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Accueil du site > Tribune Libre > Le précariat : une nouvelle classe sociale...

Le précariat : une nouvelle classe sociale...

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"En Europe, un tiers des actifs qui travaillent se trouvent en situation de précarité professionnelle. Malgré un emploi, et parfois même plusieurs, les fins de mois se font difficiles et se loger, s'alimenter, se chauffer deviennent des questions délicates. Ces travailleurs forment une nouvelle classe sociale baptisée "précariat" par les économistes, un néologisme né de la contraction de "précarité" et de "prolétariat". La hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie a considérablement augmenté l'insécurité économique de larges pans de la société, qui appartenaient jusqu'à présent à la classe moyenne. Alors que le tiers supérieur s'est enrichi malgré la crise, le décrochage de la partie basse s'est accentué. Occupant les emplois les plus précaires, les femmes apparaissent nettement plus touchées que les hommes.

 

En France, en Allemagne, mais également en Suède, autrefois considérée comme un paradis social, le précariat est en hausse. Certains participent à des actions de protestation, d’autres ne croient plus en l’État – ni en la démocratie – et comptent sur les systèmes de solidarité plus que sur les aides publiques. Tous partagent les mêmes angoisses et la même perplexité face à leur situation.

 

Une vague de contestation déferle sur l'Europe : les populations sont en colère contre la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie.

La contestation est attisée par une insécurité économique qui n'a cessé de croître au cours des dernières décennies. Elle touche de larges pans de la société qui appartenaient jusqu'à présent à la classe moyenne.

De plus en plus de contrats de travail sont à durée déterminée, les revenus sont fluctuants, souvent, un seul travail ne suffit plus. Les conditions de vie se précarisent.

 

"Si on ne s'attaque pas d'urgence aux insécurités qui touchent le précariat et à ses aspirations, nous assisterons à l'émergence d'un monstre politique.", déclare un économiste.

Ces dernières années, les Européens ont été confrontés à de nombreuses difficultés : une pandémie qui a entraîné de graves problèmes de santé et de longues périodes de confinement et deux guerres en Syrie et en Ukraine qui ont entraîné l'afflux de millions de réfugiés.

 

"Les inégalités se sont creusées, elles sont aussi devenues plus visibles socialement, aujourd'hui nous sommes face à un nouveau défi avec l'augmentation des prix du gaz et des produits alimentaires et cela va essentiellement toucher les classes moyennes inférieures."

Alors que le tiers supérieur de la société s'est enrichi malgré la crise, le décrochage du bas de la classe moyenne est de plus en plus marqué.

 

"On nous laisse tomber, comment un pays aussi riche que le nôtre peut-il compter autant de retraités pauvres ? C'est affreux", commente une Allemande.

Plusieurs personnes ont du mal à joindre les deux bouts alors qu'elles ont un emploi...

Parmi elles, en France, Patricia Lesage rencontrée par les journalistes une première fois, il y a 3 ans : à cette époque, elle partait travailler à 4 heures du matin pour faire le ménage dans une crèche avant l'arrivée des enfants. Elle est alors âgée de 56 ans et elle est payée 9,90 euros de l'heure sans complément de revenus.

A la fin du mois, elle touche environ 1100 euros quand tout va bien.

Mais cet emploi n'est que temporaire : il lui a été proposé par une agence d'intérim.

Ce n'est pas le seul travail de Patricia mais c'est celui qui lui rapporte le plus.

Patricia évoque la précarité de son travail, sa mauvaise rémunération, elle se sent rejetée par la société.

"9 euros, c'est la misère...", dit-elle.

 

La France a libéralisé son marché du travail relativement tard. En 2017, les règles du licenciement et du droit du travail temporaire ont été considérablement assouplies, avec ce qu'on appelle les ordonnances Macron, dans le but de créer de nouveaux emplois. Mais cela n'a pas marché. Les créations d'emplois n'ont pas été à la hauteur des espérances.

Dans les départements du Nord où vit Patricia et où le taux de chômage est le plus élevé de France, les revenus sont inférieurs à la moyenne et depuis longtemps.

Patricia a occupé toutes sortes d'emplois : elle a travaillé à la chaîne et dans l'industrie florale, actuellement, elle fait essentiellement des ménages et du repassage.

Quand elle sera à la retraite, elle touchera 270 euros, une misère !

"Cela veut dire qu'à 62 ans, je prends ma valise et je vais sous les ponts", dit-elle.

 

En France, le recours au travail temporaire, qu'il soit subi ou choisi, s'est massivement répandu ces dernières années.

L'Allemagne a développé le marché de l'intérim il y a déjà une dizaine d'années. Mais entre temps, la France est allée plus loin : la part du travail temporaire dans l'emploi global est aujourd'hui plus élevée qu'en Allemagne.

 

Selon un économiste, au cours des dernières décennies, le néolibéralisme a conduit à une redistribution du bas vers le haut au niveau mondial.

"On a vu émerger un capitalisme de rentiers dans lequel la richesse produite par les actifs qu'ils soient financiers, physiques ou intellectuels ne cesse d'augmenter, tandis que la part du revenu du travail dans le revenu national ne fait que diminuer. Cela fait 30 ans qu'on assiste à la stagnation du salaire réel.

En Europe et en Amérique du Nord, la libéralisation du droit du travail commence dans les années 80, l'emploi se précarise, les protections contre le licenciement sont assouplies et le recours aux intérimaires se développe. Les contrats à durée déterminée deviennent la norme.

Partout en Europe, l'ensemble de la classe moyenne inférieure voit son niveau de vie baisser.

Trois ans plus tard, la situation de Patricia Lesage s'est légèrement améliorée : elle a trouvé un nouvel emploi en tant que femme de ménage et aide cuisinière dans un centre pour handicapés. C'est le premier emploi fixe de sa vie mais ses revenus sont aussi faibles qu'avant... elle gagne environ 1400 euros par mois. L'inflation l'inquiète : les produits alimentaires sont constamment de plus en plus chers.

"L'électricité, l'eau, le gaz augmentent. Il faut faire attention à tout."

Patricia Lesage ne vote plus...

 

L'insécurité frappe de plus en plus de personnes obligées d'enchaîner les emplois tout en comptant chaque centime en fin de mois.

"Le précariat ne cesse de se développer dans tous les pays industrialisés... " déclare Guy Standing, économiste.

"Des millions de personnes à qui l'on dit qu'elles doivent s'habituer à une vie faite d'emplois précaires... plus grave encore que les emplois temporaires et les autres petits boulots, il y a le fait que ces personnes n'ont plus d'identité professionnelle : cela contribue à créer ce que l'on appelle l'insécurité existentielle."

 

En Allemagne, la précarité sévit aussi...

"Au départ, l'emploi précaire était supposé avoir une fonction de passerelle, pour le salarié, il y avait l'espoir de passer d'un emploi précaire à un emploi stable, mais cela ne se produit pas, c'est comme le hamster dans sa roue, et avec un emploi précaire, les gens se retrouvent très vite dans une situation de vie précaire..." dit Mona Motakef, sociologue.

"L'expression "le travail paie toujours" nie les inégalités car les conditions de départ dans la vie sont différentes en fonction de la famille dans laquelle nous sommes nés, en fonction de l'éducation et de la sécurité matérielle et l'origine migratoire joue également un rôle. Les gens réussissent aussi grâce à leurs privilèges de départ."

 

Les loyers augmentent en Allemagne, la misère grandit depuis plusieurs décennies.

La différence entre les riches et les pauvres ne cesse de s'accroître.

Et la pauvreté reste souvent cachée."

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2023/01/le-precariat-une-nouvelle-classe-sociale.html

 

Source :

https://www.arte.tv/fr/videos/110347-000-A/pauvres-malgre-le-job/

 

Vidéo :

 


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20 réactions à cet article    


  • Brutus paparazzo 28 mars 2023 09:36

    le lien de la source aurait suffi


    • Gégène Gégène 28 mars 2023 09:49

      Le lumpenprolétariat, une NOUVELLE classe sociale ???

      ben mon cochon  smiley


      • Seth 28 mars 2023 11:47

        @Gégène

        J’allais poser la question en quoi le précariat serait une « nouvelle » classe sociale.

        Le lumpenproletariat ne date pas d’hier et il y a des ONG peu protestataires pour l’entretenir. religieusement Ce qui est plus inquiétant c’est le développement de « l’aristocratie du salariat » mais c’est un autre sujet. smiley
        .


      • rosemar rosemar 28 mars 2023 17:28

        @Seth

        non ce ne sont pas des voyous, des voleurs...

        Le lumpenprolétariat (de l’allemand Lumpenproletariat, « prolétariat en haillons »), ou, parfois, « sous-prolétariat », est, dans le marxisme, la partie du prolétariat constituée des « éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, indicateurs de police, etc. »


      • Samson Samson 30 mars 2023 00:30

        @rosemar
        "Le lumpenprolétariat (de l’allemand Lumpenproletariat, « prolétariat en haillons »), ou, parfois, « sous-prolétariat », est, dans le marxisme, la partie du prolétariat constituée des « éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, indicateurs de police, etc. »« 

        Ben quand on supprime le travail en lui substituant l’automatisation et l’informatisation des tâches (et l’appropriation de leurs bénéfices), on supprime la classe sociale qui en tirait ses ressources, soit le prolétariat. Quand on se retrouve à galérer entre droits aux allocations de chômage, RMI, petits boulots et démerdes les plus diverses, on se retrouve relégué au rang des »éléments déclassés« ou surnuméraires si vous préférez, et donc privé de conscience de classe.
        Ce qui revient à se voir relégué au rang de ce que Marx qualifiait au XIXème siècle de »Lumpenproletariat« , soit ce qu’on qualifie actuellement de »précariat", condition qui partage avec celle de nos aïeux les joies de la soupe populaire.


      • troletbuse troletbuse 28 mars 2023 09:52

        V’la Rosemar qui s’aperçoit avec quelques années de retard, disons en gros depuis Sarko le Nain, que l’on veut éliminer la classe moyenne. Leur plus belle réussite est quand même la fausse pandémie et le WAXXIN qui continue son œuvre.sans oublier la vente à la découpe de la France par Tarlouzette, le crfme de haute trahison de l’abandon de notre production d’électricité, les migrants de Soros, etc..

        Je me rappelle les articles de Rosemar et Fergus sur le carnaval de Marseille qui allait accentuer la propagation du virus.  smiley

        Vous êtes la nouvelle Nostradamus qui prévoit le passé  smiley


        • mmbbb 28 mars 2023 10:49

          on compte sur les profs pour monter des entreprises !


          • rosemar rosemar 28 mars 2023 17:29

            @mmbbb

            Est-ce le rôle des profs ? Et puis quoi encore ?


          • mmbbb 29 mars 2023 08:47

            @rosemar alors restez dans votre votre rôle de prof et comme tant d autres comme LEBEL et Alexandre ( qui a disparu ) ; des profs aussi , qui donnent des leçons d économie , fustigent les partrons . 

            Alors sur ce sujet , vous devriez vous et les autres la fermer .

            et restez dans votre rôle de profs !!  CQFD 

             


          • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 28 mars 2023 11:36

            Ce qu’il faut comprendre c’est que l’argent ne tombe pas du ciel.

            Certes, il y a de l’argent qui tombe du ciel, sous forme de liquidités crée ex-nihilo pour acheter ceux qui occupent les postes à responsabilités et qui possèdent des actifs afin de tenir la baraque.

            Mais le déclin de production des matières premières ainsi que le ralentissement de l’augmentation de la productivité, ce n’est pas l’argent magique qui va permettre d’imprimer de la matière et de faire fonctionner des cerveaux.


            • Lynwec 28 mars 2023 13:34

              "Alors que le tiers supérieur de la société s’est enrichi malgré la crise, le décrochage du bas de la classe moyenne est de plus en plus marqué.« 

              L’auteur de cette phrase, et toute personne soutenant ce raisonnement, ne devait pas être très fort sur les fractions, parce que »le tiers", même supérieur, de la société qui se serait enrichi, personnellement, ça m’évoque plus le 1/20ème que le tiers, mais, à la louche, on comprend mieux...

              En matière de chiffres, les deux années écoulées nous ont montré que l’arithmétique, en France, ça ne va pas bien fort ... Les statistiques non plus ... Les mesures agraires non plus (en haut lieu), mais c’est un autre problème...


              • rosemar rosemar 28 mars 2023 17:58

                @Lynwec

                Vous êtes expert en statistiques ?


              • Lynwec 28 mars 2023 18:52

                @rosemar

                Non pour les statistiques, mais par la force des choses, je suis devenu expert en détection d’enfumage et bourrage de mou ...

                Un peu comme quand on me dit que l’inflation est à 5% et que je regarde le prix des denrées alimentaires s’envoler ... pas besoin d’une maîtrise en statistiques...


              • amiaplacidus amiaplacidus 28 mars 2023 18:24

                Une fonctionnaire qui parle du précariat !

                C’est-à-dire que quelque chose qu’elle ne connaîtra jamais.


                • rosemar rosemar 28 mars 2023 18:41

                  @amiaplacidus

                  On peut être fonctionnaire et s’intéresser au sort des précaires, on peut être fonctionnaire et être enclin à démissionner : c’est le cas de certains profs qui renoncent à travailler dans l’enseignement...


                • rosemar rosemar 28 mars 2023 18:43

                  @amiaplacidus

                  « Le phénomène est particulièrement marqué dans le premier degré : ce sont 1499 professeurs des écoles qui ont choisi d’abandonner la profession en 2020-2021, contre 912 enseignants du secondaire. »


                • Lynwec 28 mars 2023 18:57

                  @rosemar

                  Quand vous avez une perspective de carrière inférieure à celle d’un agent de police, qu’on vous oblige à enseigner des valeurs contraires à votre éthique personnelle, et qu’en plus, par exemple, une mère d’élève, sans vous avoir jamais parlé, le premier jour de la rentrée, vous confie sa fille en lui disant « Ta maîtresse, c’est une connasse... » (authentique, j’étais témoin...), ça a un effet légèrement dissuasif sur les plus grandes vocations ...

                  Pour détruire une nation, nul besoin de lui faire la guerre, il suffit de détruire son système d’éducation sur une durée suffisante, le niveau s’écroulera et la nation de même...
                  L’ennemi intérieur, en place et en action depuis mai 68...


                • mmbbb 29 mars 2023 15:02

                  @Lynwec je vous rejoins , les « bourgeois » ont réussi à sauver les meubles en s opposant à la nationalisation du privé . le public est devenu un foutoir sans nom .



                  • Samson Samson 30 mars 2023 00:09

                    Bonjour chère @Rosemar

                    « En 2017, les règles du licenciement et du droit du travail temporaire ont été considérablement assouplies, avec ce qu’on appelle les ordonnances Macron, dans le but de créer de nouveaux emplois. »
                    Une telle formulation laisserait entendre que les mesures de Macron et ses commanditaires ont été inefficaces. Mais si vous remplacez « dans le but » par « sous prétexte », vous constaterez que cela a au contraire fort bien marché, et au delà même des espérances quand l’électeur en redemande.

                    « Alors que le tiers supérieur de la société s’est enrichi malgré la crise, le décrochage du bas de la classe moyenne est de plus en plus marqué. » « Selon un économiste, au cours des dernières décennies, le néolibéralisme a conduit à une redistribution du bas vers le haut au niveau mondial. »
                    Bien évidemment, quand c’est le but ! Et une fois encore, tout est question de formulation : le tiers supérieur de la société ne s’est pas enrichi « malgré » la crise, mais bien « grâce » à une crise orchestrée à son profit. Après celles du prolétariat de longue date déjà reléguées au rang des galères du précariat, c’est logiquement au tour des compétences de la classe moyenne de se voir remplacées par celles de machines, logiciels et programmes (le cas échéant éducatifs et pédagogiques) pour se voir à leur tour promises aux joies du hachoir mondialiste et de son « précariat ».

                    Je ne vais pas passer mon temps à reprendre votre texte point par point, mais je reste surpris qu’il faille à certains ou certaines un reportage d’Arte pour découvrir l’eau chaude et prendre soudain conscience de notre précarisation massive, quand elle s’invite avec toujours plus d’évidence et d’insistance dans notre environnement, dès le pas de porte franchi pour les plus fortunés, et dans les galères budgétaires quotidiennes de tous les autres.

                    Contrairement au prolétariat qui s’était constitué au fil des luttes une conscience de classe, l’immense avantage pour l’aristocratie mondialiste et les Young Global Leaders de son Forum Économique Mondial est que, constitué du rebut et des innombrables surnuméraires (les « gens qui ne sont rien ») produits par le Nouvel Ordre Mondial, le nouveau « précariat » ne constitue faute de s’en être élaboré la claire conscience - pas encore à proprement parler une classe sociale. Ce dernier propos reste néanmoins à relativiser, le recours rabique de notre classe managériale à l’exemplarité mutilatoire et éborgneuse dans sa répression du mouvement des Gilets Jaunes, sa morgue et son hubris ont dans leur insigne médiocrité su, comme pour mieux semer les germes d’une telle conscience, attiser mieux que bien des mots d’ordre les passions et les haines.

                    Bien à vous, en vous présentant mes respectueuses salutations ! smiley

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