Le Parti socialiste a-t-il encore un 1er secrétaire ?
Après avoir conservé ma carte au Parti socialiste (PS) pendant plus d’une décade et demie, après avoir vu le Parti partir en lambeau, minutieusement dépecé par des apparatchiks en mal de postes et en désespoir d’idées, j’entends maintenant que son 1er secrétaire intimerait à tous ceux qui n’approuveraient pas les termes de l’union mélenchoniste de partir.
Quitter le navire, avant qu’il ne coule chers camarades ! Perfide invective, alors que nul ne peut douter du caractère politicien de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), ni de l’exigence à repenser un projet de société progressiste et fédérateur.
La NUPES, une alliance plus politicienne qu’idéologique
Le pire des sacerdoces ne serait-il pas finalement de voir la gauche de gouvernement privée d’influence politique pour les cinq années à venir ? Comme un mauvais présage quant à l’avenir démocratique de notre pays. Nous soutenons bien sûr l’idée de l’union de la gauche, mais le doute est permis quant à la cohérence idéologique de l’attelage de la NUPES. La doctrine de la France insoumise (LFI), tout comme la personnalité de Jean-Luc Mélenchon interrogent notre conscience militante : le rejet du projet européen, la rupture démocratique, le populisme, la connivence avec les régimes autocratiques russe, vénézuélien, etc. ne semblent pas être de nature à emporter l’adhésion d’une majorité de Françaises et de Français. Alors que Jean-Luc Mélenchon vocifère contre les institutions, il affirme qu’il sera le prochain 1er ministre de la France. Battu à la présidentielle malgré son score honorable, il n’est cependant pas candidat aux législatives de cette même année 2022.
Etrange légitimité que celle qui consiste à fonder l’hégémonie de LFI sur le score des présidentielles de 2022, alors que la gauche de gouvernement devra exister à l’Assemblée nationale. L’histoire politique a montré qu’il n’y a pas de sens à comparer le résultat des présidentielles à celui des législatives ; d’ailleurs si tel était le cas, à quoi servirait-il de voter à nouveau en juin 2022 ? Tout aussi surprenante est l’abstraction faite du rapport de force dans l’Assemblée nationale sortante : 28 députés socialistes sortants contre 17 députés pour LFI. On sait pourtant la prime accordée aux candidats sortants dans notre République ! Et que dire de la force du réseau des élus locaux socialistes comparé à la faible présence, pour ne pas dire l’absence des Insoumis dans les territoires ? Pourtant, la NUPES présentent 326 candidats issus de LFI et seulement 70 socialistes. Dès lors, présenter des candidatures socialistes dites dissidentes a du sens et notamment pour préparer l’avenir.
Après les législatives, reconstruire la gauche du réel
L’identité et les valeurs socialistes devront perdurer au XXIème siècle pour le bien commun. Cela ne pourra émaner d’une stratégie d’effacement au profit de mouvements populistes. Aucune force politique radicale n’ayant jamais créé aucune alliance équilibrée et durable. La triste logique du congrès de Villeurbanne qui a sonné le glas du Parti socialiste n’en finit pas de produire ses funestes effets ; le PS se meurt, mais il n’est pas tel le Phénix appelé à renaître ex-nihilo de ses cendres. L’alliance des progressistes s’est toujours faite autour de forces politiques de centre gauche, seules susceptibles d’engendrer une union stable. Sans démocratie interne, ni renouveau, aucune idée, aucune solution, aucun projet d’avenir qui ne puissent émerger, afin de permettre aux socialistes d’incarner cette force centrale. Le renouveau et la démocratie interne, tels que portés par de nouvelles figures socialistes, comme Hélène Geoffroy ou encore Carole Delga devront triompher, si l’on veut voir la gauche de gouvernement renaître dans notre pays.
Le pire fléau pour un parti politique ne serait-il pas de n’avoir aucun projet de société à proposer ? Dans un monde en évolution accélérée, bouleversé par un conflit aux portes de l’Union européenne et de multiples crises (sanitaire, sociale, écologique, économique et démocratique), nous devons repenser notre idéologie socialiste et faire entendre notre voix. La phase post-COVID 19 et le nouvel ordre international rebattu par la guerre en Ukraine engendrent de nouvelles ruptures. Ces ruptures appellent de grands projets de transformation, si l’on ne veut pas voir notre nation se diviser davantage qu’elle ne l’est déjà. La biotechnologie, la ré-industrialisation, la décentralisation, la montée en puissance des territoires, la souveraineté sont autant de sujets sur lesquels les socialistes ont manqué à l’appel. En cinq ans de pouvoir Olivier Faure et son équipe n’ont pas su renouveler le socle idéologique des socialistes. Comment dès lors s’étonner de la réélection d’Emmanuel Macron ?
Repenser un projet de société pour le XXIème siècle atour de la lutte contre les inégalités économiques s’impose, afin d’édifier le monde d’après sur des fondements justes et solides. Les réflexions programmatiques viendront ensuite. S’il ne peut être délégué à d’autres forces politiques, ce travail devra être enrichi de perspectives complémentaires : intellectuels, scientifiques, syndicalistes, acteurs du monde associatif devront retrouver le chemin d’une collaboration naturelle et évidente avec le Parti Socialiste. Un projet de société réinventé et qui appellerait une nation rassemblée et heureuse.
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