La crise du modèle américain
Les Etats-Unis assistent actuellement au début de l’effondrement du rêve impérial et au déclin de l’influence américaine dans le monde, je ne partage pas ce point de vue.
La crise provoquée par la conduite du président Donald Trump et son refus de reconnaître les résultats de la dernière élection présidentielle est un indicateur de la nécessité de repenser soigneusement le système politique américain. Il faut remédier aux lacunes dont naissent ces pratiques et ces comportements si certaines conditions sont réunies, comme c’est le cas dans la crise actuelle.
Les crises politiques sont, en général, concevables. Mais la différence entre un cas et un autre réside dans la manière de les gérer, de contenir leurs répercussions et d’empêcher qu’elles ne dégénèrent en chaos, comme cela arrive souvent dans certains pays.
Par conséquent, je ne vais pas exagérer beaucoup les événements de la prise d’assaut du Congrès américain, malgré le caractère catastrophique de l’événement, qui ne convient qu’à une république bananière, comme l’a dit l’ancien président républicain George W. Bush.
La crise qui se produit n’est pas la première et peut-être pas la dernière dans l’histoire des présidences américaines, avec des causes différentes, et donc des symptômes et des conséquences. La vérité est que le rêve ou le modèle américain ne souffre pas seulement de la récente crise des élections présidentielles.
Il existe de nombreuses autres crises qui sont tout aussi réelles. Le déclin de la culture de la coexistence et l’émergence de pratiques racistes datant de plusieurs décennies. La foi dans la mondialisation, l’un des piliers du nouvel ordre mondial dirigé par les États-Unis, a décliné depuis la fin de la guerre froide et l’effondrement du bloc soviétique dans le dernier quart du XXe siècle.
La rhétorique populiste et l’isolationnisme sont devenus une caractéristique américaine, surtout au cours des quatre années où le président Trump est arrivé au pouvoir. Les valeurs qui sont des piliers essentiels du modèle américain sont remises en question, en particulier la valeur de la liberté. Les menaces du terrorisme et autres ont érodé les libertés individuelles dans l’intérêt de la sécurité. C’est une question légitime, avec des motifs parfois justifiés. Toutefois, cela n’enlève rien à l’idée que la liberté personnelle n’est plus un plafond sans limite, comme on le disait dans le passé.
En définitive, l’épidémie du coronavirus a porté un coup au modèle américain. Elle a entraîné au chômage des millions d’Américains après la fermeture d’entreprises et d’institutions pour contrôler l’épidémie, faisant des États-Unis le premier pays le plus touché par le virus.
La crise des élections présidentielles est peut-être plus importante et plus dangereuse pour la position des États-Unis aujourd’hui. La démocratie américaine apparaît aux yeux du monde comme une « icône » du modèle et du rêve américains, qui assure l’égalité des chances et des races. Dès lors, cette crise nécessite plus que des mesures politiques.
Elle exige une révision des mécanismes et des procédures administratives qui régissent le processus électoral.Elle doit devenir plus sophistiquée, moderne et précise afin de combler les lacunes sur lesquelles certains s’appuient - comme c’est le cas dans cette crise - pour remettre en question la crédibilité des résultats et la mesure dans laquelle ils expriment l’opinion du peuple américain.
Ce à quoi le modèle américain est confronté n’est pas la mort de la démocratie et la fin de son ère, comme le disent certains chercheurs, spécialistes et analystes. Le dilemme réside en effet dans les mécanismes, leur obsolescence et leur trébuchement parfois, et non dans la valeur elle-même.Il faut donc d’urgence des modifications constitutionnelles qui suivent le rythme de l’époque.
Il n’est pas rationnel, par exemple, que les Américains et le monde attendent plusieurs semaines que les résultats soient officiellement annoncés par le collège électoral, alors que les candidats à ces élections restent chamaillés avec des déclarations et des proclamations de victoire et de défaite sans confirmation officielle définitive.
Pas de démocratie sans démocrates, c’est une règle constante. L’absence d’une certaine culture chez certains hommes politiques empêche le processus démocratique de continuer sur sa bonne voie. Il est donc nécessaire de développer des mécanismes qui tiennent compte des conditions de l’absence d’une culture du dialogue et du déclin d’une culture de la coexistence.
En effet, la démocratie, dans ce cas, a nourri l’idée d’une société divisée et contribué à creuser le fossé entre partisans politiques, phénomène dangereux et incompatible avec le retour social attendu de la démocratie, qui vise à assurer la prospérité des sociétés et de maximiser toutes leurs ressources et capacités.
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