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Accueil du site > Tribune Libre > Le déficit budgétaire de la France s’élève à 33%...

Le déficit budgétaire de la France s’élève à 33%...

... des recettes fiscales. Ce ratio, beaucoup plus pertinent que celui qui le rapporte au PIB du pays, n'engage pas à l'optimisme...

Le gouvernement vient, mercredi dernier, de présenter son dernier collectif budgétaire.

Presque tous les débats et commentaires ont porté sur la TVA sociale, élément certes important, mais qui, comme bien souvent, ne faisait que cacher d'autres éléments autrement plus graves et inquiétants. Parmi ces éléments, trois ont particulièrement retenu mon attention :

  • La prévision de déficit budgétaire pour 2012 : 85 milliards d’euros.
  • Le versement de 6,5 milliards d'euros correspondant à la première tranche de la part française du capital du nouveau mécanisme européen de stabilité
  • La création de la banque de l'industrie...

Pourquoi les 85 milliards de déficit ? Parce que, mine de rien, malgré les "plans de rigueur", les grandes déclarations et les positions de principe, le déficit n'évolue pas. Sur les trois dernières années, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels comme le "grand emprunt") est resté au même niveau, de l’ordre de 90 milliards d’euros. Bien sûr, "on" nous arguera que ceci représente environ 5 % du PIB (ou 4.5% comme on essaie de nous le faire croire avec un prévisionnel en croissance optimiste). Mais voilà, sur un site d'information générale qui avait repris un de mes articles, un lecteur agacé m’interpella en me disant, avec juste raison, que le ratio déficit budgétaire/recettes fiscales était beaucoup plus pertinent que le ratio déficit budgétaire/ PIB. Bien sûr, celui-ci est toujours employé car faisant référence au traité de Maastricht et permettant des comparaison entre Etats, tous l'utilisant. Il n'en n'est pas moins vrai que la capacité à rembourser ne peut s'évaluer qu'avec l'autre ratio, beaucoup plus pertinent lorsque l'on veut sortir du virtuel pour appréhender le monde réel.

Les "vrais" chiffres ? Les recettes fiscales nettes de l’Etat en 2011 sont de 270 Mds€. Les dépenses de 360Mds€, soit un déficit de 90Mds€. 90/270=33%. Le vrai ratio de déficit de l'Etat français est de 33% !!!! En clair, lorsque l'Etat français dépense 4 €, il génère 1€ de déficit. Sincèrement, qui peut nous faire croire qu'avec les programmes qui nous sont proposés, l'Etat va en quatre ans rétablir des comptes à l'équilibre et respecter la fameuse "règle d'or" ? Cela supposerait à la fois des coupes sévères dans le budget de l'Etat, je ne vois personne les proposer, et une augmentation considérable des rentrées fiscales. Bien sûr, tous envisagent d'augmenter les impôts. Mais ils envisagent d'augmenter les bases d'imposition, appauvrissant ainsi les populations. C'est une relance forte de l'économie par l'offre et non par la demande qui peut permettre, sans toucher aux bases d'augmenter l'assiette. Mais de cela, il n'est point question. En fait, il semble bien que l’Etat soit absolument incapable de réduire son déficit. Je suis donc enclin à penser que nous prendrons le chemin de la Grèce.

Et les 6.5 Mds€ au MES, qu'ont ils de particulier ? Ils ont de particulier qu'ils représentent plus de 7% du déficit de la France et qu'ils vont aller se perdre dans le puits sans fonds de la dette grecque. Le MES, puisque c'est le dernier sigle retenu, ne va servir à rien d'autre qu'à verser des fonds au FMI pour qu'il finance la Grèce qui, de toute manière, ne remboursera pas. C'est à dire que les 130Mds€ que nous nous apprêtons à verser aux Grecs au mois de mars ne vont servir à rien d'autre qu'à gagner ("acheter" comme aime le dire très justement Olivier Delamarche) du temps jusqu'aux élections. Après, il faudra bien passer à la caisse et nos 6.5Mds, comme ceux déjà votés précédemment, vous disparaître, envolés en fumée. Sauf que, à moins de faire nous même défaut, il faudra bien que les contribuables français les remboursent. Alors oui, ces 6.5Mds, ajoutés aux autres, ajoutés au intérêts qu'ils vont générer car nous ne les avons pas et allons devoir les emprunter, me semblent parfaitement superflus. Réduire notre déficit de 6.5Mds€ m'eut apparu comme étant beaucoup plus positif pour le pays. 29% de déficit, cela a déjà une meilleure allure que 33%. En tous cas, c'était un début.

Et la création de la banque de l'industrie ? Quoi de spécial ? La création de la banque, rien par elle même. Par contre, lorsque je lis "Le Trésor va en effet bénéficier, notamment, du « rapatriement » sur son compte de la trésorerie d'opérateurs publics tels qu'Oséo. » , là je sursaute. Oséo, qu'on nous présente comme l'objet de la relance économique, créé soi-disant pour financer les PME, va en fait servir à financer le déficit de l’Etat... Si ça ce n'est pas racler les fonds de tiroir.... C'est à des petits signes comme ceux là, les recettes fiscales qui ne sont pas reversées à la sécu, les bourses des étudiants qui ne sont pas versées, les délais de paiements des marchés d'Etat qui s'allongent, les soldes et les primes de certains militaires qui tardent, certains remboursements qui ne se font pas que l'on perçoit le profond malaise qui existe. L'Etat est à sec. Mais beaucoup plus à sec que les circonstances électorales ne permettent de le dire. Sommes nous si loin d'une situation de défaut ? Le prochain Président risque bien d'être le "Président de la honte". Remarquez, au moins, il laissera son nom dans l'histoire et après tout, c'est beaucoup plus à cela que tous aspirent qu'à sauver la France.

N.B. : Vous pouvez suivre l'évolution en temps réel de la dette des principaux pays emprunteurs ainsi que l'évolution en temps réel de leurs taux d'emprunts sur MaVieMonArgent

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12 réactions à cet article    


  • Richard Schneider Richard Schneider 14 février 2012 16:07

    Article qui fait froid dans le dos. Effectivement, « le vrai ratio de déficit de l’Etat français est de 33% ». C’est énorme. Et je ne crois pas que le public s’en rend compte ...

    Sans entrer dans les détails - l’auteur le fait très bien -, il ne reste pas beaucoup de solutions pour s’en sortir. Soit on retrouve une croissance forte et continue, soit - c’est le seul salut pour la Grèce - il faudra redonner aux Banques nationales de pouvoir à nouveau battre monnaie. Quitte à laisser filer (raisonnablement) l’inflation pendant quelques années. Sinon c’est le serpent qui se mord la queue : l’état emprunte pour rembourser, puis réemprunte pour re-rembouser. Avec en prime une augmentation sans fin des taxes et des impôts.
    L’auteur propose une forte relance de l’économie par l’offre. Très bien. Mais comment faire, quand les caisses sont désespérément vides. ? Car même une relance par l’offre demande un minimum de pognon ...
    Enfin, encore plus incompréhensible a été la politique de Sarkozy. Alors que Fillon à l’automne 2007 disait lugubrement qu’il était « la tête d’un état en faillite », le président creusait la dette de plus de 100 Milliard d’€ - et ce avant la Crise de 2008.


    • superyeti superyeti 14 février 2012 18:13

      Voila le sondage du mois que propose le site maviemonargent

      La relance de la Production française passe-t-elle à votre avis : (2 choix possibles)

      Par le transfert du coût de la protection sociale sur la consommation ? (71%, 335 Votes)

      Par la mise en place de barrières douanières ? (48%, 225 Votes)

      Par des mesures d’investissement volontariste de la part de l’Etat ? (28%, 130 Votes)

      Par l’alignement de notre protection sociale sur le moins disant ? (17%, 79 Votes)

      Nombre total de votants : 471

      Que dire après ça, les deux mesures les plus antisociale du sondage recueillent 88 % des votes, voila encore un site comme tant d’autres qui fait pas dans la dentelle, un bon site sarkozyste comme l’aime tant les banksters.


      • TDK1 TDK1 14 février 2012 18:52

        Bonjour,


        Dans le genre sarkosiste, si vous aviez pris le temps de lire au lieu de vous arrêter aux images, vous vous rendriez compte de la stupidité de votre allégation. 
        Si vous saviez compter, vous n’affirmeriez pas non plus que 88% des « votes » ....

        Maintenant si vous voulez débattre de l’aspect « anti social » du transfert de coût de la protection sociale sur la consommation, c’est quand vous voulez, parce que je faisd partie de ceux qui affirment et démontrent que cette mesure est la plus sociale qui soit et que faire peser le cout de cette politique sur le travail est le meilleur moyen de le tuer, donc est une mesure parfaitement anti sociale (en plus d’être une aberration)

      • Soi Même 14 février 2012 19:05

        Rien que cela : < La prévision de déficit budgétaire pour 2012 : 85 milliards d’euros.> devaient nous alertez sur l’imposture de tous se beaux linges. Direction la santé.
        Un peux exagérer cette réaction, à ce demander si la fameuse élites devraient pas connaître les désagrément de leurs forfaitures.


        • Asp Explorer Asp Explorer 14 février 2012 23:53

          Au passage, histoire de bien fixer les idées, la charge de la dette (ce que nous remboursons à nos créanciers) représentait 45 milliards d’euros en 2011. Le déficit était à 92 milliards d’euros. Ce qui signifie que même si nous n’étions pas endettés, nous serions tout de même en déficit de 47 milliards d’euros, et que donc, il ne faut pas chercher l’origine de la dette dans un hypothétique complot de la Trilatérale de Bilderberg des Atlantes de Mû pour que les banques mettent la main sur la monnaie (les banques, de toute façon, ont toujours été inféodées aux états). La dette vient du fait, tout simplement, qu’on dépense trop pour ce qu’on gagne.


          • Brath-z Brath-z 5 mars 2012 10:43

            Rectification qui a son importance : la charge de la dette représentant 45 milliards d’euros... mais le service de la dette s’élevait, lui, à 118 milliards d’euros.
            Le service, c’est la charge (les intérêts) + le capital. Or au moins 50% dudit capital n’existe... que pour rembourser la charge. Si les intérêts de la dette étaient contraints, la France n’aurait pas à emprunter pour rembourser.

            Et puis même si on néglige ce paramètre, force est de constater que la dette publique française est absolument minime, bien moindre que durant la première moitié des années 1990. Car aujourd’hui les titres de dette courent en moyenne sur plus de 7 ans, contre environ 3 ans à l’époque. En rapportant la dette publique non pas à la richesse produite pendant une année mais à la richesse produite pendant la durée des emprunts, la France n’est endettée que de 12,5%. Une paille, et encore une paille dont l’essentiel provient de la très mauvaise gestion par les gouvernements Raffarin et Fillon (le gouvernement Villepin ayant été plus « sage » en matière de gestion de la dette). En 1993, c’était un peu plus de 15% et pourtant on a survécu sans grands problèmes.

            Enfin, dire qu’on dépense trop pour ce qu’on gagne, c’est oublier que l’état peut aussi et surtout augmenter ses recettes.


          • superyeti superyeti 15 février 2012 02:37

            Pour TDK1, peut tu m’expliquer ou je me suis trompé, car pour moi 71% + 17% font bien 88 %

            Par le transfert du coût de la protection sociale sur la consommation ? (71%, 335 Votes)

            Par l’alignement de notre protection sociale sur le moins disant ? (17%, 79 Votes)

            De plus vous dites, je fais partie de ceux qui affirment et démontrent que cette mesure est la plus sociale qui soi, et que faire peser le cout de cette politique sur le travail est le meilleur moyen de le tuer, donc est une mesure parfaitement anti sociale (en plus d’être une aberration)

            Et moi je vous réponds que c’est le meilleur moyen de tuer la consommation.

            Maintenant cher TDK1, il faut m’expliquer ou se trouve la stupidité dans mes propos, une réponse claire serai la bienvenue.

            Ps : pouvez-vous me dire si vous avez une carte a l’UMP, si c’est pas le cas courez vite pour adhérer, il en reste plein, vous imaginez se retrouver entre Nadine Morano et Claude Guéant, que du bonheur. 


            • Nanar M Nanar M 15 février 2012 07:56

              Ma vie mon argent : tout est dit.
              et ça se dit catholique pratiquant .....


              • yazan 15 février 2012 10:00

                Vrais chiffres ou montage statistique, cela dénote en tous cas des ravages de 30 ans de politiques ultra libérales. Depuis Giscard, les états n’ont juré que par la capacité de l’économie à s’autoréguler... bin voyons ! Mais en s’extrayant du jeu économique, les états sont également devenus petit à petit les orages du privé (à moins que ce ne soit pire, à moins qu’ils ne collaborent).
                Dégrader la note de la France ? Mais c’est formidable ! Ceux qui spéculent sur les dettes publiques pourront désormais s’enrichir avec des taux d’intérêts dépassant bientôt les 20% ! Cherchez qui finance les agences de notations, vous completerez le tableau !
                Alors oui, prendre le chemin de la grèce, c’est bien ce que nous sommes en train de faire.... Et il n’y a aucune raison pour que les plans d’austérité ne soient plus efficaces en france qu’ils ne le sont chez les grecs ! Tant qu’on n’ira pas chercher les finances là où elles sont, tant qu’on ne brisera pas nos chaines, nous ne serons TOUS que des larbins (bin oui !)
                Pour résumer cette pensée (et en bande dessinée, mode « lol » comme disent les d’jeuns) : http://www.citylop.com/nicolas-sarkozy-bande-dessinee-bilan-programme/

                Si on veut que ça change, il va nous falloir oser exiger.... Attendre des autres sans broncher ne nous apportera rien de bon, c’est donc à nous de voir ce que nous souhaitons !


                • titi titi 15 février 2012 11:07

                  « cela dénote en tous cas des ravages de 30 ans de politiques ultra libérales »

                  Un état qui ponctionne plus de 50% de la richesse produite est tout sauf ultra libéral. Il est même plus proche du communisme.

                  Ce que dénote ces chiffres c’est que l’Etat est mal géré.


                • yazan 15 février 2012 11:22

                  50% de richesses produites ponctionnées ? Ca dépend pour qui.... Nous sommes dans un système comportant un seuil pour l’entreprise : En dessous, on se fait avoir en beauté, l’état se sert largement.... Au dessus, il y a des entreprises géantes (Total, L’Oreal, etc...) qui elles ont décrété se trouver au dessus des états... Ces entreprises là sont suffisamment organisées pour ne plus respecter les règles (qui ne s’appliquent d’ailleurs pas vraiment à elles), à dilluer leurs bénéfices de part le monde, profitant de leur statut de multinationnale, au gré des impositions locales, dans le but de réduire (voire annuler) leurs d’impositions, etc...
                  C’est bien par rapport à ces entreprises là que s’applique l’ultra libéralisme. Plus aucune règle ne s’applique à elles... Ce sont au contraire elles qui dictent leur loi aux gouvernements et aux peuples dans le but d’accroitre toujours et encore leurs bénéfices.... Et pourtant, ce sont elles qui pourraient contribuer au bien commun... Si seulement nous n’étions pas des cou***es molles !!!!!
                  Bref, nous ne sommes sous une dictature financière plutôt qu’un quelconque giron pseudo communiste (il y aurait beaucoup à dire là dessus également)...


                • titi titi 17 février 2012 00:15

                  « 50% de richesses produites ponctionnées ? Ca dépend pour qui.... »

                  Il n’empêche... plus de 50% de la richesse est « collectivisée ». Nous sommes donc dans un système collectiviste.

                  « à dilluer leurs bénéfices de part le monde, profitant de leur statut de multinationnale, au gré des impositions locales, dans le but de réduire (voire annuler) leurs d’impositions, etc... »

                  Turlututu... 
                  Il me semble que lorsque Total fait du bénéfice en Birmanie, avec le travail des Birmans, et bien les Birmans ont un plus de droits que les francais sur ces bénéfices. De la même manière que lorsque Toyota fabrique en France les bénéfices sur ces ventes sont taxés par la France. Ca me parait normal.

                  « Et pourtant, ce sont elles qui pourraient contribuer au bien commun... »
                  Je suis d’accord. Sauf que le bien commun ne se résume pas au votre. Lorsque l’Oréal fabrique en Chine, vend en Chine, et fait du bénéfice en Chine, c’est au bien des chinois que l’Oréal devrait contribué avant le votre.

                  « Bref, nous ne sommes sous une dictature financière plutôt qu’un quelconque giron pseudo communiste »
                  Bah non y a pas de bref. Les chiffres sont là. Les méthodes sont là : affiliation obligatoire à la sécu par exemple. Ce régime n’a rien de libéral. Bien au contraire.

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