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Accueil du site > Tribune Libre > La fin de la culture ?

La fin de la culture ?

 La culture, toutes les productions culturelles, sont une anticipation ou un rappel à la réalité sociale et politique : injustices envers les classes sociales défavorisées, lutte sauvage des privilégiés pour conserver leurs avantages, violence et démesure des pouvoirs.

La culture n’est maîtresse ni de l’emploi du temps, ni de l’ordre du jour. Elle court d’un endroit à l’autre. Elle vagabonde et en meurt. Nous retrouvons cela dans nos démocraties intellectuelles. Ce qui nous guide n’est plus un dictateur : c’est un rapport de force et de pouvoir, orienté selon les lois de consommation du marché. Frivolité et immaturité de trop d’intervenants intellectuels, tel est le résultat. Nous devrions, aujourd’hui, nous mettre face à des deux questions essentielles : comment, en acteurs culturels (vous ou moi), pouvons-nous nous engager sans perdre notre autonomie, de ce qui fait de nous un acteur culturel ? Pourquoi la gauche intellectuelle se fourvoie-t-elle, aujourd’hui comme dans les années 1930 et 1940 ?

Pour y répondre, il nous faut, sans restriction, poser la question de la culture dans son rapport essentiel avec l’émergence de certaines fonctions sociales. Rien n’est plus assujetti à une plus stricte nécessité fonctionnelle que les systèmes d’éducation grâce auxquels les sociétés reproduisent leur ordre propre et rendent leurs membres aptes à pourvoir à la conservation de la collectivité. Nous devrions tenir compte du fait que la relation des classes dirigeantes à la haute culture n’est pas invariable. Mais elle est différenciée, fluctuante et sujette à une évolution selon l’histoire. Nous pourrions, schématiquement, dire que plus la bourgeoisie européenne a été assurée de sa domination sur l’ensemble de la société, plus son rapport à cette culture est devenu formel, jusqu’à aujourd’hui en perdre toute substance Les anciens modèles culturels disparaissent au profit « d’investissements » à rentabilité plus immédiate. Ces modèles perdent leur utilité dès lors qu’il n’est plus besoin, dans l’exercice des fonctions dirigeantes, d’en imposer aux autres classes. Cependant, la vitalité de ces modèles doit être ainsi référée à une certaine ouverture du rapport social, à une complexité agnostique dans laquelle les représentants des classes dominantes ou « montantes » doivent quelque chose aux autres classes. Ainsi, la logique de la représentation, avec laquelle toute « pratique culturelle » aurait partie liée, est plus complexe que le simple partage entre l’utilitaire (ou le pragmatique) et le narcissique. Il nous faut aussi regarder de plus près le caractère limité des effets moraux - qui s’ensuivent, dans les faits, de l’assimilation de cette culture. Si culture signifie ici éducation (telle qu’elle est assurée par les institutions), nous sommes dans l’incapacité de soutenir que cette culture est capable de corriger ou perfectionner jusque dans l’intimité de leur caractère tous ceux qui s’y trouvent soumis. Dans un deuxième temps, si nous considérons la culture en un sens subjectif, comme le produit d’un désir de se cultiver, elle paraît alors exclusive, dans la mesure où elle suppose déjà l’intériorisation de l’idéal correspondant. Nous ne pouvons, en effet, garantir l’efficacité morale d’un processus de culture sans la forme d’adhésion intérieure à partir de laquelle ce processus prend son caractère individuel. L’efficacité morale n’a aucune garantie a priori. Comme processus d’assimilation, la culture ne peut pas être immédiatement culture morale, et la volonté de culture peut toujours correspondre à une dimension non morale de la perfection ou de la jouissance de soi.

Tandis que l’être cultivé sera considéré comme sage ou assimilé à ce modèle, à la perfection morale, que la volonté culture exprimera une « visée éthique », la plus grande sincérité de cette visée ne suffira pas encore à garantir la réalité de son remplissement. Entendue comme rapport de la subjectivité aux œuvres de l’esprit, la culture ainsi acquise doit (pour revêtir la moindre effectivité) s’exprimer par la ferme conscience du fait qu’il existe une sphère de valeur et de jouissance infiniment supérieure à celle de tous les intérêts purement particuliers. Cette conscience partagée ne crée pas seulement des communautés de sentiments indépendantes des frontières de lieu et de temps. Sa forme universaliste dispose à un comportement pacifique envers les autres hommes, et favorise la justice comme la tolérance. Mais si le processus de culture implique un certain désaveu de l’égoïsme primaire, et une forme de renoncement à la satisfaction et même à l’expression de certaines catégories de pulsions, il ne faut pas oublier, comme l’a montré Freud, que les pulsions ainsi inhibées n’ont nullement disparu entièrement. Aussi nous faut-il reconnaître que la culture n’étant pas encore moralité, ne peut pas la produire d’elle-même. Mais elle a, en tant que processus, les effets correspondant aux passions qui s’y investissent, et que les pratiques à travers lesquelles ce processus peut se poursuivre restent en même temps des lieux pour l’expression ou la satisfaction plus ou moins dissimulée de toutes sortes d’impulsions provenant des couches primaires de nos personnalités. Enfin, il nous faut un autre aspect de la culture : la relation fondamentale entre le développement de la haute culture et celui de l’intérêt pour l’individualité. Ce qui est cultivé est toujours une individualité - dont l’exercice de ses propres talents et l’extension de ses compétences fournissent les conditions d’une jouissance de soi toujours plus solide et raffinée. Deux sortes de conséquences peuvent résulter de la diffusion de cette culture. Pour autant que cette culture n’est diffusée qu’en partie par des institutions, et revient dans ses formes les plus raffinées à l’individu lui-même, il appartient à la logique de développement de chaque individu de s’affranchir (ou non) des normes, des codes, etc. D’autre part, dans la mesure où l’exercice de son esprit, et sa propre expérience des œuvres et des pensées, se trouvent à la fois capitalisés dans une mémoire perfectionnée, et constamment remis en jeu comme tels, cet exercice, cette expérience, cette mémoire ne pourront manquer d’être considérés par l’individu lui-même comme des propriétés personnelles et inaliénables, au titre desquelles il peut se comparer à d’autres ou rivaliser avec eux. C’est aussi un moyen pour chacun d’entre nous de s’appréhender comme un être singulier, doué (comme tel) d’une valeur absolue. Chaque époque connaît un développement intellectuel (nous pourrions ici les désigner à l’aide des périodes historiques). A chacune des étapes, cet effort vers le plus haut degré de culture demeure un effort vers un idéal d’humanité fixé de manière objective. Cet idéal prend sens à l’intérieur d’une collectivité, et aucune individualité ne peut le réaliser entièrement, pas plus que le développement d’une certaine liberté d’esprit dans les époques considérées ne doit être confondu avec la recherche expresse d’une pleine autonomie intellectuelle. L’individualisme moderne est « naturellement » un produit de l’histoire de la culture européenne. En tant qu’il fait de l’individu le juge et le créateur de ses propres idéaux, l’ancienne forme du processus de culture y a trouvé son extinction bien plutôt que son couronnement.

Pouvons-nous conclure de ces considérations que nous sommes à la fin de la culture ? Il nous faut voir que le processus de culture, dans sa réalité empirique, n’a jamais absolument les effets que l’apologie de la culture lui assigne. Ces effets restent non seulement dans le genre positif mais également ambigus et moins susceptibles d’une appréciation globale. Le processus de culture projette toujours l’image d’un monde meilleur. Mais ce monde est aussitôt détruit. La logique de puissance n’a aujourd’hui plus rien à voir avec la volonté de civilisation. Nous avons assisté aux règlements de compte entre communistes et anarchistes, aux manœuvres staliniennes, à la volonté de domination américaine, nos siècles s’ouvrent et s’achèvent désormais par une guerre. Mais conscients de cela, comment ne pas s’engager ? S’enfermer dans une tour d’ivoire n’est pas souhaitable. Notre époque est politique et rend de fait tout engagement culturel politique. Aucun acteur culturel honnête ne peut seulement se retrancher dans l’esthétique. Mais attention, là naît la confusion ordinaire et quotidienne entre culture et événement. Rien n’indique, malheureusement, que cette dérive puisse avoir une fin. L’événementiel est ce qui attire, plaît, détend, c’est du culturel fast-food : hygiénique, incolore, inodore. Ce processus ne pourra sans doute pas être inversé. Néanmoins, l’idéal classique de la culture doit être mis à disposition pour une ré-élaboration conceptuelle et pratique. Cette « renaissance » de la culture aura lieu grâce à la jonction les idées de partage et de civilisation. Ainsi la culture gagnera plus de sens et de réalité, et elle sera plus nécessaire à cultiver qu’elle ne l’a jamais été.

Une des grandes erreurs de la gauche intellectuelle est d’avoir mis en scène (et surtout en valeur) son mépris du bourgeois. Il ne faut y voir là qu’une complaisance narcissique dont les effets sont graves. Au lieu de s’unir aux classes moyennes et défavorisées, cette attitude antibourgeoise les divise en tapant sur les premières. Or, les conditions entre les classes défavorisées et moyennes sont identiques, il aurait fallu les unifier. Il faut nous défendre face à tous les dogmatismes. La culture dans sa globalité, sa résonance, ses différences, est la seule clef de voûte à l’altérité et la compréhension du monde. Faire vivre la culture, sous toutes ses formes, c’est nous rêver après la fin de tous les rêves !

Sonia Bressler


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15 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 11:36

    Bonjour,

    la culture a entamé son lent et sûr dépérissement depuis plus de trente ans. Lire par exemple les analyses de Certeau

    « Un langage de la technique ou de la science, doté du pouvoir de transformer, est réservé à une élite. Il reste étranger à l’ensemble de la population à laquelle il est présenté par la vulgarisation comme étant l’inaccessible. Un autre langage, spéculaire, se contente d’exprimer et présente à une société entière un miroir destiné à tous et finalement vrai de personne : il est décoratif. Ces deux régimes de la culture ne se différencient plus par des valeurs, par des contenus, par leur qualité ou des particularités de groupe. Ils se distinguent par leur rapport à l’action. C’est en ce point que la culture se divise et se réorganise ; sa part la moins opérationnelle étant de loin la plus étendue (...) Le langage donne en spectacle l’action que la société ne permet plus. Ce que le sujet perd lui est vendu en objets de consommation ». (Certeau, La culture au pluriel, 10/18, p. 242)

    « Le glissement qui désaccorde une couche latente et une couche explicite du pays ouvre des questions globales dont il faudra bien avoir le courage de débattre. Car le phénomène qui s’est produit désigne peut-être à une civilisation ce point de maturité où le fruit éclate et se partage, où le sens paraît s’exiler des structures, où la quête d’identité conduit loin de la cité Une fin s’annoncerait et le début d’autre chose...Peut-être aussi l’exigence que portait tant de manifestants à protester contre une société et des institutions « qui ne disent pas la vérité » est-elle vaine, soit que cette réclamation ne puisse être satisfaite par « aucune » société, soit qu’elle ne puisse l’être par celle à laquelle nous appartenons, si la confiance qu’elle avait en elle-même et en son langage disparaît pour ne laisser qu’un reste : la sécurité des objets qu’elle produit. » (Certeau, La culture au pluriel, 10/18, p. 193)

    Case esthétique, Nietzsche ?

    « Le rapport aux pouvoirs change donc. Ils se servent de la culture, sans s’y compromettre. Ils sont ailleurs. Ils ne sont plus engagés par les discours qu’ils fabriquent (...) Ils placent leur produit selon les exigences qui ne sont plus celles du large public devenu simultanément capable de les acheter et incapable d’en tirer parti. En somme les produits culturels servent à la classe de ceux qui les créent et sont payés par la masse de ceux qui n’en profitent guère. Les pouvoirs s’organisent indépendamment des corps où ils tirent leur force et auxquels ils ne profitent pas (pp. 258-259, La culture au pluriel, recueil de textes parus en 1974 chez 10/18 puis réédité en Point Seuil)


    • DEALBATA (---.---.166.140) 13 octobre 2006 11:46

      Aïe Aïe Aïe ! Ça dégouline et on marche dedans ! C’est curieux se sentiment d’avoir envie de ne plus rien savoir quand on a fini l’article, un peu comme dans MIB ... Je n’ai pas retrouvé mon revolver mais cette culture est la fin de l’innocence, c’est l’égo qui se se trouve beau et confond son image avec lui-même, c’est en fait le début de la pseudo-connaissance celle qui ne sert qu’à se flatter soi-même. Cette culture, c’est en fait la matérialisation de la connaissance du bien et du mal, la descente aux enfers, alors on comprend que sous des apparences de complexités et de laideurs qu’elle ne soit en fait que l’expression d’un traumatisme commun à l’humanité créé par cette déconnexion du Réel et se désenchantement de la modernité. M. Goebbels a-t-il eu un éclair de génie quand il a pris la culture pour ce qu’elle est ? Sans doute, et dommage qu’il n’y en ait pas eu d’autres dans son genre ayant autant de lucidité.


      • monteno (---.---.179.94) 13 octobre 2006 13:32

        @ l’auteur...

        " Ce que l’on conçoit bien s’énnonce clairement,

        Et les mots pour le dire viennent aisément."

        Sans vouloir être désobligeant, je dois sûrement manquer de culture supérieure pour pouvoir saisir ce qui m’apparait comme un charabia laborieux sans fin et sans but...Il ne suffit pas d’ennoncer des abstractions et de conclure par donc pour prouver qq chose...


        • (---.---.162.15) 13 octobre 2006 15:01

          Consternant. A qui s’adresse donc cet article ? A l’élite qui peut en comprendre le charabia ? Ceux qui comprennent la « haute culture » ?

          Il semblerait donc que nous baignons dans une basse culture qui n’est pas « capable de corriger ou perfectionner jusque dans l’intimité de leur caractère tous ceux qui s’y trouvent soumis. »

          Soumis ? Il faudrait se soumettre à la culture pronée par ce discours hermétique ?

          Et de souhaiter une soi-disant « renaissance » de la culture qui « aura lieu grâce à la jonction les idées de partage et de civilisation. »

          Il me semble que c’est le cas et qu’Internet y aide beaucoup. La culture se porte bien et elle est plus populaire que jamais.

          Tant pis pour les élitistes et leur vocabulaire fumeux.

          Am.


          • reinette (---.---.132.98) 13 octobre 2006 15:57

            Les films US, les shows télévisés US, la musique US, les modes US et les biens de consommation US inondent l’Amérique latine, l’Asie, l’Afrique et l’Europe occidentale et orientale.

            Les stars de rock US et autres vedettes jouent devant des publics de Madrid à Moscou et de Rio à Bangkok.

            Les agences publicitaires US dominent l’industrie de la publicité dans le monde entier.

            Des millions de reportages, de photographies, de commentaires, d’éditoriaux, de publications professionnelles et de récits médiatiques US saturent chaque année la plupart des autres pays.

            Des millions de bandes dessinées et de magazines qui condament le socialisme et portent aux nues les mérites du « libre marché » sont traduits dans des dizaines de langues différentes et distribués par les agences de (dés)informations étasuniennes.

            LA CIA POSSEDE DE FAIT, A ELLE-SEULE, PLUS DE 200 JOURNAUX, MAGAZINES, AGENCES DE PRESSE ET MAISONS D’EDITION A TRAVERS LE MONDE.

            Des agences financées par le gouvernement étasunien comme le National Endowmen for Democracy et l’Agency for International Development, ainsi que la Ford Foundation et autres institutions de ce genre entretiennent des universités dans le tiers monde en fournissant des subsides pour des programmes académiques du « libre marché ».

            Des agences missionnaires chrétiennes de droite prêchent l’apolitisme aux populations autochtones.

            L’ AIFLD (American Institute for Free Labor Development de l’AFL-CIO (American Federation of Labor-Congres of Industrial Organization - la plus importante fédération syndicale des Etats-Unis, 13 millions d’affiliés - sa direction est liée à l’appareil d’Etat), bénéficiant d’amples financements du Département d’Etat, a activement infiltré des organisations syndicales du tiers monde ou fondé des syndicats conciliants et dociles, nullement favorables aux travailleurs. Des organisations similaires à l’AFL-CIO opèrent en Afrique et en Asie.

            La CIA a infiltré des organisations politiques importantes dans de nombreux pays et entretient des agents aux plus hauts niveaux dans plusieurs gouvernements (y compris des chefs d’Etat, des chefs militaires ainsi que de grands partis politiques), LES MINISTRES DE LA CULTURE NE SONT PAS OUBLIES (création de fondations « diverses et bidons » favorables à Washington).

            Washington a financé des partis politiques conservateurs en Amérique latine, en Asie, en Afrique et en Europe de l’Ouest et de l’Est. Leur plus grande compétence est d’être favorable à la pénétration du capital occidental.

            Alors que la loi fédérale interdit aux étrangers d’apporter une contribution électorale aux candidats étasuniens, les hommes de Washington se réservent le droit d’interférer dans les élections d’autres pays comme l’Italie, la République dominicaine, le Panama, le Nicaragua, le Salvador... pour ne citer que ceux-là.

            Les dirigeants US se sentent libres de s’immiscer dans les activités et institutions économiques, militaires, politiques et CULTURELLES de n’importe quel pays de leur choix !


            • DEALBATA (---.---.166.140) 13 octobre 2006 16:03

              Quand on voit le diplôme qu’elle a et les revues auxquelles elle a participée pour donner le résultat qu’on vient de lire, on se demande si elle n’aurait pas mieux fait de rester dans la grotte à tricoter des bonnets pour sa progéniture pendant que son mâle chasserait le Mammouth. Encore une bonne raison de croire que la modernité ne vaut pas grand chose.


              • Sonia B. (---.---.49.253) 13 octobre 2006 17:30

                Merci Demian. C’est exactement cela, il y a ici ou là quelques traces, quelques solutions. Merci de les avoir remarquées, d’avoir pris le temps de lire.


              • Ark EvoluVeur Ark EvoluVeur 24 octobre 2006 00:50

                rem : l’apprentissage d’une vision globale n’est pas du pré-maché intellectuel, ni du reportage linéaire. Exclu des sources médiatiques générales ; la globalité se transforme en invariantes mondialisation et uniformisation : c’est faux.

                Dès que les phrases dépassent 5 mots, vous verrez un décrochage du lecteur...Autant pour l’utilisation de mots peu usités, qui donnent alors l’apparence d’une prétention, qui n’est autre en fait, qu’une manière complète de s’exprimer : mais la pensée lit et n’écoute plus : elle se perd.

                Ainsi dès que la réflexion dépasse l’entendement général et commun. Dès que les sonorités semblent utiliser des détours pour exprimer des choses simples ; Alors l’aveuglement se fait et l’incompréhension se traduit par le rejet massif. Comment s’adresser à quelqu’un d’inconnu, à qui nous dirions tout, sans même nous connaitre, ni nous identifier ?


              • (---.---.142.147) 13 octobre 2006 17:59

                Allo, docteur Sonia ! C’est grave ?

                Il y a un virus qui se répand en ce moment... La webculture !

                Culture : Il aurait peut-être fallu présenter sa définition, du moins celle dont tu parles :

                "Développement des facultés intellectuelles. Culture de l’esprit. Ensemble des connaissances acquises dans un ou plusieurs domaines par un individu. Culture littéraire, musicale, scientifique. Elle possède une vaste culture. Enrichir sa culture. Étaler sa culture.

                Ensemble des structures sociales et des manifestations intellectuelles, artistiques, religieuses qui définissent une civilisation, une société par rapport à une autre. Culture gréco-romaine. Culture chinoise. Culture espagnole. Cultures primitives. Cette notion est totalement étrangère à la culture occidentale. Ensemble des formes acquises de comportement de l’être humain. La part de la nature et de la culture dans la personnalité et le comportement d’un individu. Culture politique. Culture d’entreprise...“

                Plus simplement : cela ne veut rien dire !

                Je rajouterais, que la culture est le reflet, de notre société ! Et comment considérons-nous les artistes aujourd’hui ? La Créativité ?

                Le communisme est mort, certes, pas la culture ! Il faut sortir le tracteur le dimanche ! sortir de Paris à bicyclette, si tu n’as pas de tracteur ! Faire un petit voyage sac à dos, et arrêter de cueillir les chrysanthèmes dans les cimetières...

                Enfin, plus simplement prendre du temps... à défaut d’en perdre !

                Philgri


                • Jackmack (---.---.239.45) 13 octobre 2006 19:45

                  Hou que de prétentions par ici... La clarté est la plus grande marque d’intelligence.


                  • Sam (---.---.187.20) 13 octobre 2006 23:08

                    Sur Agoravox dont je fréquente régulièrement les forums, il m’a paru légitime de mettre un petit mot pour Politis, dont je suis un lecteur régulier, sans être abonné, et qui est en voie de disparition.

                    Politis, c’est un petit mag sans pub, menacé par la faute, semble-t-il d’un appareil dirigeant plutôt amateur.

                    On peut critiquer ses choix éditoriaux et je le fais souvent,mais il assume ceux-ci avec constance et dans la marge de la presse, vu qu’il n’a pas de pub.

                    C’est un petit, au pays des gros organes de presse tout orientés vers la maximisation de la rente publicitaire, un journal orienté à gauche - nul n’est parfait - qui donne de l’info, des idées et des réflexions semaine après semaine, sans tomber dans le populisme ou la servilité, ce qui n’est déjà pas mal dans notre paysage informationnel actuel.

                    J’aime cette idée d’une petite presse d’idée qui vive encore, j’aime cette presse sans l’inféodation aux marques.

                    Je serais assez content que Politis reste dans nos kiosques.

                    Et je crois qu’Agora Vox, qui se veut représentant d’une presse alternative, ne peut oublier les rares organes de qualité qui continue leur bonhomme de chemin dans l’économie de la presse traditionnelle.

                    Alors j’invite les bénévoles rédacteurs, et les lecteurs de ce site, à manifester un soutien sans ostentation à Politis, de la manière qu’ils souhaitent, mais clairement, pour sa survie.

                    Quant à moi, je vais faire un petit chèque pour ce petit magazine pour qu’il continue à donner de sa petite et singulière voix.


                    • mickey (---.---.62.241) 14 octobre 2006 02:37

                      ouais enfin la culture ne meurt pas ,elle évolue selon la génération qui la suit, enfin si j’ai bien compris le thème de ce sujet smiley


                      • us air force (---.---.115.196) 16 octobre 2006 00:05

                        En ce qui concerne maintenant le thème de la sagesse de notre civilisation[« culture »] j’ai le privilège à rendre attentifs au livre de culte sans aucune page francophone sur l’ensemble du Web:Les discours du Papalagi, Samoa_chef de la mer du Sud. Il s’agit d’un auteur fictif comme l’Argentin Carlos Castaneda.


                        • La Mouche (---.---.190.17) 16 octobre 2006 21:55

                          Ce charabia prétentieux est dans la ligne droite des impostures intellectuelles épinglées par ALAN SOKAL et JEAN BRICMONT. Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, deux scientifiques avaient publié dans une revue américaine très respectée, (Social Text) un texte qui ne voulait rien dire, mais qui reprenait la phraséologie prétentieuse et obscure des intellectuels célèbres qui alimentaient cette revue : « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique ». En étayant ces divagations de citations des dits intellectuels célèbres, le canular est passé sans problème à l’épreuve du comité de rédaction et a été publié. Était épinglée la flopée d’intellectuels français qui sévissent outre-atlantique, où ils sont très prisés grâce à des textes hermétiques pris en flagrant délit de mystifications physico-mathématiques : Jacques Lacan, Julia Kristeva, Luce Irigaray, Bruno Latour, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Féllix Guattari et Paul Virilio.

                          Comme on le voit, n’y figure pas Soniabressler, docteur en philosophie et sciences humaines, matières dont il faut rappeler qu’il ne s’agit pas de science, au même titre que la psychanalyse à laquelle se réfèrent ces charlatans de façon quasi obsessionnelle. (Comme aurait dit Freud). La première vertu du langage est de se faire comprendre, pas d’aligner des mots creux pour noyer l’auditeur (ou le lecteur) et Il ne suffit pas de conclure par donc, pour avoir démontré quelque chose. On se demande encore ce que l’auteur entend par Culture : Sans doute d’avoir lu les épiciers prospères précités, dont elle aspire à être une disciple ?

                          Il est remarquable qu’elle trouve un lecteur conquis en la personne de Demian West, autre adepte des phrases qui ne veulent rien dire, mais qui lui, a l’excuse d’être un artiste !


                          • Ark EvoluVeur Ark EvoluVeur 24 octobre 2006 03:00

                            Je vais tenter une petite traduction, puisque j’ai eut aussi à « subir » les auteurs de débats où je n’étais pas invité. Ce texte est clair bien qu’un peu lourd sur certaines formules : je vous invite à le visiter ensemble...

                            Après une intro longue stigmatisant le capitalisme intellectuel et son absurdité pratique. la question est :

                            Pourquoi la gauche intellectuelle se fourvoie-t-elle, aujourd’hui comme dans les années 1930 et 1940 ?

                            ...nan, celle-ci est un interlude dénonciateur : Là on pensait à un débat de fond, et bien non : on va savoir pourquoi la gauche n’est plus aussi sociale qu’elle le laisse entendre ?

                            La question est donc : « que nous sommes à la fin de la culture ? » (gros titre)

                            L’éducation est le moteur de la tradition (de la reproduction sociale), elle assure sa constance. Vous verrez ici un concept interessant de « haute culture » élitiste qui change suivant les époques, mais toujours au profit de ceux qui les instituent ( « dirigeants » (dois-je rappeler qu’hypocritement nous les avons élus ?)).

                            Ces « comiques » utiliseraient la culture dans leur médiatisation. Et puis Sonia avoue son incapacité à dire comment l’éducation a bien pu prendre le rôle de « culturation » ? Elle (la cult...)n’a pas de but déclaré visible : non plus celui de transformer celui qui l’apprend.

                            Mais aussi la culture peut être un choix personnel, une façon de voir autrement. Elle devient alors une curiosité puisque désincarnée.

                            Vous rettiendrez ce « L’efficacité morale » qui soutend directement que la culture a un lien direct avec le dirigisme. Et que la Culture...est donc insoumise à la morale, cependant (là la phrase ...est assez tortueusequant même hein..), que le soi (nous aussi quoi ?), est tellement individué ou perfectioniste qu’il peut lui aussi se noyer dans l’ammoralité (sans morale parce que c’est pas la même chose).

                            Et oui, (je lisais la suite...), et bien nous passons à qui est cet auditeur parfait ? :

                            l’élite : un sage ? pour certaine..., qui malgré sa volonté de bien faire, ne peut assurer une action réelle à partir de la culture.

                            Solution ensuite : « entendue » comme avis perso., se cultiver peut servir dès qu’on y attache des valeurs qui y sont supérieures. (d’ailleurs, Sonia y ajoute un facteur « jouissance » assez savoureuse qui dépasse le cadre individuel pour rejoindre l’ensemble collectif : partager ses concepts).

                            Le mixage de la culture aux valeurs « supérieures » crée une conscience effectivement universelle et altruiste, voire simplement humaniste (heu si ce n’est philantrope ... ?)

                            Ah ! Sonia aborde alors, et emportée par son fleuve, l’individu primaire, égoïste et lâche. Il est soumis à ses pulsions le pauvre. Et ce n’est pas parce que vous allez vous cultiver que vous les perdrez ! (d’après Freud : voir inhibition et (sublimation)).

                            Là je cite : « Aussi nous faut-il reconnaître que la culture n’étant pas encore moralité, ne peut pas la produire d’elle-même. » : c’est clair ça non ?

                            Et la voila partie dans des divagations sur l’investissement culturel, devenu passionnel, reste finalement tout de même visiblement des pratiques assez ammorales, voire d’exhibitionnisme attardé (heu, c’est ça, en gros...). Mais je goute aussi à son imprécision : « toutes sortes d’impulsions provenant des couches primaires de nos personnalités. » et j’aime bien savoir qu’on a évolué à partir de cellules embryonnaires et d’amibes magnifiques et avec plein de tentacules aussi...oui, moi j’aime cette idée là...on est tous pareil au début primitivement parlant.

                            Et puis soudain Sonia stoppe là sur la partie morale, comme si un éclair de lucidité l’avait détourné ? Question : la culture n’a donc pas de morale et chacun cultivant son esprit est en droit de faire ce qui lui plait ? Mais aussi de prétexter être de l’élite pour en plus faire des choses ammorales ?

                            Nous retournons au début : la « haute culture »(HC), (et oui, la plupart d’entre nous goutons donc à du jus de raisin...) D’après ce que je lis là, Sonia a une haute considération pour le côté individuel de la jouissance fine. Sachant combien quelqu’un de cultivé et qui s’exprime ; est aussi un unique être talentueux, de jouissance (de lui-même). La HC est donc l’individualisme forcené. (rappelez-vous le côté valeurs universelles pourtant...).

                            Deux conséquences à la diffusion culturelle : ( c’est l’institution qui choisi les chapitres que nous apprendrons comme de la culture « officielle »). L’individu, finalement non pas éduqué, mais cultivé peut alors « s’affranchir des codes et normes » : je suis d’accord avec ça vraiment. L’expertise donne des pouvoirs évidents. Bon ici, Sonia fait mine d’une présence d’esprit qui me fait la soupçonner un brin égocentrique, et peut-être bien un peu prétentieuse (mais sûr ! elle en a abusé de sa culture tel qu’elle en écrit.). Ce qui me plait aussi (suis-je un fan ?) c’est cette conclusion que l’individu qui abuse de ses connaissances a en plus des aspirations qui lui font d’abord regarder l’humanité avant lui-même, tout en se donnant des prétextes d’expressions cultivées mais avant tout de jouissance perso. Cela avant tout pour se re-connaitre (prise de conscience).

                            Ce qui est dommage c’est de parler de logique de « développement de chaque individu de s’affranchir... » : qui est parfois un processus culturel ! Je décèle ici un double jeu cruel : cultivez-vous mais de toute façon vous allez droit sur un mode d’expression (culture commune) qui va vous contraindre au fond et en permanence. Je m’aperçois qu’il reste encore quelques lignes et que j’ai moi aussi un texte bien long. Mais tenez bon !

                            La grande conclusion, c’est que la culture désincarne pour devenir un ange au service des humains. si ! Et ça, je suis certain que c’est jouissif. Ce qui est dommage c’est ces détours de précisions pour parfaire le design de l’« autonomie intellectuelle » qui est le summum de la liberté...intellectuelle. Et puis c’est en Europe que nous sommes devenus si cultivés (mais on manque pas d’histoires pour cela.)

                            Conclusion : La culture donne à voir des idées superbes et idéales aussi. Mais elle ne se confond plus avec « civiliser », bien que son expression soit violente avant tout (le choc des c...). Alors on passe à l’engagement dans la société : l’idéal incarné étant politique. (et oui, là j’en conclue aussi que l’activisme politique est aussi une forme d’esthétique jouissive de soi (bah oui, les autres comprennent pas toujours mais du moment que vous lisez, vous assimilez un petit bout de ma culture à moi.) Vous remarquerez le « honnête » qui soutient l’ammoralité de la Culture.

                            Et puis, non : dérapage : « mais... », au cas où on serait sous l’eau ; la culture n’est pas ce que nous ingurgitons comme pub, ni comme média TV ou radio... « fast-food »..ouaip , ceux qui prennent pas le temps de manger mais préfèrent « bouffer ». Et en plus ce mitraillage pourri reste fatal !

                            Sonia pense fortement que la Culture doit se remarier avec le partage et la civilisation (là je suis un peu plus modéré et ça m’embête qu’elle raccroche ainsi). Je sais que la culture passe par une éducation, mais elle devient aussi un mode de transport des valeurs (non la civilisation qui a des buts hautement vénaux) ; Et actuellement le courant passe plutot bien sur les notions de partage des connaissances et des idées...ainsi se développe la fameuse conscientisation, qui en sortira plus d’un du cirage. Mais aussi gardez bien à l’esprit la notion d’éthique, qui est elle, le vrai moteur de diffusion d’une culture. ’si . Car l’éthique dépasse les religions et garde pourtant une caractéristique toute industrielle (ouaip , on y est là.)

                            Bon pour terminer encore une fois :

                            Sonia, vous revenez sur la question mystère de la gauche (qui est une notion pas du tout intelligente mais purement visuelle). Aussi bien cet aveuglement donc des socialistes et compères, qui focalisent toute leur haine sur le « riche », au lieu de regarder l’état de ses troupes. Et vous avez raison Sonia, d’assimiler la classe moyenne à une nouvelle classe défavorisée (c’est vrai).

                            Les dogmatismes sont des erreurs et sont trompeurs. « La Culture dans sa globalité, sa résonance, ses différences, est la seule clef de voûte à l’altérité et -à- la compréhension du monde. »

                            Tandis que vous regarderez la dernière phrase sur le rêve éveillé : il existe non pas une Culture universelle (non c’est une éthique globale cohérente (EGC) qui la remplace) mais des cultures dont chaque humain se fait le porteur, sans jamais savoir si l’autre a le même sens culturel...mais du moment que la jouissance individuelle n’est pas compromise mais observable et partagée... Enfin dirais-je que Sonia pense que la Culture est une vaste utopie ? Ou bien que de connaitre les cultures des autres c’est s’apercevoir qu’il existe une variété surprenante et incroyablement infinie de vivre et de s’exprimer sur cette Terre et dans ce mono-corps humain...que nous partageons tous intellectuellement. N’est-ce pas vrai ?

                            Ark, parce que les ponts ça pousse pas tout seul...

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