Depuis que la possibilité d’analyser l’ADN est venue démultiplier les moyens d’investigation, le viol est devenu, par construction, un crime signé, puisque le sperme du violeur est présent sur la victime. Quand, de surcroit, le violeur vit dans le même quartier que la victime, les cas de viols non élucidés sont incompréhensibles pour la citoyenne que je suis.
Telles sont les réflexions que je me suis faite en marge de l’affaire Marie-Neige Sardin.
On rappellera brièvement le cas de cette libraire du Bourget, harcelée par une bande du voisinage et victime d’agressions répêtées, en particulier un viol. Les agresseurs s’en sont toujours tirés avec des non-lieux, et c’est la victime qui a été placée en garde à vue pour de très hypothétiques propos racistes. Marie-Neige se plaint d’avoir été sévèrement malmenée et en particulier privée d’eau alors qu’elle est en grève de la faim. Le journal en ligne
Enquête et Débat, qui consacre tout un dossier au sujet, a voulu enquêter de façon contradictoire, et a demandé au commissaire de fournir sa propre version des faits, mais n’a pas obtenu de réponse. De ce fait, c’est la seule version de Marie-Neige qui est versée au débat, mais seule la police en est responsable.
Je ne commenterai pas ici l’ensemble du dossier Sardin, mais je soulignerai que des explications sont à apporter aux citoyens à propos du viol impuni. La police et la justice sont aussi et d’abord des services publics qui devraient protéger le citoyen ; ce dernier, qui les emploie et qui les paie, a droit à des explications en cas d’absence durable de résultats.
D’où ces questions :
Y a-t-il eu prélèvement de sperme dans l’affaire Sardin ? Si non, il faut dire pourquoi. Sauf si la victime s’est elle-même opposée à un tel prélèvement, il n’existe aucune explication acceptable au fait qu’il n’ait pas eu lieu.
Dès lors que le sperme est prévelé et analysé (ce qui doit être le cas si la police et la justice ont fait leur travail) et dès lors que son propriétaire est retrouvé (ce qui est évidemment le cas pour un viol "de proximité"), le violeur est identifié quasiment à 100 %, sous la seule réserve que le laboratoire n’ait pas mélangé les différents prélèvements sur lesquels il travaille.
A partir de là, et même si le violeur fournit un alibi, il est identifié et doit être puni.
Les alibis appellent les mêmes remarques quand à leur fragilité que tous les autres témoignages humains. Ils ne doivent pas prévaloir contre une preuve matérielle du niveau d’un test ADN.
Les personnes qui fournissent des faux témoignages doivent être poursuivies.
Il est inexplicable, pour le citoyen à qui l’Etat doit sa protection, qu’un viol en réunion commis par des personnes en principe parfaitement identifiée, se termine par un non-lieu.
Qu’on ne nous dise pas qu’on a fait prévaloir la présomption d’innocence, car il y a un moment, quand le crime est signé, où il faut savoir constater que l’innocence n’est pas là.
Qu’on ne nous dise pas que la police et la justice manquent d’effectifs : le viol est un crime ; il doit être poursuivi en priorité, quitte à délaisser d’autres tâches. Le commissariat de la Courneuve ne doit d’ailleurs pas manquer d’effectifs, puisqu’il en a eus pour placer Marie-Neige en garde à vue.
L’IGS devrait être saisie de ce dossier, qui pose de toute évidence la question de savoir :
1 qui n’a pas fait son boulot pour élucider l’affaire de viol et pourquoi
2 quelles nécessités d’enquête justifiaient le placement en garde à vue de la victime.
Et qu’on ne vous dise pas qu’elle manque d’effectifs. Elle n’en manque pas pour mettre les policiers sur le grill chaque fois qu’un voyou se tue tout seul au cours de sa fuite, ou quand un policier tire en état de légitime défense.