La formation en alternance : la voie royale !
Après les fabuleux et extraordinaires résultats du Baccalauréat, cru 2006, qui ont été annoncés la semaine passée par les médias et par les hautes instances de l’Education nationale, soit environ 75% de jeunes reçus, issus du Bac traditionnel.
Du jamais vu ! La France qui, de plus en plus, voire de mieux en mieux, ancrée dans ses traditions !
Que devons-nous en penser ?
Le fameux sésame représente-t-il encore quelque chose en France ?
Il est une notion élémentaire d’économie que l’on apprend tous en seconde (si ma mémoire est encore bonne) : ce qui est rare est cher !
Cela sous entend-il que le Bac ne vaille plus rien ?
Non, certainement pas, en France, il faut être bachelier, sinon rien n’est ouvert : pas de possibilité d’étude, pas d’emploi sûr, pas de ressource, etc.
Les statistiques dévoilées à la hâte et étouffées pour cause de foot, n’indiquent pas la part des bacheliers de Bac pro.
Depuis plusieurs années, certains (hélas, trop peu) de nos politiques nous ont vanté l’école de l’alternance : c’est quoi, au juste, l’alternance ?
C’était à une époque, hélas pas si lointaine, la honte pour les cancres qui ne pouvaient plus suivre correctement à l’école de Jaurès : l’école dite « classique », pour ceux qui étaient assis chaudement à côté du radiateur au fond à droite des salles de classes de troisième, à qui les professeurs, en fin d’année, sans scrupule, disaient calmement :
- Tu sais mon petit, tu n’es pas idiot, mais tu ne comprends pas tout, alors, il serait bon que tu sortes du « schéma normal » pour t’inscrire dans une école qui prépare à un « vrai » métier...
- Ha oui, mais lequel, Monsieur le Professeur ?
- Eh bien, essaie le métier de coiffeur, tu verras, c’est simple.
- Ha, bon ?
- Ou bien, tu aimes bricoler, je te vois toujours démonter ton stylo, tu pourrais être garagiste, ah non, pour toi, j’ai une idée de ton futur métier, toi tu présentes bien, tu parles beaucoup en cours, essaie donc, d’être vendeur............ ; et puis, c’est bien, tu sais, tu n’auras même pas le Bac à passer...........
Erreur, et oui, erreur, ce n’est absolument pas ça, l’alternance.
L’alternance : c’est la possibilité d’acquérir un métier couplé avec de réelles connaissances techniques constituant un bagage intellectuel certain.
C’est aussi l’école où l’on rencontre non pas des professeurs qui ne connaissent le monde de l’entreprise qu’à travers des livres d’un autre temps, mais de réels formateurs, des professionnels du monde de l’entreprise, des passionnés qui, un jour, se sont levés et se sont dit : assez, je veux transmettre à des jeunes la passion de mon métier. Ah, oui, l’alternance, c’est formidable !
C’est un sésame pour entrer dans la vie professionnelle : une expérience de une à plusieurs années dans le monde de l’entreprise avec un diplôme.
La possibilité de devenir ingénieur grâce à l’alternance avec une connaissance parfaite de la vie de l’entreprise et une expérience reconnue quand les copains des cycles dits « normaux » ne sont encore à 25 ans que des néophytes de l’entreprise, mais de grands experts-spécialistes de « l’amphi ».
Oui, l’alternance, c’est la voie royale...
Mais pourquoi n’en parle-t-on pas, non de non, avons-nous honte de tout mettre en place pour préparer les jeunes de demain et les armer de connaissances et de techniques qu’ils auraient apprises sur le tas, les mains dans le cambouis ?
Nos jeunes doivent-ils impérativement obtenir ce sacré papier du Bac général pour réussir leurs vies professionnelles sans que l’on nous parle en les vantant des mérites et des bienfaits de la formation en alternance ?
Est-ce si honteux de ne pas être énarque dans cette France traditionaliste qui ne vibre que pour une Coupe du monde de foot tous les quatre ans, et qui se moque littéralement de la formation de ses jeunes, pour qu’il y en ait autant sur le bas-côté de nos routes ?
Pour que l’on accepte de nous entendre dire :
« Tu n’as pas d’expérience, reviens plus tard, quand tu auras sur ton CV au moins cinq ans d’expérience »,
« Tu as plus de 35 ans, il est trop tard »,
et toi
: « Tu as plus de 50 ans, arrête tout, c’est fini, pour toi, la vie professionnelle. »
Mais où allons-nous ?
Nos dirigeants sont-ils conscients des inepties qu’ils nous disent, quand nous savons que nous avons le Parlement le plus vieux d’Europe avec des sénateurs dont la moyenne d’âge frôle les 80 ans !
Alors, vous, les jeunes, qui avaient su braver les interdits, tendre les étendards de la révolution estudiantine 2006, manifester sous la pluie, bloquer les écoles et les facs, et rallonger la durée de vos cours pour refuser le CPE ...demandez donc de vraies formations : demandez l’alternance générale, pas l’alternance politique, mais celle qui vous permettra de contredire vos futurs employeurs lorsqu’à la lecture de vos CV, ils vous diront : Ah, votre profil est parfait, vous sortez d’une excellente école et vos diplômes obtenus, bravo ! haut la main, mais vous n’avez pas encore d’expérience... Dommage, revenez donc dans quelques années...
Soyez plus fort que cet employeur qui n’a pas compris son rôle social, son rôle de chef d’entreprise et qui est uniquement rivé à la courbe de son action et au dividende qu’il versera à son banquier-actionnaire majoritaire. C’est certain, celui-ci, il ne veut pas vous former.
Ayez la tête haute et exigez la formation en alternance généralisée, vous permettant de passer aussi bien un CAP qu’un diplôme d’ingénieur. Et surtout, vous saurez ce qu’est une entreprise, vous connaîtrez les 35 heures de l’intérieur, vous vivrez certainement en ces temps difficiles un conflit social : enfin vous aurez un bagage inestimable, une expérience de la vie professionnelle.
Alors, à tous les bacheliers de 2006, encore un grand bravo. Bonne vacances, mais surtout, préparez-vous une bonne rentrée !
Gm noel
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