Le régime iranien est matraqué par le Mossad
L’infiltration israélienne de l’appareil sécuritaire iranien est désormais un fait indéniable, prouvé par une série d’assassinats de précision visant des responsables iraniens et des chefs de milices mandataires de Téhéran à travers le Moyen-Orient. Toutefois, lorsque cette pénétration est confirmée par l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad lui-même, les enjeux se multiplient et obligent à reconsidérer la situation stratégique en Iran et dans toute la région. Son aveu candide valide des soupçons de longue date et exige un examen approfondi de la manière dont le régime iranien fonctionne réellement.
L’histoire commence avec l’interview d’Ahmadinejad à CNN Turk, où il a révélé une vérité presque incroyable : Téhéran avait créé une unité de contre-espionnage pour bloquer les opérations du Mossad, avant de découvrir que son chef désigné était un agent du Mossad.
Une telle révélation ressemble à une fiction d’espionnage rejetée, trop farfelue même pour Hollywood. Et pourtant, la vérité dépasse l’imagination.
L’intrigue se corse : cette compromission de la direction masquait une infiltration encore plus profonde. L’unité abritait vingt autres agents du Mossad qui ont réalisé en 2018 le vol éhonté des archives nucléaires iraniennes. L’ancien président Hassan Rouhani a reconnu plus tard cette opération, qui a vu des secrets nucléaires remis au président américain de l’époque, Donald Trump, avant que les États-Unis ne se retirent de l’accord sur le nucléaire.
L’ironie est profonde : l’actuel ministre iranien des affaires étrangères, qui était à l’époque le principal négociateur nucléaire, avait qualifié cette affaire de « théâtre juvénile », tandis que l’envoyé iranien auprès des Nations unies, Alireza Miryousefi, s’était moqué de « l’idée absurde » de documents sensibles stockés dans un entrepôt de Téhéran. « Il semble qu’ils essaient de fabriquer des affirmations étranges et bizarres pour convaincre le public occidental », a déclaré Miryousefi. Cette même équipe a ensuite orchestré l’élimination des principaux scientifiques nucléaires iraniens sur le sol iranien.
Bien que ses paroles aient plus de poids, Ahmadinejad n’a pas été le premier à s’exprimer. L’ancien ministre de la sécurité, Ali Younesi, a admis en 2021 que le Mossad avait « pénétré dans de nombreux services gouvernementaux » jusqu’à ce que « tous les hauts fonctionnaires craignent pour leur vie ».
Qualifié par l’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, de chef-d’œuvre de son agence, ce formidable coup de filet a permis de s’emparer de 55 000 documents et de multiples enregistrements numériques du programme nucléaire iranien. En plus d’exposer les travaux nucléaires de l’Iran à Israël et aux États-Unis, il a prouvé que le Mossad avait percé le cercle intérieur de l’Iran - sa structure de commandement, censée être étanche et composée des personnalités les plus fiables du régime. Cette brèche rend les enquêtes internes presque impossibles, étant donné le risque explosif de remettre en question les loyautés aux plus hauts niveaux.
La révélation d’Ahmadinejad frappe plus fort aujourd’hui, alors qu’Israël continue de s’en prendre aux dirigeants mandataires de l’Iran, y compris Hassan Nasrallah et les hauts gradés du Hezbollah terroriste. Elle intervient dans un contexte de conflit ouvert entre Israël et l’Iran, où les anciennes frontières ont disparu. Ce nouveau jeu place tous les dirigeants iraniens, y compris le chef suprême Khamenei, dans le collimateur. Les équipes d’assassins israéliens pourraient désormais atteindre les plus hauts rangs de l’Iran, compte tenu des failles choquantes dans la structure de sécurité de l’Iran - une vulnérabilité qu’aucun État ne peut supporter longtemps.
Le régime iranien opère désormais sous le microscope du Mossad, dont les moindres faits et gestes sont suivis à la trace. Cette réalité a semé la peur dans le cœur des dirigeants iraniens. Ils ne sont pas confrontés à un affrontement militaire conventionnel avec ses règles d’engagement prévisibles et ses calculs de combat. Au lieu de cela, l’un des acteurs est complètement tombé sous la coupe de l’autre, avec des plans de frappes de précision prêts à être exécutés à volonté. Cette situation paralyse la planification iranienne, obligeant les personnalités du régime à se précipiter pour assurer leur sécurité personnelle avant même de penser à la sécurité de l’Iran ou à celle de ses mandataires.
Quel est l’intérêt de la situation ? L’Iran a passé des années à vanter ses prétendues prouesses dans le domaine de la cybernétique et ses avancées en matière de cyberguerre, avant de tomber à plat lors du premier test réel de ces vantardises. Le monde entier voit aujourd’hui le délabrement de l’appareil de sécurité iranien, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
La crise du régime, à mon avis, est plus profonde que le simple fait de voir s’effondrer son réseau de mandataires - un réseau de mercenaires et de groupes militants qui a englouti des dizaines de milliards de dollars au cours des décennies. Il ne s’agit même pas de l’anéantissement de leur stratégie de guerre par procuration, qui est leur bouclier choisi contre l’effondrement, leur outil pour tenir à distance leurs rivaux stratégiques et leur véhicule pour l’expansion sectaire. Non, la principale menace se résume désormais à la simple survie : faire en sorte que leurs dirigeants, en particulier le guide suprême Khamenei, puissent respirer et fonctionner sans craindre d’être assassinés à tout moment et en tout lieu.
Cela crée un piège mortel : les dirigeants iraniens sont confrontés à des violations massives de la sécurité, mais ne peuvent pas traquer correctement les réseaux d’espionnage israéliens dans leurs rangs. La confiance s’est évaporée. Tout le monde se méfie des autres. Leur cercle le plus intime, le centre de pouvoir du régime iranien, est exposé aux services de renseignement israéliens comme un livre ouvert.
Le régime se trouve ainsi acculé à une situation dont les issues sont de plus en plus rares : la capitulation totale (que ce soit ouvertement ou discrètement en acceptant les nouvelles réalités et en gelant son « axe de résistance) », ou un pari militaire téméraire qui pourrait redistribuer les cartes et pousser les deux parties à trouver une solution sûre pour s’en sortir.
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