Le « costard » de votre majesté est avancé ! Fabliau. 1
L'Oligarchie est un royaume qui s'étend sur les deux hémisphères de la planète. Ses habitants se nomment les Oligarques et passent pour heureux, très riches et pratiquent l'entre-soi. Ils prennent un soin extrême de leur petite personne, parfumés, lustrés, policés, manucurés, épilés, bronzés, brushingués, implantés, faux tifs, faux nibards, bref, soignés aux petits oignons. Ils sont réputés être stakhanovistes du travail... Travail toujours exécuté par d'autres qu'eux-mêmes, des armadas, mais essentiellement pour leur compte. Ils captent vers eux des sommes d’argent phénoménales qui ruissellent directement dans leurs comptes off-shore, amenuisant par un effet de vases communicants, les finances des gens ordinaires auxquels ils prêtent bien des vertus animalières, comme celles de grosses vaches à lait, ou de moutons à tondre… raclant allègrement et au tractopelle, avec un jargon affûté de maîtres ès finances tout ce qui de près ou de loin ressemble à un budget public nourri abondamment par les contribuables. Beaux ou laids, les Oligarques sont riches à milliards, trilliards...
En royaume d’Oligarchie existent deux sortes d’habitants, les riches et les pauvres. Les riches, ces petits dieux capricieux sur notre pauvre planète sphérique ne la trouveront jamais assez spacieuse pour y barboter dans le bonheur… Leur bonheur à eux, s’entend, puisque celui des pauvres ils s’en battent les côtelettes et n’en ont rien à faire. Le pauvre est né pour être pauvre et malheureux, c’est là son seul destin. Les riches, eux, sont nés pour goûter aux joies éperdues de la vie, qu’ils trouvent bien trop courte. C’est la raison pour laquelle, ils essaient d’inventer grâce aux artifices de la Science, « l’’immortalité », ! J’y goûterai bien encore davantage et longtemps à mon farniente hédoniste, car, philosophe dans l’âme, je ne conçois de l’idée de la mort, que lorsqu’elle s’applique aux pauvres, aux modestes ! Aussi, non seulement hédonistes des joies vivantes, et des sensations libératrices de toutes les contraintes du corps et de l’esprit, mais aussi de faire et de défaire les nations, territoires, villes, pays, continents qui ne rentreront pas dans leur logique marchande. Le pauvre né pour crever, (ce cheptel d’humanoïdes dont ils ont de plus en plus du mal à cacher les sentiments bas que leurs inspirent les pauvres, et dont le destin ne peut s’apparenter qu’à l’abattoir, la boucherie à travers les guerres, cette précieuse chair à canon ou autre façon de les occire en masse) les oligarques ne se sentent envers les populations aucune obligation de les ménager. Et lorsque ce ne sont pas par les guerres pour les occire eh bien, les Oligarques entreprenants ont l’imagination très féconde pour inventer d’autres moyens d’y arriver...
Les riches contre les pauvres dis-je, éternel combat, nous ne nous mélangeons pas au commun des mortels, « Nous ne sommes pas dans le même camp ! Mââââdââââme ! », braiera tel ou tel larbin à leur service qui n’a pas la langue assez longue pour l’user à la lèche du maître, son sport favori. C’est d’ailleurs un sport qui rapporte gros, le surdoué du loufianat peut rafler toutes les médailles et monter sur le podium. Nous, Oligarques pratiquons aussi avec le talent qui nous caractérise le cynisme et pratiqué par un serviteur de l’Oligarchie, cela prend tout son sens. Mais creusons plus avant, cette différenciation d’un riche et d’un pauvre, ce que Marx, Engel ou Louis Blanc, nommaient « guerre des classes » .
Les dentiers ! c’est le signe le plus irréductible depuis que les marques de dentifrice américaines ont lancé la mode de la grande gueule béate au sourire ravageur, plus blanc que blanc ! Et sourire, toujours sourire ! Ch’uis Heu-reux ! Un Oligarque ne doit laisser passer aucun sentiment négatif, tout lui réussit, tout est positif, mes cent cinquante deux dents de carnassiers le prouvent ! Comment afficher de la mélancolie ou de la tristesse même passagères, lorsque je puis aligner mes trilliards, par un simple jeu de doigt, sur un clavier d’ordinateur, clic ! Et c’est parti mon kiki pour être les hommes les plus riches de la planète !
Le pauvre, lui, son dentier ou du moins les quelques chicots noirs et dentures effroyables qu’il expose à l’air, lorsqu’il sourit,( oui, ça lui arrive de sourire,) ses chicots d’entre les chicots, sont la signature de sa dépossession sociale et matérielle par l’Oligarque aux dents heureuses, qui veut le faire savoir au monde entier ! Aaarrrhhhh ! Ya ! Fou n’aurez rien et fou serez Zeureux ! Il ne faut pas afoir peur ! Ya ! Ya ! Assurément, nous dit Papa Shultz de Davos, en nous donnant la recette des kartoffen à la cigüe !
Ce monde entier qui appartient aux Oligarques, ne perdons jamais cela de vue ; leur gloutonnerie ne souffrant aucune limites, ni morale, ni géographiques. Il étincelle internationalement, voici le riche oligarque qui, fort à propos, fier de sa fabrication surnomme les pauvres : « les sans-dents » ! Salauds de pauvres ! C'est bien fait pour toi ! T'as qu'à travailler, feignasse ! Comme nous ! Nous, les riches, on n’arrête pas, on sait tout faire, PDG, Startpote, politichiens, politichiennes, banquiers, banquières, think tankeur, think tankeuse, producteurs, productrices de films toutes catégories, (policiers, espionnage, aventure, sentimental et porno, surtout porno, c’est la mode en ce moment !). Milliardaire, c’est un travail à temps complet. Gagner de l’argent, c’est comme la multiplication des petits pains ! Nous avons de la magie à revendre au bout de la planche à billet qui tourne jour et nuit… Pour aligner les zéros après 9 chiffres.
L'oligarque aime beaucoup les voyages. C'est ainsi que des Îles Caïman, de St-Martin au Luxembourg, en passant par le Delaware, il erre dans les airs, car ces gens sont un peu comme des Harpagon veillant sur leurs cassettes, pendant que les pauvres savetiers chantent leur misère tout en tapant sur leurs savates, du matin au soir et du soir au matin. Et lorsque les pauvres sont au chômage, alors là, ils traînaillent en savates entre deux bières, la clope au bec et devant une télé-réalité tellement réelle que certains se tirent un baston dans le caisson. Ou lorsque les suicidaires ne le sont pas assez pour le baston dans le caisson, ils tirent de leurs brailles la boîte de mouchoirs en papier, entière, dans laquelle ils s'essorent... Ah ! Misère !
L'oligarque jet-setteur, c'est ainsi qu'on l'appelle, n'a qu'à siffler et tout le larbinat des avionneurs se met aussitôt à son service pour le déposer là où lui conviendront ses petites manies, ses grands vices, ses plus infimes envies de déplacements. Des avionneurs qui présentent la note du coût du voyage au bon peuple qui se fera un plaisir de la régler rubis sur l'ongle avec ses impôts.
Sexe, lucre et luxe, trilogie spécifique qui fait les beaux jours de cette gente un peu spéciale qui grenouille dans les lambris des demeures les plus prestigieuses de la planète Terre, un peu comme la mérule se tient sous les lambris et les charpentes. Nous y rajouterons, un attrait particulier pour la poudre blanche : Allô tonton ? Pourquoi tu tousses ? Toujours dans l'entre-soi, cela bas d’soie chez les enfarinés.
Comme l'on sait, les gens heureux n'ont pas d'histoires. Mais eux, oui et de bien bonnes. Permettez à votre humble servante, de vous les narrer. Ces habitants de ce grand royaume sans frontières aériennes, mais frontières bien terriennes se font ériger autour de leur nombril, des palaces les pieds dans l’eau avec clôtures imprenables, caméras et milices privées pour contenir les gueux si d'aventure prenait l'envie à la piétaille de les envoyer ad patres le jour d'une bonne petite révolution. Déjà que les gilets jaunes en 2017 avaient eu cette idée saute et grenue d’aller chercher chez lui, le roi Moije, c’est peu de le dire, des flots de sueur froide coulèrent du palais, aux sons de la Carmagnole, ce qui doubla la tâche des égoutiers devant ce débordement liquide soudain.
Quels couillons ce Louis XVI et cette Marie Antoinette qui se laissèrent surprendre en 1789 dans leur plumard, au moment où coq chantait. Cocorico, c'est très bien, mais se faire couper la tête, c'est pas très enjôleux et les Oligarques ne s'y laisseront plus prendre. Ils peuvent dormir tranquilles, la Compagnie des Centurions Républicains veille sur leur quiétude, la maréchaussée sur leur sommeil, avec renforts de satellites, radars, sous-marins, et tutti quanti... Toute l'Armée au grand complet. Et puis... des armada de serviteurs de ces messieurs-dames de l'Oligarchie, assurent leurs maîtres d'une garde rapprochée encore bien plus efficace que les Centurions Républicains !
Dans une autre catégorie de larbins que les soubrettes et gugusses de grand chemin dont je vous ai contés les exploits, il y a peu, vous avez aussi James le loufiat, dévoué corps et âme à son royal employeur. Vous ne le connaissez pas, il ne vous connaît pas non plus, et d'ailleurs s'en fout, puisque désormais il navigue dans la cour des grands, depuis qu'il n'est plus gueux ! De son vrai nom Gilles, surnommé Gilou par les intimes, né aux fins-fonds du Perche et non chez les Rosbeef, il ne porte qu'un simple complet-veston sur le colback, mais il porte beau.
C'est de cette rencontre sublime que je vais vous causer, lorsque le roi d’Oligarchie, convoqua dans ses appartementsdeux syndicalistes de choc, les sieurs Popu et Pipo, grands connaisseurs des mœurs ministérieuses.
Popu et Pipo mettaient tant de cœur et d'ardeur à ferrailler contre le vote d’une loi importante et vitale pour le grand-patronat hautement bourgeois : la loi dite des « retraites », qu' afin de s'assurer que ces deux combattants de choc ne feraient pas trop les mariolles sur la place publique, le roi les convoqua tous les deux dans ses appartements pour les amadouer !
Nos deux compères débarquèrent chez le roi Moije un beau matin, avec un laissez-passer, et contrôle sous le portique, à cause de la loi anti-terroriste, des fois que nos deux cow-boys n’aient rappliqué armés d’un colt. Déjà que le sieur Pipo portait moustaches avec ses airs de Pistolero. Et puis ordre de les fouiller de bas en haut, des santiags à la casquette, derrière les oreilles et jusqu’aux narines ! Mieux valait être prudent, sait-on jamais !
Discuter de cette loi sur les retraites avec l’oligarque, c'était un exercice auquel ils étaient rodés, du monarque, ils n'en feraient qu'une bouchée ; les gueux, faites-nous confiance... En plus Popu et Pipo nos deux syndicalistes portaient sous le bras, un énorme dossier plein de paperasse, comme ça on ne prétendrait pas qu’ils se comptaient les poils de barbe, au lieu de turbiner pour les travailleurs ! Non, mais !
Pour le roi Moije, il n’était pas question que les deux pingouins rameutassent les foules ! 1789 suffisait, pas besoin d'en rajouter deux siècles après ! Surtout pour une vulgaire question de turbin ! Pour le monarque d’Oligarchie, 1789 pouvait se concevoir, passe encore ! Le bon peuple n’avait plus de brioches à se mettre sous la dent ! Pas maligne la Marie-Antoinette se disait-il : « S’ils n’ont plus de brioche, qu’ils mangeaillassent alors du pain ! Quelle idée ! Sacrebleu ! Que je leur aurais dit à tous ces sans culottes ! Moua !
Le Monarque du royaume d’Oligarchie, lui, c'était un touche à tout qui ne touchait à rien qui ne pût rapporter aux actionnaires, ses amis, laissant le soin de travailler en détail les affaires à ses nombreux collaborateurs exténués. Toujours prêt à dégainer de son étui de croco, son stylo-plume pour les paraphes, (à plume d'or, ma chose), il se faisait un vrai plaisir de poser sa marque personnelle par un petit gribouillis au coin droit de la page, avec un, deux, trois petits points pour faire zouli. C'est fou ce qu'un Monarque d’ Oligarchie ça paraphe et ça pointille !
Nos deux camarades syndicalistes anciennement habitués aux ambiances saucisson pinard dans une ancienne vie, de l’usine passaient aux lambris et goûtaient à présent aux langoustes et caviar dans leur nouvelle vie – Chantons ensemble mes frères – Plus près de toi mon Dieu !... De quoi leur tourner la tête !
Bref, histoire de prendre la température du bon peuple, le roi Moije les sifflaient de temps à autre, pour les rappeler à l'ordre et eux, rappliquaient ventre à terre pour se frotter à la gente inatteignable qu’ils n’auraient jamais atteinte sans avoir quelques mois plus tôt hurlé dans les micros, les mégaphones et fait brûler quelques pneus dans quelque usine occupée par des piliers de grève. Il est vrai que Pipo et ses airs de Pistolero ayant avalé de travers un pimento, ça faisait très peur aux condés ! Et encore plus au roi Moijeu, si bien qu’il se dit, le monarque, mieux vaut les avoir dans la poche… Au début Popu et Pipo, réticents, protestèrent. Mais pour qui qu’y nous prend, lui ? Nous, on ne mange pas de cette brioche-là !
Mais le roi Moijeu bon musicien ayant fait ses classes au conservatoire de musique d’apprentissage de la flûte enchantée, enchanta si bien nos deux camarades, qu’ils se dirigèrent vers le Palais d’un pas si aérien que leurs deux grolles ne touchaient plus le sol, enivrés par les arpèges éthérés de la flûte à bec, et le son pulsé sortant des lèvres royales, le regard énamouré et les deux bras en avant près à l’étreinte. Oh ! Mon doux prince, je viens à vous ! Le rêve, quoi ! La consécration ! Conquis ! Vaincus !
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