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Accueil du site > Tribune Libre > La cruauté de la soie
#2 des Tendances

La cruauté de la soie

La soie est produite à partir du cocon de ver à soie, principalement le Bombyx Mori (Bombyx du murier), qui fournit 90 à 95 % de la production mondiale. Si cette matière peut à priori être considérée comme éthique et naturelle (le ver abandonne son cocon lorsqu'il se transforme en papillon pour s'envoler), l'intervention humaine rend le processus beaucoup plus sordide.

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En tant que papillon, le bombyx du murier traverse plusieurs phases d'évolution : l'oeuf, le ver (ou chenille), la chrysalide et enfin le papillon. A l'éclosion, le ver mesure à peine 2 mm et se nourrit exclusivement de feuilles de murier. Lorsqu'il a atteint sa taille mature, il va commencer à tisser son cocon en bavant le fameux fil de soie. Le ver va rester dans son cocon (qui va se durcir au contact de l'air) pendant environ 16 jours. A la fin de cette période, le ver, devenu papillon, va percer le cocon pour pouvoir s'envoler.

Le problème, c'est qu'en perçant le cocon, le papillon va endommager la soie qui le compose. Ce qui ne plaît pas aux sériciculteurs (éleveurs de vers à soie). Pour cette raison, le processus traditionnel de production consiste généralement à faire bouillir les cocons vivants (dans une cuve chauffée à 80 °C), ou les étouffer à la vapeur, ce qui tue les vers avant qu'ils n'émergent en papillons. Une étape éthiquement dérangeante, d'autant qu'elle n'est pas indispensable ...

Produite dans certaines régions d'Inde, la soie de la paix ("silk peace"), ou "soie ahimsa" garantit une soie qui ne tue pas les vers. Le principe est simple : les cocons sont recueillis après l'émergence naturelle des papillons. A priori, le fil obtenu est moins qualitatif (à cause de sa discontinuité), mais moyennant des temps/couts de production plus élevés (donc un prix final plus élevé aussi), le résultat reste tout à fait satisfaisant. Notons que le principe "ahimsa" ne s'applique pas forcément au Bombyx du murier mais concerne aussi/surtout d'autres types de soie (Bombyx/soie Eri notamment).

Se pose par ailleurs la question du cout écologique. La culture des mûriers (arbres dont se nourrissent les vers à soie) nécessite souvent l'utilisation de grandes quantités d'eau, de pesticides, d'engrais chimiques ... Quant aux vers, ils sont régulièrement traités avec des antibiotiques pour limiter la prolifération de maladies. Le fil de soie enfin, outre les grosses quantités d'eau qu'il requiert, est soumis à différentes étapes de traitement chimique (décreusage, teinture).

Globalement, le problème de la sériciculture est celui que l'on retrouve dans d'autres types de cultures, intensives notamment, où les impératifs de rendement l'emportent sur les considérations éthiques et écologiques. A priori, la "soie de la paix" (sans ébouillantage) est associée à des pratiques plus vertueuses. Mais ce n'est pas systématique. Ainsi des enquêteurs de l'ONG "Beauty Without Cruelty" ont-ils pu montrer que des papillons étaient parfois tués à d'autres moments du processus : vers broyés (pour vérifier l'absence de maladies), papillons inaptes à la survie relâchés dans la nature ...

En l'absence de label (il n'existe pas d'organisme de certification "ahimsa" reconnu), il faut donc se méfier. Se méfier des dires des producteurs ("soie de la paix" dans un élevage intensif ? bizarre ...), mais aussi de la communication des entreprises commercialisant la soie. Des entreprises qui, quand elles ne mentent pas ouvertement (leur soie est issue du bout du monde, qui va vérifier ?), peuvent aussi parfois mentir par omission ...

Face aux critiques de la soie traditionnelle (Bombyx Mori), certaines marques mettent en avant d'autres types de soie. Mais ne présentent souvent qu'un aspect des choses. Les soies Tussah et Muga sont issues de vers élevés en semi-liberté (hors élevage intensif) ? Oui, mais les vers sont quand même tués (et les processus de traitement du fil restent peu écologiques). La soie écologique (certifiée GOTS - Global Organic Textile Standard) garantit quant à elle des processus entièrement écologiques ... mais ne dit rien sur le traitement des vers (qui peuvent être tués).

Globalement, les petites exploitations du nord-est de l'Inde (produisant la soie Tussah, Muga, Eri et même Mori) offrent quand même de meilleures garanties (éthiques, écologiques) que les élevages intensifs de Bombyx Mori (principalement trouvés en Chine). La soie Eri est souvent celle qui offre le meilleur compromis. L'éthique "Ahimsa" (lorsqu'elle peut être prouvée), ainsi que la certification "GOTS (qui garantie aussi des conditions sociales décentes pour les travailleurs) sont assurément un plus.

Mais un élevage reste un élevage et le bien-être animal est toujours difficilement compatible avec un but commercial. Les cycles de vie sont contrôlés, les processus optimisés ... Surtout, le nombre phénoménal de naissances généré dans les exploitations, même petites (centaines de milliers de vers), engendre forcément une mortalité conséquente (déshydratation, faim, prédation par les oiseaux). Finalement, la seule voie véritablement éthique serait de ramasser les cocons dans la nature. Ce qui est incompatible avec un but commercial.

Il faut environ 6.000 vers pour produire un kilogramme de soie. Ce qui implique chaque année l'exploitation de plusieurs milliards de vers à soie dans le monde ; dont une grande majorité (entre 70 et 90 %) sont ébouillantés vivants. Tout ça pour produire un produit de luxe (notamment prisé dans la haute couture), qui plus est fragile (la matière s'altère avec le soleil, l'humidité), qui n'a pas d'autre intérêt que celui d'afficher un mode de vie ostentatoire.

La recherche d'alternatives à la soie pourra pousser le consommateur à s'orienter vers des matières plus éthiques/écologiques/accessibles telles que le lyocell/Tencel ou le satin de coton. Attention à des alternatives telle que la viscose, le satin de nylon ou de polyester, qui présentent un coût écologique important. Une autre bonne habitude serait de réduire sa consommation de neuf (en gardant plus longtemps, en achetant du seconde main). Peut-être la solution la plus éthique et écologique qui soit.

Quelques liens

Soie
Sériciculture
Halte au massacre des vers à soie !
La Soie est-elle écologique ?
Qu'est-ce que la soix de la paix ? Est-elle vraiment "pacifique"
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La soi-disant "soie Ahimsa"
La vérité sur le tissu en soie Ahimsa Peace
Quels sont les quatre types de soie
La soie : zoom sur un tissu ancestral
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32 réactions à cet article    


  • pierre 5 juillet 11:04

    Bonjour et merci.

    Il me semble avoir lû que les larves cuites pouvaient être mangées à l’apéro... mais j’ai des doutes.


    • amiaplacidus amiaplacidus 5 juillet 18:15

      @pierre

      N’ayez aucun doute, c’est une friandise très appréciée des Vietnamiens.
      Également dans les autres pays d’Asie du Sud-Est, en particulier en Thaïlande, où passablement d’insectes sont au menu.


    • Decouz 5 juillet 11:11

      Les enfants étaient chargés en Chine des taches faciles, plonger les cocons dans l’eau bouillante, brûlures assurées.


      • Decouz 5 juillet 11:45
        • En 2024, la Chine a produit environ 49 000 tonnes de soie brute, soit près de la moitié de la production mondiale .

        • Aucune donnée n’est disponible sur la fraction certifiée «  écologique  » (GOTS, CERES, GB/T 19630) au sein de ce volume.

        La part de la soie écologique en Chine est donc très faible, probablement inférieure à 1 % de la production nationale.


        • L’engagement bio reste un créneau de niche, porté par quelques producteurs destinés aux marchés haut de gamme ou occidentaux.

        • Pour obtenir une évaluation véritablement chiffrée, il faudrait un audit sectoriel qui ne semble pas encore exister.




        • sylvain sylvain 5 juillet 13:12

          Ce n’est pas vraiment de la cruauté, la cruauté est une souffrance inutile et celui qui l’exerce est censé y prendre un certain plaisir.

          Mais c’est un carnage. Il n’aurait pas non plus été inutile de parler de la souffrance des humains qui produisent la soie, comme toujours absente des considérations véganes. Vous auriez beaucoup à y gagner pourtant en terme de popularité. Mais il y en général l’idée que l’humain, étant coupable, ne peut être victime. C’est très judéo chrétien et surtout très faux


          • Seth 5 juillet 13:32

            Tout ça c’est depuis que les pauvres se sont mis à acheter de la soie low cost. Ça vaut aussi pour le lin que l’on torture effroyablement et en grandes quantité. Spécialement en Chine aussi.

            Pas grave : avec le réchauffement on pourra bientôt aller dans le plus simple appareil.  smiley

            Sinon il y a CA AUSSI mais ça ne se trouve pas chez H&M.


            • SilentArrow 5 juillet 14:15

              Je verse une larme (de crocodile) pour ce pauvre ver du bombyx ! 

              Lui qui ne demandait qu’à péter dans la soie.


              • Seth 5 juillet 14:29

                @SilentArrow

                Ainsi macron serait un bombyx ?  smiley


              • cevennevive cevennevive 5 juillet 14:55

                Bonjour !

                Une autre histoire de la soie : en Cévennes autrefois.

                Ma mère, après son certificat d’études est entrée à la filature. Elle avait 12 ans (1932)

                Elle a, en effet, étant enfant, dévidé les cocons dans une eau presque bouillante et filé la douce étoffe de soie jusqu’à son mariage à 24 ans.

                Elle n’avait que de bons souvenirs de ce travail et de la camaraderie qui y régnait.

                Une fois mariée, elle et mon père ont élevé des vers à soie jusqu’au milieu des années 1950. Enfant, je les aidais. Cela faisait un apport important dans le budget des ménages dont l’homme était souvent mineur de charbon (vous savez, les mineurs avaient une vie bien plus pénible et difficile que les fileuses de soie).

                Nous nous réunissions entre voisins producteurs pour « décoconner » et nous faisions d’immenses ballot de cocons que nous vendions sur les marchés d’Ardèche.

                Les femmes remplissaient leur tablier de beau cocons dorés. Rires et conversations, tartines de pâté fait avec le cochon que chaque famille élevait, et la piquette des vignes, etc

                J’ai gardé de cette période le souvenir étrange du bruit que faisaient les millions de mandibules lorsque nous leur donnions de la feuille de mûrier verte et fraîche (pas de traitement des mûriers bien sûr à cette époque là...)

                C’était une autre vie que celle décrite par l’auteur. Malheureusement l’on ne malmène pas que les animaux aujourd’hui ! Certains humains ne sont pas beaucoup mieux traités...

                J’ajoute que l’étoffe de soie est fraîche à la peau, en ces temps de canicule !



                • cevennevive cevennevive 5 juillet 15:14

                  @Seth, bonjour,

                  Magnifique ! Je ne connaissais pas. Merci pour cette vidéo. Je la garde.
                  La séance de « décoconnage » c’est un peu cela en effet.
                  Mais les voisines n’avaient pas cette grâce légère...


                • cevennevive cevennevive 6 juillet 10:35

                  Et le terme « magnanarelles » est si beau !
                  Ici, les vers à soie sont appelés « magnants ».
                  Et le grenier aménagé pour eux est la « magnanerie » : Haut de plafond avec deux ou trois étages en balcon tout le tour de la pièce, agrémentés d’échelles, et une petite cheminée sommaire au quatre coins du grenier (pour un printemps froid, on fait un petit feu dans chaque cheminée)


                • Seth 6 juillet 14:11

                  @cevennevive

                  Magnanarelle est effectivement un joli mot sonnant léger et « souriant ».

                  C’est mieux que « péronnelle » par exemple. Mais l’un n’empêche pas d’être l’autre.  smiley

                  Apparemment les magnaneries sont, tout comme les séchoirs à tabac chez nous, recyclées en habitations. 


                • SilentArrow 5 juillet 15:04

                  Incroyables ces végans !

                  Ils pourraient se contenter de s’habiller avec des vêtements de fibres synthétiques produites à partir de bouteilles en plastique recyclées.

                  Mais non, il faut qu’ils viennent emmerder leur monde avec leurs bigoteries.


                  • Seth 5 juillet 15:09

                    @SilentArrow

                    Il fut un temps où l’on trouvait des godasses véganes faites de fibres venues du pétrole.  smiley


                  • cevennevive cevennevive 5 juillet 15:24

                    @SilentArrow, bonjour,

                    Oui, les vêtements et chaussures en bouteilles de plastique recyclé sont très bons pour la santé de nos corps et de la planète, c’est bien connu !!!

                    Et un gilet, un pull ou un matelas en laine de nos moutons, c’était mieux quand même...


                  • Seth 5 juillet 15:38

                    @cevennevive

                    ... à condition bien sûr d’arriver à trouver un pull de laine et ça, c’est pô facile. 

                    Et puis en plus ça fait mal aux pauvres petits moutons qui se les gèlent en hiver.  smiley


                  • cevennevive cevennevive 6 juillet 10:28

                    @Seth, bonjour,

                    Non, les pauvres moutons ne se gèlent pas en hiver !
                    On les tond au printemps en prévision de la chaleur, et ainsi ils n’ont pas trop chaud l’été.
                    Leur laine pousse pendant plusieurs mois à partir de l’automne. La nature a tout prévu !


                  • Seth 6 juillet 14:14

                    @cevennevive

                    Je rigolais. Au contraire, on est prié de tondre les moutons, certains n’arriveraient même pas à se déplacer tant leur laine est épaisse, ils ressemblent à des grosses boules sur des toute petites allumettes.

                    N’empêche que trouver un pull 100% laine relève de l’expédition exploratoire.


                  • cevennevive cevennevive 5 juillet 15:20

                    Allez, encore un détail amusant que j’ai oublié de vous dire :

                    Les oeufs du ver à soie s’achetaient dans de petits sachets en tissus de lin. Et les femmes, pour les faire éclore à l’aise et plus vite (il ne fait pas chaud en mars) portaient ces petits sachets tout près de leur peau, sous la chemine nuit et jour pendant quelques jours.

                    Puis, à l’apparition des minuscules feuilles de mûrier, elles déposaient ces oeufs presque éclos sur un lit de foin. Et ça commençait à gigotter et à grignoter.

                    J’ajoute que les mûriers faisaient, au début de l’été, de petits fruits juteux dont on faisait de très bonnes confitures.


                    • Seth 5 juillet 15:42

                      @cevennevive

                      Une pensée émue pour ces pauvres mecs qui quand ils pensaient à forniquer se perdaient dans les œufs de bombyx.  smiley


                    • cevennevive cevennevive 5 juillet 15:48

                      @Seth,

                      Nan !
                      Elles laissaient, pour un instant, le sachet sous l’oreiller voyons !
                      C’est drôle, c’est une pensée rigolote que, nous les descendants, avions lorsque nous nous le racontions et en riant, avec une petite moue de dégoût...


                    • Seth 5 juillet 20:00

                      @cevennevive

                      J’ai appris qu’en Ardèche on mangeait les vers à soie en omelette.  smiley


                    • SilentArrow 6 juillet 02:43

                      Bonjour @cevennevive

                      Les femmes couvaient donc les œufs de vers à soie !!!


                    • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 6 juillet 09:39

                      Articles bourgeois bohème citadins dans l’esprit, qui essaye d’être dérivatif de la présente et passée démence rouge sang profonde des humain, vieilles de plusieurs millénaires crée par tout et un chacun, sauf moi bien sur, nous disons tous.C’est mon ressenti.


                      • xana 6 juillet 10:21

                        Merci à Cevennevive pour son témoignage.

                        Effectivement on croit que cette industrie appartient à un passé ancien, mais il n’en est rien et vous n’êtes certainement pas la seule à y avoir travaillé. Je suis aussi heureux de constater que ce genre de boulot vous a laissé des souvenirs plutôt agréables, ce n’était pas aussi horrible que ce que les gens croient actuellement.

                        De nos jours les mentalités sont conditionnées par la télé et le cinéma, ca ne se fait plus de travailler à la campagne sans voiture et sans Internet. C’est dommage car alors la vie valait la peine d’être vécue...


                        • Seth 6 juillet 14:23

                          @xana

                          De plus tous ces boulots qui ne demandaient pas nécessairement beaucoup d’attention permettaient des contacts. Parfois aussi des ragots...

                          Quand j’étais tout minot, les femmes chez nous faisait des « manauques » des feuilles de tabac partiellement séchées. C’est un peu pareil. Sauf que ça puait grave. Ma nounou m’y emmenait et je jouais avec ces feuilles souples brunes.  smiley

                          C’était pareil avec les noix : on les payait à casser les coquilles, extraire les cerneaux et les trier par qualité. Il y avait des petits maillets et des couteaux exprès pour cela. Plus une pierre plate. Souvenir, souvenir...


                        • xana 6 juillet 10:27

                          J’ai aussi séjourné à Guangchou (Canton pour les Européens) et connu des familles chinoises qui travaillaient dans de petits ateliers à toutes sortes de choses. Contrairement à ce qu’on se plaît à raconter en Occident, ce n’est pas le bagne et je préfèrerais ce genre de boulot à un travail de bureau comme chez nous en France...


                          • Seth 6 juillet 14:52

                            Torture des bombyx ou pas, 10 minutes présentant la réalisation du magnifique Yuzen du Japon.  smiley

                            https://www.youtube.com/watch?v=MKG13KDqKj8

                            J’ai un blouson sur fond noir fait de cette soie, sorte de crêpe épais mais non brodé. Une collègue japonaise était restée bouché bée : un kimono de cette matière vaut plusieurs des d’euros et pratiquement seules les geishas portent ça. J’ai eu la chance d’en trouver un très abordable fait de tissu « récupéré » même pas recyclé... On ne peut pas confondre le vrai et la copie. C’est carrément royal.

                            Ainsi il m’arrive d’être un macho-geisha, moi.  smiley


                            • Seth 6 juillet 15:39

                              @Seth

                              ... cette matière vaut plusieurs milliers d’euros

                              Début d’Alzheimer sans doute...  smiley


                            • Seth 7 juillet 14:17

                              Tiens... Jerôme Henriques a changé d’alias :

                              https://www.legrandsoir.info/la-cruaute-de-la-soie.html.  smiley

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