Les autorités biélorusses veulent décapiter les syndicats indépendants
Certaines syndicalistes sont dans le centre de détention provisoire du KGB, d’autres sont placès sous un accord de non-divulgation [au secret]. Bukhvostov, 80 ans, président du Syndicat libre biélorusse SPB est à l’hôpital.
Selon de premières données, et peut-être incomplètes, au soir du 22 avril, 19 représentants du mouvement syndical indépendant de Biélorussie ont été arrêtés entre le 19 et le 21 avril.
Il s’agit de la direction et des employés du bureau du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques (BKDP), ainsi que des dirigeants et des militants des syndicats SPM (Syndicat libre des métallurgistes), SPB (Syndicat libre du Bélarus), REP ( Syndicat biélorusse des travailleurs de l’industrie radioélectronique) appartenant au BKDP.
Les perquisitions ont eu lieu à Minsk et à Polotsk. Parmi les détenus figurent des jeunes et des personnes âgées, des mères de jeunes enfants. Le matériel et les documents ont été confisqués.
La plupart d’entre eux ont été interrogés par le KGB, après quoi ils ont été emmenés au centre de détention provisoire du Comité de sécurité de l’État.
Selon Solidarnasts, les personnes suivantes sont toujours en captivité : Alexander Yaroshuk, Sergei Antusevich, Irina Bud-Gusaim, Nikolai Sharakh, Gennady Fedynich, Yana Malash, Vitaly Chichmarev, Mikhail Gromov, Vasily Beresnev, Dmitry Borodko, Alexander Evdokimchik, Miroslav Sobchuk et 80 autres. Le leader du SPM, Alexander Bukhvostov est à l’hôpital pour une crise cardiaque.
Igor Komlik, Elena Yeskova, Anna Dus, Nikolai Gerasimenko, Vadim Payvin et Yuri Belyakov ont été libérés après des interrogatoires, et certains après des interrogatoires et une journée passée dans un centre de détention provisoire, et sont sous le coup d’un accord de non-divulgation [sur leur détention]. Il s’agit d’avocats et de journalistes liés au syndicat.
Le 21 avril, ont également été arrêté et interrogé Liza Merlyak, secrétaire internationale du Syndicat indépendant biélorusse (situé à Salihorsk, qui comprend le Syndicat indépendant des mineurs et le BNP lui-même est membre du BKDP). Après l’interrogatoire, elle a été relâchée.
Solidarnasts [journal d’opposition] note que les syndicats indépendants de Biélorussie sont restés les dernières organisations opposées au gouvernement actuel. Aujourd’hui, elles sont pratiquement décapitées et purgées.
La Confédération syndicale internationale et IndustriALL Global Union ont déjà fait des déclarations contre la répression massive de leurs homologues biélorusses.
Ce dernier a déclaré qu’en mars, le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail avait sévèrement critiqué le gouvernement du Bélarus pour sa violation permanente des principales recommandations de la commission d’enquête de 2004 de l’OIT. Un certain nombre de représentants syndicaux qui ont témoigné devant l’OIT au sujet de la situation au Bélarus ces dernières années figurent parmi les personnes actuellement détenues. IndustriALL a appelé l’OIT à intervenir d’urgence dans cette situation.
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La KVPU (Confédération des syndicats libres d’Ukraine) demande la libération des dirigeants et des militants des syndicats indépendants biélorusses qui ont été détenus et arrêtés.
La KVPU exige la libération immédiate des dirigeants et militants des syndicats indépendants de Biélorussie détenus par le KGB et emprisonnés illégalement.
Le 19 avril, le président du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie (BKDP) Aliaksandr Yarashuk, le vice-président du BKDP Sergey Antusevich, le président du Syndicat libre des travailleurs de la métallurgie (SPM) Aleksandr Bukhvostov, le président du Syndicat libre biélorusse SPB Nikolay Sharakh ont été arrêtés. En outre, de nombreux autres collègues ont été arrêtés, notamment Yana Malash, Vitaliy Chichmarev, Anna Dus, Vadim Paivin, Mikhail Gromov, Igor Komlik, Vasiliy Beresnev, Gennadiy Fedynich, Dmitri Borodko et Irina But-Gusaim. Plusieurs autres sont encore injoignables et leur localisation n’est pas connue.
Les locaux syndicaux du BKDP à Minsk et ceux du Syndicat libre des travailleurs du métal (SPM) et du Syndicat des travailleurs de la radio-électronique (REP) ont été perquisitionnés. Les forces de sécurité ont également fouillé les domiciles de nombreux dirigeants et permanents syndicaux. À la suite de ces perquisitions, de nombreux objets ont été saisis, notamment des ordinateurs, des flashcards, des documents personnels, des passeports, des cartes bancaires - y compris celles de membres de la famille -, des cartes SIM de téléphones mobiles et du matériel syndical.
Dans la soirée du 21 avril, nous avons été informés d’une autre détention : la secrétaire internationale du syndicat indépendant biélorusse (BNP) Elizavetta Merlyak a été arrêtée.
Auparavant, le 13 avril, la dirigeante du syndicat indépendant bélarussien de Naftan, Olga Britikova, n’avait toujours pas été libérée du centre de détention provisoire et a été arrêtée [en détention] pour la quatrième fois consécutive pendant 15 jours. Selon ses collègues, elle a été condamnée pour son post "Non à la guerre !" sur sa page personnelle d’un réseau social.
Le Congrès des syndicats démocratiques du Bélarus (BKDP), les dirigeants et les militants de ses organisations se sont publiquement opposés à la guerre et à l’invasion criminelle de l’Ukraine par la Russie, malgré les menaces du régime dictatorial du Bélarus. Nous sommes reconnaissants à nos frères et sœurs biélorusses courageux et dotés de principes pour leur position, leur soutien constant et leur solidarité.
Nous demandons la libération des dirigeants et des militants des syndicats indépendants de Biélorussie !
Mykhailo Volynets,
Président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU) 21 avril 2022
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Articles consultables sur le site du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes
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Les 8 organisations syndicales françaises (CFE-CGC, UNSA, CFDT, CGT, FO, Solidaires, FSU, CFTC) ont choisi de s’exprimer ensemble et d’avoir des actes de solidarité communs.
Elles condamnent unanimement l’invasion de l’Ukraine par les armées russes, en violation de la souveraineté ukrainienne et de la charte des Nations Unies et demandent le retrait immédiat des Russes.
Elles insistent pour qu’une solution respectueuse des droits des peuples soit mise en place. Toutes ont répondu favorablement au projet de convoi intersyndical de solidarité avec l’Ukraine.
Des valeurs communes de solidarité internationale s’expriment autour du convoi.
« La question de l’internationalisme fait partie de nos gènes syndicalistes » déclare Boris Plazzi, secrétaire fédéral CGT.
L’intersyndicale agit en coopération avec les syndicats ukrainiens (KVPU, FPU) pour construire le convoi et organiser les dons. Les syndicalistes ukrainiens ont envoyé une liste du matériel, où figurent des produits de première nécessité, du matériel médical de guerre, mais aussi des machines à laver industrielles, du matériel de cuisine, 2 600 couvertures…
Le convoi partira, par train, dans le courant du mois de mai.
« Le train est un mode de transport fondamental en temps de guerre. Les cheminots sont très mobilisés » souligne Julien Troccaz, secrétaire fédéral SUD-Rail.
Il bénéficiera d’une mise à disposition gratuite des wagons et des sillons, et mettra une dizaine de jours pour arriver à destination.
La solidarité s’exprime avec tous les réfugiés ukrainiens quelles que soient leur couleur de peau et leur nationalité, mais aussi avec celles et ceux qui se battent au Belarus et en Russie contre la guerre, bravant la répression politique et militaire.
« Il faut ouvrir les frontières européennes et garantir une assistance à l’ensemble des réfugiés » insiste Pierre Coutaz, conseiller confédéral au secteur international CGT.
Partout où c’est possible, les équipes syndicales sont encouragées à développer des initiatives de solidarité dans une démarche intersyndicale.
Cette guerre fait basculer les relations internationales dans une période instable pour l’Ukraine mais aussi pour l’Europe et le reste du monde.
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