Leaders des gilets jaunes, élections présidentielles et manipulation
Les leaders des gilets jaunes
Le processus de l’apparition des leaders des gilets jaunes demande à être analysé car les médias y jouent un rôle ce qui est problématique. Il est clair que ce n’est pas à l’ennemi de désigner les leaders des gilets jaunes. En fait, pour qu’un leader émerge, il faut la conjonction de trois conditions :
- Il se fait reconnaître sur les réseaux sociaux.
- Il est médiatisé.
- Il ne se laisse pas corrompre.
Le fait qu’en grande partie ce sont les médias qui reconnaissent les leaders est source d’ambiguïté et de confusion car ceux-ci, par nature, défendent des intérêts opposés à ceux des gilets jaunes. Ils essaient parfois de corrompre ceux qui ont su rester purs et durs. Il est certain que le gouvernement fait tout pour les corrompre et il est possible que dans certains cas il y arrive. Mais, nous l’avons vu avec Ingrid Levavasseur, quand il y parvient le leader en question se trouve immédiatement grillé auprès des gilets jaunes. Son autorité de représentant s’effondre. Parfois le pouvoir tente tout simplement d’inventer des leaders-traitres en les désignant lui-même par l’intervention des médias. N’est-ce-pas la méthode la plus simple pour avoir des leaders des gilets jaunes qui seront en fait au service du système milliardaires-Macron-Media ? Nous avons vu ainsi apparaître deux « listes de gilets jaunes candidats aux élections européennes ».
- La liste « Alliance Jaune » du chanteur Francis Lalanne et de Jeremy Clement qui a fait 0,54%.
- La liste « Evolution Citoyenne » du forgeron Christohe Chalençon qui a fait 0,01%.
Voilà donc trois « leaders des gilets jaunes » qui ont été inventés de toutes pièces par les médias mais qui n’ont jamais été reconnus comme tels par le mouvement des gilets jaunes. Ni les uns ni les autres n’auraient jamais osé venir défendre leur initiative devant une assemblée des gilets jaunes. Par la même occasion cela nous éclaire, une fois de plus, sur le rôle des sondages. Nous savons que ceux-ci sont faits pour défendre ceux qui les commandent et les paient. La liste Alliance Jaune était créditée du mirobolant score de 13% des intentions de vote. Un bel encouragement à voter pour ces ambitieux traitres. Ne doutons pas d’ailleurs que, s’il doit y avoir une élection présidentielle en 2022, les mêmes forces tenteront d’imposer un candidat des gilets jaunes pour faire une division de plus au bénéfice du candidat des capitalistes. Les médias ont voulu aussi inventer comme leaders des gilets jaunes quelques réactionnaires de DLF ou du RN ce qui auraient permis de valider les calomnies sur les gilets-jaunes. Voilà typiquement le style de manœuvre que les gilets jaunes ont su déjouer et de véritables leaders ont pu émerger.
Les figures les plus connues sont : François Boulo, Éric Drouet, Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle, et Jérôme Rodrigues. Ils invitent parfois dans des assemblées des intellectuels comme Juan Branco, Etienne Chouard ou Philippe Pascot qui apportent un éclairage que les gilets jaunes jugent pertinent. Ces gilets jaunes laissent le gouvernement et les milliardaires dans l’embarras parce qu’ils ne jouent pas au même jeu que les dirigeants syndicaux qui courent toujours après la concertation sociale. Un mouvement de protestation est à peine entamé qu’ils se précipitent chez les patrons pour se proposer comme interlocuteurs prêts à négocier. A l’opposé les leaders des gilets jaunes se méfient de tout contact avec l’ennemi de classe et évitent tout ce qui pourrait apparaître comme des compromissions. Cela affole et désempare leurs adversaires. Nous ne doutons pas que les leaders des gilets jaunes subissent d’énormes pressions. Certes, dans tout ce que disent ces leaders, bien des choses sont critiquables mais il ne faut pas leur reprocher de ne pas être capables de se sauter par-dessus la tête. Il est impossible qu’il en soit autrement pour ses jeunes militants inexpérimentés, qui ne connaissent souvent rien de l’héritage du mouvement ouvrier et qui se sont soudainement trouvés propulsés à la tête de ce mouvement. Le cran dont ils font preuve pour ne pas trahir impose le respect. Ce sont des militants de cette trempe qui seront les leaders révolutionnaires de demain. Il faudra leur donner les outils d’analyse des marxistes et les organiser dans un parti qui reste à construire pour faire la révolution. Les grossières insultes lancées contre eux condamnent ceux qui les profèrent notamment quand il est question du passé politique de l’un ou de l’autre. Nous n’avons pas l’intention de faire des enquêtes sur leur passé. Nous n’avons aucune raison de chercher chez eux des zones d’ombres. Peu nous importe de savoir pour qui ils ont voté à telle ou telle occasion. Les représentants des gilets jaunes avec leurs forces et leurs faiblesses sont remarquables par leur détermination et leur défiance radicale à l’égard du régime. Ils ne se soumettent pas aux limites de la légalité comme les bureaucrates des syndicats alors que, bien évidemment, le gouvernement veut toujours imposer des limites plus contraignantes.
L’élection présidentielle
Au cas, que nous ne souhaitons pas, où il faudrait attendre les élections présidentielles de 2022 pour que la situation change, ce qui nous inquiète le plus c’est qu’il n’est nulle part question d’un candidat unique pour les trois grands partis du mouvement ouvrier : PS, PCF, FI. Comment se fait-il qu’aucun groupe, aucun militant n’exprime dès maintenant, comme une exigence du mouvement ouvrier, cette stratégie ? Comment faire pour imposer cela aux directions du mouvement ouvrier ? Comment se fait-il, notamment, que les militants de la FI ne se prononcent pas dans ce sens alors que leurs dirigeants jouent une ouverture vers les forces réactionnaires invitées à participer à leur université d’été ? C’est tout le contraire qu’il faut faire pour gagner : il faut unir les rangs du mouvement ouvrier contre les réactionnaires. Et, Jean-Luc Mélenchon sait à quel point cette aspiration à l’unité des travailleurs est forte. Dans la vidéo intitulée : « Bilan raisonné de 1981 et de la présidence de François Mitterrand par Jean-Luc Mélenchon » il dit (entre 26mn 32s et 26mn 57s) :
« lui (Mitterrand) et sa toute petite organisation (le PS de l’époque), avec le puissant Parti Communiste, il sait que tous les autres ne peuvent faire qu’une chose ou bien monter dans le train de l’union ou périr. Car l’aspiration populaire à l’unité est tellement puissante, en toutes circonstances, qu’elle déchiquette ceux qui se mettent en travers de son chemin. »
Nous demandons à tous les militants du PCF, du PS et de la FI d’exiger de leurs dirigeants qu’ils présentent un seul candidat dès le premier tour de l’élection présidentielle pour ces trois partis. Peu importe qui il sera. Peu importe de quel parti il sera. Ces questions-là sont très secondaires. Il ne faut pas répéter l’abomination de 2017. La priorité absolue est qu’il n’y ait qu’un seul candidat. S’il le faut qu’ils organisent des primaires pour les partis du mouvement ouvrier. L’exigence absolue de tous les militants est d’avoir un seul candidat face aux candidats des capitalistes.
Pour notre part, nous nous soucions très peu de savoir qui sera ce candidat puisqu’aucune de ces trois organisations ne se prononce en faveur du Frexit. Nous savons donc qu’à peine élu ce candidat essaiera d’appliquer les directives anti-ouvrières de l’UE et nous pourrons préparer dès le soir des élections nos banderoles : « A bas le traitre », « Le pouvoir aux travailleurs ». En aucun cas nous n’accepterons qu’il fasse la politique d’un Tsipras.
A l’étape de l’élection présidentielle, il s’agira uniquement de battre les candidats des capitalistes. A l'étape suivante, il faudra lutter contre les traitres pour imposer le Frexit. Alors les masses populaires pourront se tourner vers les frexiteurs qui leur ont toujours dit la vérité ouvrant ainsi la perspective d'un véritable gouvernement des travailleurs.
Une nouvelle manipulation
Une nouvelle tentative de manipulation du mouvement des gilets jaunes par les médias vient de se faire jour avec un article de A. Seba en date du 2 novembre 2019 paru dans le Parisien sous le titre : « Gilets jaunes : « les cadeaux du gouvernement c’est de la poussière » ». Bien entendu, quand il s’agit de manipuler, il faut commencer par avoir l’air favorable au mouvement des gilets jaunes. Cela semble bien être le sens de l’article consacré à la dernière des Assemblées des Assemblées qui s’est tenue à Montpellier les 1, 2 et 3 novembre 2019. A la fin de l’article le journaliste indique :
Les idées lancées dans les ateliers de travail sont validées en séances plénières. « Je propose, dit Marc, d'organiser des primaires entre nous pour porter un candidat à la présidentielle de 2022. C'est la seule solution viable pour l'avenir des Gilets jaunes, car la révolution voulue n'a pas eu lieu. Si nous n'arrivons pas à faire ça avant 2021, c'est fini pour nous ».
Si nous lisons bien, le journaliste indique seulement qu’une personne, prénommée Marc, a confié dans un atelier qu’il propose « d'organiser des primaires entre nous pour porter un candidat à la présidentielle de 2022 ». En aucun cas il ne s’agit d’une proposition de l’Assemblée des Assemblées. Cependant la première pièce de la manipulation est déjà en place.
Un nouvel article proposé par un auteur qui se fait appeler « anarchiste » est proposé sur Agora Vox. Il commence par cette phrase :
« Il semble que l'idée d'une « Primaire Gilets Jaunes » en 2021 pour trouver un candidat à la présidentielle de 2022 a émergé à l'ADA 4 de Montpellier les 1,2 et 3 novembre 2019 »
Ce n’est plus seulement une déclaration de « Marc ». C’est devenu une idée qui a émergé lors de l’Assemblée des Assemblées. La deuxième pièce de la manipulation est maintenant en place. Du moins, "il semble que"... Pour manipuler il faut être le plus flou possible.
Un pas de plus dans la manipulation apparaît à la fin de l’article :
« Déjà plus de 2700 citoyens français veulent organiser une « Primaire Gilets Jaunes » … affaire à suivre ! Le texte proposé sur le groupe Facebook (facebook.com/groups/FraterniteCitoyenne/) est le suivant : (…) »
Voilà un joli tour de passe-passe ! Un candidat des gilets jaunes va miraculeusement sortir d’un chapeau pour venir diviser les rangs ouvriers lors des présidentielles afin de garantir l’élection du candidat des milliardaires.
Et, nous ne savons pas qui est en fait dernière l’initiative puisque d’un seul coup ce sont 2700 citoyens français qui font cette proposition sans qu’on sache qui les y a incités. Nous ne savons pas qui a créé une page Facebook et recueilli les signatures en question avec un texte sorti lui aussi d’un chapeau. Nous ne savons pas qui l’a rédigé et qui a décidé de le publier sous cette forme. Vous l’avez compris : ce texte propose ni plus ni moins d’organiser des primaires des gilets jaunes.
Ce ne sera pas la première tentative de manipulation des gilets jaunes. Gageons que celle-ci n’ira pas très loin.
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