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Accueil du site > Tribune Libre > La place des victimes sur la scène pénale

La place des victimes sur la scène pénale

Depuis le début du XXème siècle, la place de la victime a considérablement évolué, en même temps que la démocratie. Cette dernière, porteuse du concept d’égalité, semble être favorisée par la compassion. C’est ainsi que les droits accordés aux victimes sont pensés pour aller dans le sens de l’égalité. Mais notre société actuelle n’est jamais rassasiée, au point que la victime fait figure de position gratifiante. Si on rivalisait dans l’excellence hier, la souffrance et la disgrâce bataillent de plus belle, jouent leur concurrence victimaire, afin de conquérir les premières marches du podium, un podium médiatique où être victime s’apparente à une nouvelle forme d’héroïsme et de légitimité. Les hommes politiques l’ont bien compris, montrer qu’ils sont des êtres humains comme les autres est un atout pour leur popularité. Nicolas Sarkozy joue bien sur ce tableau. Le spectacle compassionnel touche les décisions politiques, la médiatisation des catastrophes en tous genres, fait croire à n’importe qui qu’il peut devenir célèbre et voudrait même interférer dans le bon fonctionnement de la justice. Dès le mouvement féministe – symbolisé par le modèle des femmes battues, les associations de victimes ou d’aide aux victimes ont fait en sorte de démontrer le caractère innocent de la victime. Chaque drame individuel devient alors prétexte à la création de nouvelles associations, celles-ci réussissant au fil du temps à faire passer la victime à l’état de reconnaissance. La cause des victimes devient difficile à critiquer, l’engagement parait tellement juste qu’il n’en est que plus normal d’y adhérer. Là où cela devient dangereux, c’est quand elles aimeraient dicter la sanction pénale, c’est quand les associations voudraient se substituer au ministère public ; les victimes ne peuvent être juges et parties.

La victime, archétype d’une posture prostrée en pleine gloire, qui réussit à exister seulement par son propre drame, défie déjà ceux qui lui ôtent ses paroles d’évangiles et conspire avec les médias afin de conférer à son statut de toute puissance. Qu’en est-il des dangers sur la place pénale ? 

Dans la culture anglo-saxonne, le pénal donnera une priorité énorme à l’ordre public, les victimes ne pourront ainsi qu’y participer très peu. Au contraire, la culture française mettra en avant la victime d’une infraction réelle ou prétendue. Le procès pénal est devenu en France le symbole de toute justice, ce qui amène certaines confusions et autres fausses idées quant à son rôle.

La frontière entre la justice civile (procès que deux particuliers se font entre eux) et la justice pénale (procès que l’Etat fait à un particulier) n’est pas bien comprise de la population française. Comme dit plus haut, la justice pénale est symbole alors que le but essentiel de la justice est d’assurer la paix civile. Cette place prépondérante du droit pénal suit celle de l’Etat dans une nation. Dans les pays anglo-saxons, l’Etat se fonde sur un contrat, la Constitution, le pouvoir central est vu comme un inconvénient nécessaire alors qu’en France, il est vu en Etat providence et tout-puissant. Plus l’Etat est fort, plus le droit pénal est étendu parce que toute atteinte à son autorité est une menace. Ainsi, les pays anglo-saxons s’orientent vers la réparation pécuniaire quand une personne a subi un préjudice, la sphère privée étant plus grande. La France, à force de voir du pénal partout, considère cette même personne comme victime, celle-ci recherchant à tout prix la faute de l’autre.
Depuis 1906, la poursuite initiée par la victime est obligatoire au contraire de la culture anglo-saxonne où c’est le procureur qui décide de poursuivre. La conséquence en France est que n’importe qui peut forcer l’Etat à mener sa guerre victimaire dans l’espoir de voir son différend passer au pénal. 

Au-delà de cet aspect, la victime peut jouer le rôle d’acteur sur la scène pénale. N’importe qui peut être « victime », se constituer partie civile, avoir accès aux dossiers et parler aux médias. Elle peut tout faire, et les associations ne se privent pas plus. Comme le procès pénal est l’idée du procès absolu, spectaculaire au contraire du civil, c’est sur cette scène là que le procès produit un effet cathartique. Le travail de représentation n’a pas la possibilité de s’accomplir vers les juridictions civiles, la justice devient alors un théâtre dont les parties et les témoins sont des acteurs. C’est au procureur et non aux victimes de décider de la mise en œuvre d’une poursuite mais les victimes exigent de plus en plus d’obtenir que la justice pénale soit privatisée. Les victimes deviennent une figure essentielle qui habite la magistrature. En consacrant la poursuite privée, elles gouvernent les peines et les associations doublent les parquets.

Même au niveau international, il n’est plus question de parler de « parties civiles » mais de « représentants des victimes à la Cour Pénale Internationale ». De multiples associations dédient leur existence à la défense des victimes, au point qu’elles occupent toute la scène judiciaire et publique. A force de voir l’émotionnel et le compassionnel prendre le pouvoir, et si l’ONU laisse faire, la Cour Pénale Internationale sera embarquée dans le premier accident politique ou politico-judiciaire venu. Le compassionnel ne résout rien s’il n’y a pas d’analyse politique, il ne peut que générer des malheurs. 

Un autre problème qui fait rage est la chronologie. Au moment du procès, les victimes ont subi un dommage et c’est à la justice de dire qui en est l’auteur, certainement pas les victimes. Il est important de dire qu’une victime ne pourra être reconnue en tant que telle dès lors que l’accusé ne sera pas condamné. Les victimes sont partiales tandis que le procureur, qui porte l’accusation, ne l’est pas. Si la présumée victime pouvait accuser comme elle l’entend, si la justice fonctionnait sous le contrôle de la victime, ce serait une régression considérable, la justice en resterait à une fonction pacificatrice et mécanique. Les abus seraient légions, l’institution perdrait tout crédit et indépendance. Quant aux juges qui voient leur impartialité et leur indépendance remises en cause, il faut rappeler qu’ils ne sont pas les serviteurs des victimes, et que celles-ci en arrivent à exercer une grosse pression, quitte à ébranler la démocratie. Les juges doivent se protéger au niveau de leur statut et de leur personnalité. Avant, l’indépendance se définissait par rapport au pouvoir politique. Aujourd’hui, l’évolution de la démocratie transfère cette dépendance du côté de l’opinion. 

Le dialogue entre les victimes et leurs bourreaux n’est pas souhaitable non plus pour ce même problème de chronologie. Il y a confrontation entre deux personnes dont le statut est à déterminer, chacune défend sa position et aucune vérité ne peut jaillir dans cette conversation sourde. Seuls les médias font jaillir une émotion réelle ou mise en scène, les confrontations évoluent alors dans le faux-semblant. Le procès de l’accusé devient celui pour la victime, on ne se concentre plus sur le vrai auteur et on assiste à une forme de déviation dans ce que doit être le procès initial. Avec les confrontations, la victime fait son procès à l’accusé alors que ce rôle revient à l’accusateur public. Toute cette arrivée massive des victimes sur la scène judiciaire pénale est une régression de la symbolisation de la justice, ainsi que du point de vue de la peine où elle devient compensation face à ce que la victime a subi. De même, la participation au procès n’est qu’un leurre dans la mesure où le procès infecte leurs plaies dans la réalité de leur chair.

Concernant les revendications victimaires, elles concernent souvent le sens des évènements. Elles veulent donner un sens à ce qui n’en a pas. Le désespoir est présent et l’espoir de trouver une explication du monde se perçoit aussi. Chaque personne peut se retrouver dans une situation de victime alors que cela ne concerne pas autrui et encore moins la justice. On le voit par exemple avec les homosexuels qui revendiquent leurs droits sur une affirmation victimaire, victimes d’une sexualité différente car elle ne permet pas d’avoir des enfants comme les autres. Vouloir des enfants se fonde sur une même approche qui consiste à dire qu’être victime de la nature génère des droits positifs. La nature ne peut représenter un droit et il n’y a pas lieu de demander réparation à la société. Bien conscient de ce lieu commun, les coupables sont vite trouvés, en la personne de ceux qui osent ne pas se ranger derrière ces revendications. 

Dans l’intérêt des victimes, on peut se poser la question d’une telle présence sur la scène judiciaire. Créer un espace pour les victimes dans les salles d’audience n’est pas sans absurdité. Il n’est pas inenvisageable de construire des salles d’audience de trois mille places pour le traitement pénal des catastrophes financières ou aériennes. On passe alors du travail de représentation à un spectacle total, les auspices de la fin du procès classique. Que n’a-t-on pas vu de victimes défilées à la barre dans des catastrophes, exposer leur intimité en public, comme si la scène judiciaire n’était plus que la seule place publique disponible. Le privé et le public n’existe plus, principe pourtant fondamental dans la constitution de l’enfant vers l’adulte. En faisant croire à la victime que le privé doit déverser le tribunal, la justice donne une occasion de souffrances supplémentaires ; le jeu de la victime se retourne contre elle.

On voudrait une évolution mais rien ne peut bouger par les moyens classiques du gouvernement. La question victimaire est tellement liée à la démocratie d’opinion que son évolution est paralysée au niveau de la rationalisation. Le politique considère que ce qui satisfait les victimes est bon à prendre.
En effet, le plus grand péril que court la démocratie est qu’elle finisse par engendrer un rejet à l’égard d’excès qui lui sont pourtant indispensables. Mais c’est la démocratie qui a produit cette société victimaire et personne ne peut la changer car le fonctionnement démocratique moderne tend à tirer vers le bas le mode de gouvernement.   
 
Si la société a favorisé ce mouvement victimaire, c’est parce que la société française est en retard. La victime est un produit créé au fil des erreurs, des confusions. En effet, la victime apparait quand la frontière du privé et du public est effacée. Les droits et devoirs de la victime sont dévoyés et la fonction régulatrice de départ qui les constitue se renverse contre elle-même. Les interventions médiatiques la déséquilibrent et l’émotion enlève toute rationalité dans son raisonnement. Le progrès ne réside pas dans la victimophilie ou la victimolâtrie mais dans une véritable défense des personnes ayant subi un dommage, en ne mettant pas en cause la cohérence de l’ensemble. Au niveau international, une politique axée seulement sur les victimes n’est pas enviable. Il faut donc trouver un équilibre entre l’individuel et le collectif, l’émotion et la raison. La démocratie sera la première à y gagner.


A lire aussi sur le sujet : Le Temps des Victimes, Caroline Eliacheff & Daniel Soulez-Larivière


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40 réactions à cet article    


  • Fergus fergus 15 janvier 2009 13:36

    Merci pour ce remarquable article qui pose de manière argumentée et non polémique le statut de la victime dans notre droit. En résumé, je crois moi aussi qu’il importe de donner à la victime toute la place qui lui revient, mais en veillant à ne pas empiéter outrageusement sur le contenu, le déroulement et l’équité des procédures.


    • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 15 janvier 2009 16:54

      Merci à vous !


      • Guil 15 janvier 2009 18:35

        Je plussoie, en ajoutant même que dans certains domaines juridiques nous sommes déjà allé trop loin, et qu’un retour vers plus d’équilibre dans les places respectives laissées, au cours d’une affaire judiciaire, aux victimes, accusés et ministère publique est devenu plus qu’urgent. Elle est là la première des réformes qu’aurait dû nous inspirer Outreau - mais le gouvernement actuel, trop plein de compassion victimaire à l’extrème, se garde bien de la réaliser.


        • Goldy Goldy 15 janvier 2009 18:59

          Analyse pertinente, et je vous suis dans votre raisonnement.

          Néanmoins, il y a une série de points avec lesquels je ne suis pas d’accord. Quand par exemple vous comparez la justice française avec la justice anglo-saxonne, je ne peux m’empêcher de penser aux dérives judiciaires américaines qui me semblent bien plus centrer la victime au sein même des procédures judiciaires. Il suffit pour cela de voir l’extravagence des peines encourues pour de simples délits, les executions auxquelles assistent les victimes le plus souvent.

          Un autre point avec lequel je ne suis pas d’accord est quand vous dites que les homosexuels se victimisent par rapport à leur propre condition pour réclamer le droit à avoir des enfants. Je pense vraiment que vous faites une erreur d’analyse et que le problème est bien plus complexe que ça.

          Il aurait été intéressant d’aborder également le fait que les victimes les plus souvent ne recherchent pas LE coupable mais UN coupable. J’ai souvent remarqué que quand la justice remet en cause une condamnation (souvent plusieurs années après) en se basant sur de nouveaux faits, les victimes s’y opposent assez systématiquement. Comme si leur vérité était bien suffisante face à la vérité.


          • Francis, agnotologue JL 15 janvier 2009 19:00

            Bonjour, je trouve que cet article est vague et pas assez étayé. L’on ne voit pas quelle est la thèse. L’on ne sait pas trop si l’auteur affirme ceci ou cela et dans quel contexte : français, anglo-saxon, international ou bien idéal ? Bien des choses me paraissent ambiguës voire incompréhensibles, plusieurs idées étant souvent exprimées par un même affirmation.. Par exemple :

            "" C’est au procureur et non aux victimes de décider de la mise en œuvre d’une poursuite mais les victimes exigent de plus en plus d’obtenir que la justice pénale soit privatisée."" Dans quel contexte ?

            "" Un autre problème qui fait rage est la chronologie. Au moment du procès, les victimes ont subi un dommage et c’est à la justice de dire qui en est l’auteur, certainement pas les victimes."" Ah ? Quid d’un viol ?

            ""Créer un espace pour les victimes dans les salles d’audience n’est pas sans absurdité."" ??

             

            Responsable mais pas coupable : ""Il est important de dire qu’une victime ne pourra être reconnue en tant que telle dès lors que l’accusé ne sera pas condamné.""

            Sur ce point je remarque que rien n’est dit quand la Justice conclut à un non lieu pour cause d’irresponsabilité du ou des accusés. Par exemple une agression par un schizophrène. Les empoisonnements par médicaments. Etc.

            Ou coupable mais pas responsable : ""La nature ne peut représenter un droit et il n’y a pas lieu de demander réparation à la société. Bien conscient de ce lieu commun, les coupables sont vite trouvés, en la personne de ceux qui osent ne pas se ranger derrière ces revendications"".

            Si sur cette question je suis d’accord, je trouve qu’il mériterait un article à lui tout seul, l’auteur ne faisant qu’exprimer une opinion : Outre que les coupables en question ne sont en rien responsable, j’imagine que cette phrase renvoie à une certaine actualité ?

            Cordialement.


            • calach calach 15 janvier 2009 19:03

              Cet article est très intéressant mais semble "planer " dans l’intellect. 

              L’auteur écrit " Depuis 1906, la poursuite initiée par la victime est obligatoire au contraire de la culture anglo-saxonne où c’est le procureur qui décide de poursuivre " . Il me semble qu’en France, le procureur peut décider de lui même de poursuivre sans qu’il y ait une démarche de la personne victime, d’une part, et qu’il peut refuser de donner suite à une plainte d’autre part.

              Il est incontestable que le statut de victime a pris de plus en plus de place dans le processus de la procédure pénale mais c’est peut-être par manque de confiance dans la justice et par besoin de contrôle de l’action des magistrats !

              Cet article n’est-il pas en relation avec la volonté de supprimer le juge d’instruction pour copier sur le modéle anglo saxon ? 


              • appoline appoline 16 janvier 2009 14:17

                @ Calach,
                La chose la plus regrettable, c’est justement qu’au fil des décennies, la victime a été reléguée au second plan.
                Alors que la justice est justement là, pour là lui rendre, cette dernière parée de ses plus beaux atours, est devenue un monstre d’orgueil oubliant presque que si on la sollicite, ce n’est pas pour la mettre en avant elle, mais pour s’occuper, devant les hommes, d’un petit citoyen malmené.
                C’est à peine, si parfois, on lui demande son avis car lui n’a pas le savoir, l’érudition, enfin bref de quoi il se mêle cet ignard, qui gesticule et vocifère, alors qu’on l’autorise à ester.
                Quand la justice sera plus juste et que l’injustice cesser de se justifier, bah, nous aurons fait un petit pas en avant.


              • maharadh maharadh 15 janvier 2009 20:49

                @ l’auteur,
                Votre article serait en effet interressant si il n’était aussi partial, on voit bien que vous n’avez jamais été une victime car vous mettriez un peu plus en cause notre justice bananière ! On voit que vous ne connaissez pas "les parcours du combattant" des victimes seulement pour se faire entendre ou tenter d’obtenir la vérité.
                Vous ne savez pas que notre pays est régulièrement condamné par la cour Européenne ? Si les victimes étaient aussi entendues que vous le prétendez les peines pour hommicides involontaires ne seraient pas ce qu’elles sont, croyez moi il vaut mieux être un délinquant qu’une victime de nos jours, la lutte du pot de fer ...cette affirmation n’a jamais été autant d’actualité.

                www.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/15/monsieur-le-president-par-eva-joly_1142173_3232.html#xtor=RSS-3208

                Alors que les droits des citoyens sont régulièrement et massivement bafoués (prix excessifs dans la téléphonie mobile, prélèvements de frais bancaires indus, défaillances des fournisseurs d’accès à Internet, produits défectueux, pollution de sites, etc.) et qu’aucune procédure existante ne permet d’obtenir une indemnisation de l’ensemble des victimes concernées, il est devenu indispensable d’introduire en France une véritable action de groupe.

                En effet, seule cette procédure permettrait à une association ou un groupe de particuliers d’agir pour le compte de toutes les victimes sans qu’elles aient à se manifester (option d’exclusion) et ainsi d’obtenir en un seul procès la réparation de tous les préjudices.

                Les exemples étrangers, notamment québécois et portugais, démontrent que la mise en place d’une telle procédure permet de garantir le droit à réparation des citoyens sans engendrer les dérives du système américain ni de risques économiques pour les entreprises.

                Le caractère dissuasif d’une véritable action de groupe permettra en outre de limiter les violations massives des droits des citoyens et restaurera du même coup la confiance des consommateurs dans leur économie et la consommation, et plus généralement celle des citoyens dans leur justice.
                sitehttp://www.wat.tv/audio/parodie-gregoire-12brp_w3bd_.html#mediaDownload_


                • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 15 janvier 2009 21:29

                  Bonjour,

                  J’ai essayé d’être au maximum le plus impartial. Je ne crois pas qu’en prenant le parti des victimes, je sois justement crédible. Le but n’est certainement pas de prêcher pour le délinquant non plus.
                  Je sais que le culte des failbes est à la mode en ce moment mais j’ai décidé de ne pas utiliser cette voie assez facile.

                  La justice peut bien sûr se reprocher beaucoup de choses, l’arriéré judiciaire notamment, certaines décisions parfois mais ce ne sont que certains cas. On a une tendance médiatique à ne montrer que ce qui ne va pas, et bien sûr l’opinion publique, très versatile, va retenir l’opinion des mécontents. D’où la justice mal-aimée en plus d’être onéreuse (il existe cependant l’aide juridique et l’assistance judiciaire), ou pas facilement compréhensible.

                  Il faut bien se mettre à l’idée que le droit ne peut pas tout. Là où le justiciable attend des "arrêts de coeur", le juge ne peut apporter que des "arrêts de droit". Etre contre la société tel que vous le décrivez ne résulte pas que du droit.

                  Quant à au groupe de victimes que vous préconisez, j’ai assez expliqué les dérives dans le texte. La justice n’est pas qu’un réceptacle à déboires privés et n’existe pas que par les victimes. A en croire certaines associations, elles aimeraient se substituer au juge...ce n’est pas une conception juste de la justice.


                • Fergus fergus 16 janvier 2009 10:19

                  Non, Maharadh, pour avoir assisté à plusieurs procès d’assises et de correctionnelle, été moi-même juré et avoir pas mal discuté de ces problèmes avec des avocats et des magistrats, je trouve au contraire que l’article est équilibré. La compassion bien compréhensible que l’on ressent pour les victimes ne doit pas altérer notre jugement. Et s’il arrive que des victimes galèrent pour se faire entendre, ce qui est aboslument indiscutable et scandaleux, il est également vrai que des coupables sont broyés par le système sans pouvoir bénéficier du soutien populaire pour un accès à une justice équitable pour tous.


                • maharadh maharadh 15 janvier 2009 20:59

                  Le dernier lien ne fonctionne pas alors voici les paroles :

                  LES parodie Gregoire (Toi + Moi)

                  le lecteur est caché pour cette opération
                  Pas fan d’NRJ en général, mais je trouve cette parodie sympa.

                   Toi + Moi + Eux + Ceux qu’ont tout perdu + Lui + Elle
                   & Ceux qui sont pendus

                   Toi + Moi + Eux + Ceux qu’ont tout perdu + Lui + Elle
                   & Ceux qui sont pendus
                   Allez, venez, et entrez dans la banque,
                   Allez, venez, et regardez c’qui manque.

                   Merci Wall Street
                   Et merci l’Amérique
                   Ma femme me quitte
                   Parce que j’n’ai plus de fric

                   J’ai vendu ma baraque à Obama
                   Maintenant je dors
                   Dans ma Skoda Fabia

                   Cette nuit
                   Je me suis fait taper mes roues
                   J’ai fait tomber
                   Mes clés dans les égouts
                   J’ai même rêvé
                   Que le vieux John McCain ...
                   Et j’peux vous dire
                   Que mes fesses s’en souviennent

                   Jean-Pierre Pernault s’est remis au Ricard
                   PPDA est devenu smicard
                   Et toi, Christine,
                   Tu as baissé la garde
                   Si je te croise
                   J’te pique ta MasterCard

                   Toi + Moi + Eux + Ceux qu’ont tout perdu + Lui + Elle
                   & Ceux qui sont pendus
                   Allez, venez, et entrez dans la banque,
                   Allez, venez, et regardez c’qui manque.

                   Je sais, c’est vrai,
                   J’ai été très naïf
                   Je croyais mon banquier inoffensif

                   Depuis la chute
                   Du CAC et du NASDAQ
                   J’ai comme envie
                   De lui mettre des claques

                   J’ai plus d’boulot
                   J’ai même plus d’livret A
                   Merci Nico
                   Pour mon pouvoir d’achat

                   Pour t’excuser,
                   Vas-y prête-moi Carla
                   Allez, steuplaît,
                   Je te l’abimerai pas

                   Hier, mon Boss
                   S’est aussi fait virer
                   Il a sauté
                   En parachute doré

                   Des fois
                   Je me retiens de l’insulter
                   Mais bon,
                   C’est quand même un bel enculé.

                   Toi + Moi + Ceux qu’ont tout perdu + Lui + Elle
                   & Ceux qui sont pendus
                   Allez, venez, et entrez dans la banque,
                   Allez, venez, et regardez c’qui manque.

                   Mikl, ça n’a pas l’air d’aller
                   Ça fait longtemps
                   Qu’j’t’ai pas vu sur eBay

                   Même Jack, maintenant
                   Conduit avec prudence
                   Normal
                   Quand on connaît le prix d’l’essence.

                   Sandro peut plus
                   Payer l’vétérinaire
                   Toph doit
                   2000 pensions alimentaires

                   Et même le roux
                   S’rait prêt à boire sa pisse
                   Normal
                   Quand on connaît l’prix du Pastis

                   Les Mexicains
                   Ne vont plus au ciné
                   Les standardistes
                   N’ont même plus de forfait
                   Fredo
                   A comme
                   Une bizarre impression
                   Normal
                   Quand on connaît l’prix de l’émission.

                   Toi + Moi + Ceux qu’ont tout perdu + Lui + Elle
                   & Ceux qui sont pendus
                   Allez, venez, et entrez dans la banque,
                   Allez, venez, et regardez c’qui manque.



                  • ddacoudre ddacoudre 15 janvier 2009 22:10

                    bonjour frédéric

                    excellent article qui ose prendre le contre pied de l’absurdité vengeresse qui se met en place avec l’assentiment en France d’un illuminé qui c’est fait élire sur le mythe de zorro.

                    la sagesse des temps à transformé la vengeance individuelle et sans borne de quelconque valeur car soumise à l’émotion qui peut tuer ou faire tuer aussi bien pour une raison futile ressentie comme primordiale que laisser ou banaliser des actes nuisibles à autrui. la bible à retiré ce droit de vengeance individuel en le limitant à ne faire à autrui rien de plus que ce que l’on a soi-même subit autant dire que s’exclue de fait la peine de mort car ce n’est pas lui (le mort) qui peut se faire justice, ce qui rend donc criminel l’acte de celui qui donne la mort au non de la victime défunte.

                    déjà là le pouvoir se faisait le juge des affaires privés pénales ou civiles, et le temps à confier à la puissance publique le rôle de se substituer à la vengeance personnel en portant un jugement serein sur la base d’une codification réglementaire pour maintenir la paix civile.

                    l’engagement émotionnel qui emporte les parties vers cette reconnaissance victimaire médiatisé est de nature à ramener cet esprit de vengeance qui fut si long à endiguer. déjà le rejet de la prescription est une absurdité pitoyable dont nous devons la source à la chasse au nazie. ce qui le fut d’abord pour crime de guerre est dorénavant étendu à des crimes civils, avant de poursuive sa route si nous en restons sur le parcours que tu décris. ensuite, ce que l’on réclame à la justice de l’État, ce n’est plus une justice « équitable », mais d’expurger le mal et de venger les victimes.

                    ensuite, ce que l’on réclame à la justice de l’État, ce n’est plus une justice « équitable », mais d’expurger le mal et de venger les victimes. On lui demande d’entreprendre une campagne de purification au bout de laquelle l’on s’aperçoit qu’il n’y a pas grand monde de propre y compris ceux qui le demandaient.

                    Ce besoin d’inquisition s’est toujours manifesté dans toutes les sociétés, car il est sous-jacent du fait social qui semble toujours découvrir avec horreur les délits et crimes dont il est porteur dans l’unité de ses membres (les individus), et qui surgissent plus facilement suivant le type d’organisation que l’on se choisit, bien qu’il soit plus difficile à discerner dans les démocraties. Au moyen âge l’on exposait les délinquants et les criminels au pilori, et l’on brûlait sorcières et hérétiques. Aujourd’hui on les expose dans la presse populaire et autre, et les bûchers sont des fagots de mots qui remplacent le juge et le bourreau et font de l’opinion publique un « assassin » en liberté. Le plus souvent cela se fait au nom de la liberté de la presse qui ne cache que la jouissance du pouvoir qu’elle c’est octroyée grâce à l’angoisse et aux peurs qui paralysent la capacité de réflexion des individus, entretenues par la permanence d’une régression sociale qui se cherche des boucs émissaires. On ne peut tout à la fois demander qu’un individu soit mis à nu au nom de la vérité, qu’il soit donc fragile et vulnérable, et ensuite une fois qu’il est devenu faible, se jeter sur lui pour le « dévorer », et par-là se considérer comme des êtres civilisés.

                    Mais la méthode angloxaone a son revers en fabriquant des procés lucratifs.

                    cordialement.
                     

                     


                    • Naja Naja 16 janvier 2009 02:56

                      Votre article est aussi creux qu’un discours de Sarkozy devant l’assemblée. Et pour cause : vous ne faites que régurgiter ses déclamations hypocrites sur la justice.

                      Comment peut-on confondre à ce point déclarations démagogiques et état des lieux de la réalité ?

                      Quant aux rares éléments concrets censés accréditer votre position sur la glorification des victimes, ils sont pour la plupart totalement faux !
                      C’est médusant.

                      Depuis 1906, la poursuite initiée par la victime est obligatoire au contraire de la culture anglo-saxonne où c’est le procureur qui décide de poursuivre.
                      Faux. En France, c’est le procureur qui décide de poursuivre ou non, pas la victime. La seule obligation en la matière est celle d’instruire les plaintes pour crimes, et crimes seulement. Le juge d’instruction a alors l’entière liberté de prononcer un non lieu à tout moment.
                      A lire, la suite de votre phrase, il semblerait d’ailleurs que vous en soyiez averti. S’agirait-il donc de pure mauvaise foi de votre part ?

                      Au-delà de cet aspect, la victime peut jouer le rôle d’acteur sur la scène pénale. N’importe qui peut être « victime », se constituer partie civile, avoir accès aux dossiers et parler aux médias.
                      Faux. Pour se constituer partie civile, e
                      ncore faut-il que sa plainte n’ait pas été classée sans suite.
                      Pour les délits, il faut attendre la fin de la phase d’enquête. Pour les crimes faisant l’objet d’une instruction (un certain nombre d’entre eux étant déqualifiés en délit par le procureur), il faut attendre la fin de l’enquête préliminaire, c’est à dire le début de l’instruction. Cela peut prendre plusieurs mois, voire années.
                      Après quoi, la partie civile a le droit de demander les pièces du dossier via son avocat, mais le magistrat compétent a aussi le droit de refuser la demande. Et en pratique, même si il n’y est pas opposé, les procédures trainent en longueur et bien souvent, les parties civiles doivent littéralement harceler la justice pour espérer avoir accès aux éléments.

                      "Les victimes sont partiales tandis que le procureur, qui porte l’accusation, ne l’est pas"

                      Faux. Le procureur, puisqu’il porte l’accusation, est partial. C’est la cour qui ne l’est pas. L’audience se conclut d’ailleurs par le réquisitoire du procureur.
                      Réquisitoire : « développement oral, par le représentant du ministère public (le procureur ou son substitut) des moyens de l’accusation. »

                      " Avec les confrontations, la victime fait son procès à l’accusé alors que ce rôle revient à l’accusateur public."
                      Faux encore.
                      Lors d’une confrontation, chacune des parties répond aux questions du juge, lequel rebondit sur les paroles de l’un ou de l’autre pour demander précisions à l’autre partie.
                      Il ne s’agit pas d’un dialogue, et ce n’est certainement pas la partie civile qui mène l’entretien.
                      Vous n’avez pas idée de ce que c’est... on ne "dialogue" pas avec son bourreau. 


                      Il n’y a pas d’autres points concrets à votre article. Le reste n’est que l’étalage de votre compilation de jugements et affirmations péremptoires voire insultants sur un sujet et des personnes dont à l’évidence vous ne savez rien. Votre "position" est donc basée uniquement sur votre crédulité devant les déclarations de nos politiques et votre croyance selon laquelle le retentissement médiatique de certaines affaires est représentatif de la réalité.

                      Au fond, on y voit surtout votre volonté de voir les victimes s’enfermer dans le silence, afin de ne pas vous indisposer en témoignant d’horreurs, injustices, souffrance et exclusions dont vous n’avez visiblement pas idée.
                      Mais soyez tranquille, malgré vos envolées sur la glorification des victimes dans notre société, vous êtes comme l’immense majorité des gens  : dans une volonté obstinée de déni. Se persuader que les victimes sont trop prises en considération est une façon comme une autre de ne pas voir la situation de l’immense majorité d’entre elles. Ignorées, elles ne bénéficient pas du moindre soutien et pâtissent des carences et dysfonctionnements policiers, judiciaires, sociaux et médicaux.
                      Et non, ce ne sont pas quelques beaux (cyniques) discours de nos dirigeants qui y changent quoi que ce soit. Au contraire ! Désormais, il nous faut également composer avec des attitudes comme les votres, où le mépris est franchement affiché... puisqu’il prétend trouver justification dans l’analyse des dérives de ce qui n’est qu’une illusion.

                      « La victime est un produit créé au fil des erreurs, des confusions. En effet, la victime apparait quand la frontière du privé et du public est effacée. »
                      Le produit vous remercie pour l’infamie proférée à son endroit et reviendra plus tard sur votre concept chimérique de « victimophilie » si il en a le courage.


                      • calach calach 16 janvier 2009 08:33

                        @ Naja
                        Félicitations pour cette analyse approfondie de l’article qui me paraissait brasser beaucoup de vent et se voulait très prétentieux. Votre travail permet de replacer les choses en bonne place.


                      • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 16 janvier 2009 09:24

                        Bonjour,

                        Tout d’abord, j’aimerais que l’on cesse de faire des comparaisons avec Sarkozy. C’est à la mode, c’est l’injure suprême ; je ne sais rien de ce qu’il dit à propos de la justice - mis à part la suppression du juge d’instruction - car je ne suis pas français et j’ai autre chose à faire que de recopier ses propos.

                        Le procureur est sensé être impartial au contraire de la victime. Et bien oui, le procureur, comme tout magistrat, qui porte l’accusation est indépendant, est impartial car il parle au nom de la société, il est l’adversaire d’une partie et pas spécialement de la partie civile ou de l’accusé, d’ailleurs souvent le ministère public réclame une peine beaucoup plus lourde que les avocats de la défense.

                        Pour le reste, je vous répondrai simplement qu’il n’est pas question ni de glorifier la justice ni de stigmatiser la victime. Qu’on arrête avec la sacralisation de la victime. Vous n’avez pas tous les droits. Au delà de la justice, c’est un phénomène sociétal qui est en recrudescence depuis quelques décennies. "Plus je suis mal, plus je dois être adulé et surtout ne me critiquez pas". C’est la loi de la raison qui prime, pas du coeur.

                        Il faut savoir que certaines affaires banales pour les Français paraissent extravagantes pour la plupart des pays étrangers. L’accusé ou le prévenu est défendu par son avocat. L’accusation est soutenue par le procureur (ce qui est normal), mais aussi par les avocats des personnes physiques qui sont parties civiles, les avocats des associations de personnes physiques et enfin les avocats des associations représentant un morceau d’intérêt général, comme Que choisir ? pour les consommateurs ou L’enfant bleu pour l’enfance maltraitée. C’est ainsi que la "privatisaition" de la poursuite, le travail du procureur donc, en arrive à être presque totale. On revient au moyen-âge, c’est proche du duel judiciaire et de la confusion civil/pénal où les épées ont remplacé les mots.

                        Il faut simplement un juste milieu, prendre en charge évidemment les victimes, mais repenser au mode judiciaire et ne pas céder aux premiers pleurs venus.

                        Enfin je vous demanderai de ne pas affirmer aussi facilement que je n’y connais rien, je ne pense pas qu’être victime soit le point de vue le plus objectif pour parler de justice.


                      • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 16 janvier 2009 09:26

                        "Le ministère public réclame une peine beaucoup plus lourde que les avocats de les parties civiles"* bien sûr


                      • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 09:48

                        117 morts, victimes de l’hormone de croissance ! Et combien en sursis, avec une épée de Damoclès au dessus de la tête ? Les responsables se sont vus délivrer de la leur, d’épée par une Justice qui laisse trop parler les victimes : relaxe générale pour tout le monde !


                        • l'homme pressé l’homme pressé 16 janvier 2009 10:28

                          Cette affaire me semble précisément être un bon exemple de la tentation de faire glisser la justice en France vers un rôle qui n’est pas le sien, du moins historiquement.
                          Jusqu’à une période récente, la justice n’a pas eu pour rôle de consoler, indemniser ou donner raison aux victimes. Son rôle se bornait à faire respecter le droit en punissant des coupables (sous réserve évidemment que des coupables soient identifiés), ce qui est très différent.

                          Le fait qu’il y ait des victimes, ne signifie pas OBLIGATOIREMENT qu’il y aie des coupables, au sens où ce mot désigne des personnes physiques qui méritent une condamnation.

                          Si votre enfant joue avec la gazinière et périt dans l’incendie qu’il a allumé, il y a une victime principale : votre enfant mort ; l’autre victime c’est vous, parent survivant qui avez perdu votre enfant.

                          On peut juger que vous êtes coupable, parce que vous n’avez pas mis votre enfant en garde, ou que vous n’avez pas verrouillé le robinet, etc... On peut aussi décider que c’est le constructeur qui a bâti une maison dangereuse....
                          On peut aussi juger que c’est un accident. Aussi regrettable et dramatique que soit la mort de votre enfant, c’est un accident... parce qu’il est dans la nature de la vie que les enfants fassent des bêtises, et que tous les garde-fous du monde n’y pourront rien.

                          S’agissant des 117 victimes de l’hormone de croissance, j’ai cru comprendre que les juges ont estimé qu’à l’époque, on pouvait sincèrement penser que ce traitement était sans danger. Ca ne signifie pas que les victimes sont négligées : juste que les accusés n’ont pas commis de faute au sens du droit, parce qu’en l’état des connaissances de l’époque, ils ne pouvaient pas savoir qu’ils mettaient les patients en danger.

                          Ca semble être devenu une tendance : il serait indispensable pour pouvoir faire son deuil, que soient condamnés des "coupables". Ca fait de plus en plus penser à des victimes expiatoires, ce qui ne fait que rhabiller d’habits modernes tout cousus de sains principes juridiques un acte qui sur le fond ne se différencie guère des sacrifices humains.

                          (J’ai moi aussi eu l’occasion de perdre des proches, mais je ne comprends décidément pas ce que signifie "faire son deuil" et en quoi il serait indispensable que soient désignés des coupables de ce deuil. J’ai par exemple lu à quelques reprises qu’il était impossible de faire son deuil si l’on n’avait pas vu le cadavre de l’être perdu...
                          Peut-etre est-ce parce que j’ai passé toute mon enfance près d’un port de pêche, où des générations de marins étaient morts en mer, et où les tombes censées être leur dernière demeure étaient vides.

                          Fin de la digression)



                        • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 12:16

                          @ l’homme pressé, puissiez vous avoir le temps de lire cette réponse à votre commentaire auquel je réponds puisque posté sous le mien, et que j’ai des choses à dire et qui intéressent tout le monde.

                          Vous dites : "" Jusqu’à une période récente, la justice n’a pas eu pour rôle de consoler, indemniser ou donner raison aux victimes. Son rôle se bornait à faire respecter le droit en punissant des coupables (sous réserve évidemment que des coupables soient identifiés), ce qui est très différent"". 

                          Vous semblez ignorer la différence entre le pénal et le civil.

                          Mais surtout, vous écrivez : ""S’agissant des 117 victimes de l’hormone de croissance, j’ai cru comprendre que les juges ont estimé qu’à l’époque, on pouvait sincèrement penser que ce traitement était sans danger.""

                          Et : "" qu’en l’état des connaissances de l’époque, ils ne pouvaient pas savoir qu’ils mettaient les patients en danger"".

                          Allons donc : et le principe de précaution ? Vous connaissez ? Et les règles de l’art, ça vous dit quelque chose ? Que je sache, ces gens sont des professionnels de la santé, pas des cuisiniers.
                          Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, même s’ils appellent cela ignorance à l’époque, autremant dit, leur obscurantisme.

                          Puique je parle d’obscurantisme, je vais faire un parallèle avec le "Principe d’équivalence en substance" utilisé aujourd’ui pour imposer les OGM. Les Hypophyses prélevées sur des cadavres décédés d’une terrible maladie étaient peut-être équivalentes en substance avec celles prélevées sur des cadavres morts en pleine santé !  smiley


                          "Principe d’équivalence en substance" n’a aucune valeur scientifique mais est une décision politique édictée par la FDA sous couverts de scientificité. Ce principe est à la base de nombreuses propositions émanant de la FDA et de réglementations américaines, adoptées par le reste du monde libéral, notamment pour récuser toutes études qui relèveraient du principe de précaution concernant l’alimentation : en gros, du lait c’est du lait (*), du maïs c’est du maïs, il n’y a pas de gène ni d’antibiotiques qui tiennent. A tel point qu’il est interdit aux USA de mentionner sur le lait qu’il contient des substances anti-bio. MAIS là où il y a une contradiction insupportable, c’est que les brevets dont se sert l’industrie agroalimentaire et les semenciers OGM reposent précisément la non équivalence des substances ! En somme, sur la transgression du principe dont ils se servent pour imposer leurs produits ! (*) cf. le vaccin qui provoque des mammites et qui induit du pus dans le lait. Voir aussi

                          Le

                           


                        • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 12:18

                          Post scriptum : je rends ici hommage aux cuisiniers qui sont pour moi des artistes et des artisans. Et aux marins décédés en mer.


                        • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 12:27

                          @ tous, Re post scriptum : en me relisant, li me vient à l’idée la réflexion suivante : il est possible que le tribunal ait prononcé ce non lieu relatif à l’hormone de croissance, précisément "par précaution vis à vis de ce principe d’équivalence en substance."

                          Si le tribunal qui a relaxé les responsales de ces drames avait tenu le même raisonnement que moi ci-dessus, la jurisprudence aurait imposé d’invalider ce principe crapuleux d’équivalence en substance.

                          Ceci dit, je fais un peu du hors sujet, mais je dis quand même : on comprend mieux pourquoi la médecine officielle craint tant les médecines parallèles.


                        • Illel Kieser ’l Baz 16 janvier 2009 12:48

                          @JL,
                          sans polluer le fil de cet article, votre remarque :"Ceci dit, je fais un peu du hors sujet, mais je dis quand même : on comprend mieux pourquoi la médecine officielle craint tant les médecines parallèles. " m’intéresse. C’est quelque chose sur lequel je travaille.
                          Pourriez-vous l’expliciter au bas de l’un de mes articles. Je serais averti
                          Bien à vous


                        • l'homme pressé l’homme pressé 16 janvier 2009 14:02

                          @JL
                          Soyons clair : je ne suis pas juriste. J’ai tout de même une notion pas trop vague de la différence entre pénal et civil. Pour autant, je ne saisis pas ce que cette distinction apporte ici ; je ne nie pas qu’elle puisse être pertinente, mais...

                          Ce dont il était question ici, c’est la notion de victime, et le fait que dans l’affaire de l’hormone de croissance il n’y ait pas eu condamnation.
                          C’est bien à ce propos que je rapportais cette précision sur ce qui est (et ce qui n’est pas) dans le rôle de la justice. Cette précision n’est pas de moi mais d’un président de cour d’assises (désolé de ne pouvoir mieux préciser ma source).

                          Qu’il y ait des victimes n’implique pas forcément qu’il y ait des coupables au sens pénal du terme. Il est tentant d’apprécier les choix effectués hier avec les connaissances d’aujourd’hui, mais c’est distordre la réalité d’alors.
                          Et je crois qu’à l’époque, la notion de principe de précaution n’existait pas ; ou en tout cas il n’avait pas le caractère quasi-institutionnel qu’il a aujourd’hui.

                          Permettez-moi un parallèle avec l’histoire récente de l’Europe Centrale.
                          Il y a à peine 20 ans, le Mur de Berlin est tombé. Je me souviens fort bien qu’à ce moment-là, il a beaucoup été dit que la Guerre Froide était terminée (ce qui est exact) et que l’Europe allait enfin vivre en paix. Certains écrivirent même que l’Occident avait gagné la Guerre Froide (sic).
                          Moins de dix ans après la Guerre du Kosovo éclatait ; et aujourd’hui c’est loin d’être réglé.
                          Au moment de la chute du Mur, j’ai eu l’occasion de bavarder avec un ami, fin connaisseur en histoire, qui m’a prédit qu’avant dix ans, l’Europe Centrale allait redevenir un aussi vaste bordel qu’elle était avant la 1ere Guerre Mondiale, puisqu’elle n’était plus muselée par la dictature communiste (... ou soviétique... ou russe, si vous préférez)

                          Aujourd’hui, il apparaît évident qu’il ne pouvait en être autrement, mais qui y croyait à l’époque, a part quelques rares comme cet ami ?
                          C’est tentant de juger aujourd’hui les faits d’hier, mais il ne faut pas oublier quel était le contexte de l’époque.

                          Pour le reste, je ne connais pas assez le dossier pour avancer une hypothèse sur les motivations du jugement


                          • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 14:44

                            @ l’homme pressé : "" Je crois qu’à l’époque, la notion de principe de précaution n’existait pas ""

                            Le principe de précaution n’est que la formulation d’un principe de bon sens. Avant cetta affaire il y avait déjà eu suffisamment d’accidents et de scandales pour alerter la profession sur les dangers de l’innovation. Sauf erreur, on a parlé à l’époque d’un trafic d’hypophyses. Là ce n’est plus de l’ignorance ni de la bêtise, c’est de la dissimulation. Aujourd’hui la science officilelle ne remet pas en cause le principe d’équivalence en substance qui n’a pourtant rien de scientifique. Si demain quelqu’unn démontre qu’il est carrémant faux on dira : à l’époque on ne savait pas que ... gnagnagna !

                            En réalité l’establishment capitaliste applique le principe de précaution de la manière suivante : tant que l’on n’a pas démontré qu’une pratique est dangereuse, on protège l’intérêt ... du profit. Comme ce sont les mêmes qui financent l’essentiel de la recherche, ils peuvent dormir tranquilles.

                            Par ailleurs vous dites : "" Permettez-moi un parallèle avec l’histoire récente de l’Europe Centrale "" Evidemment, compte tenu du parallèle que j’ai fait moi-même dans mon post précédent je suis malvenu pour vous dire que comparaison n’est pas raison. Néanmoins, je ne vois aucun rapport entre le fait que vous citez et celui qui nous préoccupe. Il n’est pas nécessaire de faire appel à des événements historiques pour démontrer une tautologie.

                            Bien sûr qu’on en savait moins hier que l’on en sait sur les événements d’aujourd’hui. Mais à cela je vous répondrai : l’actualité n’a pas de mémoire. Les jeunes générations imaginent que les anciens vivaient dans l’obscurantisme. Je crois que chaque époque a son obscurantisme spécifique.


                          • Lysandra56 Lydia 16 janvier 2009 15:02

                            J’ai lu et relu votre texte. Au début je me suis dit : tu n’es pas une fille inteligente, alors tu ne comprends pas tout, je plaisante ! Puis j’ai digéré.
                            Votre texte est tout simplement irrespectueux envers les victimes, les vraies, celles que sans doute vous méconnaissez, ne sont jamais médiatisées et baissent la tête aux vues des caméras.
                            Sans doute étant victime moi même et ayant eu à "subir" la justice à l’âge de 15 ans , je ne suis pas et ne peux être partiale.

                            Je cite : "Si on rivalisait dans l’excellence hier, la souffrance et la disgrâce bataillent de plus belle, jouent leur concurrence victimaire, afin de conquérir les premières marches du podium, un podium médiatique où être victime s’apparente à une nouvelle forme d’héroïsme et de légitimité.

                            Quelle gloire peut on tirer de la reconnaissance en justice quand elle a lieu, si elle a lieu après la mort d’un enfant, un crime, un viol, un inceste (ah non ça ça n’est pas dans le code pénal) ? Quel podium doit on grimper pour réparer l’impensable, qui des années durant feront de vos nuits des nuits sans sommeil.

                            Si des associations voient le jour, c’est pour pallierà la défaillance d’un gouvernement qui n’entend pas la victime mais la médiatise pour se faire mousser.
                            Bien heureusement qu’elles sont là pour faire avancer les choses dans le bon sens. Elles n’entendent pas s’imiscer dans la justice mais s’opposent afin que soient reconnus des manquements.

                            Je donne l’exemple : l’inceste n’est pas reconnu dans le code pénal, il n’est jamais mentionné dans les textes et quand des faits de viols se produisent, la consanguinité n’est qu’un fait agravant. Des peines de prison allant de 3 mois à 3 ans avec sursis sont prononcées. C’est ce que vaut le viol d’un enfant durant 5 ans parcequ’il n’a pas su émettre d’opposition. Il est donc une "victime consentante", un pauvre petit faible dans la machine judiciaire.

                            Mais là je m’égare.
                            Dans une réponse, vous citez : Je sais que le culte des failbes est à la mode en ce moment mais j’ai décidé de ne pas utiliser cette voie assez facile.

                            Victime rime t’il avec faible automatiquement ? On a été victime, donc on a été faibles.

                            Au lieu de glorifier l’erreur d’Outreau, de l’épingler en place public, pensez donc aux enfants qui n’ont pas obtenu la justice, qu’on a violés, terrorisés, manipulés en public. Ou était leur gloire, quel podium ont ils gravi ? Qu’en ont ils retiré ?


                            • Illel Kieser ’l Baz 16 janvier 2009 17:47
                              @tous
                              Comment l’on se prend à penser sans réfléchir
                              L’auteur se dit impartial ! Wouah ! « J’ai essayé d’être au maximum le plus impartial. »
                              Quand la rumeur devient vérité, le sensationnalisme se substitue aux faits. C’est ce qui est intéressant dans cet article, l’auteur est un être qui pense, qui écrit, qui se croit juste et objectif et pourtant il plonge au plus profond des manipulations contemporaines quand le discours de protection des victimes n’est qu’un leurre pour introduire une controverse et faire passer une volonté de répression qui n’apporte rien aux victimes.
                              J’évoque ici les discours sur la protection des victimes qui prennent celles-ci pour otages, les instrumentalise au profit d’une volonté clairement déclarée de mettre la justice au pas et pour initier une politique de la peur.
                              Tout au long de son article l’auteur qui annonce dans le titre qu’il abordera le problème au plan pénal et, semble-t-il, de la procédure pénale, reprend dans le texte des éléments totalement forgés de l’écoute des discours d’un PrincePrésident qu’il ne veut pas nommer, lequel a pris depuis longtemps les victimes en otage. Quant au PrincePrésident, il s’appuie, le plus souvent, sur des faits d’actualités dont le caractère sensationnel, exceptionnel et souvent rare nourrit ses incantations.
                              On ne peut pas dissocier le discours de l’auteur de celui, bien actuel, du discours de la peur.
                              En fondant son argumentation spécieuse sur cet effet médiatique souvent synchrone d’un fait divers très fortement chargé d’émotions, de la victime on ne retiendra qu’un vague concept mécanique et décharné.
                              Par le sujet, tel qu’il est abordé, par l’approche approximative et l’évocation injustifiée d’une pseudo équité, le propos se situe au plan de l’imaginaire, de la rumeur et du mythe. Voilà donc un exemple de l’effet produit par des méthodes de communications soigneusement calibrées qui visent les tripes.
                              Ce faisant, comme le soulignent certains/es commentateurs/trices l’auteur ignore tout du processus judicaire réel. Et c’est là une grave carence, restant au plan cérébral, on passe à côté de la réalité charnelle de ces « choses » nommées victimes.
                              Sur le plan de la procédure pénale plutôt que de relever les inexactitudes, les erreurs et approximations de l’auteur, il vaut mieux s’adresser à un juriste compétent et très didactique : Maître Eolas (Il a plusieurs fois évoqué le sujet)
                              Mots clés sur le site : victimes
                              On peut faire de même sur un moteur de recherche et on trouvera suffisamment de juristes compétents pour faire le point sur la question.
                              (L’auteur mélange dans une même argumentation le pénal et le civil. Cela a été souligné par un commentateur et, en civil il n’y a pas de victimes, il y a des parties)
                               
                              On soupçonne que l’auteur a beaucoup visionné les séries américaines d’où il tire sa vision primaire de l’action du Procureur et il étend sa vision au monde pénal français, nous alertant sur le risque d’un excès de judiciarisation sur le modèle américain. Il ignore le rôle du Parquet, celui du Siège et il n’est point question, pour lui du rôle des enquêteurs, les uns dépendants du Ministère de l’Intérieur, les autres du Ministère des Armées (La Gendarmerie Nationale qui surveille et quadrille le territoire rural, héritage antique et désuet)
                               
                              Non, ces victimes dont parle l’auteur ne sont pas celles qui se battent dans une réalité bien souvent turpide et il leur est souvent difficile de se faire reconnaître comme telles. J’évoque notamment les affaires criminelles d’ordre sexuel (viol, pédocriminalité intrafamiliale, maltraitance d’enfants, etc.)

                              • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 16 janvier 2009 18:23

                                C’est pathétique quand même, dès qu’on ne prend pas le parti des victimes, on est taxé d’incompétent.

                                Alors, la plupart des idées que j’ai énoncé sont reprises dans le livre que je mentionne à la fin. Bien sûr vous pouvez ne pas en tenir compte mais si vous commencez à me citer des juristes et autres personnes du métier, sachez que Daniel Soulez-Larivière est avocat et Caroline Eliacheff psychanalyste. 

                                Moi-même je suis en plein cursus d’études de droit, je sais donc un peu de quoi je parle ; je n’ai certainement pas l’expérience d’un avocat, je ne voudrais pas faire de ma situation un argument d’autorité mais laissez moi rire quand je lis que je ne connais rien aux différents rôles des acteurs de la justice.

                                Alors, je ne sais pas où j’instaure une politique de la peur dans mon texte, je ne sais pas où je suis la voix de Nicolas Sarkozy. Quand vous dites qu’il "s’ appuie, le plus souvent, sur des faits d’actualités dont le caractère sensationnel, exceptionnel et souvent rare nourrit ses incantations", je dis exactement pareil au début. En effet oui, Nicolas Sarkozy joue beaucoup sur le registre des victimes et c’est un problème.

                                Seulement, le sentimentalisme n’est pas que de droite, il est aussi de gauche. Et je ne vois pas en quoi le sentimentalisme de gauche serait plus légitime que celui de droite. Bref, je suis le premier à mettre en cause la médiatisation des affaires.

                                Ma réponse ne mérite pas plus, vous n’argumentez en rien dans votre billet, je ne regarde pas de séries américaines si vous le savoir, vous faites preuve d’un manque flagrant d’incompétence, de prétention & et d’absurdité en osant avancer de tels propos. La justice est plus que du spectacle pour moi madame, je crois aussi l’avoir assez noté.

                                Ou bien vous ne l’avez pas lu mon texte ou bien votre adoration des victimes vous aveugle, j’ai vu que vous les aidiez je ne sais plus dans quel domaine, bref je ne peux certainement pas vous donner tort. Il y a des victimes, il y a des erreurs mais une victime n’est pas sacrée. Il y a bien sûr des problèmes qui surgissent dans beaucoup d’affaires, certaines ont du mal à se faire reconnaitre comme telles mais mon texte, et vous le savez bien, ne fait pas l’amalgame.

                                Je vous invite à lire le livre mentionné, cela ne peut qu’être bénéfique.


                              • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2009 19:09

                                à F. Degroote, c’est bien vous qui avez écrit : ""La victime, archétype d’une posture prostrée en pleine gloire, qui réussit à exister seulement par son propre drame, défie déjà ceux qui lui ôtent ses paroles d’évangiles et conspire avec les médias afin de conférer à son statut de toute puissance."" En gras !

                                 

                                ""Qui réussit à exister seulement par son propre drame"" dites-vous ! Si ça ce n’est pas de la stigmatisation alors je ne sais pas ce que ce mot veut dire. La victime existe au tribunal, comme le patient à l’hôpital. Imagine-t-on un toubib disant : " Le patient, archétype d’une posture prostrée en pleine souffrance, qui réussit à exister seulement par son propre symptôme. " Ce serait pareil, et c’est ignoble.

                                " La couverture de la victime méritante est généralement généreuse (...) alors que celle des autres, beaucoup plus discrète et chiche en émotion, se contente d’évoquer des généralités attristées. " Noam Chomsky

                                Nicolas Sarkozy, et d’autres, en sélectionnant leurs "victimes utiles" comme on dit "idiot utile", ne font pas autre chose que de la discrimination positive, pardon d’employer ce terrible oxymore de la novlangue.

                                 


                              • Illel Kieser ’l Baz 16 janvier 2009 19:26

                                @JL,
                                Vous dites :

                                "Imagine-t-on un toubib disant : " Le patient, archétype d’une posture prostrée en pleine souffrance, qui réussit à exister seulement par son propre symptôme. " Ce serait pareil, et c’est ignoble."

                                La comparaison est intéressante et j’ai une anecdote à donner. J’entendais, il n’y a pas longtemps, une psychanalyste répondre à une soignante qui lui rapportait qu’une patiente anorexique lui avait confié qu’elle avait été victime de viols répétés dans son enfance : "De toute manière, c’est ce que disent la plupart des anorexiques... ça les rend intéressantes à leurs yeux."
                                Tout y est : sentimentalisme, narcissisme, hystérisation...
                                C’est ça la psychanalyse et ça n’a pas pris une ride depuis plus d’un siècle.
                                C’est ça aussi le fondement idéologique de certains qui voudraient penser le droit les victimes... Cela n’a rien à voir ni avec la gauche ni avec la droite. Ni l’une ni l’autre n’ont beaucoup à dire sur la question.
                                Où est le pathétique ?


                              • Illel Kieser ’l Baz 16 janvier 2009 19:15
                                Propos de l’auteur à la fin du chapeau de l’article :
                                "Qu’en est-il des dangers sur la place pénale ? "
                                 
                                Le danger n’est pas où l’auteur le situe mais quand on objective à l’excès des faits dont la dimension humaine est complexe. On ne traite pas un dossier de justice comme un dossier financier. Depuis plus 40 ans des « penseurs » ont cru faire progresser notre vision du monde en s’emparant de nos mœurs, de nos vies et de nos problèmes et en tentant de les résoudre comme des équations. Le danger est là, et quelque soit le référent, la pensée n’a pas de limite. Dès qu’on quitte ce registre complexe des logiques du vivant au profit d’un agencement plus ou moins élégant de concepts on est dans la monstruosité. Et l’auteur a beau se débattre par ses protestations de bonne foi, son souci de l’équité et de la rigueur, il a beau appeler ses pairs à la rescousse, ses propos sont hors du champ humain. En cela ils sont à combattre.
                                « Daniel Soulez-Larivière est avocat (je sais et j’avais vu la référence bibliographique que j’ai lue) et Caroline Eliacheff psychanalyste »
                                Je connaissaisSoulez-Larivière quand l’auteur était encore dans ses couches
                                Quant à la référence psychanalytique sensée apporter un brin de psychologie à la connaissance des victimes, elle est hors propos pour moi. Je sais par expérience combien la psychanalyse a retardé toute forme de progrès en matière de criminologie et de victimologie. Le dogmatisme quasi religieux de cette discipline faussement scientifique continue de pourrir la vision que de nombreux professionnels ont de la victime.
                                La psychanalyse est la discipline qui a le moins compris les victimes et cela, nous le payons encore maintenant.
                                Il faut avoir été de nombreuses années au-dedans de la psychanalyse (ce qui est mon cas) pour l’affirmer avec autant de force.
                                Il a fallu le travail de quelques cliniciens indépendants pour s’intéresser aux victimes, d’abord celles qui étaient victimes de traumatismes de guerre, d’attentats ou d’accident. Par extension, on a élargi le champ d’investigation à d’autres formes de traumas. Mais la France a, de ce point de vue, plus de 25 ans de retard sur des pays comme le Canada ou les USA.
                                Quant à la formation des avocats, on pourrait en dire beaucoup. J’en connais certains, ici, à Toulouse, dont des stagiaires en fin de cursus. On ne peut pas dire qu’ils brillent par une connaissance globale du droit ni, à plus forte raison de la psychologie. Ils le reconnaissent volontiers. Très peu connaissent les fondements anthropologiques du droit. Y revenir annulerait du même coup les propos de l’auteur.
                                (Lire à ce sujet N. Rouland, Anthropologie du droit)
                                Quant aux pénalistes aguerris, s’agissant de victimes ou de criminels, il leur faut souvent des dossiers psychologiques complets pour les aider dans leur action qui semble le plus souvent comme une sorte de jeu rationnel, comme sur un échiquier.
                                Il y a là une dérive de la pensée qui fait problème. Et certaines victimes se trouvent ainsi prises en otage sans avoir rien demandé.
                                L’auteur ferait bien d’y penser.

                                • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 16 janvier 2009 20:00

                                  @ JL

                                  "La victime, archétype d’une posture prostrée en pleine gloire, qui réussit à exister seulement par son propre drame, défie déjà ceux qui lui ôtent ses paroles d’évangiles et conspire avec les médias afin de conférer à son statut de toute puissance."

                                  Je parle de la victime en général, pas que dans la justice. Je stigmatise effectivement ces gens qui racontent leurs déboires privés et qui en tirent profit par le seul fait de se montrer dans les médias et de jouer avec eux. D’ailleurs c’est l’introduction, c’est la victimisation en général. Après je dérive sur le domaine de la justice et effectivement, je n’oserais pas l’affirmer aussi pompeusement. Il ne faut pas oublier quand même que dans beaucoup d’affaires pénales, certaines parties civiles n’hésitent pas à faire du procès un spectacle médiatique intense, et ça c’est innaceptable. Le procès se fait dans la salle d’audience, pas en dehors.

                                  Enfin, cette dimension humaine, le droit ne peut pas se prévaloir que de ça. Comme je disais plus haut, là où le justiciable attend des "arrêts de coeur", le juge rendra des "arrêts de droit". Il faut bien sûr prendre en compte ce fameux champ humain mais on ne peut pas rendre justice qu’avec lui. Le droit est au départ un ensemble de lois que l’on va interpréter en fonction de chaque cas afin au mieux de l’adapter mais dans un procès, il y a deux parties et on ne peut pas en occulter une. J’avais précédement parler dans un autre article sur agoravox des logiques du coeur au point de vue la culture. Il serait dangereux que cela vienne s’immiscer dans la tête d’un juge.

                                  Donc oui mes propos sont hors champ humain et encore heureux car le droit a toujours su garder son indépendance face au sentimentalisme, qui est somme toute un moyen de pression comme un autre.


                                • Naja Naja 17 janvier 2009 11:02

                                  " Je parle de la victime en général, pas que dans la justice. Je stigmatise effectivement ces gens qui racontent leurs déboires privés et qui en tirent profit par le seul fait de se montrer dans les médias et de jouer avec eux. D’ailleurs c’est l’introduction, c’est la victimisation en général. "

                                  Intéressant.

                                  Et ces gens là, vous en connaissez ? Combien ? De quoi sont-ils victimes ?
                                  Comment racontent-ils leur déboires privé et de quelles façons en tirent-ils profit ?

                                  Dans les médias vous dites. Pouvez-vous citer des interventions de victimes dans les médias et nous expliquer comment elles s’y prennent pour tirer profit de leur apparition ? En quoi ce profit consiste-t-il ? 

                                  Peut-être qu’en tentant de répondre à ces questions vous commencerez à toucher du doigt la vacuité de votre propos...


                                • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 17 janvier 2009 12:19

                                  Si vous voulez mais à vous entendre, la victimisation n’existe pas. Je vais vous répondre, et cela renforcera plus qu’autre chose la pertinence de mes propos.

                                  L’individu contemporain a une tendance pathologique : pleurer sur son propre sort.
                                  Il y a une nfluence croissante qui est l’avocat. Il s’introduit entre l’individu et son malaise. Dans ce domaine les USA montrent la voie, notamment par beaucoup d’exemples grotesques où la victimologie est très présente. (Un père tue sa fille – elle l’avait bien cherché / un chat dans un micro-onde – il n’était pas indiqué dans la notice que l’appareil n’est pas un séchoir).

                                  L’industrie des droits prolifère. L’univers juridique se transforme en une foire où les avocats racolent leurs clients, le persuadent de son malheur.
                                  On passe d’un système basée sur la désignation d’un responsable à une base sur l’indemnisation des victimes.
                                  Chaque groupe recherche le bénéfice au mépris de l’intérêt collectif, grâce aux nouveaux droits.
                                  Chaque minorité se pose en victime, ce qui génère de moins de en moins de citoyenneté.

                                  Pour qu’une cause passe dans l’opinion générale, il faut apparaitre tyrannisé, imposer une vision misérabiliste de soi, afin de gagner les sympathies. Tout le monde se bat pour avoir la place la plus désirable qui est la victime. On voit dans la souffrance la promesse d’une élection.


                                  Concernant les médias, parce qu’elles se succèdent, les actualités se concurrencent et ce qui nous bouleversait se dégrade en anecdotes. On banalise la représentation de l’épouvante. L’exhibition de l’effroi favorise une de nos pulsions : le voyeurisme. Il y a au bout de ces vues insoutenables de mutilations une apathie qui renaît. L’enfer devient à son tour monotone.

                                  Tout ça nous lasse et apporte une certaine fatigue récurrente quant aux catastrophes de la planète. Ce n’est pas que rien ne transporte les cœurs, tout les transporte en un sens et n’importe quoi. Un évènement est directement chassé par un autre. Nous devenons tellement proches de toutes les tragédies du monde qu’il nous manque la distance pour les voir.C’est l’ère du génocide banalisé.

                                  L’absurdité des médias est la suivante : à force de nous submerger sous toujours plus de faits, à tout heure, en continu, ils excèdent nos possibilités d’absorption. On ne peut soutenir une telle allure.
                                  On s’intéresse à l’état du monde par politesse. Les médias sont donc les porteurs d’une morale héroïque et nous assomment d’une culpabilité aussi écrasante qu’abstraite : nous manquerons toujours à la solidarité qui nous lie à notre prochain. Notre époque est douce face aux misérables : on les élève sur un piédestal sans cesse, on rappelle le scandale de leur détresse. Dès lors, tout ce qui est souffrance demande à ce qu’on la combatte. Les stars n’hésitent pas à se montrer serviables, elles rêvent de devenir des saintes. Cette « plus-value » du cœur semble un atout artistique. Elles suscitent sympathie car elles militent en faveur des déshérités.

                                  Le Téléthon est la mise en scène d’une générosité hystérique. Les enfants atteints de maladie servent de prétexte alors qu’en fin de compte les héros sont les donateurs, c’est la société entière qui s’applaudit à travers leurs gestes. C’est un spectacle d’exagération et de célérité. C’est comme si on devait rattraper en deux jours un an d’égoïsme, se donner bonne conscience : la bonté doit se montrer. Plus les malades sont impotents, plus les bienfaiteurs gambadent, courent, pédalent comme s’ils voulaient s’assurer de leur parfaite santé. C’est le parfait exemple d’ambivalence envers les victimes : nous les plaignons sincèrement mais nous avons besoin d’elles pour nous aimer et nous racheter à travers leurs épreuves.

                                  Il est donc facile pour les victimes de tomber dans le jeu des médias, elles qui sont vulnérables. Là où elles ont tiré le mauvais lot, elles peuvent penser que s’afficher est une bonne chose.

                                  Un dernier exemple, juridique, celui de l’affaire Villemin. Christine Villemin avait dit cette phrase : "On croirait que les gens sont envieux des malheurs qui vous arrivent". La pertinence de cette remarque montre que cette jeune femme, doublement victime pusique mère d’un enfant tué et accusé à tort de l’avoir assassiné, a tout compris. Entre ses premières photos pour Paris-Match et les dernières, on voit la différence entre une petite provinciale et la star accomplie qui comprend le regard d’envie qu’elle suscite, et qui mieux encore, l’exprime lucidement et directement.

                                  La notoriété que procure l’état de victime est de même nature que le criminel, c’est un narcissisme comme un autre. La victime peut devenir une star pour trois bénéfices : faire l’unanimité à cause du caractère sacré lié à son sort de victime, n’être plus contredite à cause de ce même état, être dans une demande jamais satisfaite et qu’il convient pourtant de satisfaire. En bref, pour la victime, la notoriété s’ajoute à la légitimité.

                                  L’envie dont parlait C. Villemin est partagée pour beaucoup sans le dire. Pas pour toutes naturellement, dont certaines ont la sagesse ou l’héroisme de ne pas donner prise au cirque médiatique. Mais quelle formidable force faut-il pour refuser d’entrer dans la danse. Comment renoncer à un micro-tendu, une caméra braquée, cette provisoire impression d’existence ? Beaucoup de victimes sont devenues des acteurs médiatiques de leurs propres drames pour finalement occuper une place dans la société que le seule la catastrophe justifie, alors qu’avant elles étaient ordinaires ou sans mérites particuliers.


                                • Illel Kieser ’l Baz 18 janvier 2009 08:05
                                  De telles affirmations venant d’un futur avocat pourraient faire autorité mais à y regarder de près on est atterré.
                                  Je crois qu’il faut clore le débat, là où l’auteur ignore tout des fondements de sa propre discipline. On frissonne à l’idée que ce conseiller aura à concevoir la défense de nombreuses personnes...
                                  Quand on lit : « Enfin, cette dimension humaine, le droit ne peut pas se prévaloir que de ça. (L’humain) Comme je disais plus haut, là où le justiciable attend des "arrêts de coeur", le juge rendra des "arrêts de droit". »
                                  Et
                                  « Donc oui mes propos sont hors champ humain et encore heureux car le droit a toujours su garder son indépendance face au sentimentalisme, qui est somme toute un moyen de pression comme un autre. »
                                  On pourra noter la confusion entre sentimentalisme et « humain », une définition personnelle du droit et l’usage d’un terme érigé en concept global. L’article serait sans intérêt s’il n’exprimait des opinions qui fleurissent actuellement dans le monde des idées.
                                  Je vais donc préparer un article de mise au point.

                                • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 18 janvier 2009 08:54

                                  Je vous répondrai juste que cette phrase :
                                  "Comme je disais plus haut, là où le justiciable attend des "arrêts de coeur", le juge rendra des "arrêts de droit". » est exactement ressortie d’un cours de droit judiciaire, je crois quand même qu’elle fait plus autorité que vous...


                                • Naja Naja 18 janvier 2009 11:26

                                  @ L’auteur,

                                  « Beaucoup de victimes sont devenues des acteurs médiatiques de leurs propres drames pour finalement occuper une place dans la société que le seule la catastrophe justifie, alors qu’avant elles étaient ordinaires ou sans mérites particuliers ».
                                  Je vous ai demandé de citer des exemples concrets de ce type d’individus gonflés par la notoriété et vous n’en avez aucun. Tout juste vous en referrez-vous à un troupeau de misérables indistincts, dont vous avez tout oublié en dehors de la façon dont les médias ont présenté les faits dont ils ont été victimes (ou plutôt de ce que cela vous a inspiré). Ainsi que les participants du téléthon.
                                  Va pour le téléthon alors. Pensez-vous sérieusement que les malades sont hissés au rang de héros adulés et intouchables qui abuseraient du pouvoir que vous attribuez à l’icône de la victime sacrée... par la médiatisation d’une collecte de don annuelle que personne n’est tenu de regarder ? Qui plus est, vous parliez jusque là des "victimes sur la scène pénale", ce qui exclut le téléthon.

                                  La seule victime à qui vous êtes en mesure d’attribuer un nom, des propos et une position qui fut médiatisée est un contre exemple de ce que vous étiez censé illustrer... c’est dire combien votre image de victime idolâtrée est désincarnée !
                                  Ce qui est assez stupéfiant dans les discours comme le votre, c’est que ceux qui les tiennent semblent toucher du doigt le fait qu’ils parlent du pouvoir d’un symbole que personne n’incarne dans la réalité... mais que cela ne les empêche pas d’identifier l’ensemble des personnes victimes à l’icône en question sans se demander qui l’utilise en réalité.

                                  « Concernant les médias, parce qu’elles se succèdent, les actualités se concurrencent et ce qui nous bouleversait se dégrade en anecdotes. On banalise la représentation de l’épouvante. L’exhibition de l’effroi favorise une de nos pulsions : le voyeurisme. Il y a au bout de ces vues insoutenables de mutilations une apathie qui renaît. L’enfer devient à son tour monotone. [...]
                                  Les médias sont donc les porteurs d’une morale héroïque et nous assomment d’une culpabilité aussi écrasante qu’abstraite : nous manquerons toujours à la solidarité qui nous lie à notre prochain. Notre époque est douce face aux misérables : on les élève sur un piédestal sans cesse, on rappelle le scandale de leur détresse. Dès lors, tout ce qui est souffrance demande à ce qu’on la combatte. Les stars n’hésitent pas à se montrer serviables, elles rêvent de devenir des saintes. Cette « plus-value » du cœur semble un atout artistique. Elles suscitent sympathie car elles militent en faveur des déshérités. »
                                  Vous est-il déjà venu à l’esprit de vous demander qui s’exprimait dans ces médias que vous évoquez ?
                                  Si vous le faites, vous vous apercevrez que ce sont très rarement les victimes qui s’y expriment pour parler de leur souffrance. Mais d’autres personnes qui parlent à leur place et s’octroieent ainsi le droit d’utiliser la souffrance d’autrui à leurs propres fins.
                                  Ce qui donne tant de puissance à cette figure de la "victime au sommet de la gloire sacrée" (dont vous illustrez l’inconsistance avec brio), c’est bien que les victimes réelles n’y participent pas.
                                  Rien n’est plus simple que d’attaquer une personne qui userait de sa propre souffrance pour se rendre célèbre, manipuler autrui ou l’opinion publique et en tirer un profit indû. En le faisant, elle exposerait la partie la plus blessée d’elle-même ce qui la placerait de fait dans une position de fragilité et de doutes. Il suffira de nier la réalité de sa souffrance, la tourner en ridicule et lui dire qu’elle étale impudiquement ses plaies nauséabondes en plublic (comme vous savez si bien faire) pour la faire taire. C’est d’autant plus facile et efficace que sa souffrance est profonde et sa plaie vous parait repoussante. Et contrairement à ce que vous affirmez en théorie, croyez bien que nombreux sont les gens qui n’hésitent pas à insulter les victimes et leur adresser mépris et condescendance pour les réduire au silence ! A commencer par vous.
                                  Il est beaucoup plus difficile de critiquer quelqu’un qui se réfugie derrière la souffrance d’un autre et prétend oeuvrer à sa défense.

                                  Plus haut vous m’accusez d’utiliser ma souffrance pour me donner tous les droits et interdire la critique. Vous proférez là une accusation infondée et a priroi proférée a priori et infondée (vous, l’impartial. épris de justice..), puisque je n’en ai pas parlé de ma souffrance et n’ai même pas mentionné de quoi j’avais été victime.
                                  Mais c’est à peu près à cette instrumentalisation de la douleur que se livrent les politiciens quand ils prononcent leur discours de la peur puis justifient leurs mesures ou intentions sécuritaires au nom de la souffrance des victimes. C’est aussi ce que font tous les partisans de la peine de mort ou autres positions extrémiste. Et dans les deux cas, il n’est nullement question de l’intérêt des victimes. Il ne suffit pas de se proclamer porte parole pour l’être, ni de parler au nom de la souffrance d’un autre pour défendre et respecter ce dernier.

                                  Ce que vous nommez "sacralisation des victimes" renvoie en réalité à l’instrumentalisation de la souffrance - réelle ou supposée - de celles-ci par d’autres.
                                  Mais au lieu de vous en prendre aux personnes responsables de cette honteuse manipulation, vous persistez à reprocher aux victimes d’être ainsi utilisées. Sauf que leur participation à la manoeuvre s’arrête en réalité au simple fait d’exister en tant que victime, c’est à dire d’être des personnes en position de porter plainte pour des crimes ou des délits commis sur leur personne. Qu’à cela ne tienne ! C’est à cette existence humaine des victimes que vous vous attaquez.

                                  Pour le bien commum, vous jugez nécessaire qu’aucune de nous ne manifeste ailleurs que dans la sphère du privé son humanité si malséante. Mais comme vous confondez le privé et l’intime, il en résulte que nous devons toutes cacher ce que vous avons vécu en dehors du cercle de nos intimes.
                                  Une victime qui témoigne à l’audience d’un procès est pour vous quelqu’un qui "expose son intimité au public". Et si vous nous laissez quand même gracieusement la liberté de porter plainte, vous estimez préférable que personne ne nous voit, entende ou parle durant la procédure afin de ne pas risquer de voir l’impartialité des magistrats ou jurés altérée par la vision de la puanteur de nos plaies.
                                  Sur ce, vous n’oubliez pas d’ajouter que c’est dans bien sur dans notre intérêt que vous prônez une exclusion si radicale. (Vous pensez sérieusement être crédible dans votre bien pensance alors que vous insultez globablement toutes les victimes par ailleurs ?) Peu importe, pour vous "le procès infecte [nos] plaies dans la réalité de leur chair" (alors qu’en réalité c’est l’inverse... mais vous en vous foutez bien.) et "L’univers juridique se transforme en une foire où les avocats racolent leurs clients, le persuadent de son malheur" (ce qui suppose que notre malheur n’existe pas en l’asbsence de racolage d’avocat). Ce serait vraiment trop farfelu de supposer dans vos préjugés que les attentes des victimes puissent être relatives à leur intérêt plutôt qu’à leur destruction ?

                                  En bref, vous prônez une "saine" interdiction de notre expression et exclusion de notre participation à la vie collective.... que vous prononcez au nom de la justice et de l’égalité. Rien moins.
                                  Et pour toute justification à votre délire, vous vous en referrez au procès d’intentions que vous faites aux victimes sur la base de positions, ressentis et attentes que leur prêtez en vous identifiant à elles. Et à aucun moment bien sûr, vous ne vous interrogez sur la légitimité que vous pouvez bien avoir à parler au nom de personnes dont directement, vous ne savez rien. Cela ne vous effleure même pas. Pas étonnant que vous soyiez incapable de remarquer que ce ne sont pas les victimes qui s’expriment dans les médias !

                                  Si il vous est encore possible de marquer une petite pause dans votre développement totalitaire, pourquoi ne pas plutôt vous demander comment fonctionne cette intrumentalisation de notre souffrance qui s’opèrent en réalité dans notre silence ?
                                  Ce serait sans doute beaucoup moins rigolo pour vous que de jongler avec des néologismes creux qui reviennent à nier les victimes dans leur humanité, parler à leur place et les insulter. Mais au moins, vous analyseriez un phénomène réel et non l’illusion que vous en formez à partir de faux-semblants politiques et de ce que vous vous imaginez tout seul en regardant la télé.


                                • Illel Kieser ’l Baz 18 janvier 2009 12:00

                                  @auteur,
                                  vous pourriez citer l’auteur et l’édition.
                                  Quant à l’autorité, permettez moi de douter, non de sa connaissance du droit appliqué, de ses fondement oui. Ce n’est pas la première fois que l’enseignement d’une matière se dévoie de ses fondements. Et là, voyez-vous, sur les fondements du droit, sur l’anthropologie du droit, j’ai la modestie de revendiquer une certaine autorité.
                                  Je répondrai à vos assertions car elles me paraissent renvoyer à des idées du moment et il y a là une dérive inquiétante.

                                  C’est ce qui est intéressant dans votre article : la dérive de la réalité vers le mythe.
                                  C’est assez grave pour être relevé.
                                  Bonne journée


                                • Frédéric Degroote Frédéric Degroote 18 janvier 2009 11:43

                                  Oui, on a aucune légitimité pour tout. C’est pareil pour les banlieues, on ne peut jamais en parler car on n’y vit pas...

                                  Je crois que dans le texte initial - c’est quand même ça au départ le plus important - je ne fais pas un procès aux victimes, mais à ceux qui l’instrumentalisent et la victime tombera dans le piège médiatique par les médias, pas d’elle-même.

                                  "On passe alors du travail de représentation à un spectacle total, les auspices de la fin du procès classique. Que n’a-t-on pas vu de victimes défilées à la barre dans des catastrophes, exposer leur intimité en public, comme si la scène judiciaire n’était plus que la seule place publique disponible. Le privé et le public n’existe plus, principe pourtant fondamental dans la constitution de l’enfant vers l’adulte. En faisant croire à la victime que le privé doit déverser le tribunal, la justice donne une occasion de souffrances supplémentaires ; le jeu de la victime se retourne contre elle."

                                  Je ne pense pas parler contre la victime, je ne pense pas dire qu’une victime ne peut pas expliquer sa souffrance, bien sûr que si mais dans les limites du raisonnable. Il n’y a pas de places que pour elles.


                                  • Naja Naja 19 janvier 2009 12:12

                                    Vous écrivez un article pour discuter la place que la justice doit accorder aux victimes. Votre position est claire  : aucune.
                                    Et en conclusion du débat, vous commentez cela d’un " Il n’y a pas de places que pour elles. "

                                    Dans votre texte initial, vous vous êtes attaqué à chaque moment de la procédure où La Victime intervient. Vous lui prêtez alors une attitude que vous tournez en dérision. Vous accusez ensuite cette prétendue posture de conférer à La Victime un pouvoir susceptible de corrompre la justice. En conséquence de quoi, vous prônez l’exclusion totale de La Victime.
                                    Vous suggérez ainsi de départir les personnes justiciables (dont moi) de l’ensemble de leurs droits dans la procédure pénale relative aux crimes ou délits commis (ou allégués) sur leur personne. Jusqu’à nier le fait qu’ils existent en tant qu’être humain, ce qui revient soit à nier leur humanité, soit la réalité du préjudice, soit les deux.
                                    Ce faisant, vous les (nous) avez aussi insulté en vous obstinant à prendre pour réalité les comportements tour à tour indignes, pathétiques, totalitaires et auto-destructeurs que vous prêtez à votre figure imaginaire de La Victime.
                                    Et vous concluez  : "Je ne pense pas parler contre la victime".
                                    C’est beau !

                                    Etes-vous plutôt stupide ou de mauvaise foi ?

                                    La question que je me pose est la suivante  : A quel moment avez vous-réalisé (si tant est que ce soit arrivé) qu’en déblatérant sur La Victime, vous vous en référiez à des personnes physiques réelles ?

                                    Pour vous, dénoncer des infractions au pénal, c’est un jeu de La Victime. Organiser une confrontation, c’est faire un simulacre de procès où La Victime sera à la fois juge et partie dans la mise en accusation de son bourreau. Et La Victime qui témoigne à l’audience des crimes jugés se donne en spectacle impudiquement.
                                    A ce point, vous devriez réfléchir aussi à l’exclusion des accusés, la suppression des cours d’assises (fichus jurés aveuglés par La Victime), et le remplacement des magistrats par des ordinateurs.
                                    Vous vous rapprocheriez d’autant de votre idéal de la justice déshumanisée.

                                    Une dernière chose  : ce n’est pas La Victime qui tombe malgré elle dans le piège médiatique, c’est vous. En refusant de vous apercevoir que la personne victime ne s’y exprime pas et que vous l’identifiez tout seul à votre mythe.



                                  • Internaute Internaute 19 janvier 2009 09:48

                                    Article trés intéressant qui explique bien le fonctionnement du système. Vous dites que « le but essentiel de la justice est d’assurer la paix civile ». La justice devrait se rapprocher de cet objectif et condamner en fonction du tort causé à cette paix civile. Par exemple, les vols sont à peu prés sortis du domaine pénal, les chèques sans provisions ne sont plus un délit, le vol à la tire ou dans les appartements n’est que rarement condamnés. Il s’en suit une dégradation importante de la paix civile, l’ensemble des citoyens étant toujours sur le qui-vive, anxieux de savoir si leur porte est bien fermée, s’ils n’ont pas oublié le cadenas sur leur mobylette et serrant leur sac contre leur poitrine lorsqu’ils marchent dans le métro.

                                    Le tort causé par la petite délinquance à la société est bien plus important que celui causé par la grosse délinquance mais qui fait les délices des journalistes. Il faudrait donc des peines incompressibles beaucoup plus sévères pour la petite délinquence qui gâche la vie de tout le monde. Le délinquant qui est en prison ne commet pas de délits pendant ce temps là et cette simple vérité est trop souvent oubliée par la justice.

                                    Vous citez souvent le code anglo-saxon. Il a une particularité horrible et immorale qui est la liberté sous caution. La seule chose qu’elle signifie est que les riches sont au-dessus des lois ce qui est fondamentalement en contradiction avec le principe d’égalité des citoyens devant la loi.

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