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« La série L » désertée ? Mais qu’elle devienne donc enfin « la série I » comme information !

Faut-il pleurer, faut-il en rire ? « La série L » du baccalauréat serait « menacée d’une extinction rapide », lit-on dans un rapport de l’inspection générale, selon Le Figaro.fr du 13 juin 2006. Elle aurait perdu 28 % de ses effectifs en vingt ans. Une conférence tenue à la Sorbonne le week-end dernier a, selon le même journal, dressé un état des lieux alarmant : « Un bon élève va toujours en S, lit-on, un élève moyen en ES et un médiocre va en STG (sciences et techniques de gestion) et s’il n’y a pas de place en STG, il va en L ».

On est tenté d’y voir une bonne nouvelle. Rien n’oblige autant à une révision radicale que l’échec. Cette défection massive des élèves en est un. Reste à en détecter les raisons. À l’évidence, les autres séries sont attrayantes parce qu’elles sont perçues comme utiles, en ouvrant sur des compétences recherchées et nécessaires dans la vie future, tant professionnelle que personnelle. On ne peut en dire autant de « la Série L ».
 
L’enseignement du Français dévasté par le formalisme
 
Il est intéressant de relever que sa baisse d’effectifs de 28 % sur vingt ans est en corrélation avec l’invasion progressive du formalisme dans l’enseignement du Français qui farcit les têtes de catégories scolastiques inutiles, voire erronées. Or, on le sait depuis Guillaume d’Occam (13ème /14ème siècle), « il ne faut pas multiplier les catégories sans nécessité  ». Car c’est ainsi qu’on crée des confusions dans les esprits par des distinctions infondées entre éléments comparables. En outre, ces catégories font diversion et attirent l’attention sur le médium et non sur ce qu’il exprime, une façon de faire « regarder le doigt quand il montre la lune ».
 
Une typologie des discours infondée
 
On se contentera d’un exemple dans le cadre réduit de cet article (1). L’enseignement du Français est aujourd’hui structuré autour d’une prétendue « typologie des discours » distinguant en particulier « le discours narratif », « le discours descriptif », « le discours explicatif », « le discours informatif », « le discours argumentatif ». Il y a quelques jours, le journal Le Monde faisait ainsi réviser aux candidats du bac « l’argumentation » (2). 
 
Or, cette typologie n’a aucune portée opérationnelle, puisque ces catégories, artificiellement isolées, se mélangent dans tout discours. Quelle narration ne comporte pas de description ou d’explication et n’est pas à elle seule une argumentation par la mention ou l’omission calculées d’une représentation de faits ?
 
Un discours informatif qui n’existe pas
 
Mieux, « le discours informatif » enseigné n’existe pas. Car, selon le catéchisme scolastique en vigueur, « le discours informatif » serait celui qui n’influence pas. Les promoteurs de ces erreurs – conseillers ministériels, directeurs des lycées et collège au ministère, inspecteurs ou recteurs - ont beau dépenser depuis vingt ans beaucoup d’énergie dans leurs propres ouvrages comme dans les instructions officielles du ministère de l’Éducation Nationale pour les propager : ils se sont couverts de ridicule. La réalité résiste à leur hallucination qu’ils entendent faire partager. Toute information, quelle soit donnée, cachée ou extorquée, ou même qu’elle se limite à un silence, influence ! C’est ainsi. « La loi d’influence » est à la relation d’information ce qu’est « la loi de la pesanteur » à la tombée des objets sur terre et donc à leur établissement.
 
Une totale indifférence à la notion de fiabilité de l’information
 
Cet intérêt pour des catégories scolastiques inutiles ou erronées fondées sur le déni d’une loi d’influence qui régit les relations entre les êtres vivants, s’accompagne de surcroît d’une totale indifférence à la notion de fiabilité de l’information. À en croire les propagandistes de ces erreurs, un auteur, par exemple, est réputé sincère a priori. Or sincérité de l’émetteur ne signifie pas fiabilité de son information. On peut se tromper en toute sincérité. Voilà une confusion, en tout cas, qui ne peut que satisfaire les démagogues, certains de pouvoir ainsi avoir en face d’eux des gens éduqués dans la crédulité.
 
Une définition erronée de l’information
 
Surtout, l’École enseigne la théorie promotionnelle de l’information que, pour tenter de gagner en audience, les médias ressassent à longueur de temps. Celle-ci repose sur une définition erronée de l’information. Par prudence ou hypocrisie, sans doute, l’École s’abstient de la livrer explicitement : cette définition se déduit seulement de l’usage qu’elle fait des mots « informer » « informatif » ou « information » en les confrontant à d’autres. Le mot « informer » est, par exemple, employé dans une série de mots qui s’opposent, telle que celle-ci : « (L’élève doit pouvoir), lit-on dans le Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale N°12 du 23/03/1989, reconnaître les objectifs du message : exprimer des faits, des idées, des sentiments, informer, expliquer, argumenter, démontrer, persuader, inciter à une action, chercher à influencer, réfuter, questionner, etc... »
 
Il ressort, par simple opposition entre les termes, qu’ « informer » diffère de « persuader », d’ « argumenter » comme d’ « expliquer » et consiste donc à transmettre « un fait avéré  », sans volonté d’influencer. Les médias en font autant en opposant « information » à « commentaire », « opinion », « intox », « désinformation », « communication » : ils veulent faire croire que le mot « information » est synonyme de « vérité » : or c’est un leurre (3).
 
L’École a, on le voit, de la suite dans les idées : le déni d’influence de l’information est une règle cardinale qu’elle inculque avec constance. Malheureusement, nul ne peut échapper à la loi d’influence, qu’il parle ou écoute, pas plus qu’on ne peut se soustraire sur terre à la loi de la pesanteur, même en battant des bras pour tenter de s’élever dans les airs.
 
La fable « Le Mycologue inconscient »
 
On a illustré cette obstination coupable dans l’erreur du ministère de l’Éducation nationale et de ses propagandistes par une fable qu’on a déjà racontée sur AgoraVox. Chacun pourra en profiter pour expérimenter sur lui-même combien « le discours narratif » de la fable est aussi « un discours argumentatif » qui ne peut manquer de chercher à influencer le lecteur. Cette fable est intitulée « Le Mycologue inconscient  ».
 
« Il était une fois un professeur de mycologie dont l’unique souci était d’apprendre à ses étudiants à classer les champignons selon la forme du pied, du bulbe ou du chapeau : bolets, cèpes, girolles, trompettes de la mort et amanites se distinguaient ainsi selon leurs apparences. Cela faisait joli dans les tableaux de classification du mycologue.
 
Tout frais émoulus de leur nouveau savoir si excitant, les étudiants coururent aussitôt dans les prairies et les sous-bois cueillir, au vent léger, tous les champignons qui leur tombaient sous la main. Le lendemain, on déplorait parmi eux plusieurs morts et un bon nombre de malades : leur professeur inconscient avait tout simplement négligé de leur enseigner la technique pour distinguer les champignons comestibles de ceux qui sont vénéneux ou hallucinogènes. »
 
Ne pourrait-on pas reprocher à cet esthète des champignons d’avoir manqué à une obligation de précaution ? L’Éducation Nationale n’encourt-elle pas le même reproche de négligence coupable à laisser ses élèves ignorer les moyens de mesurer la fiabilité d’une information dont peuvent dépendre une décision, une stratégie, voire une vie ? Car, si la forme d’un champignon permet parfois de distinguer le comestible du mortel, dans le cas des types de discours, à l’évidence, ce n’est pas la forme de transmission par narration, description, explication ou argumentation qui aide à observer si une information est fiable ou non.
 
Une connaissance indispensable : les leurres et illusions de l’univers médiatique
 
L’évaluation du degré de fiabilité d’une information exige, au contraire, une connaissance sérieuse du fonctionnement de la relation entre émetteur et récepteur et de la théorie expérimentale de l’information qui en découle, voire d’ « une science des leurres » qu’on pourrait nommer « la leurrologie ». L’univers médiatique est en effet constitué d’un réseau de relations où le récepteur peut être le jouet d’illusions et de leurres combinés (4). Ceux-ci sont de deux natures : les premières sont structurelles, les seconds conjoncturels.
 
1- Des illusions structurelles
 
Les illusions structurelles sont celles qui sont indépendantes des lieux et des époques, comme les illusions produites par le médium qui ne livre qu’ « une représentation de la réalité  » : ainsi « une information » n’est-elle jamais « un fait  » auquel on accède, comme l’enseignent l’École et les médias, mais seulement « la représentation d’un fait  » : « Ceci n’est pas une pipe  » dit la légende de Magritte sur le tableau où il a peint une pipe : en effet, ce n’est que « la représentation d’une pipe » qu’on ne peut saisir pour fumer par exemple. Un proverbe d’ailleurs met en garde contre cette confusion dommageable : « Qui voit le ciel dans l’eau, voit des poissons dans les arbres ». Si l’on prend, en effet, « la représentation du ciel réfléchi par l’eau » pour le ciel lui-même, toutes les hallucinations deviennent possibles : on n’est pas étonné alors de voir des poissons évoluer entre les branches des arbres qui se reflètent dans le plan d’eau.
 
Parmi d’autres illusions structurelles, on relève l’illusion de la gratuité de l’information  : elle découle du principe fondamental de la relation d’information selon lequel nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. De même faut-il se garder de l’illusion de l’exhaustivité de l’information pour la même raison et en vertu de la contrainte de l’exiguïté du temps et de l’espace de diffusion de l’information : temps d’antenne et colonnes de journaux sont limités et l’attention du récepteur est volatile ; il est plus prudent d’avoir en tête l’illusion de l’iceberg qui montre moins qu’il ne cache : le secret peut occuper une place considérable dans la relation d’information.
 
2- Des leurres conjoncturels
 
Aux illusions structurelles de l’univers médiatique, qui brouillent déjà la vue, les acteurs de la relation d’information accroissent la confusion en ajoutant leurs propres leurres conjoncturels qui varient selon les situations et les besoins. Nulle malveillance ne les dicte pour commencer, mais la nécessité : la cible humaine est, en effet, par nature indocile. Tout est alors bon pour tenter de capter l’attention du récepteur et d’obtenir de lui qu’il adhère à l’idée, au produit ou à la personne dont on fait la promotion. Un inventaire des leurres s’impose donc, qu’il s’agisse de ceux qui trompent ou inhibent l’exigence de rationalité comme le leurre de la mise hors-contexte, ou que ce soient ceux qui subornent l’exigence d’irrationalité, comme les leurres d’appel sexuel, humanitaire, autoritarien ou conformiste et tant d’autres.
 
L’information vue par le pêcheur ou par le poisson ?
 
On reste confondu de voir que dans « une société dite de l’information », l’École désoriente à ce point les futurs citoyens en leur inculquant des erreurs qui leur interdisent de comprendre la relation d’information. C’est que l’enseignement de l’information dépend du point de vue auquel on se place. Puisque les médias désignent leur public comme des « cibles » à atteindre, on peut réduire l’approche de l’information à deux points de vue : celui du pêcheur et celui du poisson.
 
Il va de soi que l’approche de l’information du pêcheur n’est pas celle du poisson. Le pêcheur a tout intérêt, s’il ne veut pas rentrer bredouille, à cacher au poisson les leurres qu’il utilise pour tenter de le capturer. En revanche, il est de la plus haute importance pour le poisson de les connaître s’il ne veut pas finir dans la poêle à frire. Malheureusement l’École a choisi d’enseigner au poisson le point de vue du pêcheur en se gardant de divulguer ses leurres. On voit, par exemple, l’erreur d’une absence d’éducation aux leurres quand on entend certains dire que « le sexe fait vendre  ». Non, ce n’est pas le sexe, mais le leurre d’appel sexuel qui, en captant d’abord l’attention, facilite la promotion d’un produit qui peut même être de lui très éloigné, comme les lunettes d’un opticien (voir photo d‘illustration ci-contre) (5). Ce n’est pas pareil : le leurre d’appel sexuel est au sexe ce que la mouche artificielle du pêcheur est à l’insecte : la truite ne fait pas la différence et c’est ce qui cause sa perte en sautant pour gober le leurre.
 
L’apprentissage de l’information ne devrait-il donc pas structurer l’enseignement du Français de « la Série L » devenue « la Série I » comme information  ? La relation d’information est si complexe qu’elle nécessite une approche graduelle et à temps plein : rien n’est plus difficile à percevoir que l’existence d’illusions et de leurres. On peut être sûr que les élèves accourraient dans cette section. On l’a soi-même expérimenté à son niveau : élèves et étudiants étaient passionnés par cette approche de l’information. On entend bien sûr l’inquiétude des partisans d’un enseignement traditionaliste sur le sort réservé aux Classiques. Qu’ils se rassurent ! Les Classiques ne sont-ils pas les premiers à savoir user des leurres avec maestria et pour certains à les analyser ? Qu’on songe au hasard à Descartes, Pascal, Molière, Fontenelle, Beaumarchais, etc. Et les « Fables » de La Fontaine donc ! Elles sont à elles seules un manuel de rêve qui illustre les leurres en usage dans la relation d’information, à quelques lacunes près, comme le leurre d’appel sexuel que La Fontaine a pourtant abondamment pratiqué dans ses « Contes ». On laisse, par exemple, au lecteur le soin de tirer la morale de « La Cigale et la Fourmi », que l’auteur s’est gardé d’expliciter. Cette fable ouvre le recueil et ce n’est sans doute pas un hasard : n’illustre-t-elle pas le principe fondamental qui régit la relation d’information quand on l’oppose à la seconde fable, « Le Corbeau et le Renard » ? Paul Villach
 
(1) Pour une analyse plus approfondie, voir Paul Villach, « Les infortunes du Savoir sous la cravache du Pouvoir  », Éditions Lacour, 2003. 
(2) Paul Villach, « La prétention du journal Le Monde à exercer une autorité pour séduire les candidats bacheliers », AgoraVox, 4 juin 2010.
(3) Paul Villach, « Canal Plus, en croisade contre Internet, se retrouve condamné pour diffamation envers P. Karsenty  », AgoraVox, 14 juin 2010.
(4) Paul Villach, « Les médias, la manipulation des esprits, leurres et illusions  », Editions Lacour, 2006
Pierre-Yves Chereul, « L’heure des infos, l’information et ses leurres  », Éditions Golias, 2009
(5) Cette publicité de l’opticien MIKLI est parue dans le journal Le Monde le 27 septembre 2002.

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27 réactions à cet article    


  • morice morice 16 juin 2010 12:17

    Paul, merci pour ce texte qui démontre le double langage de l’état... qui préconise l’apprentissage sans favoriser une filière qui pourrait en être proche ;


    sI je puis me permettre une suggestion, intéressez-vous donc aux DEUX versions de l’affiche de l’apéro de la goutte d’or : c’est plein d’enseignementss. Oui, avec deux « s ».

    • Pyrathome pyralene 16 juin 2010 18:19

      mmmmh...ensaignementss c’est mieux......


    • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 18:42

      @ Pyralène

      Zen parle du « plaisir du texte ».

      1- Mais est-ce que le plaisir s’enseigne ? Tout au plus les conditions qui favorisent le plaisir, peuvent-elles être réunies, sans que le plaisir soit forcément au rendez-vous.
      2- Mais en priorité, n’est-ce pas comme pour les champignons de mon « mycologue inconscient » ?
      Avant d’envisager de goûter au plaisir de les déguster, ne faut-il pas d’abord s’assurer qu’ils ne sont ni toxiques ni hallucinogènes ? Voilà une mission impérative de l’École !
      N’en va-t-il pas de même pour les « textes », je préfère dire pour l’information ? Paul Villach


    • Pyrathome pyralene 16 juin 2010 20:06

      Avant d’envisager de goûter au plaisir de les déguster, ne faut-il pas d’abord s’assurer qu’ils ne sont ni toxiques ni hallucinogènes ? Voilà une mission impérative de l’École !...

      Absolument  !!! la liberté passe par l’esprit de discernement et l’école de la république a justement le devoir de cette mission délicate et ce serait un vrai désastre intellectuel de ne plus y répondre....


    • Nicolas 16 juin 2010 20:17

      A te lire pyralene, on se dit que l’école de la République a échoué dans les grandes largeurs, mais je lui pardonne car à l’impossible nul n’est tenu. 


    • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 12:30

      @ Morice

      Merci de l’information. Je vais y regarder de plus près. Paul Villach


      • ZEN ZEN 16 juin 2010 12:38

        Paul
        D’accord sur certain points avec vous
        Mais il faut d’abord et surtout que l’on s’éloigne de l’enseignement purement formel et déséchant de la langue qui sévit actuellement,surtout dans la préparation au Bac, pour faire retrouver aux élèves le plaisir du texte, l’envie de lire...
        Vaste programme !


        • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 14:23

          @ Zen

          Je ne comprends pas votre réponse. N’est-elle pas contradictoire ? Éloigner de l’enseignement formel, dites-vous, et « retrouver le plaisir du texte, l’envie de lire ».

          « Le plaisir du texte » peut-il être une fin en soi ? N’’est-ce pas ce qu’il y a de plus formel qui soit ? N’est-ce pas regarder le doigt quand il montre la lune, ou même quand il ne montre que le vide, comme un tableau blanc par exemple ?

          En ce qui me concerne, ne m’intéresse que le texte qui m’apprend quelque chose.

          L « aboli bibelot d’inanité sonore » de Mallarmé m’a toujours barbé ! Paul Villach


        • ZEN ZEN 16 juin 2010 14:43

          Non, Paul
          Si l’analyse (logique, sémiologique, etc...) est nécessaire pour comprendre la structure d’une oeuvre,(comme l’analyse musicale pour saisir le sens d’une partition), l’objectif final est le plaisir, la jouissance d’une oeuvre, au sens où l’entendait R.Barthes (Le plaisir du texte)
          Sinon, la littérature ne vaut pas une heure de peine
          On entend au bac français des élèves (ânes savants ?) débiter des concepts plaqués, non intériorisés, et ne faire part d’aucune émotion en parlant d’un poème de Baudelaire. Ce n’est pas nouveau, mais le formalisme gagne du terrain


        • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 14:52

          @ Zen

          J’avais bien entendu résonner le Barthes qui a lui-même dérivé dans le formalisme et son « plaisir du texte »...
          Je préfère le premier Barthes de « Mythologies » ou de son étude sur Racine.

          Et je suggère que se développe non le formalisme de « la sémiologie », mais une « leurrologie » ou science des leurres. Paul Villach


        • L'enfoiré L’enfoiré 16 juin 2010 12:42

          "La relation d’information est si complexe qu’elle nécessite une approche graduelle et à temps plein"

          Incontestable. Elle ne dépend pas d’une langue. Elle est universelle.
          Alors, s’attacher à des Séries, c’est plutôt ringard.
          Intéressez-vous à ceci. Vous verrez qu’il y a autre chose que des séries.
          Ca vous changera.
           smiley


          • Luc Paul ROCHE Luc Paul ROCHE 16 juin 2010 13:20

            @ Paul Villach

            La série L, dont je déplore la disparition (disparition contre laquelle je continuerai à lutter même si le combat est peut-être déjà perdu), est une série qui, dans son principe, est aussi prestigieuse, vénérable et utile, au sens le plus large du terme, que les autres.

            Vous avez raison de montrer qu’elle a été victime du formalisme comme d’ailleurs toutes les séries, le « formalisme » n’étant qu’un des aspects du pédagogisme, qui a comme vous le savez de très multiples visages.

            D’un point de vue professionnel, la disparition de la série L aura de très lourdes conséquences pour les enseignants, et notamment pour les professeurs de Lettres et de Philosophie. En ce qui concerne les enseignants de philosophie, la série L représente la moitié d’un service.

            La filière L aurait pu être une filière d’élite : savante, humaniste, lucide ; dans les faits, elle est surtout une filière d’un médiocre niveau. Je le déplore, c’est une conséquence de la culture utilitariste d’aujourd’hui qui la présente comme une filière sans débouchés, alors même qu’aucune filière, quelle qu’elle soit, n’a de véritables débouchés (les filières professionnelles, par exemple, ont connu un démantèlement pire encore que les filière générales, alors qu’elles sont censées être professionnalisantes).

            Le rôle de l’École n’est pas, de toute manière, de conférer un emploi, mais de conférer une Culture. Dans le principe, elle forme le citoyen et non pas l’homme de métier ; dans la réalité, elle ne forme plus ni l’un ni l’autre.

            Le plein-emploi est un problème totalement indépendant de l’École, et dépend exclusivement d’un certain niveau de partage des richesses. Dans un contexte d’ultra-capitalisme, tout le monde se retrouve au chômage : littéraires, scientifiques, docteurs, CAPistes, techniciens, ouvriers, sur-qualifiés et sous-qualifiés peu importe. Il n’est qu’à considérer le chômage ahurissant des jeunes doctorants scientifiques eux-mêmes.

            Bref : je n’ai pas de solution à proposer ; je continue à militer pour la sauvegarde des L, mais sans illusions. La disparition des L ce sera par exemple la disparition de la moitié des profs de philo. La disparition des L ne relèvera pas non plus le niveau des autres sections. La disparition des L n’est qu’un aspect du démantèlement général de nos institutions. La disparition des L ne changera rien au chômage de masse, et même l’aggravera. La disparition des L au profit de filières « utiles » n’augmentera pas d’un pouce l’emploi des jeunes. Les filières « utiles » elles-mêmes n’auront rien d’ « utile ». l’École elle-même n’est pas « utile ». Seuls les salariés-esclaves, surtout ceux des pays à bas coût de main d’œuvre sont « utiles » aux yeux des ultralibéraux. Qu’on soit biologiste ou pâtissier, philosophe ou mâçon, les libéraux nous adressent aujourd’hui un message de mort universel.

            J’ai rarement été aussi pessimiste dans ma vie...


            • ZEN ZEN 16 juin 2010 13:23

              LP Roche, bonjour

              Je fais les mêmes constats et je partage votre pessimisme


              • Massaliote 16 juin 2010 13:24

                Article intéressant. L’enseignement du français ? A la trappe ! Des fois qu’ils arrivent à lire la Princesse de Clèves ! Si Iznogoud lui-même n’y parvient pas il serait inconvenant que d’autres le fassent. Notre Iznogoud américanopathe sait se faire obéir. Ca sera anglais dès la maternelle pour tous ! Et les parents qui ne seront pas d’accord se verront supprimer les allocs et toute autre prestation sociale. Bannis smiley


                • Jojo 16 juin 2010 13:51

                  « Un bon élève va toujours en S, lit-on, un élève moyen en ES et un médiocre va en STG (sciences et techniques de gestion) et s’il n’y a pas de place en STG, il va en L »

                  Pour résumer, un déjà médiocre ne va en « L » que faute de place en STG. Mazette et ma zézette quel aveu ! j’imagine que ça a du vous coûter d’écrire ça… Même si je ne doute pas du fait que pour vous ce soit différent, en effet vous y êtes visiblement, que dis-je ma-ni-fes-te-ment, allé par vocation et évidemment que vous aviez le choix… vous smiley

                  Pareil ici, les meilleurs sont matheux sauf ceux qui y renoncent parce qu’ils se destinent à faire médecine, ensuite « S », enfin ça se décante petit à petit jusqu’en bas, où l’on retrouvera les futurs verbeux lisant beaucoup ne percutant pas grand-chose. C’est ainsi.

                  Au lieu du « I » que vous proposez pour inciter les meilleurs à aller en « L », je suggère plutôt un « B » comme Béa, avec un effort soutenu de publicités et de leurres en tous genres voire de nus prometteurs. A c’t âge, rien d’autre ne peut le disputer aux intégrales dans la tête des petits génies.

                  Et si ça ne marche pas, ben tant pis hein, l’humanité n’aura qu’un seul expert en mises en abyme et en extorsion de l’information sans le moindre disciple smiley


                  • silversamourai silversamourai 16 juin 2010 13:59

                    Les enseignements dont vous parlez ,auxquels j’aimerai ajouter l’histoire et la géographie ,avaient été nommées par nos ancêtres par le noble terme .....humanités.....
                    à méditer.....


                    • L'enfoiré L’enfoiré 16 juin 2010 14:22

                      D’accord.
                      Il y a aussi humilité qui avec humanité.
                      Vous n’avez pas encore vu le dernier « Vu du ciel ». Ce sera ce soir pour vous, nous c’était hier soir.
                      Très différent des autres.
                      Le Bengladesh comme point d’orgue.
                      Des français, là-bas qui font un travail éblouissant.
                      Une américaine riche qui a changé du tout au tout de vie pour aller en Afrique du Sud
                      Plus de cocorico. On ne sa gargarise plus.
                      La géographie mise à l’épreuve du feu.
                      smiley


                    • Pyrathome pyralene 16 juin 2010 14:50

                      « Un bon élève va toujours en S, lit-on, un élève moyen en ES et un médiocre va en STG (sciences et techniques de gestion) et s’il n’y a pas de place en STG, il va en L ».

                      Voilà une bien affreuse image d’Épinal.......que l’on martèle au delà de la raison !
                      et qui malheureusement se concrétise dans les faits, le « mentez, mentez, il en restera bien quelque chose » de sinistre mémoire se vérifie tous les jours....
                      La vérité est que la filière L est aussi noble que la S, on veut simplement la dévaloriser pour toutes les raisons que vous venez d’expliquer pertinemment avec brio....


                      • Petitou Petitou 16 juin 2010 17:01

                        Au cas ou tu ne serais pas au courant ça s’appelle la réflexion un truc très utile enseigné en philo qui vaut coef 7 en série L !


                        • antonio 16 juin 2010 18:06

                          Que le formalisme et la multiplication des catégories scolastiques aient « tué » l’enseignement du français , aient « tué » le plaisir que procure la découverte de la littérature , c’est vrai.
                          Et à cela, vous voulez substituer un autre formalisme, d’autres catégories scolastiques en prônant la transformation de la série L en série I comme information ( l’information, ses leurres, etc...)

                          En fait, sous couvert de dénoncer le saccage réel de la section L, vous nous vendez une fois de plus votre « salade » , votre « dada » obsessionnel qui est l’alpha et l’oméga de vos écrits.


                          • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 18:55

                            @ Antonio

                            Désolé de vous décevoir, Monsieur.
                            Je ne me contente pas comme vous de critiquer : nous ne chevauchons pas le même « dada ».

                            Je fais, moi, des propositions sérieuses pour sortir de ce marasme indigne de l’École qui fabrique des analphabètes en matière d’information.

                            Mais c’est vrai, ces propositions nécessitent une révision profonde de la section.
                            À y bien réfléchir, l’adjectif « littéraire » appliqué à une section scolaire est vide de sens !

                            « Information » a le mérite de signifier quelque chose dans une société de l’information. Paul Villach


                            • antonio 16 juin 2010 19:54

                              « l’adjectif littéraire appliqué à une section scolaire est vide de sens »
                              Si j’ai bien compris ( avec vous sait-on jamais ? ) exit Baudelaire, Céline, Gide, Rabelais, Camus, Verlaine, Diderot, Char, Zola, Voltaire, etc....
                              Au moins les choses sont claires  !


                            • Hermetique 16 juin 2010 19:09

                              Vous suggérez donc qu’on enseigne le décryptage des pubs La Redoute ou des pubs Carlsberg, en lieu et place de l’étude des textes de Montesquieu ou de Voltaire ?


                              • Paul Villach Paul Villach 16 juin 2010 19:33

                                @ Hermétique

                                Je vois que vous avez des difficultés de lecture. Quel a été votre cursus ? Pas fameux apparemment  ! La scolastique réserve des surprises !
                                Vous démontrez, du moins, qu’il convient de savoir faire le tri entre les champignons toxiques et les champignons comestibles avant tout !

                                Relisez mon article avant d’écrire des bêtises ! Paul Villach


                                • l'homme pressé l’homme pressé 16 juin 2010 21:41

                                  Justement, Villach : à propos de champignons
                                  J’ai à te faire part d’un communiqué d’un ancien d’AV, désormais tricard :

                                  Cher Monsieur Popaul, vous avez voulu faire le malin en inventant la fable du mycologue inconscient que voici :

                                  « Le mycologue inconscient ».
                                  « Il était une fois un professeur de mycologie ..."
                                  etc, etc, ...
                                  [...] pour distinguer les champignons comestibles de ceux qui sont vénéneux ou hallucinogènes.  »

                                  Voilà, alors le mycologue que je suis, même à mon niveau d’un bon amateur, va vous apprendre quelque chose : à part ingérer ces champignons et attendre de voir ce qui va passer, il n’existe pas de technique ou de méthode pour distinguer les champignons comestibles de ceux qui sont vénéneux ou hallucinogènes, autre que précisément apprendre à les reconnaître, c’est-à-dire à les classer «  selon la forme du pied, du bulbe ou du chapeau  » et quelques autre signes objectifs comme la couleur, la disposition des lamelles ou des tubes etc….
                                  Autrement dit pour savoir que le champignon représenté ici en photo est mortel il faut, d’une part savoir reconnaître en lui le cortinaire montagnard et, d’autre part, savoir que ce cortinaire montagnard est mortel. Il n’existe aucune méthode « générale » qui puisse éviter de connaître précisément l’espèce, sinon un « truc » mais qui ne concerne que les lactaires et les russules. Encore faut-il être capable, d’abord, de déterminer ces deux variétés.
                                  Si bien que l’exemple que vous donnez prouve exactement le contraire de ce que vous vouliez démontrer.
                                  Et nous, de nous tordre de rire….

                                  Voilà, Docteur Scweitzer. Il importait que ce fût dit
                                  L’homme pressé


                                • Marc Bruxman 16 juin 2010 20:00

                                  On pourrait plutot se poser la question : Y a t’il une place pour une filliére « 100% lettres » au bac ? 


                                  L’erreur de la filliére lettre est d’une certaine façon d’élaguer tout le reste. Un horraire de Maths ridiculement bas, de même en Sciences, pas d’économie. 

                                  Bref, on apprend à manier le verbe, mais on a pas la culture qui permet de comprendre le monde actuel. Lorsque le monde était « simple » une telle formation avait du sens. Beaucoup de sens même. 

                                  Mais le monde a cessé d’être simple. Et donc si avant la bonnes connaissance des lettres permettait d’avoir une excellente culture générale et d’être prêt pour des responsabilités ce n’est plus le cas aujourd’hui. 

                                  En spécialisant les bacs, la réforme a de ce fait tué le bac L, son niveau en sciences et en économie étant insuffisant pour répondre aux besoins. 

                                  Il faut aussi noter que le focus vers les arts qui a été pris est insuffisant du fait que la plupart des disciplines artistiques sont aujourd’hui fortement technicisées. Et que leur pratique requiert de solides compétences en économie (gestion) vu les sommes engagées. 

                                  Si l’information devenait le sujet de ce bac, cela ne pourrait se faire sans de solides compétences sur les techniques qui sous-tendent la circulation de l’information (le média). 

                                  Quand à la philosophie, elle nécéssite de comprendre le monde, ce qui n’est pas possible sans d’excellentes bases scientifiques et économiques. Parler sans connaitre ne serait pas de la sagesse mais du bavardage inutile. (je vais me faire scuder sur celle la mais tant pis ;)). 

                                  Cela ne veut pas dire qu’une formation en lettre est inutile. Mais il est préférable qu’elle vienne après. 



                                  • L'enfoiré L’enfoiré 17 juin 2010 11:55

                                    Salut Marc,

                                     La philologie romane, comme nous l’appelons, sans lui attribué de lettre « L », « I » ou que sais-je est une branche est très bien définie derrière le lien venant de Suisse :

                                    L’éventail des définitions possibles de la philologie romane, branche éminemment interdisciplinaire, est assez large, sa notion est plutôt mouvante, sans qu’on puisse dire qu’elle soit floue. Vu l’ampleur du domaine qu’elle couvre, son enseignement est dans une certaine mesure conditionné par l’orientation personnelle de chaque chercheur ou par les traditions des différentes écoles philologiques.

                                    Il s’agit d’une branche éminemment historique, qui vise à étudier les faits linguistiques et culturels dans l’optique de leur évolution, du changement dans le temps, cherchant à les situer par rapport à ce qui précède et à ce qui suit, dans la conviction que la connaissance des antécédents et des changements successifs permettront une meilleure approche et une connaissance plus intime de la réalité linguistique et culturelle que l’on est en train d’étudier.

                                    Il ne faut pas lui attribuer plus.
                                    Science humaine comme les autres. Le numérique lui semble souvent lui faire la nique aujourd’hui.
                                    On appelle cela la fracture numérique.
                                    Je me souviens, il y avait les trois parties distinctes déjà à l’origine.
                                    Latines, sciences et mathématiques. La filière classique ou moderne.
                                    Cela a-t-il changé ?  smiley
                                    Qui gagnera ? 

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