...
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