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Le G7 face à la stratégie planétaire de la Chine. Pétrole à + de 150 $ à défaut de sauver son hégémonie créer un équilibre monétaire mondial

 

Dans un article sur yahoo.news.com du 13 juin 2021, rubrique Économie, on lit : « Le G7 fait front commun pour contrer la nouvelle « Route de la soie » chinoise. »

 

« Les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre se sont entendus samedi 12 juin pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de contrer l’influence grandissante de la Chine. Si tous sont d’accord sur le fond du problème, certains pays redoutent de s’attirer l’hostilité de Pékin. […]

 

Réunis samedi en sommet en Cornouailles, les membres du G7 se sont entendus pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de contrer l’influence grandissante de la Chine à travers le monde.

 

Lancé par le président chinois Xi Jinping en 2013, le projet de nouvelle « Route de la soie » consiste à financer des investissements et des projets de développement de l’Asie à l’Europe et jusqu’en Afrique. Dans ce cadre, plus de 100 pays ont déjà signé des accords avec Pékin pour développer des liaisons ferroviaires, des ports, des autoroutes ou d’autres types d’infrastructures. Mais les projets chinois sont notamment accusés d’endetter lourdement les pays en développement ce qui les paralyse et les laisse politiquement redevables à la Chine, note The Guardian. […]

 

Le contre-projet du G7 baptisé « Build Back Better World » (Mieux reconstruire le monde) ou « B3W » doit lui permettre de conclure des partenariats transparents en matière d’infrastructures pour combler d’ici 2035 des besoins estimés à 40 000 milliards de dollars dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. »

 

La suite de l’article sur Courrier international.

 

Il a été présenté à l’initiative de Joe Biden qui a fait de « la contestation de l’hégémonie chinoise, la pièce maîtresse de sa politique étrangère », note le New York Times.

Selon la Maison Blanche, le programme B3W vise à mobiliser des fonds privés dans des domaines tels que le climat, la santé et la sécurité sanitaire, le numérique et l’égalité entre les sexes. Les membres du G7 se sont aussi entendus samedi sur la nécessité de trouver une approche concertée pour répondre à la concurrence déloyale exercée par la Chine et aux violations des droits de l’homme observés dans le pays.

 

Les hauts responsables du G7 « veulent prouver que les valeurs occidentales peuvent prévaloir », note le journaliste de la BBC Jon Sopel. Mais l’administration Biden a été vague concernant la contribution de l’Occident à ce plan d’infrastructure mondial ainsi que les délais dans lesquels il pourrait être mis en place. »

 

Interviewé par Al-Jazira, l’expert américain Ryan Patel a estimé que la mise en place du B3W « pourrait prendre du temps », « même si les puissances du G7 ont les capacités de créer une alternative » à la Route de la soie chinoise. « Ce que la Chine et les pays du G7 cherchent à faire actuellement », explique-t-il, « c’est de devenir plus indépendants », en diversifiant leurs partenaires commerciaux, surtout à la lumière du ralentissement économique provoqué par la crise du Covid-19.

 

Un G7 divisé

 

Des divergences sont néanmoins apparues samedi entre les pays du G7, selon le Washington Post. D’après un haut responsable américain qui s’est exprimé samedi sous le sceau de l’anonymat, la Grande-Bretagne, le Canada et la France ont rapidement soutenu le point de vue de Biden tandis que d’autres pays se sont montrés plus hésitants sur la manière d’agir, par peur de s’attirer l’hostilité de Pékin.

 

« L’Allemagne, qui exporte chaque année des millions de voitures vers la Chine, fait partie des alliés qui craignent qu’une position ferme contre la Chine ne se retourne contre elle », remarque le Washington Post. Le Japon, proche voisin et partenaire commercial de la Chine, s’est également montré méfiant. […] Quant à l’Italie, elle a elle-même signé en 2019 un protocole d’accord avec la Chine pour rejoindre son projet de nouvelle Route de la Soie que le G-7 essaie maintenant de contrer. » » (1)

 

Que peut-on dire de cette nouvelle donne qui est à la fois inattendue et attendue et surtout qu’elle est cruciale pour l’Occident de réagir à la stratégie chinoise de la « Route de la Soie » sous peine de se trouver « distancé », sas recours pour renverser les donnes. Le risque est grand qu’il soit détrôné par la Chine de son rang de Numéro 1 dans l’économie mondiale. Et qui dit économie mondiale dit monétaire, financier et concerne tous les autres domaines de puissance, à savoir technologique, militaire, nucléaire, spatial…

 

Après le robot américain Perseverance sur Mars, le 18 février 2021, la Chine a fait atterrir sur Mars le robot Zhurong, le 14 mai 2021, faisant d’elle la deuxième nation à poser un robot sur la planète rouge. Deux pays ont réussi cet exploit, les États-Unis et la Chine qui talonne sans relâche la première puissance mondiale. Le pouvoir chinois sait qu’il a tous les moyens scientifiques, technologiques et financiers pour s'imposer comme acteur majeur face aux États-Unis et à l’Europe.

 

Comme on le lit dans Reuters, un article daté le 13 juin 202. « Le monde n'est plus dirigé par un « petit groupe de pays », dit la Chine au G7 »

 

CARBIS BAY, Angleterre (Reuters) - L'époque où un « petit groupe de pays » décidait du sort du monde est finie depuis longtemps, a déclaré la Chine dimanche, en réplique à la volonté affichée par les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre d'adopter une position unie face aux ambitions de Pékin.

 

« L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est révolue depuis longtemps », a déclaré un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres.

 

« Nous avons toujours pensé que les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, pauvres ou riches, sont égaux et que les affaires du monde devraient être traitées via des consultations entre tous les pays », a-t-il ajouté.

A l'occasion du sommet de Carbis Bay, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a animé samedi un débat au sujet de la Chine et il a appelé les autres dirigeants du G7 à parvenir à une approche unifiée face aux défis posés par Pékin, a dit une source.

 

Les membres du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) se sont entendus samedi pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de concurrencer l'initiative chinoise de nouvelle « Route de la soie ». » (2)

 

Que peut-on dire de ces deux prises de position ? D’abord du Groupe des sept (G7). Ne se sont-ils pas pris en retard pour proposer un plan alternatif mondial d’infrastructures pour les pays en développement pour contrer la « Route de la soie » de la Chine qui est mise en œuvre depuis au moins sept années ? L’idée de la nouvelle route de la soie a été dévoilée en 2013 par le gouvernement chinois. Elle a plusieurs nom « One Belt, One Road », en français, « une ceinture, une route », ou encore l’acronyme BRI, « Belt and Road Intiative », en français « Initiative et ceinture et route ».

 

Ce plan en fait constitue une stratégie de développement lancé par la Chine pour promouvoir la coopération entre les pays des cinq continents dont l’objectif est de renforcer la position de la Chine sur le plan mondial, et par l’interconnexion économique, financière et monétaire, préparer son futur statut, à l’horizon 2030-2040, de première puissance mondiale.

A titre de comparaison, il faut rappeler qu’en 1980, le revenu par habitant et par an pour la Chine (en dollars US à parité de pouvoir d’achat) était de 763 dollars US. Alors que pour Hong Kong, le revenu était de 12 066 $, le Japon 17 057 $, la Corée du Sud 4847 $, les philippines 4153 $, la Thaïlande 2510 $, l’Indonésie 1462 $. C’est dire le bond phénoménal qu’a fait la Chine sur le plan économique, grâce au formidable réservoir de main d’œuvre à bas coût qui se compte en centaines de millions de chinois. (3) En 2019, le revenu par habitant et par an de la Chine s’élevait a au moins à 12 536 $, selon le journal français Le Monde. Et il ne cesse de croître. Le FMI prévoit même une croissance à deux chiffres pour la Chine, en 2021, avec +11%. (4)

 

Cependant cette montée en puissance économique de la Chine n’est pas venue ex nihilo. Elle relève aussi des forces historiques, essentiellement des guerres économiques, monétaires et financières intra-occidentales dont les trois principaux événements historiques ont été la crise de l’endettement mondial dans les années 1980, les délocalisations massives vers l’Asie et les accords de Plaza de septembre 1985, à New York, qui ont obligé le Japon à réévaluer sa monnaie internationale, le yen, compte tenu du poids de son commerce sur le plan mondial. Au milieu des années 1980, des médias occidentaux annonçaient déjà le Japon comme futur numéro 1 dans l’économie mondiale, supplantant les États-Unis.

 

Il y a les étrangetés historiques qui apparaissent comme des nécessités qu’il faut comprendre à leur juste valeur et en tenir compte. Par exemple, le Japon. A qui doit-il sa montée en puissance sur le plan économique ? Aux États-Unis ? Dans l’absolu, non ! Il le doit essentiellement à l’avènement de la Chine communiste en 1949 qui a commandé la volte-face de Washington, faisant de lui un allié majeur pour endiguer le communisme sur le monde. Une Asie communiste s’étendant à l’Afrique, à l’Amérique du Sud, à l’Europe et à d’autres régions mettrait en danger l’Occident.

 

De nouveau, le même processus entre le Japon et les États-Unis-Europe, mais celui-ci est inversé. Le Japon jugulé par les accords de Plaza de 1985, compte tenu du poids de son commerce extérieur qui menaçait les États-Unis, et sommé de réévaluer sa monnaie, le yen japonais (JPY), a été dirigé malgré lui vers le marché chinois. La Chine qui a converti son économie communiste en socialisme de marché a constitué en fait une opportunité pour le Japon pour contourner le rempart monétaro-économique européo-américain. Comment ? En délocalisant massivement la production japonaise à forte intensité de main d’œuvre en Chine. Le made in China à bas coût par les firmes chinoises en joint-ventures avec les firmes japonaises, a permis de lever ou du moins atténuer les obstacles qui gênaient le commerce extérieur japonais. Cette nouvelle donne constituera un tournant majeur pour l’économie mondiale.

 

En effet, le processus Chine-Japon va s’étendre à l’Europe et aux États-Unis. N’ayant pas d’alternative face à l’entrée de la Chine dans la compétition dans le commerce mondial, ils sont forcés de suivre l’exemple du Japon. D’autant plus que la crise de l’endettement mondial des années 1980 suivie de la chute de la demande mondiale faisait miroiter la Chine comme un débouché majeur pour relancer l’économie occidentale. Celle-ci précisément s’asphyxiait faute de débouchés dont la plupart des pays du reste du monde en proie aux programmes d’ajustement structurels du FMI pour assainir leurs économies étaient défalqués ou comptaient peu dans la demande mondiale.

 

On peut même dire que la hausse du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale américaine et l’endettement mondial qui a suivi et ont poussé les États-Unis dans cette direction pour réduire drastiquement les liquidités internationales en dollars, avaient en fait une portée hautement géostratégique. En effet, se faisant, cette politique monétaire restrictive US a permis doublement, d’abord d’endetter le bloc Est sous l’influence de l’URSS vis-à-vis de l’Occident, ensuite, par l’endettement du reste du monde, annihiler les débouchés (marchés) que le bloc Est avait avec ce dernier.

 

C’est ainsi, qu’à la fin de la décennie 1980, le bloc Est, l’Union soviétique et la fédération de Yougoslavie ont fini par imploser puis éclater. Et là encore étrangeté de l’histoire, c’est comme si les convulsions du bloc Est et la disparition qui a suivi étaient comme préprogrammées. L’éclatement de cette partie fermée du monde a duré presque toute la décennie 1990.

 

On comprend dès lors l’apport de la Chine, qui a devancé l’histoire, ou l’histoire l’a fait avancer en se convertissant au socialisme de marché. Avec une population de plus d’un milliard de chinois, la Chine, dans sa relance économique mondiale, était en quelque sorte un bol d’air frais à la fois pour l’Occident et pour le reste du monde. L’Occident, malgré ses délocalisations massives vers la Chine, a vu son économie croître par l’apport de produits massifs made in China issus, venus de sa propre technologie et de ses firmes de productions même de l’Occident, qui se sont trouvées forcées d’être transférées en Chine. Sinon ces firmes devaient fermer car non rentables, non compétitives dans le commerce mondial.

Une nécessité historique, doit-on dire. L’histoire commande-t-elle la marche de l’humanité ? La seule réponse plausible est que l’histoire est ainsi, elle relève des nécessités historiques qui font avancer l’histoire.

 

Après ce court rappel historique, revenons au plan mondial d’infrastructures proposé par le G7 aux pays en développement PVD. Comme on lit supra (1), le plan rencontre des obstacles. Des membres redoutent l’hostilité de Pékin, ce qui est naturel eu égard aux enjeux qui sont planétaires. L’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Italie commercent avec la Chine. Certes lancer un plan mondial au profit des pays en développement PVD est une idée qui peut paraître séduisante. Il demeure cependant qu’il reste beaucoup d’obstacles à dépasser entre les pays du G7 et la Chine, puisque les deux parties sont confrontées au financement de la « Route de la soie » tant pour la Chine que pour l’Occident qui veut s’investir dans un contre-plan de la route de la soie chinoise.

 

Et à ce financement vient se conjuguer cette crainte de l’Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, et d’autres pays occidentaux de se trouver engagés dans un conflit avec la Chine. En réalité, cet affrontement Occident-Chine est mineur au regard des enjeux à l’échelle mondiale. Il est évident que l’économie chinoise est très dépendante du marché extérieur. L’emploi de centaines de millions de chinois est tributaire des échanges commerciaux avec l’Occident. Par conséquent, la Chine ne peut se priver de débouchés extérieurs comme il en va d’ailleurs pour les pays occidentaux. Le seul problème qui se posera portera sur la compétitivité.

 

Combien même la Chine est plus compétitive, son marché reste toujours lié au marché occidental. Il y a donc une interdépendance entre les deux grands pôles mondiaux.

Tout au plus, se posera un problème d’équilibrage, pour l’Occident qui cherchera à diminuer cette interdépendance avec la Chine en relocalisant ses entreprises de production en Occident ou dans des pays tiers comme l’Inde en Asie, ou en Afrique, en Amérique du Sud… Et encore, si cette relocalisation est rentable, viable. La Chine fera autant, relocaliser des firmes chinoises comme l’a fait le Japon dans le cadre de joint-ventures (coentreprises) avec des pays hôtes en Asie, en Afrique… et même en Europe quand c’est possible. Ce sera la course aux débouchés extérieurs via des joint-ventures.

 

Cependant la Chine est déjà gagnante sur pratiquement tous les plans depuis qu’elle s’est étendue commercialement à tous les pays des cinq continents. De plus, elle s’est haussée au rang de deuxième puissance économique mondiale, en 2010. Elle dispose des plus grandes réserves de change du monde. Enfin, le renminbi ou yuan, monnaie chinoise, a intégré, le 1er octobre 2016, le panier de monnaies qu’utilise le FMI pour la détermination de la valeur de son actif monétaire, le DTS (Droits de tirage spécial, l’actif constitutif des réserves du FMI)

 

Aujourd’hui, le renminbi avec le panier de monnaies internationales du FMI, et malgré qu’il ne fluctue pas sur les marchés, et toujours dirigé par la Banque centrale de Chine, il partage avec le dollar, l’euro, le yen japonais, la livre sterling, le dollar australien, le dollar canadien et le franc suisse le droit de seigneuriage sur le monde. Les huit monnaies internationales comptant sur les échanges internationaux, selon leur poids qu’elles ont chacune dans l’économie mondiale.

 

Il est évident que, par sa prodigieuse ascension dans le commerce mondial en moins de 40 ans, devenu désormais l’atelier du monde, la Chine vise naturellement à détrôner le dollar US qui lui détient le droit de seigneuriage bien plus massif que toutes les autres monnaies mondiales. Le dollar US compte massivement dans les réserves de change des Banques centrales du monde. Utilisé en monnaie de facturation des transactions pétrolières des pays exportateurs de pétrole et des autres pays OPEP, et aussi en monnaie de compte pour une grande partie échanges économiques dans le monde, les États-Unis, par ces droits massifs de seigneuriage, peuvent injecter autant de liquidités monétaires internationales que nécessaire dans le commerce mondial.

 

Et, par le seul pouvoir des émissions monétaires ex nihilo, ils financent monétairement leurs déficits extérieurs, et sans transferts de richesses physiques en contrepartie. Le dollar US règne donc en maître sur le système monétaire international. Ce qu’on appelle du reste le privilège exorbitant du dollar US sur le monde.

 

Avant de poursuivre plus loin l’analyse, il est très important de comprendre le processus monétaire que permet le pouvoir seigneurial massif qu’ont les États-Unis d’émettre autant que nécessaire de liquidités internationales en dollars pour répercuter leurs déficits commerciaux sur le reste du monde. En fait, le pouvoir seigneurial remonte au Moyen-Âge et même avant. A cette époque, rois et seigneurs étaient confrontés aux dépenses somptuaires dues aux festivités à l’occasion de naissances, mariages et autres cérémonies publiques dans tout le royaume. Et aussi aux guerres entre royaumes dans le but pour les souverains d’agrandir leurs territoires au détriment des royaumes voisins. Cette ambition de conquête était monnaie courante, à ces époques, et demandait financement. Un peu comme aujourd’hui, la Chine qui monte en puissance et cherche à détrôner les États-Unis de leur rang de première puissance mondiale.

 

Comment s’opérait le financement ? Comme ces royaumes étaient confrontés aux disettes, insuffisances de vivres pour la population et occasionnaient des famines, les cultivateurs étaient obligés de déposer leur blé dans les magasins du roi, ou granges à blé royales. Et comme ce sont les rois qui frappent la monnaie et émettent les liquidités monétaires nécessaires pour l’économie du royaume et donc assurent les échanges commerciaux entre les sujets du roi, le processus pour le financement des dépenses royales repose précisément sur la frappe de monnaie. Et la particularité des granges royales par le blé qu’elles contiennent et sert le plus grand nombre explique pourquoi le souverain a une prise presque absolue sur la population de son royaume. C’est leur dépendance du blé entreposé dans les magasins du roi qui assure leur existence. Moins de blé dans les entrepôts signifie menace de famine.

 

Précisément, cette dépendance permet au pouvoir royal de définir souverainement le régime de frappe des monnaies et de fixation des cours, selon les conjonctures politiques et économiques. Que les dépenses (festivités, guerre…) viennent alourdir le budget du royaume, le roi, grâce à la création monétaire ex nihilo (à partir de rien), et donc un surplus de liquidités monétaires adossé à l’augmentation du prix du blé, a toute latitude pour financer les déficits du Trésor royal. Le financement des dépenses somptueuses ou des guerres est répercuté sur la population par la hausse des prix. En fait, la stabilité du royaume, et peu importe que l’excès de frappe de monnaie soit équilibré par une hausse des prix du blé, est le prix à payer par ses sujets.

 

Que ce financement s’assimile à un impôt détourné, les peuples ne se rendent pas compte même si la production du blé est en hausse, alors que normalement, dans ce cas, le prix du blé doit baisser. Cependant, une guerre qui se déclenche entre royaume légitime dans un certain sens ces injections monétaires puisque chaque royaume qui entre en guerre s’efforce de protéger ses sujets. De même, par le système monétaire centralisé par les services royaux, c’est le souverain qui est garant de la stabilité de l’économie du royaume.

 

Ceci nous amène au droit de seigneuriage détenu par les pays occidentaux, c’est pratiquement le même principe. Pour la période récente, de 1944 à aujourd’hui, l’évolution peut être résumée en trois phases. La première, le dollar US a régenté le monde de 1944 à 1958, c’est la période de reconstruction et de remise à niveau économique de l’après-guerre. De 1958 à 1973, avec l’avènement des monnaies internationalisées par les grands pays d’Europe, partage du droit de seigneuriage avec les États-Unis. Le 15 août 1971, les États-Unis mettent fin à la convertibilité du dollar en or, le système monétaire du change fixe passe au change flottant.

 

C’est la fin des accords de Bretton Woods de 1944. Après deux années de tractations entre les États-Unis et les pays d’Europe pour régler le problème monétaire qui n’aboutissent pas, le monde passe à la troisième phase, 1973 à aujourd’hui. C’est la donne pétrolière qui est entrée en jeu. Désormais, le dollar US est devenu la monnaie de facturation des exportations pétrolières des monarchies arabes des pays du Golfe. Et comme le pétrole a la même particularité que le blé dans le sens qu’il est utilisé par tous les pays du monde, les États-Unis impriment des dollars pour tous les pays du monde qui en demandent, et importent du pétrole des pays arabes. Le dollar US est aussi utilisé par les pays exportateurs de pétrole du cartel pétrolier OPEP où les pays arabes sont majoritaires.

 

Certes, aujourd’hui, il est toujours détenu par les États-Unis, et dans leur sillage les pays d’Europe, et ce depuis les années 1970 avec cependant une différence de taille, un nouvel acteur est entré dans la course du seigneuriage, la Chine. Devenue une puissance économique, monétaire et financière mondiale, la Chine aspire à faire de son renminbi, une grande monnaie internationale.

 

Mais, comme ce sont les États-Unis qui prédominent dans le système monétaire international puisqu’ils ont à la fois le pouvoir de frapper la monnaie et aussi des granges royales de blé. Si les États-Unis sont souverains d’émettre mondialement des liquidités en dollars US selon leurs besoins tant intérieurs qu’extérieurs avec leurs partenaires commerciaux dans le monde, contrairement aux autres puissances monétaires notamment les pays d’Europe et le Japon, qui dépendent des États-Unis, c’est parce qu’ils sont seuls à avoir leurs granges à blé, qui se situent au Moyen-Orient où se trouvent les plus grands gisements de pétrole du monde.

 

Et ces granges de pétrole sont défendues par toute l’armada américaine constituée de flottes de guerres, de bombardiers à multiples rayons d’action et une multitude de bases militaires US pour les défendre. Et ce ne sont pas seulement les granges à blé, les granges à matières premières, métaux précieux, agricoles et autres produits de base sont pour une grande partie facturés en dollar US.

 

Donc, comme les royaumes du Moyen-Âge pour le financement des guerres ou d’excès de festivités, toute forte émission monétaire par la Fed américaine ex nihilo (à partir de rien) est contrebalancée par la hausse du prix du blé, c’est-à-dire adossée à l’augmentation du prix du pétrole arabe, et étendue aux autres pays de l’OPEP. Sauf bien entendu les pays qui sont en conflit avec les États-Unis comme l’Iran. Et ces augmentations s’opèrent au sein des Bourses occidentales à Chicago, New York, Londres…, en fait des Bourses mondiales qui déterminent unilatéralement la hausse ou la baisse des prix du pétrole. En cas d’insuffisance de contreparties physiques due aux fortes injections monétaires de la Fed, et pour éviter que le prix du baril atteigne des prix très hauts, 200 dollars et plus, les Bourses américaines font augmenter le prix de l’or. Comme en témoigne la hausse de l’or depuis 2000. L’once d’or est passé de 260,75 dollars le 8 février 2001 à 2018,74 dollars le 29 juillet 2020. Il est à 1780,39 dollars, le 24 juin 2021. (5)

 

Les matières premières évidemment suivent le cours haussier du prix du pétrole. On comprend dès lors le formidable pouvoir monétaire exorbitant que détiennent les États-Unis. Et la crainte de voir ce privilège exorbitant échapper à la première puissance mondiale serait le plus grand désastre de son histoire, depuis sa création en 1776.

 

On comprend pourquoi la région moyenne et proche-orientale est vitale pour l’économie américaine. Et les États-Unis disposent des alliés de poids tant l’Arabie saoudite que les autres monarchies arabes du Golfe qui ont toutes besoin du parapluie nucléaire américain. Toutes les guerres qui se sont joués et s’y jouent encore au Moyen et au Proche-Orient, et donc au Liban, en Israël, en Palestine, au Yémen, en Irak, en Syrie, en Afghanistan… et cela depuis plus de cinquante ans, et les conflits sont toujours ouverts, ont lien avec le privilège exorbitant du dollars US. Quant à l’Iran, il est visé comme l’ennemi numéro 1 de l’Amérique Pourquoi ? Précisément par la donne monétaro-pétrolière. Le conflit avec Israël n’aurait pu peser si le pétrole n’avait pas existé dans cette région centrale du monde, objet de toutes les convoitises pour les puissances mondiales.

 

Il faut se rappeler un événement en 2000. Lorsque le président irakien Saddam Hussein a demandé à l’ONU de facturer son pétrole contre nourriture en euro et non en dollar US, des dizaines d’avions européens, en provenance de France, et aussi des pays arabes, ont commencé à briser l’embargo anglo-américain pour apporter une aide humanitaire au peuple irakien. On a vu ce qui a suivi pour l’Irak, bombardé et occupé en 2003 et le président irakien pendu.

 

Cependant, au-delà des guerres et conflits entre les puissances que cette donne seigneuriale provoque, peut-on dire que le processus monétaire international basé sur le dollar US qui conduit le commerce international est négatif ? D’emblée, on peut dire non. Il a permis et permet toujours la stabilité de l’économie mondiale. C’est le dollar US qui règle le système monétaire international. Les sept monnaies internationales dont la nouvelle monnaie chinoise dépendent directement de la politique monétaire de la première Banque centrale du monde, qui est la Réserve fédérale américaine, (Fed).

 

Aujourd’hui, depuis la montée en puissance de la Chine, la situation est en train de changer. La Chine ne veut pas se contenter d’une monnaie internationale subalterne comme le sont l’euro, le yen, la livre sterling et les trois autres monnaies internationales. Et justement, c’est dans ce problème de « monnaie première seigneuriale du monde » que réside le plus grand danger pour l’Occident. Danger qui, à un horizon proche, est de voir le renminbi chinois « détrôner  » la première monnaie mondiale, le dollar US. La Chine devenant de facto la première économie mondiale, régentant le monde. 

 

Le problème pour la Chine n’est pas seulement de devenir la première puissance économique mondiale que lui concèderait le PIB s’il venait à dépasser le PIB américain à l’horizon 2030-2040, mais surtout d’instituer « le renminbi comme la première monnaie mondiale ». C’est au final cet enjeu qui oppose aujourd’hui la Chine non seulement aux États-Unis, mais à tout l’Occident. C’est cet enjeu qui dicte aujourd’hui la marche du monde à l’Occident. Comme on le lit supra, dans la réponse de la Chine au G7, le 13 juin 2021. « Le monde n'est plus dirigé par un « petit groupe de pays », dit la Chine au G7 »

 

« L'époque où un « petit groupe de pays » décidait du sort du monde est finie depuis longtemps, a déclaré la Chine dimanche, en réplique à la volonté affichée par les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre d'adopter une position unie face aux ambitions de Pékin.

« L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est révolue depuis longtemps », a déclaré un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres. » (2)

Précisément, cette réponse de la Chine vient suite à la réunion au sommet du groupe G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon), du 11 au 13 juin 2021, dans les Cornouailles, comté du Royaume-Uni, qui se sont entendus pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de concurrencer l'initiative chinoise de nouvelle « Route de la soie ».

 

Et c’est : « C’est la première fois que les pays les plus riches du monde discutent de la création d’une alternative directe au projet chinois de nouvelle « Route de la soie » », comme le note le New York Times.

 

Il est évident que les défis posés par la Chine à l’Occident sont planétaires. Ils remettent en cause le statu quo non seulement du XXe et XXIe siècle mais 300 ou 400 ans de domination occidentale sur le monde. Aussi, par la première fois du New York Times, il faut entendre la marche de l’histoire, c’est elle qui dicte aux pays les plus riches du monde de penser à créer une alternative à la « Route de la soie » de la Chine. En clair, cela signifie que le G7 en appelle au reste du monde, puisque la proposition d’un vaste programme mondial pour les infrastructures des pays en développement (PVD) passe précisément par les pays PVD. Alors qu’habituellement, l’Occident envoie le FMI, la Banque mondiale, les clubs de Paris et de Rome au chevet des économies des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.

 

Aujourd’hui, la situation non seulement est différente mais surtout elle est menaçante. La Chine menace le statu quo occidental sur le monde. Et l’Occident cherche une voie, une issue qui lui permette de contrecarrer l’ascension de plus en plus irrésistible de la Chine vers la première marche du podium mondial. Et pour l’Occident, opposer un front le plus large possible de la planète qui englobe la plus grande partie du monde, dont les PVD, à la Chine, n’est pas une mince affaire. Il faut encore convaincre.

 

Le problème pour l’Occident si le renminbi devient la première monnaie mondiale n’est pas seulement de reléguer leurs monnaies à un rang inférieur, mais toutes leurs politiques monétaires, et donc toutes leurs émissions monétaires seront assujetties à la politique monétaire de la Banque de Chine. Ce sera la politique monétaire chinoise qui va régenter le monde. Une situation extrêmement difficile que vivra l’Occident, qui rendra une fenêtre très exiguë pour répercuter ses déficits extérieurs sur les pays du reste du monde.

 

Les pays du reste du monde ont besoin des réserves de change, essentiellement occidentales, pour adosser un panier de monnaies internationales à leurs monnaies locales et en même temps assurer le financement de leurs économies via les échanges extérieurs. Ce qui passe par des excédents commerciaux qu’ils « doivent » enregistrer avec les pays riches de la planète, que sont les pays occidentaux, autrement cela passe par l’endettement vis-à-vis de ces mêmes pays, seuls émetteurs de monnaies internationales.

 

Comme en témoignent les années 1980-1990 avec l’endettement mondial qui a touché surtout les PVD et le bloc Est. Ou à une époque plus récente depuis que la Banque centrale américaine a décrété, en octobre 2014, la fin des quantitative easing (QE). Que s’est-il passé pour les PVD, après la fin des QE ? En cinq ans, 2014-2019, leurs réserves de change ont fondu comme neige au soleil. Pour un grand nombre de ces pays, les réserves de change qui ont disparu se sont transformées en « fardeau d’endettement ». Et ceux qui ne le sont pas sont en voie de l’être. Malgré qu’ils continuent à exporter leur pétrole et leurs matières premières. Les prix étant fixés dans les Bourses occidentales, en Europe et aux États-Unis, et depuis 2014, sont à la baisse.

 

Une nouvelle donne a surgi sur ce processus pétrolier planétaire. La Chine a innové en lançant de son côté des Bourses de pétrole et de matières premières. Dans un article d’Usine nouvelle- France du 26 mars 2018, on lit : « La Chine a lancé le 26 mars son propre marché de contrats à terme sur le pétrole, une étape majeure dans ses efforts engagés depuis des années pour peser davantage sur la fixation des cours en concurrençant les deux références mondiales que sont le Brent de la mer du Nord et le WTI (brut léger) américain. Cette initiative du premier consommateur mondial de pétrole présente des attraits pour les négociants occidentaux, qui devraient trouver sur le Shanghai International Energy Exchange (INE) une grande liquidité et une opportunité d'arbitrages entre les marchés américain, européen et asiatique. La Chine est devenue en 2017 le premier importateur mondial de pétrole, devant les Etats-Unis, avec 420 millions de tonnes importés. » (6)

 

Si l’Occident perd ce pouvoir d’émettre des monnaies mondiales, et que le « pouvoir exorbitant » soit transféré (conquis) par la Chine, c’est alors la Chine qui aura à dicter aux grandes puissances occidentales leurs politiques monétaires impactant leurs finances et leurs économies.

 

Un rappel des années 1980 donnera de manière très significative les conséquences que l’Occident aura alors à assumer s’il venait à être supplanté. Fin 1979, le président de la Fed américaine, Paul Volcker, augmenta brusquement te taux d’intérêt directeur à court terme de 10 % à 20 %. Parallèlement, il diminue drastiquement les émissions monétaires. Que s’est-il passé ensuite de cette hausse brusque et très élevée du taux directeur, de même pour la réduction massive des émissions de liquidité monétaires internationales ?

 

La première conséquence, les pays du reste du monde (Afrique, Amérique du Sud, Asie…) se retrouvent du jour au lendemain endettés par la hausse du taux d’intérêt américain qui a siphonné toutes les liquidités monétaires mondiale, attirées par la hausse des taux. Une situation qui a été très mal vécue par ces pays dans les années 1980 et celles qui ont suivi.

 

L’objectif de la Fed était de lutter contre l’inflation. Une inflation, il faut le rappeler, était générée par les émissions massives et désordonnées par les pays occidentaux. Dans les années 1970, les pays d’Europe contrebalançaient les émissions monétaires américaines par des émissions monétaires, provoquant la montée d’une spirale inflationniste. Sans entrer dans les mécanismes de l’inflation qui allongeraient l’analyse, il demeure que les puissances monétaires européennes ont subi de plein fouet le choc monétaire provoqué par la première puissance monétaire du monde. Les monnaies française, allemande, britannique ont dévissé de plus de 100%, passant pour le franc français de 4,03 Fr en janvier 1979 à 10,11 Fr en mars 1985, le deutschemark, de 1,72 DEM en janvier 1980 à 3,11 DEM en mai 1985, la livre sterling, de 0,44 GBP en janvier 1980 à 0,80 en mai 1985. (7)

 

C’est dire l’importance de la première monnaie seigneuriale du monde qu’est le dollar US sur le monde dans les années 1980. L’endettement mondial qui a suivi touchant essentiellement les pays du reste du monde, depuis leur décolonisation à partir de la fin des années 1940, à commencer par l’Inde, le Pakistan… Pour les pays d’Europe, l’extrême faiblesse de leurs monnaies les obligent à diminuer drastiquement leurs importations de biens du reste du monde. En clair, une décennie d’appauvrissement a frappé le monde.

 

Le problème majeur aujourd’hui pour l’Occident, en particulier pour les États-Unis, est de sauver ce pouvoir exorbitant qu’ils détiennent encore. Il faut se dire que la route de la soie chinoise est une stratégie qui entre dans le slogan « gagnant-gagnant » entre la Chine et les pays traversés par la « Route ». En fait, cette stratégie s’inscrit dans un contexte de guerre monétaire engagée contre l’Occident. Dans le gagnant-gagnant, certes les pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Sud gagnent en infrastructures publiques, les crédits alloués sont chinois et s’opèrent en contrepartie du pétrole et des matières de ces pays importés par la Chine.

 

Cependant, si les cours du pétrole et des matières premières sont bas, les pays traversés par la route de la soie chinoise seront obligés de s’endetter vis-à-vis de la Chine. Qui gagnera au final dans la Route de la soie prônée par la Chine ? Les pays traversés par la Route de la Soie gagnants certes en infrastructures mais s’endettant pourront-ils rembourser la Chine ? Ces pays n’entrent-ils pas dans une spirale d’endettement comme dans les années 1980 avec le FMI, la BM… ? La Chine ne sera-t-elle pas alors à leur dicter leur politique économique, financière et monétaire ? D’autant plus que les pays en développement commercent essentiellement avec la Chine, devenu l’« atelier du monde », et surtout pour les faibles coûts des biens et services importés par rapport à ceux occidentaux beaucoup plus chers. Les pays du reste du monde traversés par la route qui n’arriveraient pas à rembourser les dettes vis-à-vis de la Chine deviendront des obligés de la Chine.

 

Pour la chine, dans la clause gagnant-gagnant, ne verrat-elle pas des millions de chinois garder leurs emplois dans les débouchés que leur offrent les pays du reste du monde ? Quant aux recettes issues en grande partie des exportations de pétrole et de matières premières de ces pays vers l’Occident, donc en dollars, en euros… serviront à régler les importations de biens et services de Chine et le service de la dette. Aussi peut-on dire que c’est la Chine la « grande gagnante ». Dès lors, il sera très simple pour la Chine de convaincre ses pays « obligés » de facturer leurs exportations de pétrole et matières premières en renminbi. Et progressivement la « Route de la soie » libère la voie au yuan chinois à détrôner le dollar US, alignant par contrecoup les monnaies alliées européennes et japonaise à la monnaie chinoise. Et ce qu’il faut dire, le temps est en train de jouer pour la monnaie chinoise, qui se diffuse gagnante dans ce défi qu’elle pose à l’Occident, sur le « pouvoir de seigneuriage ».

 

Et si on revient au vaste plan mondial d’infrastructure proposé par les membres du G7 aux pays en développement afin de contrer « l’influence grandissante chinoise », comment comptent-ils s’y prendre ? Les pays du G7 qui ont baptisé ce contre-projet, en fait la nouvelle route de la soie occidentale, par « Build Back Better World » (B3W), sont évasifs sur son financement. Comme écrit supra : « Le contre-projet du G7 baptisé « Build Back Better World » (B3W) doit lui permettre de conclure des partenariats transparents en matière d’infrastructures pour combler d’ici 2035 des besoins estimés à 40 000 milliards de dollars dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. » (1)

 

Certes « Les hauts responsables du G7 « veulent prouver que les valeurs occidentales peuvent prévaloir », note le journaliste de la BBC Jon Sopel. Mais l’administration Biden a été vague concernant la contribution de l’Occident à ce plan d’infrastructure mondial ainsi que les délais dans lesquels il pourrait être mis en place. »

 

Comment peut-on comprendre ce ton évasif sur le mode de financement par l’administration Biden ? Pourquoi vague ? Alors que la stratégie parle d’elle-même. Contrer la route de la soie chinoise revient à contrer la route du yuan chinois qui cherche à détrôner le dollar US. N’est-ce pas l’enjeu même dans la proposition du groupe du G7 d’un plan mondial d’infrastructures aux pays PVD ? Si l’Occident accorde des crédits aux pays PVD pour la réalisation de la nouvelle route de la soie occidentale, il opèrera comme la Chine. Et donc cela passe par des contrats de réalisation d’infrastructures mais accompagnés d’endettement voire de surendettement pour des pays PVD. Comment ces pays pourront-ils rembourser l’Occident si les recettes de leurs exportations pétrolières et de matières premières sont insuffisantes ? Et donc ne pouvant rembourser, ils se trouvent à s’endetter voire même à refuser les contrats d’infrastructures proposés.

 

Certainement la Chine qui a plus d’intérêt et vise une stratégie planétaire est certainement plus flexible avec les PVD. Par conséquent, si elle a touché comme le rapportent les médias plus de 100 pays, et sont tous concernés aujourd’hui par la Route de la Soie chinoise, c’est que certainement les conditions ont été mieux adaptées pour conclure des accords avec les pays concernés. Ce qui, par réaction, doit amener les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, à être aussi plus flexibles s’ils veulent réaliser avec leurs nouveaux alliés, les pays du PVD, une route de la soie occidentale contrant la route de la soie chinoise.

 

Donc la question du financement du plan d’infrastructures en faveur des pays PVD reste posée, et ne peut être vague. Aussi se pose comment ? Des crédits occidentaux accordés même avec des taux d’intérêt bonifiés, extrêmement attractifs aux pays PVD, seraient insuffisants. Ils ne pourraient pas arrêter la stratégie chinoise. Ils peuvent tout au plus l’atténuer, et ce n’est pas sûr vu la puissance de la Chine tant sur le plan économique que sur le plan de la ressource humaine. Un nombre important de Chinois sont à même dans les sites économiques de la route de la soie un peu partout en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en Europe, aux États-Unis et surtout forts de leur savoir-faire, de leurs force et du faible coût de travail.

 

Cependant il reste un moyen pour les pays occidentaux et encore ce moyen doit-il être travaillé dans le temps, c’est-à-dire poursuivi aussi longtemps pour équilibrer la puissance toujours montante de la Chine avec la puissance occidentale en affaissement. Et comme énoncé dans le plan occidental, il doit courir jusqu’en 2035, soit dans les quatorze à venir. Ce moyen est simple, il parle de lui-même. Qu’en est-il ?

 

Comme les pays occidentaux sont les plus grands émetteurs de monnaies internationales, le seul moyen tangible qui apparaît est de « combattre la monnaie chinoise par la monnaie occidentale.  » Et cela passe par « inonder en monnaies internationales occidentales les marchés des pays PVD », seul moyen d’équilibrer la force de frappe du yuan chinois dans sa position sur les marchés intérieurs et les marchés internationaux. Ce moyen permet de répondre au défi posé par la Chine. Autrement dit : « contrer la route de la soie chinoise revient à contrer la route du yuan chinois vers le rang de 1ère monnaie du monde. »

 

Et même avec ce moyen, rien ne dit que ça marchera du fait que la stratégie chinoise est plus retorse, la Chine va certainement répliquer pour contrer la route de la soie occidentale. Il faut que l’Occident se fasse à cette idée. Si les pays commercent avec la Chine, ce n’est pas qu’ils veulent commercer avec la Chine au détriment de commercer, d’acheter des biens et services en Europe, aux États-Unis et ailleurs en Occident. La raison est simple, les biens et services sont plus chers en Occident, et c’est la raison pour laquelle les pays PVD se tournent pour leur survie vers la Chine. Ces pays exportent vers l’Occident surtout du pétrole et des matières premières contre des dollars, des euros, des livres sterlings, des yens... Pour acheter en Chine, ils doivent convertir les monnaies occidentales issues de leurs recettes extérieures en renminbi chinois.

 

Ce processus ira certainement en s’accélérant. Que déjà aujourd’hui, par ces conversions, les pays PVD repoussent les monnaies occidentales. Viendra un temps plus ou moins proche, ces pays refuseront les dollars, les euros, livres sterlings et yens, et exigeront tout simplement des yuans ou renminbi chinois à leur place.

 

Dès lors ces plus de 100 pays de la route de la soie vont avoir dans l’essentiel de leurs réserves de change la monnaie chinoise, les monnaies occidentales compteront très peu dans leurs paniers de monnaie. L’Occident sera perdant sur toute la ligne puisqu’il sera dépendant de la monnaie chinoise que seule la Chine émettrait. Comme aujourd’hui, le monde est encore dépendant du dollar américain. Mais le dollar US a aujourd’hui un rival redoutable qu’il doit à défaut de l’annihiler – il ne peut pas, la Chine deviendra inévitablement la première puissance économique mondiale – mais au moins parvenir à un équilibre monétaire mondial à l’horizon de deux décennies.

 

Pour avoir une idée comment la Route de la soie chinoise avance non seulement très rapidement mais est en train de toucher tous les continents, et donc le monde entier, rendant très exigus les opportunités à l’Occident dans un monde changeant, lisons ce que rapportent les médias sur la Conférence de haut niveau, organisée en visioconférence, le 23 juin 2021, et présidée par le Ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi sur la coopération internationale sas le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » en Asie-Pacifique.

 

« Elle a été présidée par le conseiller d’État et ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi, afin d’examiner les perspectives de renforcement de la coopération internationale face à la pandémie de Covid-19 et l’importance d’accélérer la reprise économique après la crise.

 

« À l’heure actuelle, le cercle d’amis de « la Ceinture et la Route » s’élargit sans cesse, 140 pays et 32 organisations internationales ont rejoint la grande famille de « la Ceinture et la Route » et leur coopération dans divers domaines a obtenu des résultats fructueux, faisant de l’initiative un bien public mondial très populaire », a expliqué Zhao Lijian, le porte-parole du ministère des affaires étrangères.

 

Ce dernier a indiqué que depuis le début de la pandémie de Covid-19, les partenaires dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » ont travaillé ensemble en faisant preuve de solidarité pour renforcer la construction de la Route de la Soie sanitaire, de la Route de la Soie verte ainsi que de la Route de la Soie numérique.

 

Le porte-parole a indiqué qu’une « série de progrès et apportant une contribution agissante à la lutte contre la Covid-19, à la stabilisation de l’économie et à la sauvegarde du bien-être du peuple dans tous les pays concernés  ».

 

Lors de cette conférence, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Son Altesse Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyan, a assuré la contribution de son pays à « façonner les décennies à venir et à déterminer la voie future de notre économie et de nos sociétés ».

 

S’adressant aux participants par visioconférence, le diplomate des Émirats arabes unis a indiqué que « les études historiques montrent que les épidémies et les catastrophes, tout en causant des pertes humaines malheureuses et des coûts économiques énormes, ont également été des tournants majeurs de changements sociaux et économiques pour le mieux. Pour l’avenir, nous devons passer efficacement de la réaction à la planification, et travailler ensemble au progrès et à la prospérité ». […]

 

Cheikh Abdallah a affirmé que les Émirats arabes unis sont convaincus de l’importance de leur coopération avec la Chine, l’initiative « la Ceinture et la Route » et les pays d’Asie-Pacifique, qui constituent une incitation essentielle pour faire avancer le programme de lutte contre le changement climatique. […]

 

« Les EAU et la Chine ont établi un partenariat stratégique modèle à cet égard, notamment une initiative visant à développer et à produire le vaccin « Hayat-Vax » aux EAU. Nous sommes fiers de ce qui a été réalisé, mais il nous reste encore beaucoup à faire », a indiqué ce dernier. » (8)

 

Par cette conférence, le nombre de participants, et surtout comme il est écrit : « le cercle d’amis de « la Ceinture et la Route » s’élargit sans cesse, 140 pays et 32 organisations internationales ont rejoint la grande famille de « la Ceinture et la Route » et leur coopération dans divers domaines a obtenu des résultats fructueux, faisant de l’initiative un bien public mondial très populaire », on voit vraiment mal ce que peut faire le projet récent de Joe Biden annoncé à l’Europe et qui cherche à contrer la Route de la soie chinoise qui est spécifiée stratégiquement comme « la Ceinture et la Route » et non seulement une route économique englobant les trois-quarts du monde aujourd’hui.

 

L’Occident doit prendre conscience qu’il est bien seul, a fortiori les déficits américains, européens… qu’il ne cesse d’enregistrer depuis des décennies et continuent d’enregistrer aujourd’hui et demain avec le reste du monde et la Chine. Il ne faut pas se tromper sur les chiffres avancées par les institutions internationales telles le FMI et la Banque mondiale qui constamment avancent qu’il n’y a pas le feu et que le dollar et l’euro continuent à régner en maître sur le monde. Et ces institutions donnent presque invariablement des statistiques qui ne changent pas sur le dollar donné pour plus de 60 % dans les réserves de change et pour l’euro plus de 20 %. De même que les monnaies occidentales sont toujours les plus utilisées dans les échanges commerciaux. Le FMI donne tout au plus pour le yuan ou le renminbi chinois un dérisoire 2% dans les réserves de change du monde.

 

« Dans son rapport publié le 17 novembre 2020 sur les monnaies détenues par les banques centrales dans leurs réserves de change, le Fonds monétaire international (FMI) indique que la composition de ces réserves évolue peu depuis plus de 60 ans : le dollar domine toujours puisque sa part s'élevait à 61 % fin 2019, suivi de l'euro (21 %). Toutefois, parmi les tendances que l'on peut néanmoins relever, on note que la monnaie chinoise, le renminbi (RMB), réalise un début de percée avec 2 % des réserves de change mondiales désormais libellées en RMB, contre 1,1 % en 2014-15. »

 

D’où le staff du FMI tient-il ces chiffres surtout que l’on sait comme l’affirment maints médias occidentaux que la Chine impose le secret dans ses prêts et ses investissements avec les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud qu’elle considère comme « le cercle d’amis de « la Ceinture et la Route » qui s’élargit sans cesse.

 

Il est évident qu’un jour plus ou moins proche éclaterait la bombe économique, financière et monétaire de la Chine sur l’Occident. Ce sera probablement le plus grand krach de tous les temps et peut-être pire que la crise de 1929. Le réveil sera brutal pour l’Occident. De dominant, l’Occident deviendra dominé, et le sera très simplement par l’économie. Dira-t-on « étrangeté de l’histoire » si cela viendrait à se réaliser ?

 

L’Union soviétique n’a-t-elle pas quitté la scène de l’histoire sans tirer un seul coup de feu ? Et ce par la seule situation désastreuse de son économie, une situation qui a mis fin à son existence. De même, la Fédération de Yougoslavie. De même les pays d’Europe centrale et orientale. Tous ont été foudroyés économiquement. Étrangeté de l’Histoire !

 

Aussi on voit mal ce que peut changer le plan mondial d’infrastructures que le G7 propose aux pays PVD pour contrer la Route de la soie chinoise. Alors que le plan de la Chine est très avancé, d’autre part les biens et services occidentaux sont beaucoup plus chers et s’adaptent peu au pouvoir d’achat de ces pays dont beaucoup sont des pays pauvres et leurs seules ressources en devises viennent de leurs exportations de matières premières, du pétrole, des produits agricoles et du tourisme. C’est le premier point. Le financement par l’Occident du plan d’infrastructures, le second point, il faut dire le plus important, puisque c’est par lui que ce réalise le projet occidental pose le problème du remboursement. « Les pays d’Afrique, d’Asie… pourront-ils rembourser les crédits prêtés ? »

 

Il est évident qu’ils ne le pourront pas, puisque déjà endettés vis-à-vis des créanciers occidentaux (BM, FMI, clubs de Paris et de Rome, prêts bilatéraux…) et de la Chine. D’autre part la stratégie de la Chine diffère de la Stratégie de l’Occident qui est encore à l’état de projet. Alors que la Chine avance pour consolider sa place de numéro 1 économique dans le monde (PIB chinois exprimé en parité de pouvoir d’achat) mais aussi à le devenir en PIB nominal. Une perspective qui verra le renminbi au rang de 1ère monnaie du monde. Tandis que l’Occident reste sur la défensive, le plan et le financement restent flous, donc sans véritable stratégie pour contrer la menace chinoise.

 

Aussi, comme il a été dit plus haut, le seul moyen de garder la main sur le plan monétaire mondial dans les quinze années à venir est de travailler sur la monnaie. Combattre la monnaie par la monnaie. Et ce moyen existe, et est encore aujourd’hui possible puisque le dollar continue de s’imposer, même si sa part dans le système financier et monétaire mondial va en s’affaiblissant. A voir seulement le taux directeur de la Fed qui n’a pas cessé d’être pratiquement au plancher entre 0 et 0,25%, un quart de point, depuis quinze années.

 

Une position de défense depuis l’éclatement de la crise financière de 2008. Alors que les évolutions en dents de scie du taux d’intérêt court directeur faisaient la pluie et le beau temps dans les décennies du siècle dernier. C’est le taux directeur de la Fed, en grande partie qui a mis fin à l’URSS. C’est le taux directeurs de la Fed qui a mis le monde en coupe réglée dans l’endettement.

 

Il nous apparaît aujourd’hui à défaut de sauver l’hégémonie de l’Occident que les États-Unis, en tant que chef de file, change de stratégie et se mettent amis avec les pays PVD. Comment ? Donnez-leur à un pouvoir d’achat efficient, susceptible de changer la donne sur le plan mondial. Et cela passe par un renchérissement progressif mais rapide du prix des matières premières et du pétrole. Et ce renchérissement doit être durable. Le prix du pétrole a touché les 76 dollars le baril, et encore sans plan d’infrastructures pour les pays PVD. Et ce seulement en regard des formidables émissions monétaires injectées dans le cadre du soutien à l’économie américaine face aux conséquences désastreuses de la pandémie Covid-19.

 

« Sans la hausse des cours de l’or-métal et de l’or noir, les 6000 milliards de dollars US injectés par la Fed et le Trésor US pour soutenir l’économie face à la maladie auraient été tout simplement impossibles. » De même pour les pays d’Europe pour le plan de relance de 750 milliards d’euros et des quantitative easing de la Banque centrale européenne à raison de 20 milliards d’euros par mois, depuis 2020, soit déjà plus de 240 milliards d’euros injectés par la BCE. Et donc sans contreparties physiques d’or noir, d’or-métal et de matières premières aux injections monétaires occidentales, les États-Unis comme d’ailleurs l’Europe n’auraient pu opérer ces plans de soutien à moins de créer une hyperinflation.

 

Aussi faut-il dire « que ce pouvoir exorbitant basé sur le pétrole et les matières premières » qu’ont les États-Unis a joué et joue encore un rôle déterminant dans la stabilité de l’économie mondiale. Sauf eu égard aux enjeux planétaires, il y a une nécessité de réajuster ce pouvoir monétaire pour le rendre plus efficient.

 

Donc la nécessité de sauver ce pouvoir exorbitant sera difficile du fait que le renminbi chinois avance, et la monnaie se place de plus en plus dans les réserves de change des Banques centrales du monde. Le seul moyen est à défaut de contrecarrer du moins d’équilibrer ce renforcement de la monnaie chinoise par le renforcement des monnaies occidentales. Ce qui passe par augmenter le prix des contreparties physiques des liquidités monétaires occidentales injectées ex nihilo, et donc le prix du baril de pétrole et des matières premières.

 

Et cette hausse des cours qui donnent un pouvoir d’achat suffisant aux pays PVD peut alors aller de pair avec le plan mondial d’infrastructures projeté en leur faveur par les États-Unis. Ce plan de hausse des cours et surtout du pétrole qui pourrait même dépasser les 150 dollars le baril, en 2022, et qui restera durable du moins tant qu’un équilibre mondial n’est pas atteint entre l’Occident et la Chine jouera positivement à la bonne marche de l’économie mondiale. D’autre part, aujourd’hui même, avec un prix du pétrole qui avance, déjà à 76 dollars, il est très probable qu’il atteindra 100 dollars au deuxième semestre 2021. Pourquoi ? Ce sont les plans de soutien contre le Covid-19 qui sont encore en cours et dont les injections monétaires par les Banques centrales occidentales sont aussi en cours et ont besoin de contreparties physiques.

 

Ceci étant, pour conclure, qu’en sera le plan d’infrastructures projeté par l’Occident, selon la perspective énoncée par l’auteur de ces lignes ? 

 

En premier, l’Occident en inondant le marché financier et monétaire mondial boosteront l’économie mondiale, le monde entier trouvera intérêt à cette croissance monétaire puisqu’elle sera accompagnée par une forte demande mondiale eu égard à la croissance démographique du monde. Bientôt 8 milliards d’êtres humains sur Terre.

 

En second, en accordant un pouvoir d’achat aux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud et dans les autres régions du monde, la dépendance financière et monétaire, c’est-à-dire l’endettement, serait moindre vis-à-vis de la Chine. De même avec l’Occident, puisque les crédits nécessaires au plan mondial d’infrastructures pour les pays en développement seront générés par la hausse des cours, et ces pays PVD pourront même enregistrés des excédents commerciaux.

 

Troisièmement, la Chine poursuivra toujours sa stratégie, la Route de la soie, qui est vitale pour son économie, en somme un débouché pour ses 1,4 milliards de chinois. Sauf qu’instaurer son yuan en tant que première monnaie mondiale dans les deux décennies à venir ne pourrait se réaliser que s’il y aura une multilatéralité dans l’équilibre économique, financier et monétaire sur le plan mondial.

 

Quatrièmement, l’Occident répondrait positivement aux enjeux que le monde affronte aujourd’hui, et il faut le dire, sur tous les plans y compris pandémique, à l’échelle mondiale. Et aussi des retombées très positives pour la croissance économique occidentale elle-même dépendante de la croissance mondiale.

 

Cinquièmement, on ne doit pas craindre une spirale inflationniste dans les années à venir. Et elle ne doit pas être une arme pour l’Occident pour fondre les réserves de change du reste du monde dont la Chine.

 

Aussi, comprend-on pourquoi l’avènement de la puissance économique de la Chine est positif pour l’ensemble des pays du monde. La Chine a rebattu les cartes mondiales, et nous sommes que dans la pré-phase mondiale à venir. Y compris pour l’Occident malgré les défis en cours avec la Chine. Aussi, comme c’est écrit supra, que la Chine dise : « L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est révolue depuis longtemps  » est dans un certain sens une vérité. Cependant il demeure que l’on ne peut effacer d’un trait un passage de 75 ans qui ont marqué l’histoire.

 

Et ce qui a été ajouté par le porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres est très juste. « Nous avons toujours pensé que les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, pauvres ou riches, sont égaux et que les affaires du monde devraient être traitées via des consultations entre tous les pays. ». Et c’est cela qui manque entre l’Occident riche et les pays en développement pour la plupart pauvres.

 

Une autre analyse serait probablement nécessaire pour étayer cette vision du monde qui pour l’auteur apparaît la seule visible tant les fenêtres pour le monde pour s’en sortir sont floues. Faudrait-il dire, le monde est à la croisée des chemins, et cette pandémie du Coronavirus-19 qui a fait irruption a montré que le monde n’est à l’abri de rien. Que le monde doit s’en sortir par lui-même, à condition qu’il soit clairvoyant, à commencer par les plus riches ou aspirent à l’être, sinon il aura à beaucoup souffrir.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale,
relations internationales et Prospective

Note :

1. « Économie. Le G7 fait front commun pour contrer la nouvelle “Route de la soie” chinoise », par www.yahoo.com. Le 13 juin 2021
https://fr.news.yahoo.com/%C3%A9conomie-g7-fait-front-commun-043225529.html

2. « « Le monde n'est plus dirigé par un "petit groupe de pays », dit la Chine au G7 », par l’agence Reuters. Le 13 juin 2021
https://www.reuters.com/article/g7-sommet-chine-idFRKCN2DP07K

3. « La montée en puissance de la Chine et l'intégration économique en Asie »
https://www.cairn.info/journal-herodote-2007-2-page-62.htm

4. « Classement PIB : les pays les plus riches en 2021 », par le JDN. Le 20 janvier 2021
https://www.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1209268-classement-pib/

5. « Cours de l'or en Dollar US - États-Unis »
https://or.fr/cours/or/usd

6. « La Chine lance son propre contrat sur le pétrole pour concurrencer le Brent et le WTI », par L’USINENOUVELLE. Le 26 mars 2018
https://www.usinenouvelle.com/article/la-chine-lance-son-propre-contrat-sur-le-petrole.N670139

 7. « Cours historiques des taux de change des devises »
https://fxtop.com/fr/historique-taux-change

8. « Asie/Pacifique, MONDE Conférence sur la coopération dans le cadre de « La Ceinture et la Route », par Chine Magazine. Juin 25, 2021
https://www.chine-magazine.com/conference-sur-la-cooperation-dans-le-cadre-de-la-ceinture-et-la-route/

 


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