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La Garde Nationale un projet d’avenir ?

La Garde nationale  - Un projet d'avenir ?
Rémy Valat 

 
Le 20 mars 2012, le groupe Janus faisait paraître dans Le Point une lettre ouverte appelant à la création d’une Garde nationale aux missions citoyennes multiples : réserve de l’armée, auxiliaire des forces de l’ordre et partenaire des unités de Sécurité civile et des organisations humanitaires. L’intérêt porté sur cette question témoigne d’un désir de réformer les moyens de défense de notre pays. Il ne s’agit pas de faire du neuf avec de l’ancien, mais au contraire d’innover. 

Si la Garde nationale, première version, a été dissoute en 1871, c’est parce que cette institution était intimement liée à une conception ancienne de la citoyenneté associant le droit de vote et de porter une arme : elle était intrinsèquement liée aux processus insurrectionnels et révolutionnaires. Aujourd'hui, la guerre ne connaît plus de limites, et le rôle des acteurs sociaux, économiques et politiques est aussi prépondérant que celui des forces de l’ordre et de l’armée. La Garde nationale serait une solution d’avenir pour assurer la défense et la cohésion sociale de notre pays. 

Du potentiel symbolique au rôle politique des fédérations de gardes nationaux

Historiquement, la Garde nationale été créée en 1789 et s’est éteinte sur les barricades de Paris en 1871. Elle est l’héritière des milices de l’Ancien Régime. Le garde national a, comme l’écrit Pierre Rosanvallon dans son ouvrage Le sacre du Citoyen ( Ed. Flammarion), « hâté l’avènement de l’individu citoyen  ». Cette nouvelle équation, individu-citoyen, est à l’origine du potentiel symbolique de l’institution qui représenterait la Nation tout entière : or, les critères d’exclusion d’une partie des résidents français et indigènes attestent de l’inexactitude de cette assertion. Cette transformation renforce le rôle politique de la milice initié lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Ce pacte entre l’Assemblée constituante et 14 000 gardes nationaux venus de tout le pays, servît d’acte fondateur de l’identité nationale.
 
Une milice citoyenne : entre recherche de cohésion sociale et efficacité opérationnelle
 
Le groupe Janus est un groupe de réflexion informel de militaires et de chercheurs. Leur idée est la création d'une garde nationale, composée de cadres d'active et de réservistes. Cette Garde nationale interarmes de 75 000 hommes et femmes seraient subordonnée à l'état-major des armées ayant autorité sur des « divisions territoriales » commandées par des officiers généraux issus des trois armées : les gardes nationaux bénéficieraient d’avantages sociaux et de possibilités de formation, c’est-à-dire autant de moyens de lutte contre le chômage, la précarité et le désoeuvrement. 

Sa finalité est avant tout sociale et vise « à répondre à la demande des jeunes Français volontaires pour des actions au profit de la collectivité, à valoriser ce volontariat, à compenser les pertes en effectifs des armées, à avoir une organisation et les forces effectives pour de nouvelles missions comme la protection civile (catastrophes naturelles, accident nucléaire, sauvetage en mer, etc.), les actions humanitaires de tous types, l'assistance aux forces de sécurité en cas d'événements importants et l’opération Vigipirate. Les gardes seraient, si nécessaires, armés. Éventuellement, cette force pourra être considérée comme un vivier de forces disponibles pour des opérations militaires  ».

Comme jadis, la Garde nationale aurait une base territoriale : elle serait organisée en divisions territoriales de 10 000 hommes pour le nord-est, le sud-est, le nord-ouest et le sud-ouest du pays (avec pour cas particuliers, la région parisienne 20 000 hommes et les Dom-Tom de 15 000 hommes). Le groupe Janus propose l’intégration de la brigade franco-allemande à cet ensemble. La Garde nationale n’empiéterait pas sur les compétences spécifiques des forces de l’ordre ou de la défense nationale, elle les renforcerait numériquement en cas de nécessité. L’engagement serait volontaire, d’une durée libre de 1 à 2 ans, à temps partiel, réquisitionnable, d'une durée fixée à la discrétion des autorités (la durée d’une mission spécifique) et rémunéré (avec possibilité de cumul avec les prestations sociales ou des indemnités de chômage). 

L’association des Anciens des missions Extérieures défend également l’idée de résurrection d’une garde nationale, et propose une réforme en profondeur, qui réorganiserait l’armée française sur un modèle amalgamant le modèle contemporain suisse et l’armée française d’Ancien Régime. Leur président William Navarro précise que « chaque militaire ayant achevé son obligation de servir son pays se doit d’emporter à son domicile son équipement personnel  » et que son «  arme doit être remisée, soit à la caserne, soit au Commissariat, soit à la gendarmerie  ». La durée du service serait de 260 jours (ou de 300 jours, si les recrues décident d’effectuer leur temps en une seule fois) et ouvert aux hommes déclarés aptes au service et âgés de 18 à 35 ans ; les femmes seraient retenues sur le critère du volontariat. L’association insiste sur la formation permanente des gardes nationaux. 

La Garde nationale française du XXIe : une institution citoyenne sous tutelle et dépolitisée.
 
Toutes les propositions vont dans le sens d’une Garde nationale française qui serait une institution citoyenne sous tutelle et dépolitisée. 

Une institution citoyenne par son recrutement mais aussi et surtout par les missions assignées à ces unités. Les gardes nationaux partageraient leur temps entre la vie civile et leur engagement citoyen. Ce recrutement donnerait une légitimité supérieure aux interventions des forces de l’ordre et de l’armée, en particulier en cas de trouble intérieur (émeutes) ou de menace extérieure majeure (actions terroristes). Il paraît important d’assurer une formation régulière des volontaires, car les services qui leur seront demandés répondront à des besoins spécifiques. Leur action en matière de sécurité civile, en particulier, symboliserait un désir citoyen d’assistance mutuelle (que renforcerait, entre autre idée, l’instauration d’une épreuve de secourisme obligatoire pour l’obtention du baccalauréat).
 
Une institution sous tutelle des pouvoirs civils (et du préfet de police pour la région parisienne) : les gardes nationaux dépendraient d’un point de vue opérationnel des Zones de Défense et de Sécurité dont les compétences administratives recouvrent les domaines et ressorts administratifs qui seraient dévolues aux formations citoyennes. 

Enfin et surtout, une institution dépolitisée : les gardes seraient assermentés, soumis aux droits et devoirs des militaires pendant la durée de leur service ; l’appartenance à un parti politique (tous horizons confondus), à un groupement religieux radical ou à une association à l’origine de troubles publics pourrait être un critère d’exclusion du port de l’arme en cas de crise majeure. 

La Garde nationale a de l’avenir, si les décideurs politiques en prenaient conscience en évitant les écueils du passé. 

 


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14 réactions à cet article    


  • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 26 octobre 2013 11:32

    @ l’auteur.

    Garde national ou...troupes spéciales du Ministère de l’intérieur ?
    Article intéressant qui soulève des questions très importantes, à l’image de ce commentaire paru à ce sujet sur votre site. Voir ci-après.
    La question cardinale que pose la création d’un Garde nationale ne serait-elle pas la réponse à une interrogation sourde qui a déjà trouvé sa solution : comment se préparer à contrer et à annihiler (je pèse mes mots), une insurrection qui serait celle d’un « ennemi intérieur », dans ce qui pourrait être, au regard des circonstances actuelles, une guerre civile ethnique, économique et sociale ?

    Voyez en ce sens le texte qui suit, objet d’un séminaire d’étude intitulé « De la guerre urbaine à la ville en guerre », http://sociomili.hypotheses.org/906
    Voyez encore cet ouvrage particulièrement intéressant : Hacène BelmessousOpération banlieues. Comment l’Etat prépare la guerre urbaine dans les cités françaises, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2010, 203 p., EAN : 9782707159120.

    “Comprendre la symbolique des lieux et la territorialisation de et par la violence est aujourd’hui un enjeu de la pacification des territoires dans les « bourbiers urbains ».

    La recherche stratégique et doctrinale a intégré la question de la « guerre urbaine » et des « interventions militaires en zone urbaine », en pensant la ville comme un espace unique à plusieurs échelles : à l’échelle du monde, à l’échelle du pays ou à l’échelle de la ville, la « zone urbaine » est pensée comme une « zone de zones », stable dans l’espace et dans le temps, où l’intervention armée est complexifiée par la présence de la population et par les trois dimensions (sol, sous-sol, hauteurs des bâtiments).

    Si ces aspects techniques de l’intervention militaire sont bien « acquis » et nécessaires, il n’en reste pas moins qu’à Bagdad ou Kaboul, les armées sont « embourbées » dans une impossible gestion de crise.

    Déplacer le paradigme de la « guerre urbaine », permet de penser la reconstruction et la réconciliation des populations dans des espaces politiques en transition.

    Cette approche par le local et le micro-local vise à replacer la population, mais aussi les belligérants, les réseaux criminels comme acteurs déstabilisateurs et les acteurs de la paix (militaires, humanitaires, médias…) au cœur de la réflexion. Elle vise la réintégration des spatialités dans la compréhension des processus politiques de déstabilisation, des processus sociaux de fragmentations urbaines, et dans la construction d’une « nouvelle » urbanité dans l’après-guerre.”


    Par : Arminius de Teutoburg le 23/10/2013
    « Il sera facile de la détourner de ses missions premières aussi respectables et pertinentes soient-elles. En tant qu’auxiliaire des force de l’ordre, elle risque de devenir une force de répression armée supplémentaire contre toute contestation envers le gouvernement. C’est la porte ouverte pour museler la rue. Ne tombons dans ce que devint la vignette automobile. S’il faut assurer la sécurité du territoire, la loi Marceau n’étant pas abolie, la mobilisation est toujours possible. Mais là, attention qui instruira les jeunes car la bonne volonté ne suffit pas ? Donner des armes à des gens qui peuvent les retourner contre ceux qu’ils sont sensés protéger est un risque à considérer. Défendre son pays fait appel au patriotisme, or ce mot est banni de notre jargon social, comme le nom France, auquel on préfère république qui n’a jamais été une nation. À une époque où le budget de la défense subit des coupes drastiques, comment sera financée le formation militaire nécessaire et quels effectifs de cadres s’en chargeront, je doute qu’ils le fassent bénévolement.Séduisante sur le papier, cette fausse bonne idée est trop complexe à mettre en œuvre, surtout avec les mentalités actuelles. »

    • La mouche du coche La mouche du coche 26 octobre 2013 14:30

      « Une institution citoyenne par son recrutement mais aussi et surtout par les missions assignées à ces unités. »

      Belle idée. Une telle institution sera possible dès que nous serons en démocratie. A retenir pour plus tard donc.


    • COLLIN 27 octobre 2013 08:29

      Je crois au contraire que ce genre de projet de garde nationale faisant appel au peuple (milice populaire) n’est pas du tout au programme,en raison de la crainte des « politiques » de ne pouvoir faire tirer le peuple contre le peuple.

      En revanche,ils ont trouvé la solution à ce problème de risque d’insubordination : cela s’appelle EUROGENDFOR,une force de police militaire déterritorialisée,ceci permettant de faire intervenir par exemple des Lettons lors de troubles civils,disons,au hasard,en Grèce.

      Ces eurogendarmes,après un intensif entrainement de « brainwashing »,n’hesiteraient pas à tirer sur des civils pour lesquels ils ne ressentiraient aucun affect ni complicité culturelle,et dont ils ne parleraient même pas la langue...


    • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 26 octobre 2013 11:35

      Correction : « Garde nationale »


      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 26 octobre 2013 11:39

        @ l’auteur, ces trois questions préalables que pose l’idée de restauration d’une Garde nationale, laquelle supposerait de déterminer très clairement l’ennemi qu’elle serait censée combattre : ennemi extérieur ou...ennemi intérieur, et si oui, lequel, très exactement ?


        "Donner des armes à des gens qui peuvent les retourner contre ceux qu’ils sont sensés protéger est un risque à considérer. 

        Défendre son pays fait appel au patriotisme, or ce mot est banni de notre jargon social, comme le nom France, auquel on préfère république qui n’a jamais été une nation. 

        À une époque où le budget de la défense subit des coupes drastiques, comment sera financée le formation militaire nécessaire et quels effectifs de cadres s’en chargeront, je doute qu’ils le fassent bénévolement.Séduisante sur le papier, cette fausse bonne idée est trop complexe à mettre en œuvre, surtout avec les mentalités actuelles. »

        • jaja jaja 26 octobre 2013 11:48

          On voit au premier coup d’oeil quel serait l’ennemi de cette milice, héritière des écraseurs de la Commune... Que l’idée germe en cette période n’est évidemment pas innocent !
          Doit-on aussi penser dès maintenant à créer les milices ouvrières ? smiley


          • COVADONGA722 COVADONGA722 26 octobre 2013 17:33

            justement, jaja ça n’est pas la garde nationale de paris qui à réprimé la commune ça c’est la légende urbaine marxiste !

            les troupes versaillaises :c’est la territoriale rurale et des bataillons de l’armée d’Afrique commandé par Galifet !
            La garde nationale c’est un rempart contre les prétoriens , la garde nationale c’est le citoyen en armes !

            Asinus : ne varietur

          • jaja jaja 26 octobre 2013 19:06

            Ah mon post en réponse à vous deux est plus bas, désolé...Il n’a pas voulu s’accrocher à la merde d’Ignorencore  smiley


          • juluch juluch 26 octobre 2013 12:43

            Intéressant, mais il existe la Réserve opérationnelle qui a les mêmes missions.


            On a un contrat ou ESR, on est mobilisable, on est soldé et c’est sans impôts.

            On est intégré à un Régiment et on a les mêmes entraînements.

            On fait les mêmes missions : Héphaïstos, vigipirate, inondations etc.

            • Stof Stof 26 octobre 2013 17:40

              Armer le peuple contre le peuple, et gratuitement si possible. Ainsi l’ordre bourgeois sera bien gardé.


              • jaja jaja 26 octobre 2013 19:02

                @ Asinus : « justement, jaja ça n’est pas la garde nationale de paris qui à réprimé la commune ça c’est la légende urbaine marxiste ! »

                A part la stupidité du sieur Ignorencor aux crétineries duquel mieux vaut ne pas répondre je voudrais dire à Asinus qu’il aura du mal à trouver un marxiste qui lui affirmera que la Garde nationale de Paris a réprimé la Commune puisque cette même Commune part justement du soulèvement puis du refus de cette dernière à rendre ses armes à Thiers....

                Thiers après le soulèvement de la Garde nationale à Paris bénéficiait encore de plusieurs milliers de combattants des arrondissements bourgeois.. Et qui répondaient parfaitement à ce pourquoi la Garde avait été crée... à savoir être l’expression armée du « peuple » dont la bourgeoisie est l’élément moteur et bien caché en son sein et non l’expression du prolétariat et de la majorité des couches populaires..

                Cette nouvelle Garde nationale dont parle ici l’auteur est bien l’héritière des écraseurs de la Commune il n’en fait nul mystère :"Ce recrutement donnerait une légitimité supérieure aux interventions des forces de l’ordre et de l’armée, en particulier en cas de trouble intérieur (émeutes) ou de menace extérieure majeure (actions terroristes). "

                Notons que le groupe clandestin Janus qui est à l’origine de ce « nouveau » concept de force armée est vraisemblablement très proche du FN et n’envisage cette force supplétive qu’encadrée par des officiers d’active ce qui lui ôte tout caractère « populaire » et en fait une troupe de miliciens prête à être lâchée contre tout mouvement authentiquement populaire...

                Effectivement comme je l’ai écrit on voit au premier coup d’oeil quel serait l’ennemi de cette milice....Le mouvement ouvrier s’il s’avisait de vouloir se soulever contre ses oppresseurs !

                Vos soudards gardez-les !


                • popov 27 octobre 2013 08:56

                  Oui pour une milice de citoyens, un peu dans le genre de l’armée suisse. 


                  Mais pas une milice de professionnelle. Une milice où le citoyen reçoit un entrainement à la contre guérilla urbaine et ramène son arme chez lui à la fin de l’entrainement. 

                  Comme le futur va nous apporter une lutte contre le genre de rastaquouères qui ont convergé vers la Syrie, il faudrait évidemment exclure de cette milice tout ce qui islamique de près ou de loin.

                  • popov 27 octobre 2013 08:57

                    Errata : une milice de professionnels


                  • popov 28 octobre 2013 08:43
                    @Hervépasgrav

                    Oui, une milice de conscrits, qui ramènent leur arme chez eux après leur service militaire, et qui peuvent être mobilisés en masse très rapidement.

                    Il faut s’attendre à devoir affronter un jour la même situation que celle de la Syrie aujourd’hui. Il est donc important de ne pas inclure à cette milice ceux qui sont atteint de la peste verte. 

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