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Accueil du site > Tribune Libre > La fille verticale de Félicia Viti : quand l’amour cogne plus fort (...)

La fille verticale de Félicia Viti : quand l’amour cogne plus fort que la raison

Publié chez Gallimard, La Fille verticale de Félicia Viti est un premier roman qui explose à la gueule du lecteur comme une détonation.

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Ce soir à la radio résonne la bande son du film India Song... Et je repose le dernier mot de ce premier roman.. Que se passe-t-il ? Faut-il être saisie d'amour ou bien de tristesse ? Faut-il se livrer à la passion, se brûler, se désirer ? Que faisons-nous ? Félicia Viti écrit ou tourne des scènes. Et l'on plonge avec elle, on respire, on ne respire plus, on pique du fric à son père en Corse... 

Ça sent la baise, pardon, l’amour – ou du moins quelque chose qui y ressemble : une passion dévorante, une dépendance chimique, une obsession qui ravage. Les phrases de Viti cognent, elles sentent le foutre, elles transpirent le manque et la fièvre, comme si l’écriture elle-même se débattait dans une spirale d’ivresse et de douleur.

La narratrice est prise au piège d’une relation toxique, de celles où l’autre devient une drogue, une pulsation incontrôlable qui bousille le corps et l’âme. L., « la fille verticale », est insaisissable. Elle échappe, elle fuit, elle détruit. Et la narratrice court après elle, toujours plus bas, toujours plus loin, dans ce Paris nocturne où l’amour se vit à la dérobée, entre une étreinte et un abandon.

Ce qui frappe dans ce roman, ce n’est pas tant la description du désir que son implacable brutalité. On ne sait plus si c’est le rythme d’un cœur ou celui d’une gifle. L’amour comme choc. Comme soumission. Comme un combat dont on ressort pantelant, déchiré, affamé encore. La question qui émerge alors est celle que posait Chloé Thibaud dans Ceci est mon corps : pourquoi les femmes désirent-elles la violence ? Pourquoi fantasment-elles encore sur des rapports où elles souffrent, où elles quémandent, où elles acceptent d’être rejetées, abîmées, humiliées ?

Félicia Viti ne répond pas. Elle balance son texte comme une lame. Cru, charnel, épuisant. Certains y verront une catharsis, d’autres une répétition de schémas oppressifs, un énième miroir du patriarcat qui a appris aux femmes à aimer leur propre destruction.

Et si ce livre dérange, tant mieux. Parce qu’il met en lumière une mécanique intime et collective : celle de l’aliénation amoureuse. Il fait entendre ce cri que trop de femmes taisent encore. Il laisse voir l’impasse où peut mener le désir quand il devient poison.

Un premier roman incendiaire. Un livre qui ne se contente pas de brûler : il consume.


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11 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 19 mars 15:18

    Bonjour, Léa

    « Amour » et « raison » sont-ils compatibles ? On peut en douter.

    A cet égard, il n’est pas faux de parler d’« aliénation amoureuse », du moins lorsque cet « amour » est passionnel.


    • Léa Renoir Léa Renoir 19 mars 18:56

      @Fergus « Amour » et « raison » oui, « passion » et « raison » non 


    • Seth 19 mars 15:21

      On appelait les demi-mondaine, en particulier Liane de Pougy née Chassaigne, les « grandes horizontales ».  smiley


      • Fergus Fergus 19 mars 15:30

        Bonjour, Seth

        A lire, sur ce thème, l’excellent livre d’Alexandra Lapierre La lionne du boulevard.


      • Seth 19 mars 15:44

        @Fergus

        Ou Nana de Zola.


      • Fergus Fergus 19 mars 16:45

        @ Seth

        Oui, à lire également.


      • Léa Renoir Léa Renoir 19 mars 18:59

        @Seth Magnifique, je vais la découvrir... C’est un univers fascinant...


      • Léa Renoir Léa Renoir 19 mars 19:00

        @Fergus
        Merci je vais me le procurer... 


      • SilentArrow 20 mars 01:44

        @Seth
         

        On appelait les demi-mondaine, en particulier Liane de Pougy née Chassaigne, les « grandes horizontales ».

        Les grandes horizontales, parce que c’est debout qu’elles se reposent.

      • sophie 19 mars 19:07

        donc vous remplacez gruni ?


        • Étirév 20 mars 09:06

          Ce fut dans la jeunesse de l’humanité que l’homme s’aperçut, peu à peu, de la différence qui commençait à se dessiner entre lui et la femme.
          D’abord il traversa une période d’étonnement et de tristesse quand il aperçut l’état qui résultait de la nouvelle fonction qui s’était imposée à lui. Il s’y était livré sans frein, si bien qu’il avait vu, en peu de temps, s’accentuer, en lui, les caractères du mal qui en sont les résultats, il était devenu brutal, batailleur, irritable et sensuel jusqu’à l’excès. A ses heures de réflexion il eut honte de cet état, il voulut le cacher, l’effacer. Pour cela il y avait un moyen : arrêter la cause de sa déchéance pour en arrêter les effets. II l’intenta, mais l’instinct devint plus fort que lui, il ne put le vaincre.
          Alors, s’adonnant tout à fait à la passion qui le sollicitait, il se révolta contre la Nature même qui lui imposait ce sacrifice de son Âme.
          La perversion, naissant en lui, lui enseigna le mensonge, il nia ce qui était, condamna la Nature, nia ses lois, nia tout ce qu’il avait cru jusque-là, tout ce qui le gênait : ce fut le premier pas en arrière.
          Le voilà donc divisé en deux êtres : l’un qui s’affirme et se révolte dans la vie sexuelle, l’autre qui le retient dans la vie intellectuelle, et la lutte qui va s’établir dans l’homme lui-même est le prélude de la lutte qu’il va soutenir contre la femme qui sera comme un reflet de sa propre conscience.
          La femme... il la veut, pourtant, pour son amour mais non pour ses reproches. Il la poursuit assidûment d’un désir, d’abord idéal, mais bientôt, bestial.
          Quant à elle, comme, elle ne sait pas que l’homme est un être autrement constitué qu’elle, elle croit trouver en lui tout ce qu’il y a en elle : l’amour cérébral qui élève l’esprit, qui l’invite à la contemplation de l’univers, au rêve cosmique, à l’abstraction.
          Et, dans les premières heures de rapprochement, c’est de la Nature qu’elle lui parle, du Cosmos ou d’elle-même, chef-d’œuvre de la création qu’elle veut lui dévoiler.
          Mais il ne la comprend pas, ce n’est pas cela qu’il veut.
          Cependant, dans ces premières relations, elle triomphe et fait naître en lui une ombre de sa pensée, il traduit, en rêve, ce qui est en elle, le réel, il donne une forme concrète à l’idée abstraite, mais la poétise ; sa vérité, à elle, était nue, austère, il l’habille de belles phrases, la rend embellie et comme une conception née en lui. Elle lui a beaucoup parlé d’elle. Lui, qui s’ignore, écoute ses idées révélatrices, se les assimile, fait du moi féminin son moi à lui et ainsi s’attribue si bien son âme qu’il se croit elle.
          C’est ainsi que naît sa première erreur psychologique qui grandira et s’affermira à travers les générations. Cette empreinte cérébrale, née avec le premier amour, ne s’effacera jamais en lui.
          C’est un curieux phénomène psychique que ce reflètement d’un être sur l’autre, ce miroir que tient la femme et dans lequel l’homme croit se voir !
          Mais ce prélude de l’amour ne lui suffît pas, il demande autre chose, et, alors, commencent, pour elle, les terreurs. Elle ne voulait que l’union des esprits, et les désirs qu’il exprime l’inquiètent, elle invente, pour s’y soustraire, une diplomatie savante. Mais elle est bonne, elle a pitié, elle ne veut pas le contrarier, elle l’aime trop pour cela, et elle cède elle se résigne, sans plaisir aucun, au sacrifice de sa personne.
          Lui, satisfait son besoin bestial et aussitôt la scène change.
          Il devient méchant. Il devient jaloux.
          Sa méchanceté commence par la taquinerie, les petites contradictions, les caprices imposés avec entêtement. Il substitue sa volonté à celle de la femme. En même temps sa force grandit, il va l’affirmer.
          Puis la jalousie de sexe survient.
          Tourmenté de sa déchéance, dont il sent les amertumes, dont il suit les progrès, il va concevoir, pour elle, la haine sourde de l’envie, et la tourmenter pour lui faire expier sa supériorité morale.
          La femme, qui le croit fait dans le même moule qu’elle, ne comprend pas. Elle croit ses reproches justifiés et cherche, en elle, des défauts à corriger pour éviter ses critiques. Mais plus elle cède, plus il l’accable, son but est de la faire souffrir, de la vexer, et plus elle croit à sa parole, plus il s’enfonce dans le mensonge, dans son mensonge que la crédulité de la femme fait triomphant.
          Il fut timide, d’abord, cependant ; c’est timidement qu’il osa le premier reproche, la première injure ; mais au lieu d’une réaction violente de celle qu’il outrageait, il la trouva intimidée et crédule. Elle crut, comme une vérité, ce qui était une ruse, elle prit pour une justice ce qui était une jalousie. Cela l’encouragea et il recommença.
          Ces moments de fausseté manifestés, par des outrages qui expriment sa révolte contre elle, ne sont interrompus que par des poussées de nouveaux désirs ; il fait trêve à ses brutalités quand il veut la reprendre, il redevient alors subitement et momentanément soumis et aimant.
          Elle, heureuse du changement, heureuse de l’avoir retrouvé comme elle le désire, croyant le retenir par sa soumission, cède de nouveau et, de nouveau recommence la réaction brutale et ainsi se passe la vie. Chaque rapprochement est suivi d’une chute qu’il fait dans l’abîme du Mal, et chaque fois il tombe un peu plus bas, jusqu’au moment où la folie qui le guette, le prendra tout à fait.
          La femme, complice ignorante de ce drame, en est la première victime. L’homme devient le tourment de sa vie.
          A la fin, elle comprend, non la cause du mal, mais l’injustice des accusations dont elle est l’objet.
          Alors la réaction commence, les ripostes, les colères, les reproches.
          Pourquoi la traite-t-il si mal ? Pourquoi est-il si méchant ? Pourquoi n’obéit-il pas à la raison comme elle ?
          Pourquoi ! Est-ce qu’il le sait ? L’amour, calmé en elle, ne l’aveugle plus. Elle le voit, maintenant, tel qu’il est, et blessée de tous ses vices naissants, elle les lui reproche les uns après les autres ; elle le trouve sot et orgueilleux, brutal et méchant, faux et hypocrite, despote et volontaire, capricieux et vaniteux, lâche et vil. Et alors, elle commence son rôle de moralisatrice. La grande loi morale, inscrite dans le cerveau de toutes les femmes, lui dicte des conseils et des reproches, quelquefois aussi des ruses. Mais s’il ne l’écoute pas, elle y met de l’ironie, cela le blesse, son orgueil se révolte, il ne veut pas être moins qu’elle, il refuse de se soumettre à ses avis, veut agir suivant ses propres inspirations, et alors, ballotté entre le vrai et le faux, le bien et le mal, la raison et la folie, il marche en trébuchant dans la vie, cachant ses fautes, car il la craint, occupé, constamment, à justifier ce que sa conscience lui reproche, et la justification, c’est toujours le mensonge.
          Quelquefois, cependant, sa conscience l’emporte, et il fait l’aveu de ses fautes, demande un pardon aussitôt accordé et immédiatement recommence un nouveau chapitre, éternellement le même, de la possession, puis de la lutte.
          NB : Aucune question ne présente un aussi grand intérêt que l’étude comparée de la psychologie de l’homme et de la femme. C’est dans cette étude que l’on trouve l’origine de la discorde ou des malentendus qui règnent trop souvent entre les deux sexes et gâtent l’existence. L’homme ne connait pas la femme dans sa physiologie et dans sa psychologie, c’est pourquoi, souvent, il la blesse sans le savoir et sans le vouloir ; la femme ignore également la nature intime de l’homme et la conduite qu’elle tient à son égard, croyant bien faire, est souvent la cause réelle de tous les maux dont ils souffrent l’un et l’autre. Il est donc de la plus grande utilité de faire connaître à tous les bases scientifiques de la « Loi des sexes », et de répandre le plus de lumière possible sur cette question qui est appelée à servir de base à la vraie morale.
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