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Accueil du site > Tribune Libre > Le crash du 777 en Californie, une redite ?

Le crash du 777 en Californie, une redite ?

J'adore Gérard Feldzer, l'ancien responsable du Musée de l'Air, car c'est un pro d'une compétence rare et un pédagogue-né, drôle et féru, régulièrement appelé par les médias pour donner son avis éclairé sur un problème touchant à l'aviation. En l'occurence ici le crash à San-Francisco du 777 d'Asiana Airlines à la suite de sa traversée du Pacifique, un crash survenu ce week-end. L'ineffable spécialiste, interviewé hier soir encore par David Pujadas, qui avait déjà la solution toute faite au problème, c'est évident : selon lui, c'est l'instructeur du pilote alors toujours en formation qui serait le principal responsable de l'accident, thèse que semblait appuyer Feldzer, en dehors de toute défaillance mécanique comme il le semble à la vue des toutes premières investigations. C'était peut-être aller un peu vite en besogne cette fois, de sa part, même si des éléments troublants montrent qu'il peut aussi être dans le vrai. Car personnellement, cet accident m'en a rappelé surtout un autre, survenu il y a cinq ans ; avec le même type d'appareil et des circonstances assez similaires. Cette fois-là, on avait découvert tardivement une raison mécanique (assez surprenante) au crash... revue de détail de l'accident, pour vous éclairer davantage sur ce qui s'est réellement passé à San Francisco.

L'avion d'Asiana, société réputée pour sa fiabilité (elle possède une note de 6 sur 7 dans le domaine -par Airline Ratings-, et elle est au deuxième rang des compagnies sud-coréennes, n'ayant connu que deux accidents mortels en 25 ans de carrière), s'est visiblement posé trop court, sa queue ayant heurté le sol au moment où les pilotes redressaient l'appareil en s'apercevant de leur erreur d'appréciation. La vidéo montrant l'accident est terrible, montrant un avion de près de 150 tonnes à vide (et 307 passagers et membres d’équipage) rebondissant nez levé dans un nuage de poussière gigantesque avant de s'écraser ; la queue déjà séparée du reste de la carlingue (et restée sur la piste). Encore heureux qu'il ne se soit pas retourné sur lui-même ! Si le faible nombre de morts à comptabiliser relève du miracle, les sauveteurs ont déjà évoqué des passagers à la colonne verticale brisée par les "g" que cet "à plat" leur a fait subir (il rebondit de toute sa longueur en l'air !). L'appareil n'a pu utiliser que la moitié de ses issues de secours, et le personnel naviguant, exemplaire, au sang-froid extraordinaire, est allé délivrer à la hache des passagers coincés sur leur siège par leur ceinture bloquée. On passe rapidement sur l'autre tragédie survenue, celle de deux jeunes chinoises éjectées avec la queue brisée de l'appareil et dont l'une d'entre elle aurait peut-être été tuée par l'un des lourds véhicules de secours arrivés très vite sur la scène du crash (on parle aussi d'une jeune découverte près d'un des toboggans avant déployés), pour en arriver à examiner les premiers documents fournis par le bureau d'investigation américain. Ils ne semblent pas indiquer un défaut d'analyse des deux pilotes aux commandes de toute la séquence d'approche de l'appareil, ce que résume un seul graphique, que voici :

Le vol le plus différent (en bleu) des autres, n'est en effet pas celui de la catastrophe mais celui du 5 juillet, la veille, où un avion similaire avait approché à 10 000 pieds seulement (3050 m) à 10 minutes de l'atterrissage, contre 35 000 (10 700 mètres) pour tous les autres, y compris celui terminé en catastrophe. Aux abords de la piste, si on compare les 3 derniers 777 qui s'étaient posés à cet endroit, les vols de United, ou d'Ana sont toujours similaires (sauf celui de United 396, qui a déclenché bien plus tard sa descente). En tout cas, ce n'est donc pas une approche ratée, sauf pour les tous derniers instants du vol, qui, sur ce deuxième graphique, montrent déjà que l'avion est effectivement plus bas (mais de peu).

Un troisième dessin montre que dans les 30 dernières secondes, cela semble bien être une erreur d'appréciation cette fois : là, l'appareil est celui qui se présente au plus bas, ce que corrige un des pilotes à deux secondes seulement avant de heurter le sol, mais il est déjà trop tard : la queue a déjà touché... en somme, ce sont les trente dernières secondes d'un vol de de 10 heures et 23 minutes (il venait directement de Séoul) qui ont été fatales... l'avion a manqué la piste de 500 à 1 000 pieds, notent les commentateurs (entre 150 et 300 mètres à peine). On songe vite à un état de fatigue possible des pilotes, mais d'autres indicateurs intriguent. Le NYT fera remarquer que tout s'est joué à 90 secondes de l'impact, avec une brusque rupture dans la ligne de descente, l'avion perdant 600 pieds (182 m) en 9 secondes seulement, au lieu des 150 seulement qu'il aurait dû perdre. A quoi correspond ce "trou" d'air, nous allons le découvrir...

Selon certains passagers témoins de l'accident, l'avion n'avait pas non plus le nez fort pointé vers le bas durant la phase de l'atterrissage (l'appareil semble en revanche beaucoup trop cabrer le nez vers le haut sur la vidéo, mais dans les derniers instants seulement). La vidéo avait surtout montré un avion particulièrement lent lors de son approche. Un élément relevé d'emblée par les enquêteurs, qui montrait que quelques secondes avant le crash, l'avion était bien en dessous de la vitesse requise habituellement pour atterrir, sans être pour autant déjà en situation de perte de portance totale ("stall"). Il était effectivement très lent au final : à l'impact, il était 64 kilomètres/heure en dessous de sa vitesse d'atterrissage recommandée ! Trois secondes avant ; il était descendu en effet à 119 mph (191 km/h), contre 158 mph normalement (254 km/h) ; quatre secondes avant le crash, le cockpit avait enfin retenti de l'alerte de "stall". Sept secondes avant l'impact, les pilotes semblaient envisager d'avorter l'atterrissage, selon le bureau des enquêteurs et les discussions entendues à bord. A noter que c'est le premier accident mortel de passager dû à ce type d'appareil, apparu en 1995 sur les vols commerciaux. Et à noter aussi que le pilote, de 1999 à 2004, n'était pas un néophyte des gros porteurs ou de cette piste, qu'il connaissait bien pour y avoir posé à plusieurs reprises un avion plus lourd : un Boeing 747-400M (combi, mêlant fret et passagers), doté des mêmes moteurs PW4000, dont il devait donc connaître le temps de réponse (même si là il s'agissait de quatre réacteurs au lieu de deux). Aurait-il trop réagi ce jour-là en songeant à ces montures précédentes et à leurs quatre réacteurs ?

L'appareil était bien piloté manuellement, n'avait pas enclenché de procédure automatique de descente (ILS). Le pilote automatique avait été effectivement coupé à 1 600 pieds d'altitude (490 mètres) et à 82 secondes avant le crash, l'avion étant alors déjà relativement lent, mais dans des normes respectables : à 1 400 pieds (426 mètres), il était toujours à 196 mph (315 km/h). La reprise en mains du pilote correspond justement à la courbe interrompue d'axe de descente aperçue dans le schéma N°3 : c'est à ce moment-là que l'appareil a perdu 600 pieds d'un coup, preuve qu'il manquait de puissance aux réacteurs, ou que le pilote s'attendait à davantage de "reprise" de la part de sa machine. A la fin, l'avion montre une vitesse bien en dessous des normes. Visuellement, les pilotes pouvaient voir s'ils étaient trop bas ou non, grâce aux quatre feux installés sur le bord de la piste 28 où ils devaient se poser. Les lumières du Precision Approach Path Indicator or (PAPI), une amélioration du Visual Approach Slope Indicator (VASI), indiquent en effet si la pente de 3° de descente est bonne pour toucher la piste au bon endroit. Au delà de deux lampes allumées, dans un système à 4 lampes comme celui de la piste N°28, l'avion est trop bas. Le système est visible ici en vidéo. Efficace, il tend à conclure que les pilotes à bord ne l'avaient pas suivi : cela pourrait à la limite se comprendre plus ou moins pour l'un d'entre eux, absorbé par les tâches à faire lors de l'atterrissage, mais les deux à la fois cela pose question en effet ! Pour se poser quelque part, il faut au moins regarder devant soi ! Il est donc impossible que l'un d'entre eux n'ait pas vu ces signaux alarmants (d'où peut-être le coup de puissance demandé aux moteurs à deux secondes seulement avant l'impact). Dans la cabine, ils étaient en fait... quatre observateurs de la piste en vue : le pilote, un formateur (expérimenté), et deux autres membres d'équipage présents ! L'erreur de pilotage semble donc évidente, et pourtant...

L'appareil accidenté est d'un modèle 777-28E/ER un Boeing 777-200 équipé de réacteurs Pratt&Whitney PW4000. Or, chez moi, et dans mes archives, cet accident en rappelle un autre, survenu le 17 janvier 2008 en Angleterre, à Heathrow. avec un Boeing 777-236ER, équipé en revanche de réacteurs Rolls-Royce Trent 895. L'avion du vol BAE 38 revenait lui de Beijing en Chine après un très long vol, lui aussi. Ce sont les photos du crash de Londres qui m'avaient rappelé quelque chose : ce jour-là aussi, l'avion s'était écrasé juste en atteignant le début de piste, train sorti, comme en Caiifornie, mais il était tombé brusquement cette fois avec une telle force que l'une des jambes de train, la gauche, restée verticale, avait traversé l'aile (l'autre à droite s'était carrément arrachée, comme à San Francisco). L'avion avait amorcé une descente trop basse, et quand le pilote avait voulu remettre les gaz, il s'était aperçu que la puissance des moteurs ne se déclenchait pas. L'avion était alors tombé lourdement en tout début de piste. Fort lourdement, blessant 43 personnes sur les 136 à bord.

L'enquête s'était dirigée assez vite vers les réacteurs, puis sur la qualité du carburant. Ou plutôt sur sa température : alors que le carburant aviation employé tient les -47°C, des tests avaient montré que ce jour-là le carburant ne se serait pas mis à geler avant -57°C, et que de toute façon, durant tout le vol, sa température n'était jamais descendue au delà de -37°C. Mais avant de geler, ce même carburant avait beaucoup perdu en viscosité, et les enquêteurs s'étaient longtemps demandé si ce n'était pas ça l'origine du problème. Mais ce n'était pas ça qui avait causé le crash, mais une chose plus subtile, avec l'apparition iinnatendue de cristaux de glace dans des filtres huile/essence des échangeurs de chaleur du réacteur Rolls-Royce. Les enquêteurs avaient fini par déterminer que l'avion avait survolé la Mongolie, la Siberie et la Scandinavie, entre 10 600 et 12 200 mètres, là où les températures peuvent descendre jusque -65°C voire -74 °C, ce qui avait givré les échangeurs, qui s'étaient ensuite débrarrassé de leur glace. Mais cela s'était soudain reproduit par fusion et accumulation successives à quelques mètres seulement de l'arrivée de la piste, avec la fonte brutale d'une autre partie jusqu'ici givrée. Une importante cavitation avait suivi, en sortie de pompe, empêchant un flux normal d'essence de passer, d'où la perte de puissance constatée aux moteurs. "Les premiers symptômes de la restriction de débit de carburant ont été remarquées par l'équipage à bord à 720 pieds (220 m) de hauteur et à 2 milles (3,2 km) de la distance du point d'atterrissage, lorsque les moteurs ont échoué à plusieurs reprises pour répondre à une demande accrue de poussée. En tentant de maintenir la pente avec le système d'atterrissage aux instruments (ILS),, le pilote automatique a sacrifié la vitesse, qui a été réduite à 108 noeuds (200 km / h) à 200 pieds (61 m d'altitude). Le pilote automatique a été déconnecté à 150 pieds (46 m ), quand le co-pilote a repris le contrôle manuel. Pendant ce temps, le capitaine réduisait le réglage des volets de 30 degrés à 25 degrés afin de diminuer la traînée de l'avion et pour prolonger le vol plané"... L'avion est passé au-dessus de la circulation sur l'autoroute A30 et sur la route du périmètre sud de l'aéroport, y compris au dessus d'une voiture transportant alors le Premier ministre britannique Gordon Brown, et a atterri sur l'herbe à environ 890 pieds (270 mètres) avant la piste. Le capitaine a déclaré une urgence à la tour de contrôle quelques secondes avant l'atterrissage" nous précise Wikipédia. Etrangement, cela correspond assez à ce qui vient de se passer en Californie, à part la demande répétée de puissance des moteurs qui avait échouée et l'usage de l'approche automatique jusqu'au tout dernier moment (ci-dessous la commande des deux moteurs au centre du cockpit- le 777 n'a pas de "joystick" sur les côtés mais de bon vieux manches à balai).

Vous allez me dire, OK, mais ça se passait en Angleterre avec des réacteurs faits maison. Certes, mais le 26 novembre 2008, aux USA, un appareil 777 (N862DA) de Delta Airlines (ici à gauche) avait subi une avarie similaire, mais sur un seul moteur, selon l'America's National Transportation Safety Board, qui avait diligenté une enquête sur le vol DL18. L'avion avec à bord 232 passagers et 15 membres d'équipage venait de Shangaï (en Chine) et se rendait à Denver (dans le Colorado, après plus de 10 heures de vol là encore) : cette fois encore c'était un moteur Trent 895 qui avait montré une soudaine absence de puissance (en plein vol cette fois) pour les mêmes raisons. Chez Pratt-Whitney, on vient d'envoyer à San Francisco des spécialistes pour examiner les réacteurs du vol d'Asiana. Ne serait-on pas en présence d'un problème similaire ayant touché auparavant les réacteurs Rolls-Royce à la place d'une simple erreur de pilotage non reprise par un instructeur, ou trop tardivement comme semble en être convaincu Gérard Feldzer ? La raison pouvant en être différente : en juin dernier, l'appareil avait été cloué au sol pour des fuites d'huile sur un des moteurs. Selon les toutes dernières infos, ces derniers auraient correctement répondu à la toute dernière demande de puissance effectuée (ce que la boîte noire devrait donc confirmer, mais ce dont doutent certains passagers). Les chiffres montrent que l'appareil avait bien tenté de reprendre de la vitesse, en effet, passant de 112 nœuds (207 km/h) à 149 (275 km/h).

N'aurait-on pas quand même un peu trop vite jeté l'opprobe sur les seuls pilotes à bord ? Car il subiste une autre inconnue : lors des premiers debriefing, un des participants avait déjà soulevé le problème de la manette des gaz, qui avait été réglée sur la vitesse souhaitée par l'équipage sud-coréen (comme pour Heathrow !) : visiblement, cette dernière avait été trop faible sur le tout dernier kilomètre de vol : l'automatisation était-elle en cause, ou les pré-réglages des pilotes ? C'est un peu l'histoire de la poule et de l'œuf en ce cas ! A Heathrow, c'était bien l'automatisme de pilotage, qui avait choisi de maintenir la pente de descente au détriment de la vitesse qui avait été un des éléments de l'accident, en plus de l'arrivée défectueuse de kérosène. Ne serions nous pas dans une optique similaire à San Francisco, avec une dernière minute et demie de vol contenant le nœud du problème ? Ne serait-on pas allé un peu vite en besogne, en ce cas, en incriminant les seuls pilotes (aujourd'hui l'instructeur), sans songer à s'intéresser aux choix de l'automatisme que ces derniers auraient fait, ou de l'usage même de cet automatisme ? En conclusion, notre ami Feldzer en était arrivé à un problème de formation des pilotes. On pourrait ajouter à un problème de confiance en l'automatisme ou non, durant cette formation...

Chaque catastrophe en aviation est suivie d'enseignements pour éviter que ça ne se reproduise. Gageons que dans les semaines à venir on édite de nouvelles recommandations sur les réglages du pilote automatique des appareils en phase de descente vers l'atterrissage. Nous verrons bien ce que donnera l'enquête, dont je vous ferai part des résultats dès qu'ils seront connus, bien entendu.


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35 réactions à cet article    


  • morice morice 10 juillet 2013 14:05

    dernière news, toujours aussi étonnante :

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/07/10/crash-a-san-francisco-l-avion-etait-si-incline-qu-un-pilote-ne-voyait-pas-la-piste_3445199_3222.html

    « 
    Le Boeing 777 d’Asiana Airlines qui s’est écrasé samedi à San Francisco était tellement incliné vers l’arrière que l’un des pilotes ne pouvait pas voir la piste d’atterrissage, ont annoncé mardi 9 juillet les autorités américaines après avoir interrogé une partie de l’équipage. »



    • morice morice 10 juillet 2013 14:10

      on peut ajouter au dossier cette demande légitime : des sièges plus résistants au crash ou qui protègent plus les passagers surtout.. au vu du nombre de colonnes vertébrales en miettes cette fois.



      mais les avionneurs vont dire : ça pèse plus, et ça sera donc moins de passagers...



      • morice morice 10 juillet 2013 16:08

        si on relit l’annonce de Reuters ce n’est en rien le PILOTE qui ne voyait pas la piste, mais le 3eme assis en poste arrière... (l’un des membres du second équipage).


        http://fr.news.yahoo.com/crash-boeing-777-dasiana-pilote-ne-voyait-piste-061346510.html

        franchement, la reprise des dépêches par la presse est une catastrophe : cabré, certes, mais le PILOTE DEVAIT voir la piste, pas celui derrière lui !!! Pourquoi a-t-on parlé du PILOTE véritable de l’avion alors dans la presse ? On mélange beaucoup de choses dans cette affaire...



        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 10 juillet 2013 18:35

          Ia orana ,oui possible analogie avec le 777 d’Heathrow ....
          A voir :http://youtu.be/nKRvPxHBE3Y. (exellente série) .
          Sinon le 777 est un avion agréable pour les passagers .


          • morice morice 11 juillet 2013 01:04

            excellent lien et très bonne série en effet !


          • eau-du-robinet eau-du-robinet 10 juillet 2013 20:13

            Il y à une étrange coïncidence avec l’accident de 2008 !

            Un bref retour en 2008 ...

            — début de citation —
            Lors de l’approche finale à environ 220 m de haut et 3,2 km de la piste, une première demande d’augmentation de la poussée effectuée par le pilote automatique, puis une deuxième demande manuelle des pilotes restèrent sans effets. Le pilote automatique réduisit la vitesse à 108 nœuds à 61 m de hauteur, pour maintenir la pente de descente de l’ILS. Le pilote automatique fut déconnecté à 175 pieds (53 m) et l’avion se posa sur l’herbe à environ 300 m du début de la piste 27L. Pendant l’impact et le roulage au sol, le train d’atterrissage avant s’effondra, le train arrière droit fut arraché de l’appareil et pénétra dans le réservoir central et dans l’espace de la cabine, le train gauche fut poussé au travers de l’aile. L’avion finit sa course sur les marques indiquant le début de piste. Une importante quantité de kérosène s’écoula mais aucun incendie ne se déclara. L’avion était passé approximativement 6 mètres au-dessus des voitures circulant sur l’autoroute A30 et sur la route du périmètre sud de l’aéroport.
            — fin de citation et source


            • berry 10 juillet 2013 20:49

              La physique classique reprend ses droits, il y a de vrais débris.

              Pour l’avion du pentagone le 11 septembre, l’appareil s’était évaporé.
              Pour celui de shanksville, le 11 septembre aussi, il n’y avait que des confettis.


              • vk512 10 juillet 2013 23:08

                Bcp de blabla pour rien. Quand on sait de manière certaine d’après les premiers éléments de l’enquête (boite noire des données de navigation) que l’avion était bcp trop lent, trop près de la vitesse de décrochage (alors qu’on doit maintenir une marge de 30%), il n’y a aucun cas de figure qui exonère complètement les pilotes : ils ont constaté le manque de vitesse bcp trop tard.

                Le point essentiel ici c’est que dans une phase critique (ici dernière phase de l’atterrissage), qu’ils aient ou pas des aides de l’ordinateur de bord, les pilotes doivent surveiller la vitesse comme le lait sur le feu. Sinon ce serait un peu comme mettre le ’cruise control’ sur l’autoroute et en profiter pour pouvoir fouiller dans la boite à gants.

                Les derniers éléments de l’enquête évoquent la possibilité d’un pb technique sur l’auto-throttle que les pilotes avaient engagé (a priori), mais panne ou juste confiance quasi aveugle ça n’exonère pas les pilotes d’une imprudence face à la chute de la vitesse. Au contraire, le (co)pilote en tant que formateur avait une responsabilité accrue dans la surveillance de ce paramètre essentiel.
                Sa ligne de défense est pitoyable : il aurait dû gérer un mauvais alignement avec la piste (et donc n’aurait pas été concentré sur les autres critères). A ce niveau de difficulté à multi-tasker c’est carrément criminel.

                Donc vos analogies avec des défauts, corrigés depuis, ça défoule peut-être face à Boeing (les avocats des victimes travaillent plutôt sur une alarme de vitesse trop faible non mise en place malgré une recommandation d’il y a 10 ans) mais c’est très approximatif. Mais pas autant que les journaux qui ont titré aujourd’hui sur le « pilote qui ne voyait pas la piste »... alors qu’il s’agit du 3ème pilote qui n’a fait pas là que chercher à s’exonérer de sa responsabilité à intervenir s’il sentait un paramètre mal géré (ce qui renforce l’argument culturel que les pilotes asiatiques, en plus de trop faire confiance aux systèmes automatisés, sont trop respectueux de la hiérarchie pour lancer un contre-ordre si besoin).


                • morice morice 11 juillet 2013 01:02

                  Les derniers éléments de l’enquête évoquent la possibilité d’un pb technique sur l’auto-throttle que les pilotes avaient engagé (a priori), mais panne ou juste confiance quasi aveugle ça n’exonère pas les pilotes d’une imprudence face à la chute de la vitesse.


                  les ai-je exonérés ?

                  NON.

                  relisez.

                • vk512 11 juillet 2013 10:18

                  Je ne dis pas que le billet les exonère, je dis que rien ne pourra les exonérer de leur responsabilité dans le crash, même pas une défaillance de l’ordinateur de bord ou du système d’injection, ou encore du défaut d’alarme (les avocats pourront s’amuser à attaquer Boeing là dessus mais ça ne tient pas la route).

                  Ce que je reproche au billet c’est de partir dans une dissertation sur la possibilité d’une « responsabilité technique » alors que le simple fait que la vitesse n’a pas été surveillée de près engage directement la responsabilité humaine des pilotes (y compris le 3ème, à un moindre degré, qui ose raconter qu’il ne voyait pas la piste pour justifier sa passivité). Facteur culturel ou pas, il y a un gros problème de « cockpit ressource management ».


                • morice morice 11 juillet 2013 10:48

                  (les avocats des victimes travaillent plutôt sur une alarme de vitesse trop faible non mise en place malgré une recommandation d’il y a 10 ans) mais c’est très approximatif. 


                  très intéressante piste en effet !

                • curieux curieux 11 juillet 2013 08:41

                  Snowden était peut-être dans l’avion ?



                    • zomboid zomboid 11 juillet 2013 09:06

                      Peu de trace dans les média français.


                      • Dzan 11 juillet 2013 09:15

                        En aéroclub, c’est le « truc » élémentaire que l’on,vous apprend.
                        L’atterrissage, n’étant en fait qu’un décrochage le plus près de la piste.
                        Respect de la pente de descente, de la vitesse, à l’arrondi, juste avant de poser les roues.
                        Il y a sur tout avion du plus petit, au plus gros, une alarme qui vous indique, que vous ètes à la limite du décrochage.
                        Il y a des années, on vous apprenait le « pilotage aux fesses ». Tout votre ^ètre de pilote, sentait sa machine dans son corps.
                        Maintenant, les « zordinateurs » c’est bien joli, mais ça fait aussi faire ces conneries.
                        Un Cdt de bord d’Airbus, m’a dit pour le crash du Vol A440 : « S’ils avaient appris sur Jodel » ( petit avion à train classique) ils ne se seraient pas mis le nez en l’air comme ils ont fait, ils auraient « senti » leur avion, prèt à décrocher.


                        • morice morice 11 juillet 2013 09:24

                          Un Cdt de bord d’Airbus, m’a dit pour le crash du Vol A440 : « S’ils avaient appris sur Jodel » ( petit avion à train classique) ils ne se seraient pas mis le nez en l’air comme ils ont fait, ils auraient « senti » leur avion, prèt à décrocher.


                          voilà un avis de bon sens, non ?

                        • morice morice 11 juillet 2013 09:35

                          Non, car simpliste.


                          Feldzer ne dit rien d’autre : c’est donc aussi un simplet.``merci pour lui, il a davantage d’heures de vol que vous sur quadriréacteur..

                        • Dzan 11 juillet 2013 10:20

                          Cono
                          Vous avez été pilote ? Moi, oui.


                        • morice morice 11 juillet 2013 12:16

                          « Pas pour toi visiblement. »


                          il ne semble pas qu’on ait élevé les cochons ensemble.... pourtant.

                          Prenez au moins la peine de lire ce qu’on écrit avant de venir injurier !

                        • morice morice 11 juillet 2013 09:32

                          « Bref, article, très très mauvais. »


                          votre démonstration est éclatante en effet : tellement mauvais qu’il est bourré d’erreurs = « Le type passe d’Airbus à Boeing, or les automanettes ne réagissent pas de ma même façon chez les deux constructeurs ». Le pilote incriminé volait avant sur 747 combi, ce que vous n’avez pas lu....« aux dires de pilotes, l’automanette est un piège. » c’est EXACTEMENT ce que je décris. Le coup de l’Airbus n’a RIEN A VOIR ICI !

                          Je cite : "Je vais essayer de ne pas deformer ses propos. En gros, sur 777, meme en auto-manette, si on maintient la mains sur les gaz (pour peu que l’on se crispe un peu dessus) la manette ne bouge pas si besoin est et le regime ne change pas. Si la personne est concentree sur autre chose, un peu crispe, elle ne sent pas la force de la manette qui « veut » aller de l’avant.

                          on ne sait pas d’où sort votre citation : pas de chez moi en tout cas... pas dans mon texte.

                          On pourrait même faire le même topo en affirmant que le sens de la hiérarchie asiatique conduit parfois à ce que le plus expérimenté mais le moins gradé n’ose pas l’ouvrir devant l’autorité.

                          l’ai-je fait ? NON.

                          Et il faut quelques secondes pour passer de réduit à plein gaz, ajoute le couple cabreur sur un avion déjà en second régime.... c’est plié d’avance.

                          je n’ai rien dit d’autre en précisant qu’il sortait d’un 747 à 4 moteurs avec plus de répondant que sur un 777 à deux ... bref, vous n’avez RIEN LU de ce que j’ai écrit, et venez ici ramener votre fraise pour bien d’autres raisons et habitudes : celles de votre harcèlement ici, car vous ne supportez pas d’être rembarré : soignez donc votre égo démesuré, d’abord... et LISEZ au moins ce qu’on écrit, ensuite...

                          • morice morice 12 juillet 2013 15:42

                            jolie connerie de votre part.. !!!


                            un B-777 pousse à 400kN sur chacun de ses 2 réacteurs .... = 800 KN

                            un 747 pousse entre 240 et 280 KN chacun à multiplier par 4 = 1120 kN maxi

                            le B-52 est toujours équipé de ses TF-33 poussifs à 75,62 kN x 8 = 612,6...kN, soit la moitié du B-747...

                            il y a des jours comme ça où vous devriez la fermer au lieu de pérorer et de mépriser les autres : votre égo vous étouffera un jour, c’est sûr...

                          • zozoter 11 juillet 2013 09:41

                            Le nombre d’intervenants très très pointus est extraordinaire, l’auteur doit être connu de certains pour déclarer que dis je, déclamer que ce n’est qu’un branque.
                            Moi j’ai trouvé cet article clair avec des liens vidéo intéressants.

                            Bref, ce que j’en retiens, c’est qu’accuser les pilotes si vite, çà rassure les actionnaires Boeing, mais que les enquêteurs continuent leur boulot. Le but étant de trouver la ou les causes et d’y remédier.


                            • morice morice 11 juillet 2013 09:54

                              Bref, ce que j’en retiens, c’est qu’accuser les pilotes si vite, çà rassure les actionnaires Boeing, mais que les enquêteurs continuent leur boulot. Le but étant de trouver la ou les causes et d’y remédier.


                              merci d’avoir compris le message...

                            • morice morice 11 juillet 2013 13:57

                              nouvelle du jour


                              « L’agence américaine de sécurité des transports (NTSB), chargée de l’enquête sur le crash, a fini d’interroger les quatre pilotes du Boeing 777 et deux membres du personnel navigant, et a livré mercredi quelques précisions sur l’évacuation de l’appareil.

                              Le pilote Lee Kang-Kuk a déclaré aux autorités de Séoul et enquêteurs américains qu’il avait été temporairement aveuglé par un flash de lumière quand l’avion était à une altitude d’environ 500 pieds alors qu’il était en approche de la piste.

                               »

                              • bob.tass 11 juillet 2013 14:49

                                En général Morice me gonfle mais je reconnais que ses coms « aviation » tiennent l’air.

                                Je suggère donc a tous, Morice y compris, de regarder attentivement toute les photos du crash. Surtout celles de la piste entre la flotte et le zinc


                                • lulupipistrelle 11 juillet 2013 16:42

                                  777 c’est pas un nombre maudit... si j’en crois Pierre Jovanovic ? 


                                  • morice morice 11 juillet 2013 16:49

                                    allez jouer ailleurs, lulupipistrelle....


                                    • lulupipistrelle 11 juillet 2013 17:10

                                      Pardon, je fais partie des phobiques de l’avion.. 


                                    • lulupipistrelle 11 juillet 2013 17:18

                                      Et je ne savais pas même pas qu’il existait un appareil avec ce numéro... 



                                    • ecolittoral ecolittoral 11 juillet 2013 19:18

                                      « Pourquoi les avions tombent ils ? ». C’était une soirée théma sur ARTE. Je l’ai visionnée quatre ou cinq fois. 

                                      Tout ça pour dire qu’accuser des pilotes c’est assez facile et, pour ma part, j’ai du mal à imaginer qu’ils soient infaillibles, parfaits, tout le temps et partout. 
                                      J’en déduit aussi qu’avec vingt millions de décollages par an, et les incidents graves qu’ils ont réussi à « rattraper » ce sont des super pros.
                                      Alors ! Un problème de carburant ? quelques secondes d’hésitation ? Une perte de conscience de la réalité ?
                                      Dans quelques mois, on en saura plus.

                                      • morice morice 12 juillet 2013 12:24

                                        J’en déduit aussi qu’avec vingt millions de décollages par an, et les incidents graves qu’ils ont réussi à « rattraper » ce sont des super pros.


                                        me too

                                        c’est pourquoi je trouve la thèse un peu simpliste...

                                        • patrick590 patrick590 12 juillet 2013 20:35

                                          Hello Morice, j’ai une autre explication :

                                          l’avion s’est pris une bonne dégueulante( air descendant, trou d’air) en finale, dans ce cas de figure il faut plonger, accélérer pour reprendre de la vitesse par rapport à la masse d’air, si les pilotes ont cabré l’avion à la limite du décrochage pour essayer de gagner la piste, c’est qu’il était trop tard et pas assez de poussée pour repartir.

                                          En fait ces pilotes on fait un atterrissage miraculeux vu le faible nombre de victimes.

                                          Ce qui cloche, c’est la vitesse d’approche normale trop faible en descente, il peut y avoir de très fortes turbulences en finale.

                                          Je donne mon avis de pilote delta, expérience vécue pour la prise de vitesse maximum dans un trou d’air à ras le sol avant de redresser extrémiste pour atterrir !.

                                          Patrick


                                          • patrick590 patrick590 12 juillet 2013 21:07

                                            Concernant l’AF440, c’est une expérience qui prouve que ce genre d’engin ferait mieux de contourner les cumulonimbus et de se ravitailler, et l’A380 encore plus.


                                            • cliquet 19 juillet 2013 21:43

                                              C’est assez interessant de lire tous ces commentaires. A heathrow, en 2008, les reacteurs étaient des Rolls Trent. La raison du manque de poussée des moteurs a été trouvée il y a 3 ans (en 2010) Il s’agissait d’un défaut de conception de l’échangeur de température huile-carburant ;
                                              une petie zone à l’entrée de l’échangeur n’était pas réchauffée. Lorsque la demande de carburant était faible (cas de la descente et de l’approche) des cristaux de glace contenu dans le carburant froid (cas des vols longs a haute altitude) venaient obstruer partiellement l’entrée de l’échangeur, mais une faible quantité de carburant pouvait encore alimenter les moteurs (suffisante pour ralenti-vol)
                                              En cas de remise en poussée importante, le débit permis de permettait pas d’accélérer le moteur, et la vitesse avion chutait, ce qui a provoqué le crash de Londres.
                                              Je pense que ce type d’échangeur est probablement spécifique au moteur Trent et il est évident que tous ces équipements ont été modifiés depuis.
                                              Cela dit, en plus de 30 ans de ligne, je n’ai jamais vu un pilote ne pas regarder la vitesse en finale. En général, on réagit dès la moindre variation de vitesse vers le bas, avant même de constater un écart visible avec la vitesse d’approche.En outre, il y a tout lieu de croire qu’ il était en auto poussée. L’argument du manque d’expérience sur la machine ne tient pas car c’est précisément dans cette situation qu’on fait le plus attention. de plus, la qualification de type (passée au simulateur) était satisfaisante et le captain possédait donc tous les sacrements pour son adaptation en ligne, durant laquelle le pilotage de base de la machine ainsi que les procédures de secours et d’urgence sont réputées acquises.
                                              Les résultats de l’enquête seront interessants...


                                              • trash1981 29 janvier 2014 16:10

                                                sans être pour autant déjà en situation de perte de portance totale (« stall »)

                                                En français, on utilise généralement le terme décrochage. Ce que vous sauriez si vous aviez quelques notions en aéronautique, ou si vous aviez pensé à utiliser un dictionnaire bilingue. Par ailleurs, un décrochage ne signifie pas que l’on a perdu toute la portance.


                                                c’est à ce moment-là que l’appareil a perdu 600 pieds d’un coup, preuve qu’il manquait de puissance aux réacteurs

                                                Preuve de rien du tout. De nombreuses choses peuvent expliquer cette perte d’altitude, la plus probable étant le décrochage.

                                                En fait, vous m’avez battu sur cet article. Il y aurait tellement de choses à redire ou à corriger que je ne m’en sens pas le courage. Mais j’admire votre audace. Pourquoi croire Feldzer, qui n’est jamais qu’un pilote très expérimenté et reconnu par ses pairs, alors que morice, qui n’est de toute évidence pas pilote, a un autre avis sur la question ?

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